1-The Flair 1.38
2-Main Titles 1.53
3-Innocent Times 2.02
4-Toy Heist 1.55
5-Lovely Confessions 2.30
6-Surveillance Lesson 3.22
7-Harry Smartens Up 1.48
8-Dead Girl in Shower 3.49
9-Harmony is Dead? 1.25
10-Saving Perry 4.40
11-Flashback/Dropping off Body 2.38
12-They Took my Crickets 1.48
13-Oh, Nuts! 2.56
14-Whoa, Who's This? 1.38
15-Harmony Lives 2.16
16-Doggie Treat/First Kill 2.09
17-Going Home 1.47
18-Harmony Sees a Clue 1.24
19-Harry's Rage 3.23
20-Painful Pieces 1.27
21-That's the Story 1.46
22-"Broken" 5.10*

*Interprété par Robert Downey Jr.
Ecrit par Robert Downey Jr. et
Mark Hudson.

Musique  composée par:

John Ottman

Editeur:

La La Land Records LLLCD 1039

Producteurs exécutifs de l'album:
MV Gerhard, Matt Verboys
Album produit par:
John Ottman
Producteur associé:
Ford A. Thaxton
Orchestrations de:
John Ottman
Montage musique:
Amanda Goodpaster
Préparation de la musique:
Janice Lester

Artwork and pictures (c) 2005 Warner Bros. Inc. All rights reserved.

Note: ***
KISS KISS BANG BANG
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by John Ottman
Célèbre scénariste d’Hollywood, Shane Black est surtout un protégé du producteur Joel Silver, pour lequel il signa les scripts de « Lethal Weapon » (1987), « The Long Kiss Goodnight » (1996) ou bien encore « The Last Boyscout » (1992), sans oublier sa présence devant la caméra dans le « Predator » de John McTiernan en 1987, dans le rôle du mercenaire Hawkins. Avec « Kiss Kiss Bang Bang », Shane Black se lance pour la première fois dans la réalisation et nous propose ainsi un premier long-métrage assez efficace, une comédie policière un brin satyrique et loufoque, menée tambour battant par l’excellent Robert Downey Jr, un Val Kilmer grassouillet et une jeune et jolie Michelle Monaghan, qui se voit confier avec ce film son premier grand rôle pour le cinéma. Humour, dérision, action, bagarre, second degré, folie, tels sont les ingrédients du film survolté de Shane Black, une sorte de règlement de compte envers tous les films que le réalisateur a lui-même scénarisé au cours de sa carrière. « Kiss Kiss Bang Bang » évoque l’histoire d’Harry Lockhart (Robert Downey Jr.), modeste voleur maladroit, qui, à la suite du cambriolage raté d’un magasin de jouet, se retrouve accidentellement embarqué dans un casting pour un polar hollywoodien après avoir tenté d’échapper à la police. Lockhart décide alors de jouer le jeu, et pour se préparer au mieux à son rôle, on lui adjoint les services d’un détective privé homosexuel, « Gay » Perry Van Shrike (Val Kilmer). C’est au cours de son travail de préparation avec Perry que Lockhart va se retrouver impliqué malgré lui dans une sinistre intrigue de meurtre et de kidnapping, alors que tous les indices convergent vers lui et Perry. Pendant ce temps, Harmony Lane (Michelle Monaghan), jeune actrice ambitieuse qui cherche à percer à Hollywood, contacte Perry et lui demande d’enquêter sur le meurtre mystérieux de sa jeune soeur, qui semble avoir été camouflé en suicide selon elle. Mais alors que les choses se compliquent, Harry, Perry et Harmony décident de mener l’enquête conjointement et ne vont pas tarder à découvrir que ces deux affaires ont un même point commun, annonciatrices de bien des ennuis pour nos trois héros malmenés. « Kiss Kiss Bang Bang » vaut donc par le ton totalement décalé et satyrique du récit, ton largement véhiculé par le personnage charismatique et hilarant de Robert Downey Jr, efficace en malfrat loser qui va se découvrir des talents cachés de policier malgré lui, tandis que Val Kilmer nous délivre là l’un de ses meilleurs rôles dans la peau d’un détective gay qui aligne les répliques cinglantes avec brio, un vrai duo de « buddy movie » comme on en voyait régulièrement dans les années 80/90, à ceci près que le film de Shane Black épingle tous les codes du genre avec une malice dévastatrice et un sens implacable de la dérision (cf. le monologue désenchanté et cynique de Robert Downey Jr. au début du film, qui se moque ouvertement des trucs de mise en scène des films). Dommage cependant que l’humour – parfois inégal – de « Kiss Kiss Bang Bang » finisse par devenir un brin lourdingue et poussif sur la longueur, car même si le film nous propose quelques bonnes idées et des dialogues incisifs et autres répliques tordantes, le scénario alambiqué et les rebondissements sont parfois si maladroitement amenés qu’on finit par décrocher littéralement. Reste le charme de la mignonnette Michelle Monaghan, et le duo Robert Downey Jr/Val Kilmer qui fait véritablement des étincelles à l’écran : une excellente comédie policière en somme, et un premier essai réussi pour Shane Black !

La partition de « Kiss Kiss Bang Bang » a été confiée à John Ottman, qui signe pour le film une partition d’action/suspense typique de ses musiques de polar habituelles. Dans les notes du livret publié par La La Land Records, John Ottman explique qu’écrire la musique de « Kiss Kiss Bang Bang » a représenté un grand challenge, car il fallait illustrer à la fois l’énigme policière, le mystère lié aux meurtres ainsi que l’humour et le second degré totalement déchaîné du film, qui parodie pour l’occasion les « buddy movies » traditionnels. Pour se faire, Ottman décida d’employer un petit orchestre, agrémenté d’une pléiade d’effets synthétiques, de quelques samples, instruments solistes et des rythmes jazz/funky rétro à la manière des musiques d’espionnage des années 60/70. Le mélange de toutes ces différentes sonorités permet au compositeur de signer une musique assez éclectique et fantaisiste, parfaite pour le film de Shane Black. Le score de « Kiss Kiss Bang Bang » repose essentiellement sur deux thèmes principaux : le thème lyrique et apaisant d’Harmony Lane, entendu pour la première fois « The Fair » et « Innocent Times », thème à trois temps léger et insouciant, associé au personnage de la craquante Michelle Monaghan dans le film. L’autre thème est dévoilé dans le générique de début (« Main Titles »), un thème que le compositeur a baptisé lui-même le « Mystery Theme », associé à l’intrigue policière du film. Ottman utilise ici un ensemble de petites percussions, batterie, guitare basse, riff de piano électrique, piano, vibraphone, ensemble de saxophones, flûtes et trompettes jazzy en sourdine : la section jazz est très présente pour le son rétro de la musique, qui évoque malicieusement l’univers des polars hollywoodiens d’antan, et plus particulièrement celui des romans de Johnny Gossamer, l’écrivain spécialiste des histoires de détective qu’affectionne Harmony Lane dans le film. Le « Main Titles » reste assez représentatif de l’atmosphère musicale de « Kiss Kiss Bang Bang » et annonce une composition jazzy, énergique et colorée- on pense clairement ici à certaines partitions jazzy rétro de Christopher Young, qu’il s’agisse de « Shade » ou « The Man Who Knew Too Little ». L’action débute avec « Toy Heist », pour la scène du cambriolage raté au début du film. Ottman, qui a posé les bases de sa partition dans le « Main Titles », reprend ses différents instruments et développe le motif principal et ses riffs de saxophones/cuivres avec une énergie certaine. La musique devient même plus tendre et romantique dans le savoureux « Lovely Confessions » et son utilisation remarquable de la trompette soliste jazzy, qui rappelle par moment le « Chinatown » de Jerry Goldsmith.

Dans « Surveillance Lesson », l’intrigue policière est à nouveau mise en musique avec ce même mélange d’orchestre, de riffs groovy de basse, de petites percussions et de trompette jazzy typique du cliché musical des musiques de film noir/polar rétro. Le compositeur joue sur une atmosphère d’espionnage en évoquant la préparation de Lockhart, qui apprend à devenir un véritable détective privé en compagnie de Perry. Ici aussi, le thème principal est son riff de saxophones/trompettes en sourdine est toujours très présent, indissociable de l’univers du film. C’est à nouveau le cas dans « Harry Smartens Up », tandis que le compositeur se montre encore plus inventif et fantaisiste dans « Dead Girl in Shower », pour la scène de la découverte du corps féminin dans la douche. Ottman répond à l’humour noir totalement décalé du film de Shane Black par une musique fantaisiste où les différents solistes s’entrecroisent avec malice, sur fond de rebondissements rythmiques/instrumentaux – à noter ici l’écriture ‘furtive’ et virevoltante des instruments, qu’il s’agisse des bois, des saxophones, du piano, de la basse ou des percussions (acoustiques/électroniques). Le thème d’Harmony est repris dans le mélancolique « Harmony is Dead », où il devient plus amer et résigné, tandis que l’action prime dans « Saving Perry » et ses sursauts orchestraux plus agressifs et dissonants – dommage que l’utilisation des samples synthétiques ‘cheap’ trahissent trop souvent le manque de moyen évident de John Ottman sur la musique de « Kiss Kiss Bang Bang », notamment dans les sons de cuivres, qui sonnent irrémédiablement synthétiques et peu crédibles. Qu’à cela ne tienne, un passage d’action intense comme « Saving Perry » apporte un véritable tonus à la scène où Lockhart sauve Perry d’une fusillade, Ottman n’oubliant pas d’apporter quelques ponctuations instrumentales plus fantaisistes, même dans les morceaux d’action. Les choses se prolongent ainsi de manière similaire dans « Oh Nuts » qui oscille entre suspense et action, sans oublier le charme de « Whoa Who’s This » avec la reprise lyrique et légère du thème d’Harmony Lane.

Le thème en question revient dans « Harmony Lives », qui fait alors office de ‘faux’ Love Theme pour Harmony et Lockhart, tandis que « Doggie Treat, First Kill » apporte un brin d’humour à la partition de John Ottman avec ses glissandi de basse et ses pizzicati sautillants à la limite du mickey-mousing. Le compositeur mélange ici différentes ambiances, passant ainsi de l’humour au suspense et à la tension avec une aisance décomplexée fort appréciable. La nostalgie chaleureuse qui se dégage de « Going Home » permet aussi à John Ottman d’évoquer les émotions et les sentiments plus personnels des principaux protagonistes du récit, tandis que l’action se déchaîne dans « Harry’s Rage » avec son écriture plus massive des cordes et ses traits rapides de cordes, un passage un brin chaotique plus typique de John Ottman, illustrant parfaitement la scène de fusillade finale – dommage que l’on ressente encore une fois les habituelles maladresses d’écriture du compositeur, qui maîtrise parfois bien mal certaines techniques d’écriture musicale (notamment au niveau des harmonies et du contrepoint). La musique reste aussi chaleureuse et intime dans « Painful Pieces » avec une utilisation remarquable d’un violoncelle soliste sur fond de piano, le tout écrit avec un certain minimalisme que ne renierait pas un Alexandre Desplat ou un Thomas Newman. Vous l’aurez donc compris, John Ottman signe une partition très réussie bien que sans grand éclat particulier pour « Kiss Kiss Bang Bang ». A l’humour débridé du film de Shane Black, le compositeur de « Usual Suspects » et « Apt Pupil » répond par une partition éclectique, fantaisiste et jazzy, un brillant exercice de pastiche des musiques habituelles de polar, avec son lot d’action, de tension et d’humour noir savoureux. Tout en demeurant une partition un brin anecdotique dans la carrière du compositeur, le score de « Kiss Kiss Bang Bang » reste en tout cas typique de l’univers musical toujours aussi singulier et personnel de John Ottman, malgré des influences évidentes (on pense beaucoup aux musiques jazzy rétro de Christopher Young). La musique, pas toujours bien mixée dans le film, apporte néanmoins une énergie et un fun véritable à ce récit mouvementé, sans oublier les passages plus intimistes et sentimentaux, dans lesquels Ottman se montre parfois même plus inspiré que dans l’action (à quand un grand score dramatique et romantique pour le compositeur ?). Voilà en tout cas un petit score sympathique et sans prétention, assez rafraîchissant, à réserver en priorité aux accrocs de John Ottman et à ceux qui ont adoré « Kiss Kiss Bang Bang » !




---Quentin Billard