1-Morning Routine 2.23*
2-Meet Tulio 2.55*
3-Great Big Momma Bird 2.47*
4-Paradise Concern 1.59
5-Bagged and Missing 2.09
6-Locked Up 2.10
7-Chained Chase 2.35*
8-Bedtime Flyers 2.58*
9-Idiot Glider 1.56*
10-Juicy Little Mango 2.27
11-Umbrellas Of Rio 2.28*
12-Motorbike 1.23
13-Bird Fight 1.03
14-Birds Moved 2.33*
15-Heimlich 2.31*
16-Birdnapped 3.37*
17-Rio Airport 4.24*
18-Flying 2.43*
19-Market Forro 2.11**

*Contains interpolations of the song
"Favo del Mel" written by
Sergio Mendes, John Powell and
Mikael Mutti
**Written and performed by
Carlinhos Brown & Mikael Mutti.

Musique  composée par:

John Powell

Editeur:

Varèse Sarabande 302 067 084 2

Producteur de l'album:
John Powell
Producteur exécutif:
Robert Townson
Direction de la musique pour
Twentieth Century Fox:
Robert Kraft
Musique supervisée pour
la Twentieth Century Fox par:
Danielle Diego

American Federation of Musicians.

Artwork and pictures (c) 2011 Twentieth Century Fox Film Corporation. All rights reserved.

Note: ***
RIO
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by John Powell
Nouveau long-métrage animé 3D du studio Blue Sky produit par la 20th Century Fox, et réalisé par Carlos Saldanha – auteur de la saga « Ice Age » - « Rio » raconte l’histoire de Blu, un oiseau exotique (Ara de Spix) extrêmement rare, qui se trouve être le dernier mâle de son espèce, et qui possède une particularité : il ne sait pas voler. Blu mène une vie tranquille et ordinaire chez sa propriétaire, Linda, dans sa petite maison du Minnesota, jusqu’au jour où la jeune femme reçoit une invitation de la part de l’ornithologue Tulio Monteiro pour se rendre à Rio de Janeiro au Brésil. Là bas, Blu rencontre alors Perla, la dernière femelle de son espèce, qui elle, ne rêve que de liberté. La rencontre explosive entre les deux oiseaux ne donnera finalement pas les résultats escomptés : réussissant à s’échapper après avoir été traqués par des braconniers sans scrupules, Blu et Perla vont être obligés de se lancer dans une grande aventure au coeur même de Rio de Janeiro, en pleine époque du grand carnaval. « Rio » s’avère être une jolie réussite de la part du studio Blue Sky : l’animation du film de Carlos Saldanha est absolument magistrale, mais l’atout majeur du long-métrage réside avant tout dans sa retranscription magnifique et réaliste des décors brésiliens de Rio de Janeiro (la ville natale du réalisateur), avec son atmosphère unique de fête et sa mixité sociale (les favelas et les bidonvilles, etc.). Rares sont les films d’animation à avoir su montrer la ville de Rio de Janeiro avec un tel souci de réalisme et une telle passion, montrant aussi bien ses défauts comme ses richesses : les décors sont donc tout simplement magnifiques, les images étant extrêmement vives et colorées, tout comme les personnages principaux, plutôt attachants et réussis. Seul bémol, de taille : la présence de deux sidekicks insupportables, Nico et Pedro, les oiseaux fêtards massacrés en VF par une irritante voix imitant le registre « djeuns/racaille du neuf-trois » totalement inappropriée : et que dire de l’intrusion de chanson rap, qui n’ont absolument rien à faire dans un film se déroulant en plein coeur du Brésil – avec tout le folklore qui va avec. C’est donc un procédé purement mercantile au goût plus que douteux, censé rallier le public ado à la cause du film, une grosse déception de la part des concepteurs de « Rio » (on n’aurait jamais eu droit à une telle chose dans une production Pixar !) et une énorme faute de goût - évidemment, il faudra préférer la V.O pour « Rio ». Malgré cela, le film de Carlos Saldanha reste une jolie réussite : l’histoire mélange adroitement humour, action, aventure et émotion avec justesse, le tout sur un rythme effréné, à la découverte des quartiers de Rio de Janeiro, ses grandes fêtes, sa jungle, ses plages, ses favelas et son fameux pic du Corcovado avec la statue du Christ. « Rio » évoque aussi les dangers du trafic d’animaux exotiques et l’importance de protéger les espèces en voie de disparition – ici, l’Ara de Spix brésilien – avec un message écologique plus qu’évident. On notera aussi quelques superbes scènes de course poursuite et des séquences aériennes absolument magistrales, servies par une 3D impeccable. Si, niveau humour, le film se casse parfois la figure avec du bon et du moins (voir la critique mentionnée plus haut), hésitant quelque fois entre conte urbain moderne et film pour djeuns/ado, « Rio » nous offre malgré tout un spectacle de qualité, un film animé coloré et vivant, qui vous ravira par la beauté de ses décors et son atmosphère de fête et d’aventure.

La partition de John Powell est évidemment l’un des atouts majeurs du film de Carlos Saldanha. Powell retrouve ainsi le réalisateur pour la quatrième fois après avoir écrit les musiques de « Robots » (2005), « Ice Age 2 » (2006) et « Ice Age 3 » (2009). « Rio » offre ainsi l’occasion au compositeur de nous livrer une nouvelle partition orchestrale vive, énergique et colorée, mélangeant orchestrations symphoniques habituelles et rythmes de samba/bossa typiques du Brésil. Dès le début du film, John Powell dévoile rapidement son thème associé à Blu dans le film dans « Morning Routine », thème charmant, léger et agréable, porté par un soupçon de nostalgie rafraîchissante typique des mélodies de John Powell pour des films animés. Le thème de Blu évoque clairement le bonheur de l’oiseau en compagnie de Linda dans sa maison du Minnesota, et se transformera très vite dans le film en thème d’aventure et de dépassement de soi. Comme toujours chez John Powell, priorité ici à des orchestrations vives, riches et colorées, et des mélodies entraînantes, et aussi absolument typiques du compositeur : difficile, en entendant le thème de « Morning Routine », de ne pas penser à maints passages de « Shrek », « Ice Age 2 », « Bolt » ou bien encore « Chicken Run ». La seconde partie de « Morning Routine » nous propose une superbe reprise du thème de Blu dans une version plus entraînante sur fond de guitare latino et d’instrumentation enjouée : à noter la façon dont Powell s’amuse ici à passer d’un instrument à un autre avec l’aisance déconcertante et la spontanéité rafraîchissante qui anime habituellement ses musiques de film animé. Même chose pour « Meet Tulio », qui reprend le thème de Blu dans une combinaison clarinette/tuba sur fond de touches de mickey-mousing traditionnelles et d’instrumentations brésiliennes/latino savoureuses - à noter par exemple l’utilisation de la fameuse cuica ou de la guitare. Le morceau se finit d’ailleurs sur un rythme de bossa nova qui rappelle bon nombre de standards d’Antonio Carlos Jobim, de Chico Buarque ou de João Gilberto. Mais si ces touches latino sont assez irrésistibles et rafraîchissantes dans la musique de « Rio », difficile en revanche de s’enthousiasmer de la même façon pour les passages mickey-mousing/cartoon que l’on nous ressort régulièrement à chaque musique de film animé américain, une facilité dans laquelle John Powell est à nouveau tombé dans la musique de « Rio », rendu le tout extrêmement prévisible et sans surprise.

Les amateurs de musique brésilienne apprécieront les passages de guitare latino de « Great Big Momma Bird » avec ses nombreuses touches d’humour, tout comme les sonorités d’oiseaux exotiques entendues au début de « Paradise Concern » et ses rythmes de bossa agréables – à noter ici l’utilisation réussie des saxophones – la coda en forme de samba de « Paradise Concern » est elle aussi très réussie, John Powell ménageant habilement ses touches brésiliennes entre deux passages de mickey-mousing pur (et donc plus ordinaire). Dommage que le compositeur ne développe pas toujours davantage ses touches latino/brésiliennes, qu’il cantonne bien souvent dans sa partition à de brèves ponctuations musicales qui se mélangent agréablement avec les parties orchestrales – on aurait simplement aimé en entendre parfois plus. « Bagged and Missing » est assez typique par exemple de cette musique d’ambiance cartoon assez légère et parfois plus intimiste et touchante pour évoquer la destinée de Blu dans un pays qu’il ne connaît pas. Le morceau utilise ainsi toute une série de ponctuations orchestrales et de ruptures de ton typique des musiques de film animé de John Powell, sans grande surprise particulière : la routine, en somme, pour le compositeur. « Locked Up » introduit quand à lui un second thème, thème associé dans le film aux sinistres braconniers, et que l’on reconnaît ici grâce à son utilisation des cordes sombres sur fond de percussions latines. Comme toujours, on notera la richesse des orchestrations, qui multiplient les détails et les couleurs instrumentales avec une inventivité constante. La première scène de course poursuite dans les favelas nous offre quand à elle un superbe morceau d’action typique de John Powell : « Chained Chase », le compositeur, très en forme, livre un premier tour de force orchestral à ses musiciens, le tout agrémenté de quelques passages latinos savoureux et axés sur l’idée de la danse et de la fête – à noter le final imitant la samba brésilienne traditionnelle. On retrouve d’ailleurs ces instruments latinos dans « Bedtime Flyers », avec son intéressant mélange cuica/guiro sur fond de bois sautillants et de cordes légères. Le thème sournois des bad guys revient dans « Idiot Glider » tandis que les rythmes de bossa/jazz font à nouveau leur apparition dans l’agréable « Juicy Little Mango ». La samba finale survoltée de « Umbrellas of Rio » offre aux musiciens quelques beaux moments de joie et d’énergie, tout comme la guitare latino rafraîchissante de « Motorbike » et ses percussions déchaînées représentant le carnaval de Rio. Même chose au début de « Bird Fight », où les saxophones jazzy se mélangent à l’orchestre et aux percussions de la samba pour un résultat hybride particulièrement riche et coloré – « Bird Fight » étant de loin l’un des meilleurs passages ‘latino’ du score de « Rio ».

Enfin, John Powell se fait plaisir vers la fin du film en nous offrant un très joli passage de bossa/samba sifflé dans « Heimlich », une grande envolée orchestrale dans « Rio Airport » pour le climax final du film, sans oublier l’envol grandiose du thème principal dans l’excellent « Flying », alors que Blu vole enfin de ses propres ailes à la fin de l’histoire. Vous l’aurez donc compris, c’est une partition fraîche, énergique et survitaminée que nous offre John Powell pour « Rio », une musique orchestrale teintée de touches brésiliennes/latinos du plus bel effet, qui apportent un véritable tonus au film de Carlos Saldanha, même si l’on regrettera le côté souvent prévisible et sans surprise des touches de mickey-mousing traditionnelles. John Powell ne prend donc pas beaucoup de risque ici et répète un même schéma orchestral hérité de ses précédentes musiques de film animé (la saga « Ice Age », « Shrek », « Bolt », etc.), sans grande trouvaille particulière, en dehors des superbes touches latino. Même le thème principal semble ici surgir des précédents scores du compositeur, et rappellera bon nombre de mélodies anciennes écrites par Powell pour d’autres films animés. Le musicien tourne donc un peu en rond dans ce registre, alors qu’il s’est récemment montré plus qu’inspiré avec le génial « How to Train Your Dragon », devenu son oeuvre culte et sa référence absolue en matière de musique de film animé. Ordinaire et routinier, le score de « Rio » apporte donc une énergie, un humour et une émotion remarquable au film de Carlos Saldanha, mais trahit aussi le manque d’originalité d’un compositeur au savoir-faire incomparable, mais qui se contente ici d’appliquer sagement toutes les recettes habituelles du genre, sans ajouter quoique ce soit de plus. Du coup, même si la musique reste très agréable à écouter et qu’on se laisse prendre facilement par ses rythmes brésiliens entêtants et ses mélodies prenantes, on risque d’en rester un peu sur notre faim, tant on attendait quelque chose de bien plus passionnant et d’original pour « Rio », surtout depuis que John Powell a placé lui-même la barre très haut après « How to Train Your Dragon ». Un score sympathique donc, mais aussi très prévisible et sans réelle originalité.



---Quentin Billard