1-Prologue 1.38
2-A Way In 3.36
3-What She's Lost 0.58
4-Pittsburgh's Tough 2.02
5-Blood Stain 1.32
6-Same Old Trick 1.45
7-Don Quixote 1.30
8-All Is Lost 3.10
9-A Promise 2.58
10-That's Ok 1.53
11-It's On 4.32
12-The Evidence 1.24
13-Last Three Months 3.29
14-The Bump Key 2.30
15-A Warning 2.22
16-Breakout 8.20
17-Touch 0.57
18-Reunion 3.08
19-The Switch 2.42
20-They're Off 4.56
21-Got'Em 2.19
22-The Truth 5.25
23-Aftermath 1.06
24-Mistake 3.46*
25-Be The One 3.29*

*Interprété par Moby
Ecrit par Moby.

Musique  composée par:

Danny Elfman

Editeur:

Lions Gate Records 80018

Album produit par:
Danny Elfman

Artwork and pictures (c) 2010 Lionsgate. All rights reserved.

Note: ***
THE NEXT THREE DAYS
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Danny Elfman
Remake hollywoodien du thriller « Pour Elle » (2008) de Fred Cavayé, « The Next Three Days » (Les trois prochains jours) permet au réalisateur Paul Haggis de nous offrir un excellent polar dont le scénario reprend les grandes lignes du film français originel. John Brennan (Russell Crowe) est un professeur d’université qui mène une existence ordinaire en compagnie de sa femme Lara (Elizabeth Banks) et de leur jeune fils Luke. Mais un jour, la police débarque chez eux pour arrêter Lara, accusée d’avoir tué sa patronne. La jeune femme nie avoir commis le crime, mais les preuves de sa culpabilité sont solides et difficilement contestables. Trois ans plus tard, John tente d’élever seul Luke, tout en se démenant pour tenter de faire innocenter Lara. Mais la demande d’appel échoue. Lara sombre alors dans la dépression et tente alors de mettre fin à ses jours en prison, avant d’être sauvée in extremis. Désormais, John n’a plus qu’une idée en tête : faire évader sa femme de prison. Il organise alors minutieusement le plan de son évasion, préparant chaque étape avec soin sans même se poser la question de savoir si Lara est réellement coupable ou pas. Suivant les conseils d’un ancien prisonnier (Liam Neeson) qui a réussit à s’évader à plusieurs reprises, John récupère des passeports et des faux papiers pour lui, sa femme et son fils, et amasse une importante quantité d’argent pour accomplir son plan : il sait aussi qu’après l’évasion, il n’aura que 15 minutes pour pouvoir quitter la ville en toute sécurité. « The Next Three Days » est au final un solide mélange entre thriller, action et drame intimiste, l’histoire d’un homme prêt à tout pour sauver sa femme, quitte à dépasser les limites de la légalité pour parvenir à ses fins. Le film pose aussi quelques questions existentielles intéressantes, bien que sous-exploitées dans le scénario : « et si on choisissait d’exister dans une réalité de notre propre fabrication ? Cela ferait-il de nous des fous ? ». Partant de ce simple postulat, le film explicite moralement tout le cheminement mental et psychologique du personnage de Russell Crowe, dans sa préparation minutieuse et hyper calculée de son plan d’évasion. L’interprétation reste donc solide, tout comme la mise en scène de Paul Haggis, même si l’on regrettera les quelques longueurs qui plombent par moment le film. Reste qu’il s’agit d’une très bonne adaptation du film français « Pour Elle », qui, sans dénaturer le propos du film original de Fred Cavayé, propose une autre vision, plus personnelle, de cette intrigue immersive de mari prêt à tout pour libérer sa femme de prison.

La musique synthético-orchestrale de Danny Elfman contribue grandement à l’ambiance dense et dramatique du film de Paul Haggis. Le compositeur évoque tout au long du film les sentiments de John pour sa femme Lara, suggérant ses doutes, ses craintes et aussi sa détermination. C’est pourquoi Elfman met en valeur le piano, instrument principal du score de « The Next Three Days », introduit dès le début du « Prologue », sur fond de nappes synthétiques atmosphériques, de quelques notes de cordes amères. L’approche musicale voulue par le compositeur, sobre et minimaliste, s’inscrit clairement dans la continuité des précédents travaux de Mark Isham sur les anciens films de Paul Haggis (« Crash », « In the Valley of Elah ») et rappelle aussi, dans son mélange de cordes et de sonorités électroniques modernes les travaux d’Harry Gregson-Williams ou même ceux de Klaus Badelt, et plus particulièrement la musique de « Pour Elle », avec laquelle la musique de Danny Elfman conserve une certaine affiliation subtile, reliant musicalement les deux films tout en proposant des idées mélodiques fort différentes. Si le piano véhicule clairement les émotions et pensées intérieures de John et Lara dans le film, l’orchestre et les rythmiques électroniques suggèrent clairement la tension et l’urgence de la situation dans le tendu « A Way In » et ses notes de piano/cordes agitées sur fond de loops électro entêtants. Elfman utilise aussi une harpe en duo avec le piano dans « Pittsburgh’s Tough » pour apporter une couleur supplémentaire à sa musique, assez répétitive et monotone sur l’album, mais plutôt dense et immersive dans le film. Elfman évite soigneusement tout élan orchestral mélodramatique et conserve une certaine retenue dans sa musique, tout en minimalisme et en sobriété, même si l’on reste un peu déçu de l’absence d’un thème fédérateur fort (là où le score originel de Klaus Badelt marquait un point !). La tension reste donc grandement véhiculée à l’écran par des morceaux tels que « A Promise », « It’s On », « They’re Off », « Got’Em » ou bien encore « The Bump Key », avec, pour principal point commun, une utilisation intéressante des percussions/loops électroniques contemporains qui renforcent la tension et l’urgence, tout en suggérant la difficulté insensée du plan d’évasion qu’organise John tout au long du film.

La musique se veut aussi plus intimiste et touchante dans des morceaux tels que « Same Old Trick » ou « All Is Lost », avec son mélange cordes/piano ordinaire mais très réussi dans le film, bien que très prévisible et dénuée de la moindre surprise (c’est tout à fait le genre de musique que Mark Isham aurait pu écrire sur ce film !). On appréciera d’ailleurs l’émotion suggérée par les harmonies chaleureuses des cordes et des notes subtiles et délicates de piano dans « All Is Lost », pour représenter l’amour de John pour son épouse emprisonnée, une idée qui se concrétise brillamment dans le poignant « That’s Ok » avec un nouveau mélange délicat de cordes mélodiques et de piano. On notera d’ailleurs ici l’espoir plus lumineux apporté délicatement par les harmonies majeures des cordes, qui restent à la fois retenues et aussi parfois plus lyriques et rêveuses. A noter l’utilisation réussie d’une voix féminine orientale dans « The Evidence » sur fond d’harmonies de cordes solistes et de basse synthétique entêtante, un morceau un peu particulier qui permet de relancer l’intérêt, en plein milieu d’une partition somme toute assez monocorde et parfois un peu trop répétitive. Les choses s’accélèrent avec « Last Three Months », où cohabitent cordes, guitares électriques, piano et synthétiseurs pour un ensemble plus rythmé, dense et agité. L’évasion se déroule tout au long de l’intense « Breakout », 8 minutes d’action et de tension typique du style thriller habituel de Danny Elfman (on retrouve par moment les touches électroniques modernes de « The Kingdom » ou de « Wanted », très inspirées des productions de chez Remote Control !), pour ce qui reste le meilleur morceau d’action du score de « The Next Three Days ». Enfin, l’émotion n’est pas en reste avec l’émouvant et romantique « Touch » ou le planant « Reunion », sans oublier l’envolée vocale/orchestrale du superbe « The Truth » avec ses vocalises féminines éthérées sur fond de cordes, piano et batterie, un très beau morceau en forme de long climax émotionnel, intense et prenant, symbolisant la rédemption du couple à la fin du film. Danny Elfman signe donc une assez bonne partition intimiste et tendue pour « The Next Three Days », une musique qui évoque à la fois les doutes et la détermination du personnage de Russell Crowe dans le film, prêt à tout pour libérer sa femme et s’enfuir du pays avec elle, afin de redémarrer une nouvelle vie. Danny Elfman ne propose pas grand chose de neuf ici mais apporte action, tension et émotion au film de Paul Haggis, bien que sa composition reste extrêmement impersonnelle et soumise à de nombreuses influences, notamment celles des musiciens de chez Remote Control (Klaus Badelt, Harry Gregson-Williams, etc.). Les fans d’Elfman et de musique minimaliste/atmosphérique apprécieront certainement les efforts du musicien sur « The Next Three Days », tandis que les autres risqueront fort de s’ennuyer devant un programme musical satisfaisant bien que très monotone, prévisible et assez impersonnel !



---Quentin Billard