The Album

1-Main Title 2.54
2-Meet Darryl 1.02
3-The Dish 2.55
4-A Bumpy Ride 2.10
5-Sayonara, Mrs.Seidenbaum 0.32
6-Field Work 0.54
7-Gordon Bashing 2.02
8-It Ate My BMX 1.59
9-Wolf Attack 0.44
10-That's My Bike! 2.51
11-Offering To Help 1.45
12-You Have Tits 1.34
13-Aim the Dish 0.28
14-Off With Your Wig 3.33
15-Darryl Breaks Through 0.52
16-Redemption 1.30
17-Roy Goes Back 1.09
18-The 3:10 To Yuma 1.54
19-Roy Gets Shot 0.52
20-Crashing In 0.30
21-The Big Sword Fight 1.19
22-Turn It Off! 1.49
23-So What Can I Tell You...0.48

The Imaginary TV Suites

24-The Game Show 1.34
25-TV Theme Medley
(Northern Overexposure, Thirty-
Something-To-Life, Meet the Mansons,
My Three Sons of Bitches,
Strokes, Star Track,
Driving Over Miss Daisy) 3.30
26-Roy Knale, Private Dick 3.24
27-We're Cartoons 6.40

Musique  composée par:

Bruce Broughton

Editeur:

Intrada Special Collection Vol. 167

CD produit par:
Bruce Broughton, Douglass Fake
Producteur exécutif CD:
Roger Feigelson
Représentant pour Morgan Creek:
Greg Mielcarz
Assistant production:
Regina Fake

American Federation of Musicians
Edition limitée à 1500 exemplaires.

Artwork and pictures (c) 1992 Morgan Creek Productions, Inc. All rights reserved.

Note: ***1/2
STAY TUNED
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Bruce Broughton
« Stay Tuned » évoque les péripéties surréalistes et ‘télévisuelles’ d’un couple en crise, Roy Knable (John Ritter) et sa femme Helen (Pam Dawber). Plus rien ne va entre eux depuis que Roy s’est mis à regarder la télévision 24h sur 24, et ce au grand dam de son épouse qui aimerait bien avoir un mari plus présent. Une nuit, un mystérieux individu nommé Mr. Spike (Jeffrey Jones) se présente chez les Knable et propose à Roy de lui vendre un nouveau système satellite et une nouvelle télévision capable de recevoir près de 666 chaînes sur tous les réseaux nationaux du pays. Séduit par l’offre, Roy se laisse alors convaincre, sans savoir qu’il est tombé dans un piège diabolique. Peu de temps après, Helen rentre à la maison et découvre la nouvelle télévision : furieuse et à bout, elle décide de quitter Roy pour de bon, mais l’immense antenne parabolique, située dans le jardin, aspire l’homme et la femme, qui se retrouvent alors étrangement propulsés à l’intérieur d’un univers télévisé maléfique, où tout est mise en oeuvre pour qu’ils finissent par mourir et céder leur âme au Mephistopheles du tube cathodique, Mr. Spike. Ce dernier dirige en réalité toutes les chaînes télévisées diaboliques et utilise ses victimes comme malheureux candidats dans ses émissions et programmes télévisés infernaux. Les Knable doivent désormais survivre pendant 24 heures s’ils espèrent sortir de cet enfer télévisé. Réalisé par Peter Hyams et sorti en 1992, « Stay Tuned » est une satire totalement délirante sur le monde de la télévision et les excès liés à la dépendance télévisuelle, sauf que le film reste totalement en surface par rapport à son postulat de base et n’est qu’un prétexte à une longue série de séquences délirantes parodiant des films, des séries et des show TV bien connus.

Et c’est là où « Stay Tuned » remplit parfaitement ses objectifs, en faisant passer ses deux héros malmenés d’un programme télévisé à un autre avec une véritable ambiance de folie pure. Ainsi, « Stay Tuned » parodie quelques films/séries TV bien connus comme « The Exorcist », « The Silence of the Lambs », « Driving Miss Daisy », « Wayne’s World », « Star Trek », « 3:10 to Yuma », tandis que les fausses publicités hilarantes que l’on aperçoit pendant une bonne partie du film sont des pastiches satiriques de séries bien connues, avec un humour noir macabre et totalement déjanté. Par exemple, la série culte « The Dukes of Hazzard » devient « David Dukes of Hazzard », le film « Driving Miss Daisy » devient « Driving Over Miss Daisy », la célèbre série TV avec Will Smith « Fresh Prince of Bel-Air » devient « Fresh Prince of Darkness », etc. Dans « Stay Tuned », les héros se retrouvent ainsi propulsés dans une parodie de show TV à l’américaine où il est impossible de gagner, dans un film sur la révolution française où il est question de décapiter les nobles, dans une émission de catch américain, dans un polar en noir et blanc de l’époque à Humphrey Bogart, dans un western parodiant « 3:10 to Yuma » et une scène célèbre de « The Good, the Bad and the Ugly » de Sergio Leone, dans un clip vidéo du groupe de hip-hop féminin « Salt-n-Pepa » (ce qui donne lieu à l’une des scènes d’affrontement les plus improbables de l’histoire du cinéma U.S. !), dans une publicité pour un crash test et même dans un cartoon délirant, crée par Chuck Jones, célèbre spécialiste incontesté du genre, père des « Looney Tunes » et des « Merrie Melodies ». A ce sujet, la réjouissante séquence de cartoon au milieu du film est un sommet de fun pur, un grand moment de dérision et de cinéma, qui montre à quel point Peter Hyams et son équipe semblent s’être bien amusés sur ce film loufoque et atypique, même si l’on aurait aimé que le cinéaste pousse davantage plus loin l’humour noir de son film. A ce sujet, les publicités satiriques de la télévision diabolique sont un pur régal d’humour macabre et de gags trash, qui rompent carrément avec le côté familial et délirant du reste du film – et la scène parodique et incroyablement drôle de « Driving Over Miss Daisy », où Miss Daisy se fait écraser par la voiture du faux chauffeur est à la fois sacrément trash et totalement irrésistible. Du coup, « Stay Tuned » oscille ainsi entre film d’aventure familial et comédie noire macabre sans jamais vraiment réussir à trouver le ton juste, même si l’ensemble reste somme toute assez gentillet et totalement inoffensif. Les amateurs de comédie référentielle délirante et d’humour noir apprécieront sans aucun doute « Stay Tuned », qui reste à n’en point douter l’un des films les plus atypiques de la filmographie de Peter Hyams !

La partition musicale de « Stay Tuned » a été confiée à Bruce Broughton, qui retrouva sur ce film Peter Hyams pour la troisième fois après « Presidio » en 1988 et « Narrow Margin » en 1990. Des trois collaborations de Bruce Broughton à des films de Peter Hyams, « Stay Tuned » est de loin la plus réussie et aussi la plus réjouissante des trois. L’univers référentiel et décalé du film permit à Broughton de mélanger les clins d’oeil musicaux et les styles tout en nous offrant une solide partition symphonique extrêmement vive, énergique et colorée, avec ses thèmes accrocheurs et ses quelques touches d’humour bien placées. Pour Bruce Broughton, le principal défi sur « Stay Tuned » était donc d’écrire une musique qui évoque à la fois tous les styles et univers télévisés du film de Peter Hyams tout en conservant une certaine continuité thématique/stylistique, un défi de taille qui s’avéra malgré tout passionnant pour le compositeur. Broughton a composé une partition orchestrale utilisant un excellent thème principal héroïque à souhaite associé dans le film à Roy et Helen. Introduit dès le « Main Title », le thème d’aventure est confié à des trompettes héroïques à la manière des grands thèmes d’aventure hollywoodiens, une superbe ouverture qui présente aussi un second thème très présent dans le score, un motif ascendant de cinq notes associé au maléfique Mr. Spike dans le film et présenté pour la première fois au tout début du « Main Title » par une clarinette basse et un cor anglais, et qui évoque clairement le caractère satanique et maléfique du personnage incarné par Jeffrey Jones. On retrouve ensuite ce motif dans des morceaux tels que « The Dish », « Field Work », « Redemption », « Offering to Help » ou « A Bumpy Ride », souvent accompagné d’harmonies dissonantes et de sonorités menaçantes telles que les crissements d’un waterphone. Après un « Main Title » aussi aventureux et héroïque, Broughton nous offre un pur passage de musique de comédie dans le léger « Meet Darryl », tandis que le ton devient à la fois plus sombre et ironique dans « The Dish », avec une reprise du thème sous une forme un peu grotesque avec saxophone baryton, piccolo, clavecin et piano sur fond d’allusions au motif de Spike lors de la scène avec la parabole maléfique dans le jardin de Roy. L’aventure commence dans « A Bumpy Ride » avec ses trilles menaçants de cordes qui rappellent vaguement Alan Silvestri et une utilisation réussie de quelques touches électroniques et du waterphone lorsque Roy et Helen se retrouvent embarqués dans l’univers télévisé maléfique de Mr. Spike.

L’humour décalé du film commence véritablement dans « Sayonara, Mrs. Seidenbaum » qui utilise quelques touches asiatiques ironiques lorsque Spike se réjouit de son taux d’audience dans son studio des enfers, tandis que « Field Work » renforce le suspense avec les passages plus sombres et dissonants et le motif chromatique de cinq notes au cor anglais pour Spike. Elément caractéristique du score : les nombreux développements du thème principal, que Broughton utilise, varie et adapte suivant chaque situation du film, ce qui permet ainsi au compositeur d’unifier une partition qui varie les styles et les ambiances avec une maestria rare. L’action débute dans « Gordon Bashing » qui véhicule un sentiment de danger évident, tout comme la scène d’attaque des loups dans « Wolf Attack », le tout servi par les orchestrations riches et solides typiques de Bruce Broughton, qui utilise l’orchestre de manière extrêmement virtuose et colorée. Même chose pour « That’s My Bike ! » et son utilisation remarquable des cuivres et de rythmes complexes et syncopés, sur fond de développements canoniques et quasi fugués sur la tête du thème principal. Les morceaux d’action sont donc nombreux dans la partition de « Stay Tuned », évoquant les épreuves et les nombreuses péripéties de Roy et Helen dans le monde télévisé maléfique (cf. l’excellent compte à rebours martial de « Turn It Off ? »), Broughton n’hésitant pas à osciller ainsi entre action, aventure, suspense et humour noir avec un mordant certain, visiblement très inspiré par son sujet. Impossible, en revanche, de résister à l’exubérance totale de la musique cartoon de « We’re Cartoons », 6 minutes de mickey-mousing énergique, sautillant, jazzy et déchaîné qui ravira tous les amateurs des musiques des dessins animés de Chuck Jones – il s’agit aussi de l’un des meilleurs morceaux de la partition de « Stay Tuned », avec tous les codes musicaux habituels des musiques de cartoon, notamment les nombreuses citations et clins d’oeil musicaux humoristiques et variés. On retrouve aussi les citations musicales ironiques dans « The 3:10 to Yuma », qui reprend explicitement le célèbre thème de « The Good, the Bad and the Ugly » d’Ennio Morricone et pastiche à l’occasion le style des musiques de western-spaghetti habituel avec son lot de guitare et d’harmonica, sans oublier l’excellente bataille à l’épée de « The Big Sword Fight », pour lequel Broughton cite les musiques swashbuckler du Golden Age hollywoodien façon Erich Wolfgang Korngold, avec ses cuivres héroïques et chevaleresques. Broughton nous offre même un jingle kitsch et ironique pour « The Game Show », tandis qu’il imite dans « TV Theme Medley » certaines musiques de publicité et de spots publicitaires en variant les styles avec un humour et une inventivité constante.

Enfin, last but not least, « Roy Knable, Private Dick » représenta pour Bruce Broughton l’ultime défi musical sur la partition de « Stay Tuned » : le morceau accompagne effectivement la séquence où Roy se retrouve propulsé dans un film noir hollywoodien des années 40. Pour Broughton, « Roy Knable, Private Dick » fut un véritable challenge, car le compositeur n’avait encore jamais eu à écrire une musique pour un film noir rétro. Il lui fallut ainsi se confronter à univers musical associé aux musiques de Max Steiner pour certains polars américains 40’s, défi que Broughton a relevé avec panache dans le superbe « Roy Knable, Private Dick ». Bruce Broughton nous offre donc une partition survitaminée, riche et variée pour « Stay Tuned », une musique pleine d’énergie et de fun, qui varie les ambiances à loisir et mélange action, humour et fantaisie pour notre plus grand bonheur. Le score de Bruce Broughton n’est peut être pas un chef-d’oeuvre absolu dans la filmographie du compositeur, mais il n’en demeure pas moins très réussi et aussi extrêmement fun et prenant de bout en bout, un vrai exercice de style pour un musicien décidément à l’aise dans tous les styles et ambiances, qui semble avoir été assez inspiré par le film de Peter Hyams, un excellent score à redécouvrir grâce à l’édition CD d’Intrada Records !



---Quentin Billard