1-Circle of Life 3.59*
2-I Just Can't Wait
To Be King 2.50**
3-Be Prepared 3.39***
4-Hakuna Matata 3.32+
5-Can You Feel The
Love Tonight 2.52++
6-This Land 2.53
7-...To Die For 4.16
8-Under The Stars 3.43
9-King of Pride Rock 5.57
10-Circle of Life 4.50+++
11-I Just Can't Wait
To Be King 3.35+++
12-Can You Feel
The Love Tonight
(End Title) 4.00+++

*Interprété par Carmen Twillie
Choeurs africains par Lebo M
Ecrit par Tim Rice
& Elton John
**Interprété par Jason Weaver
avec Rowan Atkinson
et Laura Williams
Ecrit par Tim Rice
et Elton John
***Interprété par Jeremy Irons
avec Whoopi Goldberg,
Cheech Marin
et Jim Cummings
Ecrit par Tim Rice
et Elton John
+Interprété par Nathan Lane
et Ernie Sabella
avec Jason Weaver et
Joseph Williams
Ecrit par Tim Rice
et Elton John
++Interprété par Joseph Williams
et Sally Dworsky avec
Nathan Lane,
Ernie Sabella et Kristle Edwards
Ecrit par Tim Rice
et Elton John
+++Interprété par Elton John
Ecrit par Tim Rice
et Elton John

Musique  composée par:

Hans Zimmer/
Elton John

Editeur:

Walt Disney Records
60858-7

Chansons originales de:
Elton John & Tim Rice
Supervision de la musique,
arrangements, mixage et production:
Hans Zimmer, Jay Rifkin,
Chris Thomas,
Mark Mancina

Assistants de production musicale:
Nico Golfar (USA)
Maggie Rodfort (UK)
Eric Stark (S. Africa)
Supervision montage musique:
Adam Smalley

Artwork and pictures (c) 1994 Walt Disney Records. All rights reserved.

Note: ****1/2
THE LION KING
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Hans Zimmer/
Elton John
‘The Lion King’ (Le roi lion), sorti en salles en 1994, marque une date dans l'histoire du film d'animation, laissant dans l'esprit de tous l'emprunte d'un Disney fort, émouvant et parfois violent. Il est encore aujourd'hui considéré par beaucoup comme le réel chef-d'oeuvre du plus grand studio d'animation américain. A juste titre, certainement, tant le visuel, les personnages, les dialogues et la musique ont été soignées. L'histoire se passe au milieu des terres sauvages de la savane africaine, dominée par Mufasa, le roi lion, respecté de tous, et qui assure l'équilibre naturel entre les animaux. Mais son frère Scar et ses troupes de hyènes, laissés sur la touche du pouvoir, complotent contre lui et parviennent à l'éliminer, puis à éloigner du trône son unique descendant légitime, son fils Simba. Ce dernier, tout en grandissant, exilé, devra prendre conscience de ses responsabilités et assumer son statut de roi pour assurer l'équilibre naturel de son pays natal, comme le faisait son père.

Au-delà d'une histoire de conflits de familles et d'intérêts de pouvoir, source d'une intrigue linéaire et classique, mais efficace, Le Roi Lion est un film plutôt réussi car dénonçant, en filigrane, la prise de pouvoir par la violence (Scar n'organise rien d'autre qu'un coup d'état), chose malheureusement trop fréquente en Afrique, tout en poussant positivement à l'activisme, avec l'exemple de ce petit lion exilé qui doit assumer ses responsabilités et son destin, pour tenter d'améliorer l'avenir de tous, et ce au détriment de ses intérêts personnels (auxquels il a pourtant pris goût grâce à Timon et Pumba).

Après quelques années de tâtonnement, le studio Disney essaye de renouveler ses films en mettant au goût du jour ses productions, autant sur le plan technique (intégration de la 3D dans l'animation 2D) que sur le plan artistique (scénarios plus travaillés, décors documentés et stylisés, musique plus contemporaine). Si Alan Menken, maintes fois oscarisé pour son travail sur les opus précédents du géant américain de l'animation, était parvenu à mettre au goût du jour la musique de dessin-animé avec talent et inspiration, les producteurs cherchaient malgré tout une révolution d'un tout autre ordre, un nouveau talent qui parviendrai à moderniser le genre tout en conservant ses lettres de noblesses. C'est là, dès 1992, au début de la production du Roi Lion, que le score de THE POWER OF ONE parvient aux oreilles des producteurs de Disney. Il fait alors nul doute que l'alchimie des deux talents de Hans Zimmer et du chanteur sud-africain Lebo M, entendu sur THE POWER OF ONE, convient parfaitement à l'esprit recherché pour l'ambiance musicale de la nouvelle superproduction animée des studios Disney. Hans Zimmer, ravi d'être embarqué dans cette aventure d'un genre nouveau, accepte la proposition sans broncher et s'attèle à l'écriture de cette partition de près de 70 minutes, qui intègre plusieurs chansons originales de la pop-star anglaise Elton John. La suite, on la connaît : un succès public et critique phénoménal, et un Oscar de la meilleure musique de film pour Hans Zimmer, six ans seulement après son début de carrière à Hollywood !

Le film s'ouvre sur une chanson qui donne immédiatement le ton du film : "Circle Of Life", composée par Lebo M. et interprétée par Carmen Twillie, sur fond de choeur africains, qui décrit le miracle de la vie sauvage en ces terres africaines, berceau de la vie et du règne animal. C'est là que l'on découvre Simba, nouveau né de la famille royale des lions, futur roi de ces terres sauvages peuplées de nombreuses girafes, antilopes, hippopotames, éléphants et oiseaux en tous genres. "This Land" ("Terres Interdites" en VF) illustre les superbes paysages sauvages du film, que parcourent Mufasa et son fils Simba au petit matin. C'est l'apparition du thème principal du film, qui décrit la nature royale et divine de Mufasa et de sa descendance, Simba. Ce thème, développé à la flûte sur fond de cordes massives mais discrètes, évoquent aussi plus subtilement la naïveté de Simba, qui porte en lui beaucoup plus de sagesse qu'il ne le croit. La seconde chanson du film apparaît lorsque Simba s'imagine déjà futur roi, libre de décider de tout et de faire ce qui lui plaît : "I Just Can't Wait to Be King". Une mélodie plus légère au xylophone et à la guitare, teintée de malice, illustre ce passage léger qui devient rapidement une des scènes les plus délirantes du film.

C'est un peu le calme avant la tempête, puisque s'enchaîne juste après un passage beaucoup plus sombre, lorsque Simba et son amie Nala se retrouvent perdus dans le cimetière des éléphants. Ce morceau, malheureusement absent du CD, développe de légers motifs atonaux stressants, dérangeants, avant de laisser place à un motif plus malicieux décrivant les personnages des trois hyènes. Motif qui s'accélère rapidement lorsque l'action s'emballe et que les deux lionceaux se retrouvent pourchassés : Zimmer signe là un complexe morceau d'action ("Les Hyènes"), qui n'apparaît que sur la version française du CD de la BO (et même pas sur la soi-disante version intégrale parue en 2003, qui ne présente qu'une chanson supplémentaire, mais aucun nouveau morceau de score). Suite à ce passage mouvementé, le roi Mufasa fait la morale à son fils sous les étoiles, ce qui laisse une nouvelle occasion à Hans Zimmer de développer, plus longuement cette fois-ci, le thème principal du film, qui prend une tournure quasi mystique sur les images. Pendant ce temps, le frère de Mufasa, le sombre Scar, complote avec les hyènes pour prendre le pouvoir. C'est le moment de la chanson "Be Prepared" ("Soyez Prêtes" en VF), qui est certainement l'une des chansons les plus inspirées du film. Hans Zimmer et Elton John y développent un thème à la fois sombre et malicieux, décrivant parfaitement le complot malsain que prépare Scar et ses troupes de hyènes. Des choeurs massifs viennent appuyer le propos de cette chanson qui décrit l'endoctrinement d'un peuple désespéré et sur la touche, pour la prise de pouvoir par la force. C'est l'un des moments fort du film, qui met également en place l'essentiel de son propos (les conflits de pouvoir au sein d'une famille, un thème très Shakespearien, dont les auteurs du scénario se sont beaucoup inspirés pour écrire "Le Roi Lion").

Ce complot prend forme dès la séquence suivante, "...To Die For" ("La Tentation De Simba" en VF). Il ne fait nul doute qu'il s'agit du morceau qui convaincut l'Académie des Oscars de donner la fameuse statuette à Hans Zimmer tant il est impressionnant et fort sur les images. Dès les premières secondes, Zimmer annonce la tempête à venir avec un motif troublant qui s'accélère sur les images du troupeau de gnous déferlant dans le canyon, où se trouve Simba, seul. A moment même où le lionceau comprend ce qui se passe, la caméra effectue une zoom rapide sur son visage horrifié tandis qu'un choeur montant accentue l'effet, avant que le morceau ne s'élance. Ce passage d'action, qui compte parmi les mieux écrits par Hans Zimmer, décrit la folie incommensurable du troupeau de gnous qui déferle sur Simba, en alternant des répétitions de motifs de cuivres avec des choeurs massifs brefs, tantôt montants, tantôt descendants. Une déclinaison du thème principal (le "motif royal") apparaît vers le milieu du morceau, lorsque le roi Mufasa plonge dans le troupeau pour tenter de sauver son film Simba. La musique accentue ici la violence de la scène, sans concession. Lorsque enfin Mufasa tombe à terre, lâché volontairement pas son frère Scar, la tension retombe et le thème principal revient doucement, interprété par une flûte discrète et un choeur solennel. Hans Zimmer touche très juste, et émeut. Le choeur meurt doucement, illustrant le dernier souffle de Mufasa, et laisse place à des notes désordonnées, puis au silence. Un silence fort de sens et plein d'émotion, qui apporte autant à la scène que la musique sur les passages précédents. Lorsque Simba s'exile, convaincu par Scar qu'il est la cause de la mort de son père, le thème principal réapparaît à la flûte solo, pour accentuer la pesante solitude dont le lionceau, nouveau roi exilé, est la proie.

Après de multiples errances, Simba rencontre alors Timon et Pumba, les deux principaux rigolos de ce film Disney, qui chantent "Hakuna Matata", sympathique chanson qui fait l'éloge de la fainéantise et du plaisir de vivre paisiblement, sans souci. C'est un moment de légèreté et de pause au milieu des problèmes de conscience de Simba, avant que ses responsabilités de roi ne reprennent le dessus. Simba grandit, devient adulte. Le thème principal revient lorsque les trois amis regardent le ciel étoilé. Simba se remémore alors son père, et par là-même son véritable statut de roi. Ce thème dévoile véritablement le côté majestueux de Simba, que ce dernier veut à tout prix oublier, mais qui est toujours ancré en lui. Lorsque Timon et Pumba se font soudainement poursuivre par Nala, qui voudrait bien les croquer, Zimmer compose un court morceau d'action (absent du CD), qui évolue rapidement vers un passage plus léger et rythmé, illustrant les retrouvailles de Simba avec son ancienne amie Nala (également inédit en disque). Leur amitié devient amour (le thème principal prend une nouvelle tournure, plus profonde et plus légère), et c'est alors qu'est développé la chanson "Can You Feel The Love Tonight", composée par Elton John et interprétée dans le film par Jason Weaver, Rowan Atkinson et Laura Williams, qui sont doublés d'un choeur léger.

Le thème principal revient alors lorsque Nala tente de convaincre Simba d'assumer ses responsabilités et son statut de roi ("Under The Stars"). Ce motif occupe alors, plus que jamais, une fonction de thème royal, qui rappelle à Simba sa véritable nature, son destin. Des choeurs africains et des percussions traditionnelles, qui rappellent l'ouverture du film, soutiennent le retour à l'écran du singe shaman entrevu au début du film. Ce dernier emmène Simba au bord de l'eau : le choeur et les percussions s'emballent et s'accélèrent, tandis que le thème principal est à nouveau développé, très explicitement cette fois-ci, lorsque le reflet de Mufasa apparaît à Simba, et que résonnent dans sa tête la voix de son père : "remember who you are"... Simba prend alors sa décision : assumer son statut de roi et retourner au pays. Le choeur s'emballe une ultime fois, pour souligner la détermination du nouveau roi.

Sur le CD, ces divers passages sont remontés avec des extraits entendus à la fin du film, dans le morceau intitulé "King of Pride Rock", qui fait malheureusement abstraction de la musique illustrant l'affrontement final entre Scar et Simba. Un morceau d'autant plus injustement absent des albums de la BO qu'il reprend, au moment fatidique du combat final, le thème principal avec un rythme soutenu et une orchestration massive dont seul Hans Zimmer a le secret. Sur les images, le résultat est saisissant d'émotion et de justesse, la vengeance prenant une tournure toute particulière, libératrice. Le thème principal, joué à la flûte, revient finalement une dernière fois, plus majestueusement que jamais, lorsque Simba est unanimement reconnu comme le roi légitime de ces terres sauvages laissées à l'abandon pendant ses années d'absence. Une reprise très rythmée et emphatique du thème de "Circle Of Lofe" par le choeur africain, mené par Lebo M, clôt le film de manière triomphale, bouclant ainsi le cycle de la vie, sur l'image du nouveau né issu de l'union de Simba et de Nala. Ce morceau final, qui se réfère au tout début du film, laisse place au générique du film, sur lequel on entend la version de "Can You Feel the Love Tonight" interprétée par Elton John lui-même sur des paroles écrites par Tim Rice (chansons Oscarisées au même titre que les morceaux instrumentaux de Hans Zimmer).

Au vu du résultat, on est tenté de dire que l'Oscar est mérité, tant l'alchimie entre Zimmer et ses différents collaborateur (Elton John pour les chansons, Lebo M. pour les choeurs africains, et Nick Glennie-Smith & Mark Mancina à la musique additionnelle) semble parfaite sur les images. Il s'agit d'une première à plus d'un titre : Hans Zimmer renouvelle parfaitement le genre, en conférant à la musique de film d'animation davantage de profondeur et d'émotion, en évitant au maximum le traditionnel "mickey mousing", qui illustrait jusqu'à présent, très mécaniquement, le mouvement des personnages à l'écran. Il introduit également des thèmes musicaux forts et reconnaissables, qui ne s'effacent pas face aux chansons, quant à elles mieux intégrées au reste de la bande son et au scénario. Enfin, Hans Zimmer prouve définitivement qu'il a un sens tout particulier pour saisir les moments d'émotion cruciaux d'une scène, décrit la justesse d'un sentiment, l'exaltation d'une situation. Si ses précédentes partitions pour le cinéma laissaient déjà deviner ce sens aigu de la mise en musique d'une histoire, aidé d'un feeling qui le guidera presque toujours vers les bonnes pistes, Hans Zimmer confirme avec "Le Roi Lion" que son style, d'une spontanéité particulièrement bien venue, est profitable à n'importe quel genre cinématographique, mais surtout au cinéma d'animation, dont les musiques ont été trop longtemps formatés pour soutenir d'action et le mouvement, et pas assez l'histoire et les sentiments. En ce sens, il s'agit bel et bien d'une oeuvre majeure de la musique de film.

Le principal regret que l'on peut constater est l'absence d'une édition CD digne de cette musique de film. Malgré l'annonce d'une soit-disante édition intégrale en 2003, pour la sortie du film en DVD (qui propose une chanson supplémentaire, "The Morning Report"), aucun morceau instrumental inédit n'est venu à ce jour s'ajouter au maigre menu proposé par le CD officiel édité en 1994. Ce dernier ne propose en effet qu'à peine 17 minutes de score (alors que le film en contient près de 50 minutes), qui sont pour la plupart des montages réalisés pour le CD, sans tenir compte de leur emplacement chronologique dans le film. Seul petit plus: l'édition CD française est la seule à proposer un morceau supplémentaire, comme annoncé plus haut: "Les Hyènes", qui amène alors la quantité de score officiel disponible sur galette numérique à 21 minutes au lieu de 17. Mais hormis ce passage, tous les autres morceaux mouvementés entendus dans le film, et notamment celui, particulièrement fort et violent, de l'affrontement final entre Scar et Simba, ont été passés à la trappe. Un véritable scandale si l'on considère le succès de cette musique (Oscar 1994, tout de même !), le succès du film lui-même, et la renommée mondiale de Hans Zimmer aujourd'hui, considéré comme l'un des compositeurs de musique de film les plus populaires et les plus vendeurs. Doit-on encore attendre un nouvel anniversaire du film (ses 20 ans, en 2014?) pour avoir une édition CD digne de ce chef-d'oeuvre?


---Sylvain Rivaud