1-Once (More) Upon A Time 1.59
2-Rumpelstiltskin 3.30
3-Same Day, Every Day 3.32
4-Shrek Signs The Deal 3.36
5-Rumpel's Kingdom 4.21
6-The Exit Clause 2.36
7-Ogre Resistance 1.50
8-"Din Din!" 0.28
9-Rumpel's Announcement 3.17
10-Planning The Attack 2.10
11-Fiona Doesn't Love Me 3.17
12-Deal Of A Lifetime 3.04
13-The Main Event 1.49
14-Rumpel's Defeat 2.22
15-His Day Is Up 2.43
16-Never Been Better 1.31

Musique  composée par:

Harry Gregson-Williams

Editeur:

Varèse Sarabande 302 067 024 2

Producteur exécutif:
Robert Townson
Album produit par:
Harry Gregson-Williams
Musique additionnelle de:
Halli Cauthery, Christopher Willis

Artwork and pictures (c) 2010 DreamWorks SKG. All rights reserved.

Note: ****
SHREK FOREVER AFTER
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Harry Gregson-Williams
« Shrek Forever After » est le quatrième opus de la célèbre saga animée instaurée en 2001 par Andrew Adamson et Vicky Jenson, mettant en scène les aventures loufoques et déjantées d’un ogre verdâtre dans un monde imaginaire parodiant les plus célèbres contes de fée. Shrek, devenu un bon père de famille, mène une existence un brin monotone en compagnie de sa femme Fiona et de leurs trois enfants particulièrement remuants, au royaume de fort fort lointain. L’ogre s’est assagi avec le temps (et la vie de famille), et finit même par regretter l’époque où il lui suffisait de rugir pour provoquer la terreur dans tout le royaume. Aujourd’hui, il se contente de signer des autographes, d’élever ses enfants ou de participer à un repas d’anniversaire. La routine, en somme. Mais Shrek en a ras-le-bol de cette vie-là, et serait prêt à tout pour retrouver l’ancien temps, jusqu’au jour où il fait la connaissance de Tracassin, un gnome sournois qui lui propose un bien étrange contrat : Shrek accepte alors de lui céder un jour de son passé en échange de quoi il pourra redevenir pendant un temps l’ogre terrifiant et craint qu’il était autrefois, avant de se ranger définitivement. Mais Shrek se retrouve transporté dans un monde parallèle où les ogres sont traqués, où Tracassin est devenu roi et où Fiona et lui ne se sont jamais rencontrés, et comble de malchance : à la fin de cette éprouvante journée, il disparaîtra pour de bon. Désormais, Shrek se retrouve embarqué dans une folle aventure dans laquelle les ogres, menés par Fiona - devenue une guerrière acharnée - luttent âprement contre la tyrannie de Tracassin afin que règne à nouveau la paix et la liberté dans tout le royaume. Mais pour Shrek, la mission sera plus délicate : s’il ne veut pas disparaître à tout jamais, il doit rompre le sortilège de Tracassin en recevant un vrai baiser d’amour de la part de la dure et sauvage Fiona, dont il devra reconquérir le coeur avant qu’il ne soit trop tard. « Shrek Forever After » est un quatrième opus assez réussi, signé Mike Mitchell, et toujours servi par un casting vocal prestigieux (Mike Myers, Eddie Murphy, Cameron Diaz, Antonio Banderas, etc.). Cette fois-ci, exit les références cinématographiques et culturelles des précédents opus, et place à une aventure plus dramatique : l’émotion est donc au rendez-vous, tout comme l’humour, toujours présent mais plus nuancé. Effectivement, comme le personnage de Shrek lui-même, le film a évolué par rapport aux trois précédents films et s’est quelque peu assagi : l’idée de créer un monde parallèle dans lequel Shrek ne serait jamais né était parfait pour relancer l’intérêt de la saga, et la 3D, imparfaite, apporte un surplus visuel assez réjouissant. Quelle bonne idée aussi de retrouver tous ces personnages bien connus dans un contexte fort différent : ainsi, la douce et aimable Fiona est devenue une guerrière déterminée et froide, l’âne ne connaît pas Shrek, le chat potté est devenu obèse et passif, et le Dragon est devenu sauvage et agressif. On regrettera le manque de folie et de dérision du film, mais fort heureusement, l’atmosphère humoristique et irrévérencieuse des premiers opus reste intacte.

Harry Gregson-Williams signe à nouveau la musique originale de « Shrek Forever After », reprenant les anciens thèmes de la saga agrémenté de nouvelles mélodies adaptées à cette nouvelle aventure. Comme dans les précédents opus, la musique de « Shrek Forever After » s’avère être résolument symphonique, avec, pour commencer, le retour du magnifique thème principal, toujours aussi féerique et poétique, introduit à la flûte dès les premières secondes du film (« Once More Upon A Time... »). Puis, rapidement, le thème principal cède la place à une musique orchestrale plus massive et agitée. On retrouve, comme souvent dans les musiques orchestrales d’HGW, des orchestrations très soignées et une écriture orchestrale assez riche et détaillée, rappelant les grands moments de « Sinbad » ou « Chicken Run ». Un morceau comme « Rumpelstiltskin » est assez représentatif de l’ambiance musicale voulue par Harry Gregson-Williams sur ce quatrième « Shrek », une musique à la fois riche et généreuse, tout en introduisant des sonorités plus sombre pour Tracassin, bad guy officiel de cette nouvelle aventure de notre ogre fétiche. A noter l’utilisation des choeurs qui renforcent encore une fois l’aspect conte de fée du film, tandis qu’HGW développe son nouveau thème, sournois et malicieux, associé dans le film à Tracassin. Le thème est aisément reconnaissable à sa mélodie de cinq notes, introduite ici par les violoncelles et développée tout au long du film à la manière des grands thèmes de méchant traditionnels. C’est aussi avec un plaisir évident que l’on retrouve les thèmes familiers comme celui de Shrek et Fiona dans « Same Day, Every Day », qui développe la mélodie bien connue avec une série de variantes instrumentales vives, énergiques et colorées. HGW introduit même ici brièvement une guitare hispanisante et savoureuse associée au chat potté dans le film. Visiblement, le compositeur est en pleine forme sur « Shrek Forever After », et l’énergie enthousiasmante qui se dégage de sa musique fait plaisir à entendre (d’autant que ses dernières partitions n’étaient pas de vraies réussites !). Soucieux de se renouveler tout en gardant la continuité avec ses trois précédentes partitions, Gregson-Williams développe ainsi ses thèmes familiers de façon souvent fort rafraîchissante comme c’est le cas dans « Same Day, Every Day », qui évoque le quotidien monotone et ennuyeux de Shrek, l’incitant de plus en plus à tout faire disparaître pour redevenir à nouveau l’ogre solitaire et craint qu’il était autrefois.

Et c’est ainsi que l’on retrouve le motif sournoise de Tracassin dans « Shrek Signs The Deal », où les sonorités dissonantes et les rythmes massifs nous font clairement comprendre que Shrek a franchi le cap de l’impensable : signer un contrat avec Tracassin pour tout effacer et redevenir l’ogre qu’il était autrefois. Le compositeur fait preuve ici aussi d’une certaine inventivité et d’une grande générosité dans le maniement de ses orchestrations, passant d’un pupitre à un autre avec une grande fluidité : à noter dans « Shrek Signs The Deal » une seconde partie plus énergique faisant appel à une batterie à un solo de violon virtuose et survolté, sur fond d’orchestrations riches et généreuses (HGW n’est jamais aussi bon que lorsqu’il écrit ce genre de grande musique symphonique vive et colorée pour des films animés !). Le thème de Tracassin revient dans « Rumpel’s Kingdom », confié cette fois-ci à des cuivres plus imposant. Cette fois-ci, le message est clair : le magicien est devenu le maître incontesté des lieux, grâce à son pacte signé avec Shrek. C’est l’occasion pour Gregson-Williams de développer son nouveau thème dans toute sa splendeur, avec un soupçon de machiavélisme. Véritable évocation du mal dans toute sa splendeur, « Rumpel’s Kingdom » réintroduit à nouveau des choeurs grandioses et le violon virtuose de « Shrek Signs The Deal » pour un passage d’action solide et déchaîné. Dès lors, le ton est donné et c’est le début de l’aventure dans « The Exit Clause », où le thème de Tracassin atteint des sommets de puissance démoniaque avec son mélange de cuivres, de choeurs et d’orgue gothique ironiquement caricatural – comme toujours dans la saga musicale des « Shrek », l’humour n’est pas en reste et est toujours présent. On ressent néanmoins une mélancolie plus dramatique dans « The Exit Clause », Shrek se rendant finalement compte, un peu tard, de son erreur – à noter ici le classicisme d’écriture raffiné et torturé des cordes entre 1:24 et 1:33, qui rappellerait presque le style lyrique et dramatique d’un James Horner ! Et c’est avec un certain pincement au coeur que l’on retrouve le fameux thème principal au piano résigné à la fin du morceau. Soucieux de ne pas délaisser l’émotion pour autant, Harry Gregson-Williams varie les ambiances à loisir tout au long de cette quatrième aventure, dans laquelle sa musique en ressort largement grandie. Dans « Orge Resistance », le compositeur évoque le mouvement de résistance des ogres contre l’empire de Tracassin avec ses incontournables choeurs grandioses, ses envolées orchestrales guerrières et ses accents héroïques et très prenants.

De l’humour, vous en aurez aussi avec l’amusante valse de « Din Din ! » imitant clairement la musique classique de Rossini ou de Strauss, tandis que le lyrisme et le romantisme sont clairement au rendez-vous dans le magnifique « Rumpel’s Annoucement », qui nous révèle un Harry Gregson-Williams incroyablement lyrique (on aura rarement entendu une musique d’une telle beauté chez le compositeur !). Le mélange de piano, cordes raffinées et violon romantique nous renvoie clairement ici au Romantisme hollywoodien du Golden Age, sur fond de rappels sournois au motif de 5 notes de Tracassin, développé encore une fois à loisir tout au long du morceau. « Planning the Attack » évoque les préparatifs de la contre-attaque des ogres, avec une opposition entre le thème de Tracassin (et son accompagnement caractéristique de triolets de violons) et les passages plus héroïques et guerriers des ogres, avec un caractère solennel et prenant rappelant certaines envolées héroïques de la saga « The Chronicles of Narnia ». On apprécier aussi l’émotion intimiste et l’envolée dramatique du thème principal dans le poignant « Fiona Doesn’t Love Me », alors que Shrek se rend compte du drame qu’il a lui-même provoqué en atterrissant dans cet univers parallèle. Le thème solennel de la résistance est repris dans « Deal of a Lifetime », tandis que le compositeur s’offre carrément le luxe de nous offrir une fugue baroque sur le thème de Tracassin dans « The Main Event », à la manière des grandes fugues traditionnelles de Jean-Sébastien Bach (le tout sur fond d’envolées chorales/cuivrées rappelant curieusement le Christopher Young de « Ghost Rider » ou « Spiderman 3 »!). La seconde partie de « The Main Event » évoque ainsi l’arrivée de Shrek et ses compagnons d’arme dans le palais de Tracassin, et le début de la bataille finale. Après l’excellente fugue de « The Main Event », « Rumpel’s Defeat » illustre la bataille finale dans toute sa splendeur, pour ce qui reste l’un des meilleurs morceaux d’action du score, traversé de reprises puissantes et épiques du thème de Shrek et Fiona – les fans de la saga musicale « Shrek » seront aux anges avec la superbe envolée thématique prenante de « Rumpel’s Defeat » - et du thème de Tracassin. Harry Gregson-Williams signe donc une superbe partition symphonique pour « Shrek Forever After », apportant action, aventure, émotion et humour au film de Mike Mitchell, pour ce qui reste à n’en point douter la meilleure partition de la saga : la musique brille non seulement par les grandes qualités de l’écriture orchestrale mais aussi par ses références classiques (Bach, Rossini), ses allusions inattendues et rafraîchissantes (le Romantisme poignant et flamboyant de « Rumpel’s Annoucement »), ses développements thématiques et ses orchestrations vives, riches et colorées. Ceux qui commençaient à douter du talent d’Harry Gregson-Williams suite à une série de dernières partitions toutes plus décevantes ou mitigées les unes que les autres seront irrémédiablement rassurés de retrouver le HGW des grands jours sur « Shrek Forever After », une solide et vigoureuse partition orchestrale riche et attachante !



---Quentin Billard