1-Main Title/Meeting Eric 4.44
2-Military Mission/New Neighbors 2.10
3-Night 1.02
4-Surprise Visit 1.23
5-Eric On The Roof 2.24
6-Milly's Science Project 3.33
7-Heads Up 1.39
8-Family 3.08
9-The Field Trip 1.57
10-The Hospital/Flying 7.37
11-Returning Home 3.59
12-Eric Agitated/Louis Defeated 4.16
13-The Rainstorm/The Ring 6.40
14-Milly & Eric Flee/Into the Air 9.01
15-New Starts 4.14
16-Milly Reflects 2.06

Bonus Track

17-The Boy Who Could Fly 3.02

Musique  composée par:

Bruce Broughton

Editeur:

Percepto Records Percepto 007

Album produit par:
Taylor White
Musique produite par:
Bruce Broughton

Artwork and pictures (c) 1986/2001 20th Century Fox Film Corp. All rights reserved.

Note: ****
THE BOY WHO COULD FLY
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Bruce Broughton
« The Boy Who Could Fly » (Rendez-vous dans les nuages) est un drame intimiste sorti en 1986 et réalisé par Nick Castle (auteur du cultissime « The Last Starfighter », sorti deux ans auparavant). Le film raconte la rencontre émouvante entre une jeune adolescente sans histoire et un jeune autiste qui prétend savoir voler. Millie (Lucy Deakins), jeune ado de 14 ans, vient tout juste de s’installer en ville avec sa mère (Bonnie Bedelia) et son petit frère Louis (Fred Savage) dans leur nouvelle maison, après le décès de leur père. Comme ses proches, Millie tente de se remettre progressivement de la mort de son père en tentant de reprendre goût à la vie, tandis que sa mère se retrouve débordée de travail à son nouveau job et que son petit frère Louis s’enferme dans des histoires de guerre et de soldats. Peu de temps après son arrivée, Millie fait la connaissance d’Eric (Jay Underwood), un jeune garçon étrange et autiste, qui rêve de pouvoir voler. Curieuse, Millie va se lier d’amitié avec Eric et décidera de le prendre sous son aile pour lui réapprendre progressivement à communiquer et à s’ouvrir aux gens. Lentement, l’amitié va se transformer en amour, alors que Millie commence à croire qu’Eric est réellement capable de voler. « The Boy Who Could Fly » est une fable touchante et poignante sur la difficulté du deuil, et l’importance d’accomplir ses rêves et de se dépasser soi-même pour pouvoir y arriver : c’est là toute la symbolique des scènes de vol du film, qui restent à n’en point douter les moments les plus spectaculaires du film (malgré des effets spéciaux un brin kitsch et datés), des scènes empruntes d’une poésie et d’une magie féerique typique du cinéma américain des années 80, très influencé par l’univers cinématographique de Steven Spielberg – Nick Castle écrira d’ailleurs quelques années plus tard le scénario de « Hook » de Spielberg – Le film de Nick Castle aborde aussi le sujet plus grave de l’autisme, sujet délicat et rarement abordé au cinéma américain (on se souviendra surtout du « Rain Man » de Barry Levinson sorti en 1988). Mais « The Boy Who Could Fly » ne se limite pas aux problèmes physiques ou personnels de leurs personnages, mais parle au contraire d’espoir, d’amour et de compréhension, une compréhension au-delà de la réalité, où tout devient alors possible : et c’est là que le film de Nick Castle rejoint clairement ce type de cinéma d’aventure des années 80, dans lequel un groupe d’adolescents cherchent à s’évader du quotidien ennuyeux de leurs banlieues américaines typiques en se réfugiant dans un monde de rêve, de quête et d’aventure : on pense bien évidemment à « The Goonies », « Explorers », « E.T. » ou bien encore « The NeverEnding Story ». « The Boy Who Could Fly » suit finalement le même schéma, en greffant au passage une romance bouleversante entre la mignonnette Lucy Deakins et l’excellent Jay Underwood. Les deux jeunes acteurs sont absolument saisissants dans le film et apportent une véritable émotion au long-métrage de Nick Castle, alors que la réalité bascule progressivement dans le fantastique et l’onirique lors de la séquence symbolique de l’envol, vers le milieu du film (Millie ne sait pas s’il s’agit de la réalité ou s’il elle l’a simplement rêvée, pour fuir un quotidien de plus en plus sombre), qui rappelle beaucoup une scène similaire dans le « Superman » de Richard Donner (1978), servi par les effets spéciaux de Richard Edlund (un des fondateurs de ILM, qui a aussi fondé son propre studio, Boss Films). Le résultat est donc absolument remarquable, Nick Caslte signant probablement avec « The Boy Who Could Fly » l’un de ses plus beaux films, une comédie dramatique touchante et bouleversante qui, bien que non dénuée de longueurs (le film s’avère être un peu trop long), n’en demeure pas moins très réussie et tout à fait représentative de ce que le cinéma de divertissement américain avait à nous offrir de meilleur au milieu des années 80 !

A l’origine, le réalisateur souhaitait engager son complice Craig Safan sur la musique de « The Boy Who Could Fly ». Safan avait déjà composé en 1984 la musique de « The Last Starfighter », et s’apprêtait à écrire celle du nouveau film de Nick Castle, jusqu’à ce que le studio de production intervienne et décide d’engager Bruce Broughton. Le compositeur était alors au sommet de son art au milieu des années 80, révélé par deux partitions majeures toutes deux écrites en 1985, « Young Sherlock Holmes » et « Silverado ». Il n’en fallut pas plus pour convaincre les producteurs de chez Lorimar d’engager Bruce Broughton sur ce film. La partition symphonique de « The Boy Who Could Fly » s’inscrit ainsi dans la continuité des précédents scores du compositeur écrits au début des années 80 : le musicien emploie ici l’orchestre symphonique habituel, agrémenté de quelques instruments solistes comme une guitare, un piano, une harpe et une flûte à bec. Le score repose avant tout sur un magnifique thème principal, délicat et intime, présenté en toute sobriété dans l’excellent « Main Title/Meeting Eric », servie par des orchestrations soignées mélangeant cordes, bois, piano, guitare, autoharpe, clavier électrique et flûte à bec. Le score de « The Boy Who Could Fly » ne contient d’ailleurs que ce thème central, Bruce Broughton ayant décidé de ne pas évoquer d’autres éléments secondaires du récit, préférant se concentrer dans le film sur la relation entre Millie et Eric, la musique étant essentiellement placée selon leur point de vue. Les instruments comme la guitare ou la flûte sont justement là pour exprimer le ressenti des personnages ou les sentiments d’Eric, qui ne parvient pas à les exprimer à travers des mots à cause de son mutisme. Le « Main Title » possède un côté à la fois nostalgique, simple et touchant tout en évoquant de façon rafraîchissante la petite ville dans laquelle vivent Millie et sa famille. Dans « Military Mission/New Neighbors », Broughton introduit un motif militaire à la fois ironique et sérieux pour Louis, lorsque ce dernier se déguise en soldat et s’apprête à contourner tout le quartier avant d’être pourchassé par les enfants du voisinage. C’est l’occasion pour le compositeur d’introduire un semblant d’humour avec une utilisation de rythmes martiaux et de cuivres musclés et ironiques pour le petit Louis, tandis que le compositeur en profite pour nous offrir un premier morceau d’action solide et virtuose pour la poursuite avec les enfants du quartier, morceau servi par des orchestrations toujours aussi riches et extrêmement détaillées. Le ton s’adoucit considérablement dans « Night » avec son clavier électrique plus intime alors que le thème principal revient dans « Surprise Visit » lorsqu’Eric apparaît pour la première fois dans la chambre de Millie. « Surprise Visit » est un subtil mélange de jovialité exubérante et d’intimité, qui traduit clairement l’atmosphère musicale voulue par Bruce Broughton sur le film de Nick Castle.

Dans « Eric on the Roof », Broughton renoue avec l’intimité touchante de l’ouverture en reprenant encore une fois le très beau thème principal d’Eric et Millie, avec une utilisation chaleureuse et délicate des instruments, qu’il s’agisse des bois, du du clavier, de l’autoharpe, des cordes ou de la guitare. A noter que Broughton joue constamment sur une retenue poignante, évitant systématiquement d’en faire de trop par rapport aux images tout en conservant une approche intimiste et douce particulièrement touchante dans le film. Le compositeur explique d’ailleurs dans une note du livret de l’album publié par Percepto Records qu’il a choisit une instrumentation assez légère et fine pour illustrer l’idée d’une romance balbutiante entre deux jeunes ados qui apprennent à se découvrir, tout en délaissant quelque peu la masse des violons, trop dramatiques et peu adaptés au ton du film (bien qu’ils soient très présents mais jamais particulièrement mis en avant). Priorité donc au jeu des instruments solistes ici, qu’il s’agisse du piano, de la guitare ou de l’autoharpe, avec une retenue et une délicatesse à la fois rafraîchissante et exemplaire, comme le rappelle « Milly’s Science Project ». La musique devient même plus enthousiaste et optimiste dans « Heads Up » tandis que « Family » se veut au contraire moins rassurant, rappelant le contexte plus dramatique du film et l’idée d’une famille déconstruite suite au décès tragique du père. La musique devient même un moment plus sombre dans « The Field Trip » pour la scène de l’accident de Millie, avant d’aboutir à l’un des premiers climax incontournables de la partition de Bruce Broughton, le merveilleux « The Hospital/Flying ». Il s’agit ici de la séquence centrale du film durant laquelle Eric vient chercher Milly à la fenêtre de sa chambre d’hôpital et s’envole avec elle jusqu’au dessus des nuages dans le ciel. A cette séquence que l’on a souvent comparé à la scène où Superman s’envole avec Lois Lane dans le film de Richard Donner en 1978, Broughton répond par une musique extrêmement riche, finement orchestrée et élaborée. Pendant plus de 7 minutes, la musique passe ainsi de différents états émotionnels, à l’appréhension de Millie et sa détresse lorsqu’elle revoit l’agonie de son père, jusqu’à sa surprise et son émerveillement lorsqu’elle s’envole avec Eric dans le ciel. La musique véhicule ici un sentiment de magie et de merveilleux extrêmement poignant et rafraîchissant, avec une reprise romantique et aérienne du thème principal exposé par l’orchestre dans toute sa splendeur lors d’une superbe envolée symphonique qui n’a rien à envier au « Flying Scene » de John Williams.

Après cette séquence-clé, la musique semble s’orienter désormais vers un aspect plus déterminé et aussi plus dramatique, alors qu’Eric est placé dans un hôpital psychiatrique, comme le rappelle les cordes et les bois plus agités de « Returning Home » et le sombre « Eric Agitated/Louis Defeated », véritable point culminant dramatique du film de Nick Castle. C’est d’ailleurs dans « Eric Agitated/Louis Defeated » que le compositeur nous offre son morceau le plus sombre et aussi le plus intense, évoquant la souffrance angoissée d’Eric tout en rappelant le motif militaire ironique de Louis, dans une version plus torturée et résolument dramatique, une scène que Broughton semble d’ailleurs avoir pris très au sérieux et qu’il aborde avec une véritable intensité tragique. Cette impression de drame se retrouve dans le torturé et sombre « The Rain Storm/The Ring » avant d’aboutir à une nouvelle envolée somptueuse et grandiose du thème principal dans le majestueux et enthousiasmant « Milly and Eric Flee/Into the Air », alors qu’Eric retrouve Millie à la fin du film et s’envole avec elle au dessus des maisons, 9 minutes triomphantes de pur bonheur pour tous les fans de Bruce Broughton ! Le compositeur en profite aussi pour conclure une dernière fois le matériau militaire ironique associé au jeune Louis dans « New Starts », dont les rythmes martiaux de caisse claire et les cuivres musclés semblent surgir tout droit d’un film de guerre – Broughton se faisant d’ailleurs plaisir en développant ses motifs de trompettes pour un nouveau morceau d’action martial héroïque et intense concluant le thème d’aventure militaire de Louis vers la fin du film. « Milly Reflects » et « The Boy Who Could Fly » viennent alors conclure le film en beauté, reprenant une dernière fois le très beau thème principal du score pour le générique de fin du film. Avec « The Boy Who Could Fly », Bruce Broughton signe donc l’une de ses plus belles partitions pour le cinéma, une musique riche, colorée et inspirée, qui mélange une poésie touchante avec un sentiment de magie et d’exubérance propre aux musiques écrites par le compositeur durant les années 80. Il s’agit certainement là de l’un des meilleurs travaux du compositeur aux côtés de ses classiques tels que « Silverado », « Young Sherlock Holmes » et « Tombstone », une partition que Bruce Broughton affectionne lui-même, et qu’il considère comme une de ses plus belles réussites, malgré l’échec relatif du film, qui n’a pas complètement convaincu le public de l’époque. De toute évidence, la musique de « The Boy Who Could Fly » fait partie de ses partitions inspirées, subtiles et poignantes qui incitent à l’évasion, aux rêves et rappelle la magie de l’enfance, là où tout devient possible pour peu que l’on soit capable d’y croire encore un peu : ce rêve, c’est l’idée qui culmine dans deux morceaux-clé de la partition, « The Hospital/Flying » et « Milly and Eric Flee/Into the Air », deux grands moments de musique dans la carrière de Bruce Broughton, et deux petits bijoux musicaux. Voilà donc une partition-clé dans la filmographie du compositeur, à redécouvrir de toute urgence !




---Quentin Billard