1-Main Title 1.52
2-Dar The Hero 9.49
3-Creature's Story 2.22
4-Through The Portal 5.09
5-Jackie Alone On Desert 1.29
6-Swamp Creature Attacks 2.35
7-Travel Montage 3.08
8-Mind Suck 2.05
9-Police Escape 1.06
10-Jackie Gets Some Sleep 0.51
11-I.D. Badges 4.25
12-Get Arklon 1.47
13-The Great Escape 4.26
14-Sharawk Leads The Way 3.32
15-Neutron Detonator 5.40
16-Key To The Heart 5.32

Musique  composée par:

Robert Folk

Editeur:

Intrada MAF 7019D

Produit par:
Robert Folk
Producteur exécutif:
Douglass Fake
Montage musique:
Doug Lackey

Artwork and pictures (c) 1991 Films 21 S.A. All rights reserved.

Note: ****
BEASTMASTER 2 :
THROUGH THE PORTAL OF TIME
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Robert Folk
Après le succès surprise de « The Beastmaster », modeste production de sword-and-sorcery sortie la même année que le « Conan the Barbarian » de John Milius, une suite fut tournée en 1991 par le réalisateur d’origine libanaise Sylvio Tabet, un second opus intitulé « Beastmaster 2 : Through the Poral of Time » (Dar l’Invincible 2), dans lequel on retrouve à nouveau l’acteur canadien Marc Singer (connu pour son rôle dans la série TV culte « V »), dans un rôle qui tente d’imiter lamentablement le guerrier musclé façon Arnold Schwarzenegger dans « Conan » mais en vain. A noter que, comme pour le premier film de 1982, « Beastmaster 2 » s’inspire du roman éponyme d’Andre Norton, qui fut aussi adapté sous la forme d’un obscur téléfilm sorti en 1996 et d’une série TV diffusée entre 1999 et 2002. Peu de temps après les événements du premier épisode, Dar, le seigneur des animaux, est de retour et doit désormais affronter Arklon (Wings Hauser), son demi-frère maléfique. Ce dernier fait régner la terreur sur le royaume de Dar en utilisant une arme capable de tirer de puissants rayons laser. Epaulé par la sorcière Lyranna (Sarah Douglas), Arklon s’est mis en tête de traverser une porte spatio-temporelle pour atterrir dans notre monde afin de dérober un détonateur à neutron appartenant à l’armée américaine, et ce dans le but de détruire la terre et de régner en maître absolu sur le reste de l’univers. Dar réussit alors à suivre Arklon jusqu’au Los Angeles d’aujourd’hui, et avec l’aide de Jackie Trent (Kari Wuhrer), séduisante et impétueuse fille d’un important sénateur américain, Dar va partir combattre son demi-frère maléfique, accompagné de ses fidèles compagnons animaux, l’aigle, les deux furets et le tigre. Avec un scénario pareil, vous vous dites certainement « mais qu’est-ce que c’est que ce film ? », et vous aurez certainement raison ! « Beastmaster 2 » est un sympathique nanar à petit budget sorti au début des années 90, et surfant alors sur la vague du film de sword-and-sorcery, genre échappé de l’heroic-fantasy typique des ‘eighties’. Le petit plus de « Beastmaster 2 », c’est une irrésistible envie de ne jamais trop se prendre au sérieux en troquant le sens de l’épique propre à ce type de production pour la dérision la plus totale. Ainsi donc, en choisissant de faire basculer l’histoire du monde de Dar dans le Los Angeles contemporain des années 90, le réalisateur Sylvio Tabet nous offre un film hybride entre aventure et comédie, avec son scénario totalement improbable, ses incohérences en pagaille, ses effets spéciaux ‘cheap’ ratés et ses acteurs de série-B sans charisme. Quand à l’humour du film, il flirte parfois avec l’absurde, et s’avère même être parfois involontaire. Les fans du site internet Nanarland connaissent certainement par coeur le long-métrage de Sylvio Tabet. Niveau incohérences et idioties, « Beastmaster 2 » est un véritable festival : un combat à l’épée au début du film totalement mou du genou, avec des méchants qui attendent sagement leur tour sans réagir, les dialogues des animaux incrustés dans des bulles de bande dessinée à l’écran (véridique, et ce même s’il existe aussi une autre version du film sans ces fameuses bulles !), un méchant de type dessin animé qui rigole comme un maniaque avec son cache en plastique sur l’oeil et son costume rétro, une sorcière qui parle comme une banlieusarde américaine d’aujourd’hui, la copine du héros (interprétée par la mignonnette Kari Wuhrer) qui n’est rien d’autre qu’une fille à papa pourrie gâtée qui aime semer la police en roulant à toute vitesse à bord de sa Porsche sur l’autoroute (bon exemple pour les spectateurs plus jeunes !), et même un combat final sur fond de spectacle de cirque totalement ridicule, l’absurdité atteignant son climax absolu lors de la scène où Arklon sème la zizanie dans un magasin de vêtement chic tenu par un vendeur homosexuel totalement caricatural : un grand moment de n’importe quoi ! Le film est parfois tellement mauvais que l’on se demande vraiment si le réalisateur savait ce qu’il était en train de faire en tournant « Beastmaster 2
» - il faut savoir que Sylvio Tabet fut producteur exécutif sur le premier film de 1982, et qu’il fit régner une ambiance absolument détestable lors du tournage du film de Don Coscarelli. Au final, « Beastmaster 2 » reste un nanar assez réjouissant, certes très mauvais mais pas forcément désagréable à regarder, un bon moment de n’importe quoi et de dérision (involontaire ?), qui hésite constamment entre l’heroic-fantasy et la comédie. Pour les amateurs, donc !

La grande partition symphonique de Robert Folk est de loin le meilleur élément du film de Sylvio Tabet. Le compositeur américain est d’ailleurs un spécialiste des suites (« NeverEnding Story II », « The Lawnmower Man 2 », la franchise des « Police Academy », « Ace Ventura : When Nature Calls »), et aussi un maître des grandes musiques d’aventure épiques et héroïques. Son travail sur « Beastmaster 2 » ne déroge donc pas à la règle et nourrit l’imaginaire du film avec une énergie et un tonus rafraîchissant. Confiée à l’imposant Berlin Radio Concert Orchestra constitué de 96 musiciens, orchestre dirigé par Robert Folk lui-même, la musique de « Beastmaster 2 » est un savant mélange d’action, d’aventure et d’envolées héroïques propres à satisfaire n’importe quel amateur de musique orchestrale épique et guerrière. Dans une note du livret de l’album publié par Intrada, Robert Folk explique d’ailleurs à quel point l’enregistrement de la musique de « Beastmaster 2 » en Allemagne fut assez particulière : en 1991, l’Allemagne venait juste d’être réunifiée suite à la chute du mur de Berlin en 1989. Le travail avec l’énorme orchestre berlinois eut ainsi une résonance assez particulière cette année-là, que ce soit d’ailleurs pour les musiciens comme pour le compositeur. Ceci explique peut être d’ailleurs l’incroyable pêche des musiciens allemands, qui s’en donnent ici à coeur joie tout au long de la musique de « Beastmaster 2 ». Dès le sombre « Main Title », Robert Folk évoque le monde primitif de Dar en utilisant un ensemble de percussions réunissant tambours divers, toms, tambourins et cymbales sur fond de cordes, de cuivres et de bois mystérieux. Mais c’est avec l’excellent et exubérant « Dar The Hero » que la partition de Folk prend véritablement une tournure épique et héroïque pour la séquence (pourtant nullissime) où Dar réussit à s’échapper au début du film. Pendant plus de 9 minutes, le compositeur développe ici une atmosphère sombre et inquiétante réutilisant les percussions primitives du « Main Title » sur fond d’orchestrations denses et complexes, d’une très grande richesse (on appréciera le fourmillement de détails instrumentaux tout au long du morceau !). Folk met ici l’accent sur des trombones graves pour suggérer la présence maléfique d’Arklon et de ses sbires, alors que Dar est sur le point d’être exécuté, le tout sur fond de percussions diverses. Folk utilise aussi quelques éléments électroniques discrets qui resteront néanmoins très présents tout au long du score, éléments synthétiques utilisés comme des instruments à part entière de l’orchestre (un peu comme le fait régulièrement Jerry Goldsmith dans ses propres musiques de film). Mais c’est à partir de 3:45 que la musique commence à s’emballer sérieusement avec un rythme d’action cuivré particulièrement trépidant pour la scène de l’affrontement à l’épée. L’orchestre résonne de façon ample et imposante, avec son pupitre de cuivres déchaîné et massif, et ses percussions omniprésentes. Robert Folk nous offre ici un premier déchaînement orchestral guerrier d’une puissance incroyable (à l’écran comme sur l’album), avant de développer un motif d’action héroïque pour évoquer les premiers exploits de Dar à l’écran. Enfin, le générique de début permet au compositeur de développer pleinement le thème principal de Dar, superbe fanfare de trompettes héroïque et puissante extrêmement prenante et entraînante, dans la lignée du thème de « Masters of the Universe » de Bill Conti (autre nanar d’heroic-fantasy assez similaire à « Beastmaster 2 »). L’envolée triomphante et fun du thème de Dar aux trompettes à la fin de « Dar The Hero » est tout simplement l’un des meilleurs moments de la partition de « Beastmaster 2 » et aussi un pur régal pour tout fan de musique d’heroic-fantasy héroïque façon « Krull » de James Horner ou « Conan the Barbarian » de Basil Poledouris.

Robert Folk n’oublie pas pour autant d’illustrer la partie plus humaine du récit dans le magnifique et lyrique « Creature’s Story », développant un nouveau thème plus lyrique et intimiste, d’abord confiée à des bois puis des violoncelles élégants de toute beauté. « Creature’s Story » apporte d’ailleurs un relief mélodique considérable après le fracas guerrier et épique du véritable rouleau compresseur musical qu’est l’exubérant et surpuissant « Dar The Hero ». Dans « Through the Portal », Robert Folk introduit de nouvelles sonorités dans sa partition, sonorités plus sombres et menaçantes associées à Arklon dans le film. Ici aussi, les percussions sont très présentes, que ce soit dans le jeu agressif des timbales/toms ou des trombones graves indissociables du personnage de Wings Hauser dans le film. Le thème héroïque de Dar est à nouveau présent, développé par les cuivres et les percussions guerrières, tandis que « Jackie Alone On Desert » évoque l’arrivée improbable de Jackie dans le monde de Dar avec une nouvelle pièce plus intimiste et mélodique à base de bois chaleureux et de synthétiseurs new-age. Folk en profite pour reprendre ici le thème émotionnel de « Creature’s Story » pour un nouveau morceau lyrique et émouvant, lui aussi très réussi. Mais ce sont évidemment les grands déchaînements orchestraux agressifs et démesurés qui dominent ici l’ensemble de la partition, comme le rappelle par exemple la bagarre contre la créature du marais dans « Swamp Creature Attacks », offrant pas mal de fil à retordre à un orchestre allemand extrêmement virtuose et musclé (qui n’a d’ailleurs rien à envie au London Symphony Orchestra ou à tous les orchestres hollywoodiens !). Encore une fois, l’écriture orchestrale de Robert Folk est d’une richesse incroyable, fourmillant de détails, d’idées contrapuntiques/mélodiques/harmoniques extrêmement solides. Folk en profite au passage pour reprendre son motif d’action héroïque entendu vers le milieu de « Dar The Hero », sur fond de cuivres, cordes agitées, bois rapides et percussions guerrières omniprésentes. Le voyage vers le Los Angeles contemporain est illustré dans « Travel Montage » avec une très belle reprise du thème de Dar sous une forme plus lyrique et émerveillée aux cordes, aux cuivres et aux bois. A noter que le compositeur conserve son approche symphonique pour les scènes se déroulant à Los Angeles, évitant ainsi le piège facile de la musique urbaine moderne tout en rappelant que la musique se place avant tout du côté de Dar et de son univers d’heroic-fantasy à l’ancienne - seules quelques touches électroniques discrètes persistent dans la musique de Folk.

Dans « Mind Suck », on retrouve les sonorités menaçantes d’Arklon avec ses trombones agressifs, ses percussions brutales et ses cordes dissonantes pour la scène où le bad guy aspire les souvenirs et l’esprit d’une de ses victimes grâce à ses étranges pouvoirs psychiques. De l’action, vous en aurez à loisir avec les excellents « Police Escape », « I.D. Badges », « Get Arklon » et « The Great Escape », autant de déchaînements orchestraux totalement maîtrisés qui apportent une certaine puissance aux images (pourtant fort médiocres) du film de Sylvio Tabet. A noter avec « I.D. Badges » l’apparition de rythmes martiaux pour la scène où Arklon et Lyranna partent dérober le détonateur à neutrons dans le laboratoire scientifique de l’armée américaine. On retrouve ici un mélange de rythmiques synthétiques, de caisse claire martiale (qui rappelle beaucoup le travail de Robert Folk sur le film « Toy Soldiers ») et de cuivres musclés, tandis que Folk développe ici un thème sombre de cinq notes associé à Arklon dans le film, thème qui sera très présent dans la dernière partie du score. Le thème d’Arklon revient ensuite dans le frénétique et surpuissant « Get Arklon » toujours accompagné de ses rythmes synthétiques/martiaux survoltés pour les scènes avec les militaires américains. On le retrouve aussi dans « The Great Escape », avec par exemple un excellent développement plus subtil du thème sous la forme d’entrées fuguées aux bois entre 0:49 et 1:09, ou une reprise ample aux cors à 2:23. Même chose pour « Sharawk Leads The Way » avec ses ostinatos synthétiques et « Neutron Detonator », où le motif d’Arklon/détonateur devient plus menaçant que jamais. Le morceau accompagne d’ailleurs la bataille finale entre Dar et Arklon à la fin du film pour un ultime déchaînement orchestral virtuose et agité, reprenant certains rythmes et sonorités de « Dar The Hero ». Le morceau se conclut de façon plus apaisée avec une reprise du thème intimiste et touchant de « Creature’s Story » au hautbois et aux cordes, thème qui aboutit au poignant « Key To The Heart » pour la séparation finale. « Key To The Heart » est une superbe coda lyrique, romantique et émouvante typique des musiques plus sentimentales et intimistes de Robert Folk, idéale pour relâcher la tension après un flot quasi continu d’action et de déchaînements orchestraux guerriers. Le thème principal de Dar est alors repris une dernière fois à la fin du film dans sa version fanfare triomphante. Avec « Beastmaster 2 », Robert Folk signe donc une grande partition symphonique épique et guerrière, dans la plus pure tradition du genre. L’ensemble n’a certes rien de bien original et demeure prévisible de bout en bout. Mais le compositeur fait preuve d’une telle maîtrise de l’orchestre qu’il paraît évident que le sujet l’a (étonnamment) inspiré, nous offrant carrément l’un de ses meilleurs scores de sa filmographie 90’s, une grande partition d’aventure et d’action à ne pas rater !



---Quentin Billard