1-Licence to Kill 5.13*
2-Wedding Party 3.53**
3-Dirty Love 3.45***
4-Pam 3.50
5-If You Asked Me To 3.58+
6-James & Felix On Their
Way To Church 3.53
7-His Funny Valentine 3.26
8-Sanchez is in the Bahamas/
Shark Fishing 2.06
9-Ninja 6.03
10-Licence Revoked 9.11

*Interprété par Gladys Knight
Ecrit par Narada Michael Walden,
Jeffrey Cohen et Walter Afanasieff
Produit et arrangé par
Narada Michael Walden avec
Walter Afanasieff
**Interprété par Ivory
Ecrit par Jimmy Duncan
et Phillip Brennan
Produit par Jimmy Duncan
et Phillip Brennan
***Interprété par Tim Feehan
Ecrit par Steve Dubin et
Jeffrey Pescetto
Produit par Tim Feehan
et David White
+Interprété par Patti LaBelle
Ecrit par Diane Warren
Produit par Stewart Levine
Arrangé par Aaron Zigman.

Musique  composée par:

Michael Kamen

Editeur:

MCA Records 256436-2 YS

Score produit par:
Michael Kamen
James Bond Theme de:
Monty Norman

Artwork and pictures (c) 1989 Danjaq/United Artists/EON Productions. All rights reserved.

Note: ***
LICENCE TO KILL
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Michael Kamen
Seizième aventure de l’agent secret James Bond 007, « Licence to Kill » (Permis de tuer) est le dernier Bond des années 80 et aussi l’un des plus gros succès de la saga, bien que le film ait été ouvertement critiqué pour sa violence extrême et l’interprétation passable de Timothy Dalton. Le film a été réalisé en 1989 par le britannique John Glen, qui a aussi tourné plusieurs épisodes de la saga dans les années 80, incluant « For Your Eyes Only » (1981), « Octopussy » (1983), « A View to a Kill » (1985) et « The Living Daylights » (1987), des films qui n’ont d’ailleurs pas toujours fait l’unanimité parmi les critiques (on reprocha notamment à Roger Moore d’interpréter un Bond trop vieillissant et pas assez crédible dans « A View to a Kill »). « Licence to Kill » s’inspire encore une fois des romans de Ian Fleming et permet à Timothy Dalton d’endosser pour la seconde fois le costume de 007 après « A View to a Kill » en 1987. Cette fois-ci, Bond profite de ses congés pour se rendre au mariage de son ami Felix Leiter (David Hedison), agent de la CIA. Mais sur le chemin, des agents de la DEA contactent Bond et Leiter afin de les informer de l’arrivée de Franz Sanchez (Robert Davi), un important baron de la drogue. 007 et son ami Felix décident alors d’aider leurs collègues à stopper le trafiquant de drogue et réussissent finalement à arrêter l’avion de Sanchez au dessus des Bahamas. Peu de temps après, Sanchez réussit à s’évader grâce à la participation d’un policier corrompu, Ed Killifer (Everett McGill). Le sinistre trafiquant capture ensuite Felix Leiter et le livre à des requins qui le mutilent gravement, tandis qu’il ordonne l’exécution de son épouse. Totalement abattu, Bond arrive trop tard sur le lieu du drame : il décide alors de venger Felix et sa femme, et décide de traquer sans relâche Sanchez afin de le supprimer pour de bon. Mais James Bond doit malheureusement se heurter au refus de M (Robert Brown), son supérieur hiérarchique qui lui ordonne de ne pas poursuivre Sanchez, car il risquerait de compromettre toute l’opération. Constatant la détermination aveugle de 007 entièrement motivée par la haine et la vengeance, M ordonne que l’agent soit destitué de ses fonctions et qu’on lui retire son « permis de tuer ». Qu’à cela ne tienne, Bond s’échappe et se lance malgré tout dans une quête éperdue de vengeance.

« Licence to Kill » reste donc un épisode solide de la saga, sans aucun doute l’un des meilleurs Bond de la période 80’s, et aussi l’un des épisodes le plus sombre et le plus violent de la franchise. Parmi les nombreuses scènes de mort violente du film, on voit en effet un homme dévoré par des requins, un autre pulvérisé dans un broyeur ou un autre dont la tête explose dans une cabine dépressurisée. « Licence to Kill » est sorti à une époque où la violence dans le cinéma d’action américain paraissait sans limite, et repoussait fréquemment les mesures de censure du fameux MPAA, le film de John Glen étant d’ailleurs l’un des rares films de la franchise à avoir été interdit aux moins de 12 ans à sa sortie en salle (le film sera d’ailleurs sévèrement censuré lors de ses nombreux passages à la télévision). Pourtant, « Licence to Kill » reste un solide film d’action et un excellent opus de la saga 007, car si Timothy Dalton n’a effectivement ni le charme ni la conviction d’un Sean Connery ou d’un Roger Moore, le film reste quand même suffisamment distrayant pour nous maintenir en haleine pendant près de 127 minutes : on appréciera ainsi le rythme soutenu du récit, l’odieux bad guy brillamment interprété par Robert Davi, les nombreuses scènes d’action totalement déchaînées (l’évasion de Bond en hydravion, l’attaque finale des camions, la traque sous-marine au harpon, etc.) et les deux jolies James Bond Girls interprétées par Carey Lowell et Talisa Soto. Dommage que le film verse parfois dans la surenchère pure avec quelques scènes particulièrement absurdes, comme la bagarre générale dans le bar ou la scène où Bond parvient à éviter un mur de flamme en faisant soulever miraculeusement le camion qu’il conduit. A noter pour finir que « Licence to Kill » marque aussi les débuts de Benicio Del Toro au cinéma, qui obtint, grâce à son rôle du sinistre Dario, son premier rôle mémorable au cinéma à l’âge de 22 ans, après avoir enchaîné quelques rôles mineurs au début des années 80.

La musique de « Licence to Kill » devait être confiée à l’origine à John Barry, mais suite aux problèmes de santé du musicien (il venait de subir une importante opération chirurgicale de la gorge en 1989 et était encore à l’hôpital lors de la sortie du film), la production décida finalement de confier le score du film à Michael Kamen, remarqué pour ses musiques d’action sur « Lethal Weapon » et « Die Hard ». C’est d’ailleurs grâce à ces deux musiques que Kamen écrira celle de « Licence to Kill », dans un style et une esthétique totalement similaire. En plus du score orchestral, le film propose aussi l’inévitable et traditionnelle chanson du générique de début, « Licence to Kill », brillamment interprétée par la chanteuse de soul music Gladys Knight – la chanson restera un beau succès de l’année 1989, notamment en Angleterre. A noter que la chanson repose sur un motif de cuivres célèbre emprunté à la chanson « Goldfinger » écrite par John Barry pour le film de 1964, un hommage musical évident voulu par les producteurs de « Licence to Kill », et qui obligea d’ailleurs le studio à payer les droits aux auteurs d’origine de « Goldfinger ». La chanson « Licence to Kill » (l’une des plus longues de la saga, dépassant ainsi les 5 minutes) est assez réussie bien que l’on regrettera le fait qu’elle ne laisse aucun souvenir particulier – le refrain est assez peu mémorable et un peu fade. A noter d’ailleurs que le studio souhaitait que la chanson titre du film soit confiée à l’origine à Vic Flick et Eric Clapton. Les deux musiciens proposèrent leur propre version qui fut finalement rejetée au profit de la chanson de Gladys Knight, écrite dans la précipitation. Michael Kamen hérita malheureusement d’un souci similaire, puisqu’il n’eut que très peu de temps pour écrire le score orchestral du film, alors que John Barry était indisponible. Devant le côté plus sombre et violent du film de John Glen, Michael Kamen opta à son tour pour une musique plus orientée action/suspense, n’hésitant pas à reprendre des sonorités et des tics instrumentaux de « Lethal Weapon » et « Die Hard » - rappelons que le compositeur n’a eu que très peu de temps pour écrire la musique de « Licence to Kill » et dû donc aller à l’essentiel. L’album publié par MCA Records nous présente d’ailleurs une maigre sélection du score de Kamen, malheureusement desservie par un montage hasardeux dans la piste 4 et des erreurs de titre pour deux pistes (la 7 s’appelle en réalité « Sanchez is in the Bahamas », et la 8 s’appelle en fait « His Funny Valentine »). Il paraît d’ailleurs évident que la production de l’album a été quelque peu bâclée, privilégiant davantage les chansons-pop que le score orchestral de Kamen. Autre problème concernant la musique elle-même, le compositeur a décidé de réutiliser l’incontournable « James Bond Theme » de Monty Norman mais ne propose aucun nouveau thème ni motif particulier. On peut supposer que le manque de temps alloué au compositeur sur « Licence to Kill » n’a pas dû jouer en la faveur d’un nouveau thème pour le score du film. Kamen n’a pas non plus réutilisé le thème de la chanson de Gladys Knight dans sa musique – le lien score-chanson est pourtant un élément assez récurrent dans les musiques de la saga 007.

Confiée au National Philharmonic Orchestra – orchestre fétiche de Jerry Goldsmith – la musique de « Licence to Kill » fait donc la part belle aux cordes sombres, aux cuivres massifs et aux guitares latino évoquant les décors du film (le début se déroule aux Bahamas). La longue introduction du film permet à Michael Kamen de réutiliser ainsi le célèbre « James Bond Theme » qu’il développe à loisir durant les premiers exploits de 007 lorsque ce dernier stoppe l’avion de Sanchez de manière spectaculaire, peu de temps avant l’arrivée du générique de début. On retrouve une partie de ce morceau durant la piste « James & Felix on Their Way to Church », premier grand morceau d’action du score assez représentatif du style sombre et musclé voulu par Kamen sur « Licence to Kill ». La reprise du thème de James Bond est très réussie, accompagné d’orchestrations solides, de la célèbre ‘spy guitar’ de 007 et de ponctuations percussives martiales illustrant la tension de la scène introductive aérienne. L’écriture de l’orchestre reste très proche des morceaux d’action/suspense du film « Die Hard », écrit un an auparavant en 1988. Kamen reste donc en terrain connu et ne prend guère de risque, utilisant des formules musicales déjà établies dans ses précédents scores d’action. A noter que les envolées thématiques héroïques et prenantes du thème de 007 dans l’ouverture du film se retrouvent dans le morceau « Licence Revoked » placé en fin d’album – malheureusement gâché lui aussi par un montage bâclé et raté de plusieurs parties du score. On relèvera l’utilisation de quelques touches latino comme les castagnettes ou la guitare dans le romantique « Pam », introduisant les mélodies associées à la romance entre Bond et Pamela Bouvier dans le film. Un motif de guitare hispanisante est associé dans le film au sinistre Sanchez, la guitare suggérant aussi la romance entre Bond et Pam dans le film. Dommage que le morceau soit lui aussi gâché par un montage totalement hasardeux à la limite de l’amateurisme ! Le suspense devient plus prenant dans le sombre « His Funny Valentine » qui évoque clairement l’ambiance du film de John Glen, tandis que « Sanchez is in the Bahamas/Shark Fishing » mélange lui aussi action et montées de tension toujours assez intenses à l’écran, le tout ponctué de quelques allusions au thème de 007. Mais l’action culmine essentiellement avec l’attaque des agents japonais dans « Ninja » et son impressionnant travail autour des percussions ethniques/asiatiques, sans oublier l’affrontement final avec les camions dans « Licence Revoked », 9 minutes d’action pure qui satisferont - dans le film comme sur l’album - les amateurs des BO de « Lethal Weapon », « Die Hard » ou « The Last Boyscout ». Le compositeur signe donc un score d’action assez dynamique et intense dans « Licence to Kill », mais sans grand relief particulier et assez fonctionnel, faute d’une absence totale de nouveauté et d’un nouveau motif, en dehors du thème de James Bond ou d’un vague motif de guitare latino pour Sanchez. Hélas, l’album s’avère être aussi bien bâclé dans son contenu que dans sa présentation, parsemé de montages ratés et d’erreurs dans le track list ! « Licence to Kill » n’est donc pas un score majeur de la franchise 007 et reste aussi une partition mineure dans la filmographie de Michael Kamen, mais qui devrait néanmoins satisfaire les fans du compositeur et ceux qui apprécient le style habituel de ses scores d’action des années 80-90 !



---Quentin Billard