1-Giant Blue Head 4.29
2-Tightenville (Hal's Theme) 2.16
3-Bad to the Bone 4.49*
4-Stars and Tights 1.26
5-Crab Nuggets 2.17
6-A Litte Less Conversation
(Junkie XL Remix) 3.32**
7-Mel-On-Cholly 2.32
8-Ollo 3.07
9-Roxanne (Love Theme) 2.36
10-Alone Again Naturally 3.37***
11-Drama Queen 1.47
12-Rejection in the Rain 1.45
13-Lovin' You 3.23+
14-Black Mamba 1.13
15-Game Over 3.22
16-I'm the Bad Guy 2.37
17-Evil Lair 3.29

*Interprété par George Thorogood
and the Destroyers
Ecrit par George Thorogood
**Interprété par Elvis Presley
Ecrit par Billy Strange
et Scott Davis.
***Ecrit et interprété par
Gilbert O'Sullivan
+Interprété par Minnie Riperton
Ecrit par Richard Rudolph
et Minnie Riperton.

Musique  composée par:

Hans Zimmer/Lorne Balfe

Editeur:

Lakeshore Records LKS341992

Direction de la musique:
Sunny Park
Monteurs musique:
Peter "Oso" Snell,
Ramiro Belgardt

Musique additionnelle arrangée par:
Tom Holkenborg,
Stephen Hilton

Services de production musicale:
Steven Kofsky
Préparation de la musique:
Booker White
Consultants musicaux:
Bob Badami, Chris Douridas
Coordination musique:
Roger Tang
Coordinateur score pour Hans Zimmer:
Andrew Zack
Music Clearances:
Julie Butchko
Music Business Affairs:
Dan Butler, Liz McNicoll,
Jennifer Schiller

Producteurs exécutifs de l'album
pour Lakeshore Records:
Skip Williamson, Brian McNelis

Artwork and pictures (c) 2010 Dreamworks Animation L.L.C. All rights reserved.

Note: ***1/2
MEGAMIND
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Hans Zimmer/Lorne Balfe
Nouveau film d’animation 3D produit par DreamWorks et réalisé par Tom McGrath (à qui l‘on doit « Madagascar »), « Megamind » est une caricature loufoque des films de super-héros américains. Le film se déroule dans la ville fictive de Metro City. Le super-vilain nommé Megamind (Will Ferrell) cherche à s’emparer de la ville par tous les moyens. Auto-proclamé génie absolu du mal, Megamind utilise son intelligence et ses plans diaboliques pour combattre son principal rival, Metroman (Brad Pitt), le super-héros de la ville. Rivaux depuis leur plus tendre enfance, Megamind et Metroman s’affrontent régulièrement, mais le super-vilain en ressort toujours perdant, jusqu’au jour où il parvient à piéger Metroman et à l’éliminer. Désormais, toute la ville de Metro City est à la merci de Megamind. Mais ce dernier finit par être démotivé, comprenant tardivement qu’un vrai méchant a besoin d’un héros pour se sentir exister et donner un sens à sa vie. C’est alors que Megamind décide de prendre de l’ADN de Metroman pour l’utiliser sur un cobaye, Hal Stewart (Jonah Hill), l’ami de Roxanne Ritchi (Tina Fey), la célèbre et jolie journaliste de Metro City qui couvre régulièrement les exploits machiavéliques de Megamind. Ce dernier cherche ainsi à créer son propre super-héros qu’il combattra ainsi à loisir et lui permettra de redevenir un vrai super-vilain craint et respecté : Hal Stewart devient ainsi Titan, super-héros invincible et surpuissant. Problème de taille : Titan décide de tourner le dos au bien et de faire plutôt le mal, devenant ainsi le nouveau grand méchant de Metro City. Pour Megamind, les rôles s’inversent alors : il se retrouve désormais obligé de sauver la ville des attaques surpuissantes du machiavélique Titan, et ce avant qu’il ne soit trop tard. « Megamind » s’avère être une jolie réussite, un conte moral satirique sur le bien et le mal, et les frontières – parfois floues – qui séparent ces deux concepts, aussi vieux que le monde.

Le film de Tom McGrath joue ainsi avec tous les codes habituels des films de super-héros, sauf que cette fois-ci, le héros n’est pas celui que l’on croit et que les méchants sont les véritables stars de l’histoire. Les personnages s’avèrent donc assez attachants, tout comme l’histoire, qui mélange adroitement humour satirique et émotion avec brio. Le concept même du méchant en proie à une profonde réflexion métaphysique sur le sens de son existence est un sommet de dérision et de malice scénaristique, offrant au film quelques bonnes idées (la création de Titan calquée sur celle de « Frankenstein », le concept du méchant qui devient le héros de sa propre histoire, etc.). Le personnage de Megamind s’impose ainsi par son charisme groovy et son look 70’s kitsch et décomplexé, tandis que les décors urbains du film rappellent un mélange entre « Astro Boy » et « Superman », auquel le film multiplie les clins d’oeils et les allusions, avec un humour ravageur. C’est d’ailleurs dans la façon dont les personnages évoluent tout au long du récit que « Megamind » tire véritablement son épingle du jeu, nous montrant les multiples facettes d’un même personnage, et ce qu’il s’agisse de Megamind ou de Metroman. Explorant l’envers du décor dans cette trame de lutte entre le bien et le mal, le long-métrage animé de Tom McGrath apporte au final un regard étrangement humain à ses principaux protagonistes, et brouille les pistes avec malice et ironie. Le résultat est tout bonnement réjouissant, un solide festival de gags, de dialogues incisifs et de clins d’oeils en tout genre, avec une bonne dose d’inventivité, de dérision et d’impertinence : c’est aussi l’occasion de voir l’un des meilleurs méchants du cinéma d’animation américain de ces 15 dernières années. Une réussite, donc !

Qui dit production DreamWorks dit inévitablement présence de Hans Zimmer à la musique, le compositeur fondateur du studio Remote Controls signant la partition musicale de « Megamind », aux côtés de Lorne Balfe et de toute une équipe de compositeurs additionnels. La musique de « Megamind » possède une certaine fraîcheur et une énergie qui rappellera inévitablement les récents efforts de Zimmer sur « Magadascar », comme le confirme clairement l’intro du film, « Giant Blue Head », et sa mélodie entraînante qui se partage entre trompette, cithare, guitare, cordes, batterie et choeurs pour notre plus grand plaisir, une ouverture assez dynamique et prenante assez agréable, introduisant le thème de Megamind. Zimmer développe par la suite le sympathique thème de Megamind – sous son aspect encore « inoffensif » au début du film, nous faisant clairement comprendre que le grand méchant du film n’en est pas vraiment un dans le fond – avec quelques brèves touches de mickey-mousing inévitables. « Giant Blue Head » est assez plaisant à écouter dans la manière dont il développe sur plus de 4 minutes le thème sous différentes formules mélodiques/rythmiques/instrumentales avec une jovialité rafraîchissante, qui rappellerait presque les travaux de John Powell. Hal Stewart alias Titan possède lui aussi son propre thème, une mélodie joviale et insouciante entendue dans « Tightenville (Hal’s Theme) », et qui se distingue par son rythme de valse à trois temps, passant d’un instrument à un autre (synthétiseur, basson, cordes, etc.), avec ici aussi ce charme mélodique simple et épuré qui rappelle clairement l’ouverture. Visiblement, Zimmer et Balfe se font plaisir et ça cela s’entend aussi bien dans le film que sur l’album. Autre élément mélodique remarquable : l’utilisation du célèbre refrain instrumental de la chanson rock culte des eighties « Bad to the Bone », utilisée avec ironie dans le film pour le côté cool de Megamind, et repris tout au long du score de Hans Zimmer et Lorne Balfe comme motif d’action secondaire, non sans humour. On retrouve ainsi ce motif de « Bad to the Bone » dans « Stars and Tights », ou aux synthétiseurs dans « Roxanne (Love Theme) », qui introduit le superbe Love Theme pour Megamind et Roxanne, très belle mélodie romantique confiée à une guitare acoustique sur fond de cordes et synthétiseurs aux sonorités un peu fantaisistes et inventives. Le charme mélodique et la fraîcheur du Love Theme possède un côté européen et spontané qui rappelle parfois certaines musiques romantiques du cinéma français/italien des années 60/70, à des années lumières des traditionnels Love Theme hollywoodiens, souvent plus emphatiques et sirupeux. Encore une fois, Zimmer et Balfe s’avèrent très inspirés et nous le démontrent avec brio tout au long de leur partition de « Megamind ».

Dans « Stars and Tights », le duo nous offre un premier morceau d’action aux envolées héroïques grandioses pour Metroman, tandis que le Love Theme de Roxanne et sa très belle guitare acoustique n’est pas loin derrière. « Stars and Tights » dévoile aussi le thème héroïque de Metroman et ses trompettes majestueuses indissociables du super héros dans le film. « Crab Nuggets » reprend d’ailleurs le thème de Metroman avec un même enthousiasme et des orchestrations solides, partagés entre cordes agitées, cuivres triomphants, percussions diverses et synthétiseurs – on retrouve même les fameuses allusions mélodiques à « Bad to the Bone », qui permettent à un morceau comme « Crab Nuggets » de posséder une base rythmique assez reconnaissable, à partir des notes de la chanson-clé du film, une jolie astuce qui renforce aussi l’humour et la dérision du film de Tom McGrath. La mort de Metroman permet ensuite à Zimmer et Balfe de nous offrir le magnifique « Mel-On-Cholly », avec son piano délicat et ses choeurs funèbres sur fond de reprise poignante (mais trop brève) du Love Theme de Roxanne. On retrouve aussi le motif de quatre notes sournois associé à l’esprit machiavélique de Megamind dans « Mel-On-Cholly », un motif plus espiègle que réellement méchant dans le fond, déjà entendu dans « Stars and Tights » et dans plusieurs passages du score. Par la suite, Hans Zimmer et Lorne Balfe accompagnent les états d’âme de Megamind dans le contrasté « Drama Queen », avec sa très belle reprise du thème principal sous une forme plus émotionnelle et nostalgique aux cordes et aux bois, tandis que « Rejection in the Rain » évoquent l’isolement de Megamind avec des cordes plus amères et mélancoliques : la musique suit ainsi le même parcours que le film, car, après l’exubérance de la première partie du film, la musique cède elle aussi le pas aux doutes et à la détresse soudaine de Megamind, qui se rend compte qu’il n’a plus de raison à donner à son existence s’il n’a plus personne à combattre. Heureusement, l’action revient dans « Black Mamba » avec une reprise grandiose du motif de « Bad to the Bone » avec ses choeurs épiques/guerriers démesurés, tandis que la bataille finale contre Titan débute avec le frénétique « Game Over », morceau d’action synthético-orchestral typique de Zimmer et des productions Remote Control habituelles, un style qui culmine finalement dans « I’m the Bad Guy » et « Evil Lair ».

Vous l’aurez donc compris, Hans Zimmer et Lorne Balfe nous propose une excellente partition orchestrale pour le sympathique « Megamind », musique fraîche et inspirée sans être particulièrement originale ou mémorable en soi. Si l’on est bien évidemment ici un cran en dessous du génie d’un John Powell, cela n’en demeure pas moins très réussi dans le film, et aussi bourré d’idées mélodiques intéressantes (les allusions à « Bad to the Bone », le Love Theme très nostalgique et européen d’esprit, etc.). Plus inspiré que celle de « Madagascar », la musique de « Megamind » confirme en tout cas le fait que Hans Zimmer et ses collègues ne sont jamais autant inspirés que lorsqu’ils composent pour un film d’animation !




---Quentin Billard