1-My Name Is Jack Harris 1.46
2-Middle Men 2.21
3-Tightrope 2.42
4-Wayne and Buck 2.09
5-Broken 4.07
6-Down the Rabbit Hole 2.47
7-Boat Ride 2.23
8-Back To LA 1.42
9-Aimless Electricity
Upon Touching 4.30
10-Paranoia 2.11
11-Friendly Warning 3.22
12-Guilt 3.39
13-Trouble 1.57
14-FBI 2.55
15-Alejandro 2.30
16-Full Circle 2.36
17-Middle Men Finale 3.07

Musique  composée par:

Brian Tyler

Editeur:

ABKCO Records 0345-2

Album produit par:
Brian Tyler

Artwork and pictures (c) 2009 Paramount Pictures. All rights reserved.

Note: ***
MIDDLE MEN
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Brian Tyler
Comédie dramatique de George Gallo sorti en 2009, « Middle Men » s’inspire de la propre expérience du producteur Christopher Mallick et évoque l’univers claustrophobique de l’industrie pornographique et de la mafia russe, en suivant l’histoire mouvementée de Jack Harris (Luke Wilson). Ce dernier est un homme d’affaires droit et carré qui décide un jour de monter sa première société de facturation en ligne sur un site internet qui vend du divertissement pour adultes. Associé avec Wayne Beering (Giovanni Ribisi) et Buck Dolby (Gabriel Macht), les deux concepteurs du site, Harris réussit à convaincre un mafieux russe, Nikita Sokoloff (Rade Serbedzija), de s’associer à sa société afin d’obtenir un financement et de partager les dividendes. Mais plus le temps avance, plus les affaires de Jack Harris finissent par se compliquer, jusqu’au jour où un de ses complices tue par inadvertance le fils de Sokoloff. Après avoir caché le corps et crée un alibi, Frank Harris se retrouve alors prisonnier d’un univers sans issue, entre les stars du porno, la drogue, l’argent, la mafia et le FBI. Harris devra aussi faire face à des choix difficiles et, craignant de se perdre dans un univers sans lendemain, il devra remettre profondément en question sa propre morale et ses convictions personnelles. « Middle Men » est un bon film sur le début de la pornographie sur internet en 1995, qui reste à ce jour l’une des plus importantes industries du net, et peut être aussi la plus rentable. En plus de sa solide restitution des années 90, le film pose aussi les questions de la morale et des valeurs d’un être humain face aux dérives et aux excès en tout genre (luxure, orgie, argent, drogue, etc.). L’atmosphère du film de George Gallo rappelle beaucoup Martin Scorsese et plus particulièrement les récits d’ascension sociale/financière et de mafia type « Casino », mais sans le brio du génial réalisateur américain. Il manque un petit quelque chose pour faire de « Middle Men » une vraie réussite du genre, et l’on ressort malgré tout convaincu mais pas follement emballé de cette description immersive et glauque de l’industrie pornographique sur internet. Le film repose sur un casting riche et prestigieux, mené par l’excellent Luke Wilson, mais aussi Giovanni Ribisi, Gabriel Macht, James Caan, Kevin Pollak ou bien encore Terry Crews. Inégal mais néanmoins réussi dans le fond comme dans la forme, « Middle Men » ravira sans aucun doute les amateurs de success-story et de drame intimiste.

La musique de Brian Tyler contribue amplement à l’atmosphère dramatique et immersive du film de George Gallo. Le compositeur délaisse pour l’occasion sa grosse panoplie orchestrale habituelle et nous offre une musique à la fois sombre et prenante, résolument atmosphérique, jouant sur une grande retenue – de plus en rare chez le compositeur. Dès les premières minutes de la partition, Brian Tyler nous fait clairement comprendre tous les enjeux intimistes et dramatiques de sa musique, avec des harmonies mineures de cordes et quelques touches électroniques atmosphériques dans « My Name Is Jack Harris », annonçant clairement les ennuis à venir pour Jack, interprété à l’écran par Luke Wilson. Dans « Middle Men », on retrouve le style pop-rock/électro cher au compositeur, dans un brillant mélange de guitares électriques/acoustiques, synthétiseurs et percussions diverses. La musique évoque clairement ici l’univers clos de l’industrie pornographie en mettant l’accent sur des rythmes modernes et des sonorités qui rappellent clairement tout le faste, le luxe et la superficialité de cette industrie grandissante tout au long du film. Les amateurs des morceaux rock/électro chers à Brian Tyler seront aux anges avec la pièce « Middle Men », qui, en 2 minutes 20, résume clairement le style personnel du musicien. Dans « Tightrope », la musique met en avant tout un lot de percussions diverses que le compositeur affectionne tant (et qu’il interprète en partie lui-même), pour créer un climat d’urgence et de tension. La musique nous fait alors clairement comprendre que quelque chose ne tourne pas rond : on se retrouve ici dans le style action/suspense habituel de Brian Tyler, délaissant l’orchestre au profit des guitares, des cordes, des nappes synthétiques sombres et d’un ensemble de percussions agressives.

C’est la partie rock/électro qui attire notre attention dans « Wayne and Buck », illustrant la création du premier site internet porno par les deux personnages interprétés dans le film par Giovanni Ribisi et Gabriel Macht. Ici aussi, l’accent est mis sur les sonorités électro modernes sur fond de rythmes rock et d’un ensemble de guitares électriques/basse/batterie. La musique apporte une dynamique certaine au film et affirme le ton contemporain du récit par le biais de rythmiques modernes qui correspondent parfaitement à l’atmosphère du film de George Gallo. Mais derrière le fun et l’insouciance de « Middle Men » ou « Wayne and Buck » se cache aussi de vrais moments d’émotion comme on en entend plus rarement chez Brian Tyler. C’est notamment le cas dans « Broken », qui illustre clairement les doutes de Jack Harris, perdant petit à petit son âme dans une industrie superficielle et déshumanisée. La chaleur intimiste de « Broken » est largement véhiculée ici par un très beau thème de piano sur fond de cordes planantes et de nappes synthétiques, un style intimiste, solitaire et mélancolique qui n’est pas sans rappeler un autre fait d’arme du compositeur : le magnifique « Fon’s Theme » issu de sa partition pour « Bangkok Dangerous » (2008). On retrouve ensuite le ton sombre et dramatique de l’ouverture dans « Down the Rabbit Hole », qui évoque la descente aux enfers de Jack Harris dans l’industrie du porno. A noter ici le rôle du sound design électro qui évoque clairement une atmosphère glauque, sombre et immersive, à l’image de l’ambiance du film. La séquence où Jack et ses amis jettent le corps par dessus le bateau en pleine mer permet à Tyler de nous offrir un nouveau morceau atmosphérique et tendu dominé par les sonorités électroniques et les cordes latentes et tendues. A contrario, « Back To LA » reprend le style rock/électro avec son ensemble de guitares/basse et percussions acoustiques/électroniques diverses pour une atmosphère musicale plus urbaine et toujours contemporaine dans son approche. Le thème mélancolique de Jack Harris revient dans l’amer et résigné « Aimless Electricity Upon Touching », qui renforce les sentiments de regret et de profonde remise en question de Jack quand au devenir de son existence, superficielle et sans avenir.

Soucieux de varier les ambiances pour éviter toute monotonie, Brian Tyler oscille ainsi tout au long du film entre les passages rock/électro décomplexés, les atmosphères sombres et tendues et les moments plus mélancoliques et intimistes, le tout sans grandes envolées mélodramatiques ni grands excès orchestraux. A partir de « Paranoia », on rentre dans la dernière partie du film, plus agitée et aussi plus psychologique et torturée. Les notes répétées rapides de synthétiseurs, des guitares et des percussions diverses de « Paranoia » renforcent la tension alors que Jack se sait menacé par la pègre et le FBI. Les cordes résonnent même de façon quasi funèbres dans « Friendly Warning » où naît une tension et un fort sentiment d’incertitude et de dangers à travers des harmonies plus torturées des cordes sur fond de nappes synthétiques atmosphériques. Les rythmes de « Paranoia » reviennent dans l’agité et agressif « Guilt », tandis que « Trouble » s’affirme par ses rythmes rock plus typiques de Brian Tyler, avant d’enchaîner sur un « Alejandro » tout aussi agressif dans son traitement des percussions, et un « Full Circle » reprenant le thème mélancolique de Jack aux cordes, avant d’aboutir à la coda sombre et rythmée de « Middle Men Finale ». Brian Tyler signe donc un score sombre, latent et atmosphérique pour « Middle Men », un score qui repose essentiellement sur les rythmes rock/électroniques modernes, les atmosphères synthétiques obscures et les moments d’intimité plus chaleureux et aussi plus typique de la veine lyrique du compositeur, qu’il n’exploite pas toujours suffisamment dans ses partitions pour le cinéma. On aimerait bien entendre davantage Brian Tyler sur des drames humains tels que « Partition » ou « Bangkok Dangerous », pour lequel il a livré l’un des plus beaux thèmes de toute sa carrière (« Fon’s Theme »), un thème qui trouve écho dans « Middle Men » avec le thème mélancolique de Jack Harris (« Broken »). La musique renforce donc l’atmosphère immersive, sombre et dramatique du film de George Gallo sans jamais en faire de trop. Dommage cependant que l’on ressorte du film sans retenir grand chose de cette composition soignée mais somme toute assez mineure dans la filmographie du compositeur. Reste que « Middle Men » constitue quand même un bel effort de la part d’un musicien capable de toucher à tout, à condition qu’il s’en donne les moyens et que les réalisateurs/producteurs cessent enfin de ne lui proposer constamment que des films d’action ou des films d’épouvante !



---Quentin Billard