1-I Cannot Think (English
Gentlemen Re-Work) 4.33*
2-Desperate City 0.49
3-Jimbo's Act 2.37
4-Bringing Them In 3.09
5-Messages 2.23
6-Bird 1.24
7-Killian Death 1.47
8-Show Idea 1.54
9-The Prodigies Theme 1.27
10-Park Attack 2.08
11-Rape 3.14
12-Are We Six? 5.10
13-Mechanism 3.18**
14-Jenkins Archive Fight 1.08
15-White House Arrival 1.52
16-Under Attack 6.06
17-Mr. President 5.22
18-Ending Theme 3.27
19-Chart Busta (American
Genius Theme) 2.51***

*Interprété par Outlines
**Interprété par "Flip the Script",
Shek "The Rational" and Locksmith.
***Interprété par Mowgly.

Musique  composée par:

Klaus Badelt

Editeur:

Milan Music France 3993612

Album produit par:
Klaus Badelt
Musique additionnelle de:
Christopher Carmichael
Arrangements de:
Mark Anthony Yaeger
Assistant technique score:
Daniel Rojas

Artwork and pictures (c) 2011 Fidélité Films/Onyx Films/Studio 37. All rights reserved.

Note: **1/2
THE PRODIGIES
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Klaus Badelt
Film d’animation français entièrement réalisé en motion capture et sorti en 2011, « The Prodigies » est l’adaptation du roman-culte « La Nuit des enfants rois » de Bernard Lenteric sorti en 1981, et réalisé par Antoine Charreyron. Le film raconte l’histoire d’un groupe d’adolescents dotés de pouvoirs surnaturels, et qui vont s’en servir pour se venger de ceux qui les ont fait souffrir. L’histoire débute chez Jimbo Farrar, le jeune héros du film. Ce garçon de 10 ans se retrouve enfermé dans un hôpital psychiatrique après la mort accidentelle de ses parents, qu’il prétend avoir tué en utilisant ses mystérieux pouvoirs surhumains. Jimbo reçoit alors la visite d’un important milliardaire nommé Mr. Killian, qui lui propose alors de le prendre sous son aile et de l’aider à maîtriser ses étranges pouvoirs. 20 ans plus tard, Jimbo travaille pour la Fondation Killian qui vient en aide aux enfants surdoués, et mène une vie ordinaire avec son épouse Ann avec qui il projette de faire un enfant. Jimbo recherche à son tour d’autres enfants surdoués pour pouvoir les aider. Pour se faire, le chercheur a conçu un jeu en ligne extrêmement complexe, réservé aux surdoués. Une nuit, cinq jeunes adolescents, sans liens apparents, réussissent la série de tests. Jimbo part alors à leur recherche et découvre qu’ils possèdent eux aussi le même mystérieux pouvoir. Il décide de les réunir tous ensemble à New York, jusqu’au soir tragique, à Central Park, où tout bascule : la jeune Liza est violée et les quatre autres adolescents sont sauvagement agressés par deux loubards. Ignorés de la police et de ceux qui devaient les protéger – incluant Jimbo lui-même – les cinq prodiges vont finalement utiliser leurs pouvoirs surpuissants afin d’éliminer tous ceux qui leur ont fait du mal ou qui les ont trahis. « The Prodigies » nous propose ainsi une relecture moderne et saisissante du best-seller originel de Bernard Lenteric. Produit par Marc Missonnier, ce projet d’adaptation ambitieux, qui mit plusieurs années à se concrétiser, fut finalement confié au jeune Antoine Charreyron, qui signe là sa première réalisation après avoir conçu quelques courts métrages animés et plusieurs scènes cinématiques pour des jeux vidéos. Le travail de Charreyron sur « The Prodigies » est assez étonnant et rafraîchissant. Le résultat, singulier et hybride, est une sorte de croisement entre l’esthétique visuelle des comics américains et des mangas japonais. Quand au tournage du film, il mélangea story-board filmé, animation 2D avec personnages schématisés, séquences filmées en motion capture et mise en scène avec caméra virtuelle. Antoine Charreyron et son équipe d’animateurs ont aussi décidé d’atténuer le réalisme des visages pour s’orienter davantage vers des textures de type ‘cartoon’, sans oublier le fait que le film a été directement tourné en relief 3D, avec tout un jeu sur les couleurs suivant les différentes situations du film. Visuellement, « The Prodigies » est donc une pure réussite dans son genre, d’une complexité et d’une richesse étonnante. D’un point de vue scénaristique, on est en revanche un peu plus déçu par le côté un brin bâclé des personnages, qui manquent parfois de consistance, et plus particulièrement les adolescents, dont on évoque à peine leurs personnalités respectives dans le film (on dirait des machines sans âme !). Néanmoins, l’histoire reste assez fidèle au roman originel et nous propose une intrigue assez cruelle sur fond de vengeance sadique et de pouvoirs surhumains, d’où certaines scènes extrêmement violentes voire carrément trash (la séquence du viol). Voilà enfin du vrai cinéma d’animation pour adulte, avec une ambiance résolument sombre et dramatique, malgré un final un peu exagéré (le missile nucléaire qui part de la maison blanche). En plus de son histoire intense et sombre, « The Prodigies » vaut surtout par son esthétique visuelle incroyable et ses nombreuses trouvailles graphiques (les scènes de pouvoir où le graphisme, les formes et les couleurs changement totalement), un travail artistique d’une qualité rare pour une production europé
enne, qui n’a rien à envier aux américains.

La musique de « The Prodigies » a été confiée à Klaus Badelt, devenu un spécialiste des musiques pour le cinéma français, et ce depuis quelques années déjà (« L’Arnacoeur », « L’Immortel », « Le Petit Nicolas », etc.). La partition de « The Prodigies » mélange orchestre et synthétiseurs dans un style atmosphérique moderne typique des musiques synthético-orchestrale habituelles de Klaus Badelt. Le compositeur évoque les pouvoirs des prodiges en élaborant tout un sound design étrange et oppressant, à base de sons déformés, un peu comme le firent Hans Zimmer et James Newton Howard pour évoquer le Joker dans « The Dark Knight ». Dans « Desperate City », Badelt évoque cette atmosphère sombre entre nappes synthétiques étranges et orchestre, sonorités reprises dans « Jimbo’s Act », premier morceau d’action du score pour évoquer la mort des parents de Jimbo au début du film. Les pouvoirs de l’enfant sont illustrés ici à travers une série de notes étranges et difformes d’une guitare électrique rendue méconnaissable grâce à un traitement audio assez intéressant, un son totalement indissociable dans le film des pouvoirs maléfiques des prodiges. Dommage cependant que les parties orchestrales soient trop souvent noyées dans le film par ces nappes synthétiques et autres loops électro modernes, qui s’avèrent être au final un brin trop envahissantes. Klaus Badelt prolonge son travail atmosphérique dans « Bringing Them In », alors que Jimbo réunit les cinq prodiges à New York. Le compositeur dévoile ici le thème principal de la partition, thème ample et solennel sur fond de rythmique synthétique et de cordes symbolisant l’espoir de la réunification des prodiges. Le thème de « Bringing Them In » s’avère être assez prenant dans le film, bien que sans grande surprise particulière. Il permet en tout cas de contraster avec le style atmosphère plus terne du reste de la partition, et confirme encore une fois le talent de Klaus Badelt pour l’écriture de thèmes amples et prenants. Après le crescendo puissant de « Bringing Them In », on revient dans le synthético-orchestral habituel dans « Messages », morceau routinier qui nous permet de retrouver par la même occasion le style action habituel de Badelt, hérité de ses années passées au studio Remote Control/Media Ventures. « Bird » évoque les dégâts occasionnés par les pouvoirs des prodiges en reprenant le son déformé de la guitare électrique et d’un ensemble de percussions synthétiques agressives, elles aussi indissociables de la musique de « The Prodigies ».

Dans « Killian Death », Badelt illustre la mort de Mr. Killian avec des cordes funèbres sur fond de violoncelles élégiaques, voix synthétiques et sonorités électroniques sombres. La musique conserve d’ailleurs ce caractère sombre et inquiétant tout au long du film, à des années lumière de ce que l’on a l’habitude d’entendre généralement sur un film d’animation de ce genre. « Show Idea » reprend ainsi la formule habituelle loop électro/parties orchestrales sans grande conviction, si ce n’est une bonne reprise du thème principal, apportant ce sentiment d’ultime espoir et de détermination, malheureusement noyé sous des tonnes d’effets électroniques omniprésents et utilisés sans aucune imagination particulière – c’est typiquement le genre de musique atmosphérique impersonnelle qui aurait pu être écrite par n’importe quel artisan de chez Remote Control – Les sonorités synthétiques des prodiges reviennent dans « The Prodigies », l’ajout de guitares électriques et d’ostinatos de cordes rendant le morceau assez dramatique et prenant, avant d’enchaîner à la terrible séquence de l’agression dans « Park Attack » et du viol dans « Rape ». Les sonorités deviennent alors plus « trash » et oppressantes, notamment dans la façon dont Badelt manipule ses différentes percussions synthétiques pour obtenir un résultat plus brutal et violent à l’écran. Quand aux sonorités synthétiques difformes des prodiges, elles deviennent ici plus chaotiques et quasi expérimentales dans leur utilisation à l’écran, un fait qui se confirme dans l’oppressant « Rape » et ses effets sinistres de guitare électrique filtrée. « Rape » s’avère d’ailleurs être l’un des morceaux les plus intenses du score (comme du film), où Badelt nous rappelle au passage son goût pour les rythmes électro modernes et les effets synthétiques atmosphériques en tout genre. Dès lors, la dernière partie du score développe ces différents éléments sans grande surprise particulière, car, après le dramatique et sombre « Are We Six ? », l’action reprend le dessus dans la reprise musclée et dramatique du thème dans « Jenkins Archive Fight », alors que les prodiges commettent leurs terrifiants méfaits sur ceux qui les ont fait souffrir. Même chose pour l’affrontement final à la maison blanche dans « White House Arrival », « Under Attack » et l’intense et tragique « Mr. President ». Klaus Badelt signe donc une partition synthético-orchestrale moderne et atmosphérique pour « The Prodigies », qui n’apporte rien de bien nouveau au genre et trahit le manque d’inspiration évident du compositeur sur ce film, car à trop vouloir miser l’aspect sound design dans sa musique (aspect au demeurant fort réussi), la musique de Badelt finit par lasser et n’apporte aucun relief à un film qui n’en manque pourtant pas. Le score de « The Prodigies » n’a rien de follement original ni même de bien mémorable, alors que l’on se serait attendu à quelque chose de bien plus fort et singulier, alors qu’il est pourtant question d’enfants prodiges possédant des pouvoirs destructeurs et surnaturels. Klaus Badelt se contente juste d’apporter le minimum syndical de tension, de drame et d’action au film d’Antoine Charreyron sans jamais en faire plus. Hélas, c’est bien trop peu pour nous convaincre totalement !



---Quentin Billard