1-L'Adèle 3.04*
2-Hiéroglyphes 1.38
3-Ferdinand Titubant 0.48
4-Un Ptérodactyle est né 2.49
5-Inspecteur Caponi 0.39
6-Pétrodak Attaque 0.25
7-Les Lettres de Zborowsky 0.37
8-J Comme Jardin 1.03
9-Mehara 2.00
10-Le Tombeau de Patmosis 3.01
11-La Malédiction de Wadjet 1.09
12-Dieuleveut le Maléfique 2.33
13-Souvenir d'Adèle 1.37
14-Que fait la Police 0.35
15-Appelez moi l'Intérieur 1.07
16-L'Oeuf et les Scientifiques 0.45
17-La Becquée 1.21
18-La Valse d'Adèle 0.50
19-Agathe 1.38
20-Un Etrange Invité 0.37
21-La Cellule 0.28
22-Crapodak à la Tour Eiffel 1.17
23-Nonna 0.32
24-L'Ogre de Garbarie 0.57
25-Marijo en Prison 1.02
26-Adèle et le Président 0.58
27-Crapodak Nelson et la Baballe 1.01
28-L'Art du Camouflage 0.58
29-Ptérolovshak 1.13
30-Temps Mort 2.59
31-Trukenplum 1.54
32-Le Chemin de la Guillotine 1.57
33-Un Petit Tour de Ptérodactyle 0.40
34-Justin à la Chasse 0.54
35-Préparation au Rituel 1.27
36-Rituel de Résurrection 3.15
37-Patmosis et Coryza 1.14
38-Ma Soeur Ma Jumelle 0.51
39-Axidan 1.46
40-Jeanne et Ferdinand 0.16
41-Une Nuit au Louvre 2.55
42-Le Pharaon et le Sac en Toile 1.09
43-Le Bal des Momies 2.15
44-Les Soeurs Blanc-Sec 0.51
45-Momies en Goguette 0.50
46-Le Bouquet 0.18
47-La Dame au Chapeau Vert 0.45
48-Bon Voyage
Mademoiselle Blanc-Sec 1.13
49-Adèle Blanc-Sec 4.13**

*Interprété par Catherine Ringer
Ecrit par Eric Serra
**Interprété par Thomas Dutronc
Ecrit par Eric Serra.

Musique  composée par:

Eric Serra

Editeur:

Columbia 88697687232

Album produit par:
Eric Serra

Artwork and pictures (c) 2010 Europa Corp. All rights reserved.

Note: ***1/2
LES AVENTURES EXTRAORDINAIRES
D'ADÈLE BLANC-SEC
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Eric Serra
Adaptation cinématographique de la célèbre bande dessinée de Jacques Tardi publiée à partir de 1976, « Les Aventures extraordinaires d’Adèle Blanc-Sec » permet à Luc Besson de nous offrir un nouveau grand spectacle d’aventure mélangeant comédie, fantastique, science-fiction et action dans un style vif et coloré qui rappelle clairement « Le Cinquième Element » (1995). Sorti en 2010, « Les Aventures extraordinaires d’Adèle Blanc-Sec » offre le rôle de la fameuse Adèle Blanc-Sec, héroïne de cette histoire loufoque et fantaisiste, à Louise Bourgoin, plongée dans le Paris du début du 20ème siècle. La jeune journaliste intrépide se lance dans une aventure extraordinaire, durant l’année 1912, à la recherche d’une momie égyptienne, le médecin du pharaon Ramsès II, qui serait capable de ressusciter les morts. Son objectif : utiliser les pouvoirs de la momie pour ramener à la vie sa soeur, qui s’est mortellement blessé durant un terrible accident au tennis. Pendant ce temps, la panique s’est emparée de Paris : à cause des expériences télépathiques du professeur Espérandieu, un oeuf vieux de plus de 136 millions d’années éclot et libère un ptérodactyle qui sème alors la panique dans toute la ville en survolant les grandes rues parisiennes et en attaquant certains habitants. Le président français demande alors à la police d’intervenir et de protéger la population contre la redoutable créature ailée : la mission est alors confiée au roublard et feignant inspecteur Léonce Caponi (Gilles Lelouche). De son côté, Adèle Blanc-Sec, revenue d’Egypte, va tout faire pour tenter de réveiller la momie, avec l’aide d’Espérandieu, mais ce dernier est malheureusement arrêté par la police, suite aux méfaits commis par le ptérodactyle qu’il a aidé à faire naître par télépathie. Condamné à mort, Espérandieu attend sagement son heure dans une cellule de prison, mais c’est sans compter sur la détermination d’Adèle, prête à tout pour arriver à ses fins, usant des stratagèmes les plus incroyables et les plus audacieux. « Les Aventures extraordinaires d’Adèle Blanc-Sec » est ce que l’on pourrait appeler une véritable occasion manquée, un film fourre-tout totalement desservi par un script brouillon qui part dans tous les sens, et une mise en scène absolument pitoyable. Le film de Luc Besson est malheureusement à des années lumières de l’ironie et de l’humour subversif et corrosif de la bande dessinée originelle de Tardi : pire encore, Besson insiste lourdement sur un humour potache d’une ringardise incroyable tout au long du film, multipliant les gags (parfois de mauvais goût) qui finissent par faire basculer le film dans le registre du cartoon infantilisant. Le problème d’Adèle Blanc-Sec, c’est que Luc Besson ne sait jamais sur quel pied danser : fera t-il une comédie décalée, un film d’aventure tendance « Indiana Jones » version féminine (cf. la scène en Egypte au début du film) ou un film fantastique ? Le résultat est un véritable foutoir sans queue ni tête, où le réalisateur mélange donc toutes ses idées et ses influences avec un humour ringard qui ne fait visiblement rire que lui, un nanar à la française tout juste sauvé du zéro pointé grâce à quelques bons effets spéciaux et au charme de Louise Bourgoin. Mais cela reste bien mince, et c’est encore une nouvelle déception de la part de Luc Besson !

« Adèle Blanc-Sec » marque les retrouvailles entre Luc Besson et Eric Serra, qui signe là sa onzième collaboration à un film de Besson, une longue et fructueuse collaboration qui débuta en 1983 avec la musique du film « Le Dernier Combat » et qui atteignit son apogée à la fin des années 80 et au début des années 90 avec de grands classiques tels que « Le Grand Bleu » ou bien encore « Léon ». Pour « Les Aventures Extraordinaires d’Adèle Blanc-Sec », Eric Serra nous livre une nouvelle composition symphonique ample, vive, colorée et rafraîchissante, où l’humour et la légèreté côtoient les envolées orchestrales aventureuses, le tout enrobé d’orchestrations généreuses (toujours assurées par Geoffrey Alexander) et de thèmes de qualité. Le film s’ouvre au son de « Hiéroglyphes », qui annoncent le premier thème du score, le thème égyptien associé à la momie que cherche à faire ressusciter Adèle Blanc-Sec tout au long du film pour sauver sa soeur. Le thème, ample et puissant, évoque clairement l’imagerie musicale habituelle de l’Egypte antique, à grand renfort de percussions orientales/ethniques, d’oud, de cordes vigoureuses, de piano et de cuivres. On pense autant aux thèmes de « Stargate » de David Arnold qu’à ceux du « Astérix & Obélix : Mission Cléopâtre » de Philippe Chany ou aux mélodies arabisantes du « The Mummy » de Jerry Goldsmith. Le caractère fourre-tout du film de Luc Besson permet à Eric Serra de se lâcher et de varier les ambiances et les styles musicaux avec un enthousiasme constant (un peu comme il le fit dans la musique du « Cinquième Element »), car après l’Égypte antique de l’ouverture du film, place au musette jazzy insouciant de « Ferdinand Titubant » pour évoquer le Paris du début du 20ème siècle. La naissance du ptérodactyle dans « Un Ptérodactyle est né » permet à Serra de déchaîner ses cuivres massifs évoquant la créature ailée dans le film, sur fond d’orchestrations plus sombres et de quelques touches électroniques soignées. Serra évoque ensuite l’envol de la créature en utilisant des harmonies plus raffinées et quasiment impressionnantes, notamment dans la façon dont il utilise une flûte soliste légère et aérienne. L’humour n’est pas en reste avec les pizzicati nonchalants de « Inspecteur Caponi », malheureusement gâchés par une utilisation ultra cheap de pizzicati synthétiques, pour le personnage de l’inspecteur Caponi interprété dans le film par Gilles Lelouche.

Eric Serra nous offre un premier solide morceau d’action pour « Pétrodak Attaque », servi par une écriture orchestrale vigoureuse - mais, problème récurrent dans la partition de « Adèle Blanc-Sec », les morceaux sont bien souvent trop courts (on dépasse rarement les 30 secondes) et ne permettent pas toujours aux idées d’Eric Serra de se concrétiser pleinement ou d’atteindre tout leur potentiel : dommage ! On passe ensuite de l’intimité touchante de « Les Lettres de Zborowsky » au jazz insouciant de « J Comme Jardin » sans oublier les touches arabes/orientales traditionnelles de « Mehara », qui reprend le thème égyptien dans toute sa splendeur, illustrant l’arrivée d’Adèle en Egypte, à la recherche du tombeau de la momie. « Le Tombeau de Patmosis » est ainsi tout à fait représentatif de l’atmosphère sombre et mystique voulue par Eric Serra pour les quelques séquences du début en Egypte, avec son lot de sound design atmosphérique glauque, de cordes sombres, de cuivres amples et même de choeurs pour la découverte du tombeau. « La Malédiction de Wadjet » nous transporte même davantage dans l’imaginaire égyptien avec son lot de mélodies orientalisantes et d’instrumentation ethnique traditionnelle. L’utilisation des choeurs apporte à cette grande reprise du thème égyptien une dimension mystique et épique assez savoureuse, preuve du savoir-faire indéniable d’Eric Serra – qui n’est jamais aussi inspiré que lorsqu’il travaille sur un film de Luc Besson. L’action revient dans le déchaîné « Souvenir d’Adèle », parsemé de ponctuations entêtantes de timbales, de cuivres massifs, de cordes survoltés et de xylophone frénétique (dont les sonorités feraient presque penser à une musique de cartoon). Le second thème de la partition, associé à Adèle Blanc-Sec, est entendu dans la valse pour piano de « J Comme Jardin », tandis qu’un troisième thème fait son apparition dans « Que Fait la Police », sous la forme d’une autre valse musette parisienne avec piano et accordéon. On évite pas non plus les sempiternels touches de mickey-mousing avec les pizzicati sautillants (et pas indispensables !) de « Appelez Moi l’Intérieur », pour une scène de gag du film avec les policiers et le ministère de l’intérieur. Ce sont d’ailleurs ces passages de type cartoon/mickey-mousing qui s’avèreront être finalement les moins intéressants dans la partition d’Eric Serra, et aussi les plus convenus et les plus ennuyeux (d’autant que les gags minables qu’ils illustrent frôlent à plus d’une reprise l’humour subtil façon TF1 !).

« La Becquée » nous offre une brève envolée orchestrale majestueuse typique d’Eric Serra, avec une utilisation souvent réussie des instruments solistes (ici, le célesta), tandis que l’on retrouve une énième valse musette à l’accordéon avec le thème d’Adèle dans « La Valse D’Adèle » pour rappeler les décors parisiens du film, mais c’est « Agathe » qui attire davantage notre attention, avec son écriture raffinée des cordes et des bois, sur un rythme lent à trois temps suggérant le lien entre Adèle et sa soeur Agathe. Le morceau se veut plus intimiste et touchant, rappelant le goût du compositeur pour un certain lyrisme élégant et poétique. Le thème parisien de « Que Fait la Police » revient sous la forme d’une énième valse parisienne dans « Crapodak à la Tour Eiffel » tandis qu’Eric Serra s’essaie temporairement au chant grégorien au début de « Nonna » pour l’insupportable scène de gag vers le milieu du film, lorsqu’Adèle tente de libérer le professeur Espérandieu de prison. Chacune des interventions d’Adèle sont accompagnées lors de cette séquence de petites touches d’humour, car après les chants grégoriens de « Nonna », Serra nous offre une reprise de la valse d’Adèle à l’orgue de barbarie, puis un ragtime pour piano (« Marijo en prison ») et enfin un ragtime orchestral et jazzy dans « Adèle et le président ». On regrettera le côté souvent grotesque et vraiment peu crédible des musiques de gag comme « L’art du Camouflage » qui, à l’image du film de Besson, sont souvent bien navrants et peu risible. En revanche, on sera davantage convaincu par la très belle envolée orchestrale de « Ptérolovshak » et ses synthétiseurs étranges (dommage que le morceau soit gâché par ces irritants pizzicati pseudo-comiques !). Le magnifique et poignant « Temps Mort » attire davantage notre attention par la qualité de son écriture de cordes, élégante et raffinée, sur fond de piano et bois. L’aventure est au rendez-vous dans « Préparation au Rituel » puis « Rituel de Résurrection » et ses choeurs amples et mystiques. A noter la façon dont Serra illustre la résurrection de Patmosis dans « Patmosis et Coryza », où il mélange choeurs mystérieux et sonorités de célesta cristallin étrangement plus léger. L’aventure se prolonge dans « Une Nuit au Louvre », où l’on retrouve le thème égyptien, tandis que « Le Pharaon Et le Sac en Toile » reprend les cordes élégiaques et poignantes de « Temps Mort » pour rappeler le lien entre Adèle et Agathe. Serra nous offre un morceau purement oriental et très réussi pour « Momies en Goguette », tandis que « Bon Voyage Mademoiselle Blanc-Sec » augure de futures aventures à venir pour l’intrépide héroïne.

La partition d’Eric Serra se conclut avec la chanson « Adèle Blanc-Sec » écrite par le compositeur et interprétée par Thomas Dutronc, sans oublier la reprise du thème d’Adèle dans « L’Adèle », chanson fantaisiste et déjantée brillamment interprétée par Catherine Ringer, et qui résume parfaitement en l’espace de 3 minutes toute la fantaisie décalée et iconoclaste du personnage d’Adèle Blanc-Sec. La partition d’Eric Serra reste donc une très jolie réussite, sans être pour autant le nouveau chef-d’oeuvre du compositeur. La musique apporte une variété d’émotion nécessaire au film de Luc Besson, qu’il s’agisse de l’humour (insupportable), de l’action, de l’aventure, des frissons, du mystère ou de l’émotion. Variant les ambiances et les styles à loisir, Eric Serra s’offre quand même le luxe d’écrire une musique somme toute très cohérente et brillamment unifiée de bout en bout, malgré la grande diversité de styles : c’est probablement grâce à ses trois thèmes principaux qu’Eric Serra a su relever le défi proposé par Luc Besson sur la musique de son film, conservant ainsi une certaine continuité avec, au passage, un peu de folie et de fantaisie au sein d’une partition débordant d’idées, riche et généreuse. Si le film de Luc Besson ne réussit pas à nous convaincre, on ne pourra pas en dire autant de l’excellente musique d’Eric Serra, preuve qu’encore une fois, quelque soit la qualité du film de Besson qu’il met en musique, le compositeur arrive toujours à tirer le meilleur de lui-même pour nous offrir des musiques riches, généreuses et pleines de poésie pour ces films. Un cran en dessous du génial « Arthur et les Minimoys » par exemple, la partition des « Aventures Extraordinaires d’Adèle Blanc-Sec » possède tous les atouts d’un grand score d’Eric Serra, car, sans être le must incontournable du musicien français, la musique du long-métrage de Luc Besson devrait ravir pleinement tous les fans du compositeur et ceux qui l’attendaient au tournant sur ce nouveau film adapté de la BD culte de Tardi !



---Quentin Billard