1-The Neglected Garden 4.13*
2-Our House Below
(version film) 3.29*
3-Our House Below
(version instrumentale) 2.29*
4-The Doll House
(version instrumentale) 3.00
5-Sho's Lament
(version instrumentale 1) 2.48
6-Arrietty's Song
(version instrumentale) 3.32
7-The Neglected Garden
(version instrumentale) 1.14
8-Sho's Waltz 2.44
9-Spiller (version instrumentale) 2.02
10-Rain (version
instrumentale) 1.09**
11-The Wild Waltz 3.04
12-Sho's Lament
(version instrumentale 2) 3.14
13-An Uneasy Feeling 3.13
14-With You 2.38
15-The House In Silence 1.28
16-Sho's Song
(version instrumentale) 3.17
17-Precious Memories 2.03
18-Goodbye My Friend
(version instrumentale) 2.50
19-I Will Never Forget You 2.21
20-Arrietty's Song
(thème principal) 3.32***

Pistes bonus:

21-Tears In My Eyes 2.36
22-Goodbye My Friend 2.56*
23-La chanson d'Arrietty
(thème principal
version française) 3.30*

*Paroles de Cécile Corbel
Interprété par Cécile Corbel
**Ecrit par Simon Caby
et Laura Marciano
***Interprété par Cécile Corbel
Paroles japonaises de Yoko Ihira.

Musique  composée par:

Cécile Corbel

Editeur:

Wasabi Records 9102230

Album produit par:
Cécile Corbel

Artwork and pictures (c) 2010 Studio Ghibli. All rights reserved.

Note: ****
KARIGURASHI NO ARRIETTY
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Cécile Corbel
Nouveau film animé produit par le studio Ghibli, « Karigurashi no Arrietty » (Arrietty, le petit monde des chapardeurs) est l’adaptation cinématographique de « The Borrowers », un roman pour enfant de Mary Norton, qui a déjà été adapté au cinéma dans le long-métrage américain live « The Borrowers » réalisé par Peter Hewitt en 1997 avec John Goodman et Jim Broadbent. Réalisé par Hiromasa Yonebayashi sur un scénario d’Hayao Miyazaki, « Arrietty » est le premier long-métrage animé du réalisateur japonais, encore méconnu du public, mais qui travailla auparavant en tant que directeur de l’animation sur certaines productions Ghibli, et plus particulièrement « Le château ambulant » et « Ponyo sur la falaise ». Le film se déroule dans le Japon d’aujourd’hui. On y suit l’histoire d’une famille de chapardeurs, des petits êtres d’à peine quinze centimètres de haut qui vivent sous les planchers des maisons et volent tout ce dont ils ont besoin pour vivre, en respectant scrupuleusement une règle fondamentale : ils ne doivent jamais être vus par les humains. Arrietty est une jeune chapardeuse de 14 ans, qui vit avec sa famille dans une maison pleine de dangers. Leur existence est chamboulée par l’arrivée de Shô, un jeune enfant malade qui est venu se reposer dans la demeure familiale pendant quelques temps. Et c’est par un pur hasard que Shô finit par rencontrer la petite Arrietty, qu’il aperçoit d’abord dans le jardin puis la revoit un peu plus tard, à la fenêtre de sa chambre. D’abord terrifiée à l’idée d’avoir violée une règle absolue dans la communauté des chapardeurs, Arrietty va se lier petit à petit d’amitié avec le jeune Shô et découvrira que tous les humains ne sont pas forcément mauvais. Ce sera le début d’une grande aventure pour Shô, Arrietty et sa petite famille. « Arrietty » reste donc un film absolument typique des productions Ghibli : l’animation, fluide, subtile et élégante, est similaire aux travaux habituels de Miyazaki, avec des décors et des bruitages particulièrement réalistes. En ce sens, Yonebayashi fait preuve d’une maîtrise évidente du graphisme et de l’animation, avec un hommage nostalgique évident au passé du studio Ghibli. Mieux encore, « Arrietty » est un pur moment de poésie du début jusqu’à la fin, comme on en voit rarement de nos jours dans le cinéma d’animation moderne, preuve qu’encore une fois, les oeuvres du studio Ghibli se haussent bien au dessus de la masse et de la routine habituelle. Et comme toujours, le film est un enchantement dans lequel chaque événement ou péripétie devient plus extraordinaire que jamais, surtout dans les scènes où l’on voit le monde à l’échelle d’Arrietty. Et comme toujours chez Ghibli, le long-métrage de Yonebayashi évoque aussi l’amitié et la naissance subtile des sentiments entre un garçon et une fille sur fond d’aventure initiatique, un sujet récurrent dans les films de Miyazaki (on pense par exemple au « Château ambulant », au « Voyage de Chihiro », au « Château dans le ciel » ou à « Ponyo sur la falaise »). Par son mélange incroyable de poésie, de magie, d’aventure et d’émotion toute en finesse, « Arrietty » est une magnifique réussite qui doit autant à la beauté des images (la maison de poupée, l’immensité incroyable du jardin, etc.) qu’à un récit qui mélange intelligemment aventure et poésie avec délicatesse, une fable qui rappelle aussi un autre thème cher à Miyazaki, l’importance de préserver la nature et les espèces en voie de disparition, un message écologique qui nous renvoie clairement à l’un des titres fondateurs du studio Ghibli, l’incontournable « Mon voisin Totoro ». Certes, on pourra toujours reprocher le côté « hommage » un peu évident du film d’Hiromasa Yonebayashi, mais le tout est tellement réussi et tellement rafraîchissant qu’on est prêt à pardonner le moindre défaut à un film magnifique visuellement, composé de personnages attachants et de situations rocambolesques (la scène où Arrietty et son père partent en expédition pour chercher le morceau de sucre dans la cuisine). « Arrietty » reste donc une réussite sur toute la ligne, idéale pour patie
nter en attendant le prochain long-métrage d’Hayao Miyazaki.

C’est la première fois qu’un long-métrage animé du studio Ghibli est mis en musique par un compositeur non japonais. Pour la harpiste celtique d’origine bretonne Cécile Corbel, l’aventure « Arrietty » commença par hasard, sur un véritable coup du destin en 2009, lorsque la jeune musicienne de 29 ans, passionnée des films d’Hayao Miyazaki, décida d’envoyer au studio une copie de son dernier album, « SongBook Vol.2 », avec un mot de remerciement pour les merveilleux films qu’ils produisent depuis plus de trois décennies, un geste sans arrière-pensée aucune, puisque Cécile Corbel ne joignit même pas ses coordonnées à l’envoi. Peu de temps après, le miracle se produit : le producteur Toshio Suzuki, alors à la recherche d’un thème musical pour le projet « Arrietty », écoute par hasard le CD de Cécile Corbel qui vient tout juste d’atterrir sur son bureau, et tombe radicalement sous le charme de la toute première chanson de l’album « Song Book Vol. 2 ». Quelques mois plus tard, le studio Ghibli contacte la musicienne par le biais de son adresse mail sur internet, et c’est le début du conte de fée pour Cécile Corbel : engagée miraculeusement sur « Arrietty », la compositrice doit signer au départ une chanson du film, mais les producteurs sont conscients du réel potentiel musical de la harpiste celtique et lui demandent alors d’écrire plusieurs thèmes musicaux, qui seront ensuite agencés sur les images. Cécile Corbel se fait alors aider dans sa tâche par son complice Simon Caby, qui livre quelques arrangements musicaux sur la bande originale de « Arrietty ». Dès lors, c’est le succès pour la jeune compositrice, qui se voit invitée régulièrement au Japon pour assurer la promotion du film d’Hiromasa Yonebayashi, tandis que ses deux albums « Song Book » sont sortis au pays du soleil levant et lui ont assuré un beau succès. La musique de « Arrietty » s’avère être à l’image de l’aventure japonaise de Cécile Corbel, toute aussi belle et inspirée, avec un charme mélodique rafraîchissant et, bien sûr, une utilisation remarquable de la harpe, instrument-clé de la musique de « Arrietty ». Pour accomplir sa tâche, Cécile Corbel fait appel à une petite formation instrumentale incluant, en plus de sa harpe celtique traditionnelle, un ensemble à cordes avec guitare, harmonica, piano et petites percussions. Exit ici l’approche symphonique, Cécile Corbel optant pour une instrumentation minimaliste et adaptée à l’univers coloré et poétique du film d’Hiromasa Yonebayashi. Il faut dire que c’est exactement ce que recherchaient les producteurs japonais de « Arrietty », alors en quête de nouveauté et de rafraîchissement pour la musique de leur film. Le fait même de mélanger une approche musicale inspirée du folklore musical celtique/breton avec un film japonais évoquant la beauté apaisante de la nature n’est nullement anecdotique, et paraît totalement cohérent, tant la musique de Cécile Corbel paraît en symbiose totale avec les images, un véritable coup de maître pour une première expérience pour le cinéma.

La partition de « Arrietty » propose ainsi une série de thèmes qui se structurent autour des différentes séquences du film, la musique s’éloignant quelque peu de la construction thématique habituelle, dans le sens où Cécile Corbel ne propose pas un thème central avec des déclinaisons mais quasiment un thème par séquence. L’approche peut paraître assez étonnante, mais là aussi, le résultat est assez rafraîchissant et rappelle davantage la composition pour un album musical qu’une véritable composition pour le cinéma : et pourtant, à l’écran, cela fonctionne parfaitement ! A la simplicité et au rythme lent et apaisé du film de Yonebayashi, Cécile Corbel répond donc par une musique poétique, subtile et retenue, avec un premier thème, poignant et doucement mélancolique, introduit par la harpe dans « Sho’s Lament », et associé dans le film au personnage du jeune Shô, l’enfant malade qui va se lier d’amitié avec la petite Arrietty. La mélodie de « Sho’s Lament » s’avère être à la fois douce et élégante, d’une finesse particulièrement émouvante, avec sa mesure à trois temps et ses notes gracieuses de la harpe et des cordes. Le thème de Shô évoque non seulement la fragilité du jeune garçon mais aussi l’amitié avec Arrietty, une amitié ambiguë qui se transforme progressivement en amour délicat dans le film. Cécile Corbel nous offre d’ailleurs une seconde version toute aussi réussie du thème de Shô avec la guitare et la harpe dans « Sho’s Waltz », sur un rythme de valse entraînant et plus énergique. Il règne dans la musique de Cécile Corbel une véritable fraîcheur et une poésie d’une finesse rare, et qui parvient même à garder de manière extraordinaire un lien avec l’esthétique habituelle des musiques du studio Ghibli : les harmonies raffinées et le charme de certaines mélodies ne sont pas sans rappeler le style des compositions de Joe Hisaishi ou de Yuji Nômi – rappelant au passage tout l’amour de la compositrice pour l’univers des films Miyazaki. La musicienne reste aussi fidèle à ses origines et nous offre même un thème d’aventure plus rythmé et énergique pour le personnage plus sauvage de Spiller, qui à droit à une sorte de danse bretonne avec cornemuse, guitare et percussions. On retrouve ces rythmes plus énergiques et prenants dans le dynamique « The Wild Waltz » évoquant les moments de danger du film, le tout porté par la performance vitaminée des musiciens et de la harpiste, qui n’hésite pas à mélanger ses propres vocalises éthérées pour les besoins de la musique.

Mais le véritable atout-clé de la composition de Cécile Corbel reste avant tout le thème principal, qui reviendra à deux reprises dans le film, « Arrietty’s Song », magnifique chanson poignante déclinée en version instrumentale et vocale sur l’album, et qui apporte une poésie et une énergique incroyable au film. A noter que la bande-annonce du film a été entièrement portée durant toute la promotion du film par cette chanson d’une beauté et d’une pureté incroyable, que ce soit dans les arpèges élégants de la harpe, par l’accompagnement instrumental rythmé ou par la voix indéniablement gracieuse et légère de Cécile Corbel – qui interprète la chanson dans un japonais absolument impeccable. Mais le véritable atout de « Arrietty’s Song » réside surtout dans la simplicité incroyable de sa mélodie, qui rend la chanson facile à mémoriser et qui reste gravée dans la tête, longtemps après une première écoute. Aussi incroyable que cela puisse paraître, la chanson de « Arrietty’s Song » parvient même à se hisser au rang des plus belles chansons écrites pour des productions du studio Ghibli. Elle résume à elle seule tout le charme agréable et la beauté poétique du film d’Hiromasa Yonebayashi, et restera à coup sûr un hit incontournable dans l’univers musical du studio Ghibli, une chanson qui justifie d’ailleurs à elle l’achat du CD de « Arrietty ». La musique se veut aussi parfois plus mystérieuse dans le film, comme le rappelle « An Uneasy Feeling » avec son mélange de harpes et de petites percussions diverses, ou « The House is in Silence » et ses notes plus sporadiques de harpe, sans oublier « Rain » qui évoque clairement la pluie tombant sur le jardin. La composition reste aussi minimaliste et intime dans « The Neglected Garden » ou le poignant « Tears In My Eyes » portée par les vocalises éthérées et sensuelles de la compositrice/chanteuse/harpiste, rappelant la relation tendre et fragile entre Shô et Arrietty. Vous l’aurez donc compris, la bande originale de « Arrietty » est un véritable miracle tout simplement inattendu, qui doit autant à l’initiative rafraîchissante des productions du film qu’à la passion évidente et au talent certain de Cécile Corbel, qui a su saisir avec brio l’occasion rêvée de s’exprimer pleinement sur « Arrietty », nous offrant une musique simple, belle, poétique et élégante, qui s’écoute d’ailleurs parfaitement sur l’album, puisque la musique a autant été conçue pour les images que pour l’écoute isolée. On retiendra surtout le charme incroyable des différentes mélodies et l’interprétation subtile des musiciens, qui ont réussi à trouver le ton juste pour les images sans jamais en faire de trop. Pour sa première composition pour le cinéma, Cécile Corbel marque donc un essai et nous offre une partition d’une grande beauté, à ne surtout pas rater !




---Quentin Billard