1-Astérix et Obélix contre César
(Générique Début) 2.19
2-L'Embuscade 2.06
3-L'Amour 3.51
4-Le Cirque Encore 5.15
5-La Serpe d'Or 4.02
6-Falbala 1.47
7-La Machination de Détritus 1.58
8-La Bataille Rangée 2.40
9-Le Devin 2.42
10-Le Cirque 4.04
11-L'Amour Toujours 3.33
12-Les Hallucinations d'Astérix 2.53
13-La Potion Magique 3.11
14-La Licorne à 2 Têtes 5.49
15-Bélénos 7.18
16-Bélénos (Remix) 3.58
17-Obélix 3.45
18-Elle Ne Me Voit Pas 4.27*

*Ecrit et interprété par
Jean-Jacques Goldman.

Musique  composée par:

Jean-Jacques Goldman/
Roland Romanelli

Editeur:

Columbia/JRG COL 493496-2

Album produit par:
Jean-Jacques Goldman,
Roland Romanelli

Orchestrations et arrangements:
Hubert Bougis
Chant sur "Obélix" et "Bélénos":
Christophe Deschamps,
Jean-Jacques Goldman,
Michael Jones, Claude Le Péron,
Jacky Mascarel, Christophe Nègre,
Roland Romanelli

Remix de "Bélénos":
Yvan Tarlay, Jérôme Favier

(c) 1999 AMLF/JRG/Renn Productions. All rights reserved.

Note: ****
ASTÉRIX & OBÉLIX
CONTRE CÉSAR
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Jean-Jacques Goldman/
Roland Romanelli
« Astérix et Obélix contre César » est la première adaptation live de la célèbre bande dessinée éponyme de René Goscinny et Albert Uderzo, réalisée par Claude Zidi en 1999. Avec « Astérix et Obélix Contre César », le cinéaste français porta pour la première fois de sa carrière une bande dessinée à l’écran, doté d’un budget particulièrement conséquent pour une production de ce genre (274 millions de francs - un record à l’époque !). Produit par Claude Berri, cette importante coproduction franco-italo-allemande permit à Claude Zidi de se lâcher en réunissant un casting de prestige et des effets spéciaux assez ambitieux pour une comédie française de ce genre. Ainsi donc, Christian Clavier et Gérard Depardieu interprètent respectivement Astérix et Obélix, avec, à leurs côtés, une pléiade de stars telles que Roberto Benigni (l’ignoble Detritus, grand méchant de service !), Michel Galabru, Claude Piéplu, Daniel Prévost, Pierre Palmade, Laetitia Casta, Arielle Dombasle, Sim, Jean-Pierre Castaldi, Michel Muller et l’acteur allemand Gottfried John dans le rôle de Jules César. L’histoire reste quand à elle assez proche des scénarios proposés par les différents tomes de la bande dessinée : nous sommes en 50 avant Jésus-Christ : les armées romaines de César continuent d’envahir la Gaule, à l’exception d’un village peuplé d’irréductibles Gaulois, qui résistent constamment à l’envahisseur grâce à leur potion magique préparé par le druide Panoramix. Devant l’incapacité des légions romaines à défaire Astérix, Obélix et leurs amis, César décide de mener lui-même une nouvelle offensive après que Prolix, un faux devin, ait poussé les villageois à voler un chariot contenant l’or de ses impôts. C’est alors que Détritus, l’un des principaux bras-droit de César, conspire dans le dos du général romain et monte un plan destiné à prendre sa place : il capture alors Panoramix et l’oblige à lui révéler le secret de la potion magique, qui offre l’invincibilité aux gaulois. Astérix et Obélix n’ont plus qu’une solution : sauver Panoramix et empêcher Détritus de mettre la main sur la potion magique. Grand succès au box-office français 1999, « Astérix et Obélix contre César » reste un divertissement de qualité, haut en couleur, mené tambour battant par des acteurs survoltés- le duo Christian Clavier (Astérix)/Gérard Depardieu (Obélix) porte l’essentiel du film sur leurs épaules- et des effets spéciaux extrêmement cartoonesques. A vrai dire, le film de Claude Zidi vaut surtout pour son aspect vif et coloré, rappelant l’univers visuel de la bande dessinée d’origine, d’où le côté volontairement artificiel et géométrique des décors, ou les effets irrésistiblement « cartoon » de certains gags (les romains qui s’envolent suite aux coups fulgurants assénés par Obélix, etc.). On reprochera néanmoins la qualité parfois quelconque de certaines interprétations, avec notamment une Laetitia Casta absolument catastrophique et incroyablement amatrice dans son rôle de Falbala. Clavier et Depardieu s’en donnent quand à eux à coeur joie et l’alchimie entre les deux acteurs fonctionne parfaitement, tout comme l’excentrique et infatigable Roberto Benigni qui campe un Détritus haut en couleur. Reste que, malgré quelques gags lourdingues, une interprétation parfois approximative et quelques effets faciles, « Astérix et Obélix contre César » marque un point dans sa catégorie.

La musique du film de Claude Zidi a été confiée au célèbre chanteur/compositeur Jean-Jacques Goldman, secondé ici par son équipe de collaborateurs habituels, le compositeur Roland Romanelli (qui a signé quelques arrangements pour Barbara et Vladimir Cosma), l’orchestrateur Hubert Bougis et quelques passages orchestraux additionnels signés par le fameux violoniste de jazz Didier Lockwood, qui assure aussi certains solos de violon à consonance celtique dans la musique du film, le tout interprété par les 80 musiciens du prestigieux London Symphony Orchestra. Tout semble donc avoir été mis ici en oeuvre pour apporter les moyens nécessaires à Goldman et son équipe pour écrire une musique symphonique riche et ambitieuse pour « Astérix et Obélix ». A noter que Jean-Jacques Goldman retrouve son complice Roland Romanelli pour la seconde fois après un travail commun de qualité sur le film « L’Union Sacrée » d’Alexandre Arcady (1989). La musique de « Astérix et Obélix contre César » nous offre ainsi une variété d’ambiances mélangeant des influences diverses, touches celtiques/folkloriques, morceaux d’action épiques, passages romantiques, fanfares romaines et mickey-mousing traditionnel. Dès le générique de début, Goldman et Romanelli nous offrent un premier thème associé au village gaulois, confié à un ensemble celtique traditionnel incluant violon solo (interprété par Didier Lockwood), cornemuse, tin whistle, cromorne, chalémie et percussions diverses. La musique évoque à la fois les accents celtiques traditionnels associés aux origines des gaulois mais aussi la musique instrumentale du moyen âge, notamment dans les harmonies et les traits instrumentaux typiques de la chalémie ou des autres instruments solistes évoquant la musique du passé. Le thème des gaulois n’est d’ailleurs pas sans rappeler certains airs populaires bretons ou irlandais, un excellent thème accompagné par les cordes et les cuivres du London Symphony Orchestra, particulièrement énergique et coloré. Après une ouverture aussi enjouée et énergique, « L’Embuscade » souligne la présence des romains par une utilisation plus prononcée de l’orchestre mettant en avant les cuivres, les cordes et les bois. On notera ici la richesse et le soin apporté aux orchestrations, qui fourmillent d’idées et qui doivent autant au talent de compositeur de Jean-Jacques Goldman qu’aux arrangements conçus par Roland Romanelli ou Hubert Bougis. L’orchestre s’avère être très vivant et joue beaucoup sur les différentes couleurs instrumentales, à la manière d’une musique de film animé. Dans « L’Amour », Goldman et Romanelli évoquent la romance avec Falbala en utilisant des cordes et des bois romantiques pour ce qui fait office de « Love Theme » officiel du score de « Astérix & Obélix ». Le thème romantique s’avère être écrit dans le style des grandes mélodies romantiques du Golden Age hollywoodien, avec ses harmonies raffinées, subtiles et élégantes de toute beauté. Le thème romantique associé à Falbala dans le film revient dans « L’Amour Toujours » et servira de base musicale à Goldman pour la très belle chanson originale du générique de fin « Elle ne me voit pas », qui ravira sans aucun doute les fans du chanteur. Didier Lockwood nous propose aussi sa propre version pour violon soliste et orchestre dans le magnifique « Falbala », pièce romantique de toute beauté, dont le charme et l’élégance déconcertante sont tout bonnement époustouflants, surtout pour une production cinématographique française à gros budget.

De l’action, Goldman et Romanelli nous en offre avec l’excellent « Le Cirque Encore » dont l’écriture orchestrale, éminemment classique, évoque aussi bien les traits orchestraux et les harmonies de « L’Oiseau de Feu » de Stravinsky que certaines musiques du Golden Age hollywoodien, avec quelques touches de mickey-mousing qui rappellent l’univers « cartoon » du film de Claude Zidi. On retrouve d’ailleurs ici le thème du village gaulois d’Astérix et Obélix avec l’instrumentation traditionnelle/celtique, mélangé aux cuivres de l’orchestre associés dans le film aux romains. Le thème celtique revient ensuite dans « La Serpe d’Or », associé au personnage du druide Panoramix, morceau qui nous permet d’ailleurs d’entendre brièvement un nouveau thème, associé dans le film au maléfique Détritus, brillamment incarné à l’écran par Roberto Benigni. On retrouve dans « Le Cirque » le thème de Détritus avec ses harmonies inquiétantes et menaçantes des cordes (à la limite de l’atonalité et de la dissonance), symbolisant le danger que représente le machiavélique manipulateur. A noter que « Le Cirque » rappelle beaucoup dans son écriture certains passages du « Sacre du Printemps » de Stravinsky, qui semble avoir servi d’influence majeure pour certains passages d’action du score de « Astérix & Obélix », notamment lors des passages plus sombres et massifs. Dans « La Bataille Rangée », Goldman et Romanelli évoquent la scène où Astérix, Obélix et les gaulois affrontent les romains dans une exubérance caractéristique des irréductibles gaulois. On retrouve ici le thème celtique du village sur fond de cuivres et de percussions omniprésentes pour rythmer à l’écran la bataille avec énergie et panache. On notera une influence évidente de John Williams dans le morceau « Le Devin » qui rappelle beaucoup par moment dans son côté ironique et ses pizzicati sautillants le morceau « No Ticket » de la partition de « Indiana Jones & The Last Crusade » (1989). L’orchestre de Londres s’en donne à coeur joie dans le mouvement et virtuose « Les Hallucinations d’Astérix » où les orchestrations restent encore une fois extrêmement riches, variées et colorées (le tout baignant dans un classicisme d’écriture évoquant la musique russe de la fin du 19ème siècle et du début du 20ème siècle). On appréciera les rythmes enjoués de l’orchestre dans « La Potion Magique », auquel s’ajoute une ligne mélodique joyeuse associée à la potion magique préparée par Panoramix dans le film, morceau servi encore une fois par des orchestrations très riches et une écriture contrapuntique des cordes, des cors, du xylophone, des flûtes, du hautbois et des bassons. Enfin, Goldman s’amuse dans « Bélénos » en nous offrant un morceau de techno kitsch totalement inattendu (qui jure un peu avec le style classique/traditionnel du reste de la partition), sympathique mais pas vraiment indispensable – c’est surtout la première fois que l’on entend Jean-Jacques Goldman écrire de la musique techno, bien que la ligne mélodique du morceau soit absolument typique du compositeur. Vous l’aurez donc compris, Jean-Jacques Goldman et Roland Romanelli nous livrent avec « Astérix & Obélix contre César » une partition d’une très grande richesse, sans aucun doute l’un des meilleurs travaux des deux musiciens pour le cinéma, et aussi une musique inspirée et très colorée, qui évoque à merveille l’univers de la bande dessinée de Goscinny et Uderzo. La partition de « Astérix & Obélix » surprend autant par la variété de ses thèmes et de ses ambiances dans le film – qui correspond parfaitement au style coloré et exubérant du long-métrage de Claude Zidi – que par l’incroyable qualité d’écriture de l’orchestre, très influencé de la musique romantique allemande (pour les passages avec Falbala) et de la musique symphonique russe du début du 20ème siècle, et plus particulièrement celle d’Igor Stravinsky. Voilà en tout cas une très belle réussite à ne surtout pas manquer, une des rares incursions de l’infatigable Jean-Jacques Goldman dans le domaine de la musique de film !



---Quentin Billard