1-Make Up Kisses 3.00
2-Bette Davis Montage 1.33
3-You Gotta Be Rich 0.52
4-The Cake 1.46
5-The Urn 2.00
6-Puke/1st Letter 2.43
7-Holly Gets Fired 0.45
8-Jacket 1.27
9-Travel Agent 4.04
10-To Eire 2.54
11-Reading Letters 0.47
12-William On The Lake 1.23
13-Kitchen Waltz 4.04
14-On The Lake 2.29
15-The Kennedys 1.08
16-Last Tune 0.50
17-Gerry's Fort 1.04
18-The Meeting 4.31
19-The Kiss 1.56
20-Home Again 0.33
21-Enough 0.39
22-Somebody's Gerry 1.43
23-It Was Me 3.35
24-Sis Kiss 2.38
25-P.S. I Love You 1.23

Musique  composée par:

John Powell

Editeur:

Varèse Sarabande 302 066 891 2

Score produit par:
John Powell
Producteur exécutif:
Robert Townson
Monteur musique:
Carl Kaller
Supervision de la musique:
Mary Ramos
Musique additionnelle et
Programmation de:
John Ashton Thomas
Coordination production score,
assistant de John Powell:
Germaine Franco
Monteurs scoring:
Erik Swanson, David Channing
Assistant production musicale:
Maria Rodriguez
Album compilé et monté par:
Daniel Lerner

Artwork and pictures (c) 2008 Warner Bros. Entertainment Inc. All rights reserved.

Note: ***1/2
P.S. I LOVE YOU
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by John Powell
Drame romantique poignant signé Richard LaGravenese, « P.S. I Love You » est l’adaptation cinématographique du roman éponyme de Cecelia Ahern, sorti en 2004. Le film raconte l’histoire d’un couple marié qui vit dans le Lower East Side à Manhattan, Holly (Hilary Swank) et Gerry Kennedy (Gerard Butler). Hélas, Gerry meurt subitement d’une tumeur cérébrale. Holly sombre alors dans une profonde dépression et s’éloigne progressivement de ses proches et de sa famille. Un jour, alors qu’elle fête son trentième anniversaire, Holly reçoit un gâteau et un enregistrement audio contenant la voix de son mari décédé. Gerry a eu le temps d’enregistrer cette cassette avant de décéder, dans laquelle il va pousser Holly à reprendre le contrôle et de sa vie. Peu de temps après, des lettres écrites par Gerry arrivent chez Holly et l’amènent à suivre ses directives, chacune des lettres se terminant par « P.S : I Love You ». Holly suit alors les directives de Gerry et décide de se rendre en Irlande, terre d’origine de son défunt mari et lieu de rencontre du couple. Holly est alors accompagnée de sa soeur Sharon (Gina Gershon) et de sa meilleure amie Denise (Lisa Kudrow). Arrivée en Irlande, Holly va faire la connaissance de William (Jeffrey Dean Morgan), chanteur irlandais et ami d’enfance de Gerry. Elle rencontrera aussi les parents de son défunt mari et apprendra petit à petit à reprendre goût à la vie tout en conservant le souvenir de Gerry. « P.S. I Love You » est un drame touchant sur la difficulté du deuil et la cruauté du veuvage, abordant les thèmes de la mémoire d’un être cher et de la nécessité – parfois impossible – de refaire sa vie à la suite de la disparition tragique de l’être aimé. Le film de Richard LaGravenese vaut surtout pour son couple très touchant incarné à l’écran par Hilary Swank et Gerard Butler, l’une vivant dans le présent, l’autre dans le passé : l’alchimie entre les deux acteurs est plus qu’évidente à l’écran et le film fonctionne parfaitement selon son concept de lettre surgissant du passé, censée amener progressivement Holly à sortir de sa dépression et à profiter à nouveau de la vie. Parmi les seconds rôles, à noter une excellente et irrésistible Lisa Kudrow en célibataire croqueuse d’homme qui n’a pas sa langue dans sa poche, et un Jeffrey Dean Morgan toujours aussi charismatique. Quand à Gerard Butler, « P.S. I Love You » lui offre enfin l’occasion de casser son image d’action-man musclé, un registre dans lequel il s’était quelque peu laissé enfermé ces derniers temps, pour camper ici un personnage plus léger et plus chaleureux. Le résultat, sans être particulièrement mémorable, reste tout à fait satisfaisant et assume son concept initial jusqu’au bout, faisant de « P.S. I Love You » une très belle comédie romantique particulièrement touchante et émouvante, bien qu’un brin convenue et sans grande surprise particulière.

John Powell signe pour « P.S. I Love You » une partition orchestrale particulièrement rafraîchissante, une musique à la fois poétique, lyrique et touchante, à l’image du film lui-même. « P.S. I Love You » permet aussi à John Powell de renouer avec le registre de la musique de comédie dramatique/romantique, un genre pour lequel il n’est pas très souvent sollicité mais qui lui a tout de même permis d’écrire de très belles partitions dans sa filmographie éclectique – citons par exemple des films tels que « Forces of Nature » (1999), « I Am Sam » (2000) ou « Two Weeks Notice » (2002). Le score de « P.S. I Love You » est de loin l’un des meilleurs travaux de John Powell dans le genre, utilisant un petit ensemble d’instruments solistes incluant un trio de guitares (interprétées en partie par John Powell lui-même), un piano, un célesta et une flûte irlandaise, le tout accompagné de quelques parties orchestrales subtilement interprétées par le Sydney Scoring Orchestra. Dès le début du film, « Make Up Kisses » pose d’emblée le ton romantique et intimiste de la partition en dévoilant un premier thème frais et aérien, associé dans le film au couple Holly/Gerry. Le thème de « Make Up Kisses » évoque clairement le bonheur passé du couple, et le souvenir des jours heureux. Le caractère nostalgique et subtil du thème est largement véhiculé ici par la guitare sèche de John Powell et l’utilisation du célesta sur fond de cordes chaleureuses qui ne prennent jamais le pas sur la musique. Un léger rythme de batterie confère à « Make Up Kisses » un caractère attachant et plein de vie, bien qu’aussi assez retenu dans son utilisation des instruments – un peu comme Powell le fit dans la BO du film « Forces of Nature ». Ce très beau thème du couple sera donc au coeur de la musique de « P.S. I Love You », tandis que John Powell nous propose un second thème dans « Bette Davis Montage », un autre thème de guitare/cordes qui évoque la solitude d’Holly après la mort de Gerry. Le thème est exposé en toute sobriété à la guitare sur fond de rythme à trois temps des cordes, la simplicité restant encore une fois le principal mot d’ordre de John Powell sur la musique de « P.S. I Love You ». A noter ici aussi le rôle rythmique discret de la batterie et des autres guitares en arrière-fond, qui restent toujours très présents sans jamais en faire de trop, jouant sur une retenue émouvante typique du compositeur. On appréciera aussi le charme des harmonies raffinées des cordes ou des quelques élans rythmiques de violons dans « The Cake », où la nostalgie se mélange à un semblant de tristesse alors qu’Holly se souvient de Gerry et des jours heureux ensemble. Ce sentiment perdure dans l’agréable « The Urn » marqué par le retour touchant du thème du couple et l’apparition de la flûte irlandaise, rappelant les origines de Gerry dans le film.

La musique devient plus joyeuse dans « Puke/1st Letter » alors que débute le jeu des lettres posthumes de Gerry : Powell ajoute à son orchestre quelques bois plus légers et sautillants avec les cordes, le célesta et les guitares pour suggérer un nouveau départ dans la vie d’Holly : le thème du couple est d’ailleurs repris partiellement ici dans une forme plus lyrique et légère, avec quelques rebondissements rythmiques plus enthousiastes et insouciants. La joie légère qui découle de « Puke/1st Letter » est typique de l’atmosphère charmante et rafraîchissante de la partition de John Powell – à noter par exemple vers la dernière partie du morceau l’utilisation plus latino/hispanisante de la guitare – avec, comme souvent chez le compositeur, un souci d’inventivité et un travail constant sur les différentes couleurs orchestrales/instrumentales. Dès lors, l’optimisme et l’espoir sont de rigueur dans la partition de John Powell, comme nous le fait clairement comprendre « Holly Gets Fired » et sa superbe reprise entraînante du thème d’Holly sur un rythme plus enthousiaste et rafraîchissant : l’idée d’un nouveau départ pour la jeune femme est désormais possible, grâce aux lettres de Gerry. Même le thème du couple semble plus proche de ce même sentiment d’espoir dans « Jacket ». C’est le départ pour le voyage en Irlande dans le rafraîchissant et enjoué « Travel Agent », dont la sonorité plus légère et chaleureuse des bois rappelle bon nombre de partitions comédie/film d’animation du compositeur anglais. Le thème du couple revient dans une forme plus énergique et rythmée dans le superbe « To Eire » avec ses instruments suggérant clairement les paysages de l’Irlande natale de Gerry. Le thème du deuil, entendu la première fois dans « Bette Davis Montage », prend une tournure plus optimiste à l’image du parcours d’Holly dans le film, qui renaît progressivement à la vie en suivant les instructions posthumes de Gerry. La musique mélange alors ce sentiment d’enthousiasme rafraîchissant, de quête de l’espoir et de l’ouverture à la vie, avec un pincement au coeur constant que l’on ressent tout au long de l’écoute du score dans le film (ou sur l’album), et ce grâce à la nostalgie poignante et délicate qui se dégage de la musique à l’écran. A noter une très jolie valse de guitare légère dans « Kitchen Waltz » alors qu’Holly redécouvre – avec maladresse – les joies du flirt, morceau de comédie pure proche des travaux de Powell sur le cinéma d’animation (on pense ici à maints passages de la saga « Ice Age » ou « Horton Hears a Woo », etc.). Si ces passages comédie permettent de nuancer le style intimiste/nostalgique du reste du score, ils n’apportent finalement pas grand chose de neuf, même si un morceau comme « On The Lake » et ses rythmes celtiques/irlandais est tout bonnement remarquable de justesse, d’humour et de tendresse.

A noter d’autres influences celtiques traditionnelles dans « The Kennedys » ou « The Meeting », qui nous propose pendant plus de 4 minutes d’excellents développements du thème principal – et une coda particulièrement romantique à souhait. Le morceau est servi ici par des orchestrations très riches, soignées et colorées, typiques de John Powell, le tout sur une mesure à 3 temps s’apparentant à une danse irrésistible, légère et insouciante. Les guitares restent quand à elles les portes-parole musicaux des émotions humaines du film, véritables instruments star de la partition de « P.S. I Love You ». Si les passages comédie vont bon train vers la fin du récit (« Home Again », « Enough », « The Kiss », etc.), le piano doucement mélancolique de « Somebody’s Gerry » vient tempérer l’ardeur humoristique des derniers morceaux pour apporter une émotion plus subtile et raffinée, débouchant sur la révélation finale de « It Was Me », alors qu’Holly découvre enfin le secret des lettres de Gerry à travers une très belle reprise du thème principal. L’histoire touche à sa fin avec la délicatesse poétique d’un piano solo dans « P.S. I Love You », idéal pour conclure l’aventure en beauté, sans en faire de trop, juste ce qu’il faut. Pour John Powell, « P.S. I Love You » reste donc une très belle partition, pleine de charme et de fraîcheur, à l’image du film de Richard LaGravenese. A cette histoire de deuil et de difficulté à revivre, Powell répond par une musique d’une délicatesse poétique et d’une énergie communicative, une musique qui ne perd jamais de vue l’espoir et la joie de vivre, un propos humaniste formidablement servi par les mélodies entraînantes du compositeur ou l’inventivité personnelle de ses orchestrations et de ses couleurs instrumentales. Véritablement axée sur les émotions, la musique de « P.S. I Love You » n’est certes pas un chef-d’oeuvre immanquable dans la filmographie de John Powell mais la preuve incontestable du talent de l’un des meilleurs musiciens officiant à l’heure actuelle à Hollywood, une partition émouvante et fraîche, d’une profonde sincérité et d’une grande poésie, que les fans du compositeur ne doivent surtout pas rater !



---Quentin Billard