1-Give Her My Budapest 1.57
2-Light the Fuse 2.01
3-Knife To A Gun Fight 3.42
4-In Russia, Phone Dials You 1.40
5-Kremlin With Anticipation 4.12
6-From Russia With Shove 3.37
7-Ghost Protocol 4.58
8-Railcar Rundown 1.11
9-Hendrick's Manifesto 3.17
10-A Man, A Plan, A Coda, Dubai 2.44
11-Love the Glove 3.44
12-The Express Elevator 2.31
13-Mission Impersonatable 3.55
14-Moreau Trouble
Than She's Worth 6.44
15-Out For A Run 3.54
16-Eye Of The Wistrom 1.05
17-Mood India 4.28
18-Mumbai's The Word 7.14
19-Launch Is On Hendricks 2.22
20-World's Worst Parking Valet 5.03
21-Putting the Miss In Mission 5.19
22-Mission: Impossible Theme
(Out With A Bang Version) 0.53

Musique  composée par:

Michael Giacchino

Editeur:

Varèse Sarabande 302 067 128 2

Album produit par:
Michael Giacchino
Producteurs exécutifs album:
Tom Cruise, J.J. Abrams,
Bryan Burk

Producteur exécutif pour
Varèse Sarabande:
Robert Townson
Direction de la musique
pour Paramount Pictures:
Randy Spendlove

American Federation of Musicians.

Artwork and pictures (c) 2011 Paramount Pictures. All rights reserved.

Note: ***1/2
MISSION: IMPOSSIBLE
GHOST PROTOCOL
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Michael Giacchino
Après un troisième opus de qualité signé J.J. Abrams, c’est au tour de Brad Bird de livrer un quatrième épisode à la franchise « Mission : Impossible ». C’est la première fois que le réalisateur signe un film live, Brad Bird étant surtout connu pour ses long-métrages d’animation (« The Iron Giant » produit par la Warner et « The Incredibles » puis « Ratatouille » pour le studio Pixar). Toujours produit par la Paramount et Bad Robot, le studio de J.J. Abrams crée en 1998, « Mission : Impossible - Ghost Protocol » met en scène la nouvelle équipe d’agents d’Ethan Hunt (Tom Cruise) dans une nouvelle mission périlleuse pour tenter de déjouer une conspiration terroriste russe. Après la mort de l’un des agents de l’unité IMF (Impossible Mission Force) à Budapest, l’équipe d’Ethan Hunt est chargée de récupérer des codes de lancement d’une ogive nucléaire dérobés par la tueuse à gage française Sabine Moreau (Léa Seydoux). Pour cela, Hunt et sa nouvelle équipe doivent se rendre au Kremlin et accéder discrètement aux archives pour récupérer le dossier de Cobalt (Michael Nyqvist), un sinistre terroriste russe qui a engagé Sabine Moreau et qui menace d’utiliser l’arme nucléaire pour déclencher un conflit mondial. Mais la mission tourne à la catastrophe et se termine par l’explosion de la partie nord du Kremlin. L’équipe d’Ethan Hunt est alors accusée d’avoir commis l’attentat et l’agence IMF est entièrement fermée suite à la décision du Président des Etats-Unis de déclencher le « protocole fantôme ». Hunt et ses équipiers sont désavoués et l’agence démantelée. Désormais, Ethan n’a plus qu’une seule solution : réunir une dernière fois son équipe et tenter de retrouver Cobalt afin de mettre un terme à la menace nucléaire et de venger son honneur, tout en sachant qu’il ne recevra ni d’aide ni de moyens du gouvernement américain : désormais, Ethan Hunt et ses agents sont seuls sur le terrain, face à une menace terrifiante, qui les conduira de Moscou à Bombay en passant par Dubai. « Mission : Impossible – Ghost Protocol » est un quatrième opus de qualité dans lequel Tom Cruise crève encore une fois l’écran, multipliant les cascades et les scènes d’action à un rythme effréné (à noter que l’acteur ne s’est quasiment pas fait doubler pour la plupart de ses cascades !). La mise en scène de Brad Bird est très soignée – le tout filmé au format IMAX - maintenant la tension et le suspense du début jusqu’à la fin, tandis que le scénario reste captivant et multiplie sont lot de rebondissements et de péripéties à la manière de la série TV originelle de Bruce Geller. « Ghost Protocol » est peut être d’ailleurs le film qui se rapproche le plus de la série télévisée de par son ambiance de suspense, de technologies ultra sophistiquées et d’infiltration : il s’agit aussi de l’opus le plus réussi de la franchise depuis le premier « Mission : Impossible » de Brian De Palma sorti en 1996. Spectaculaire de bout en bout, ce quatrième opus repousse aussi toujours plus les limites du possible dans des scènes d’action absolument anthologiques, le tout parsemé de bonnes trouvailles (l’écran électronique dans le couloir du Kremlin, l’ascension de l’immeuble avec des gants magnétiques, la bataille dans le garage à voiture automatisé, la poursuite en voiture dans la tempête de sable, etc.) et d’un suspense captivant qui nous maintiendra en haleine jusqu’au dénouement final. Niveau casting, on notera la présence de Simon Pegg qui apporte un certain humour au film, sans oublier l’excellent Jeremy Renner et la délicieuse Paula Patton. Dans le camp des bad guys, on reconnaîtra le suédois Michael Nyqvist, connu pour son rôle dans la saga à succès « Millenium », sans oublier la jolie française Léa Seydoux dans le rôle d’une tueuse à gage froide et déshumanisée. Enfin, le film nous permet de voyager aux quatre coins du monde - Budapest, Moscou, Dubai, Bombay – en multipliant les décors dépaysants avec brio. Une vraie réussite donc, qui prouve aussi qu’il est toujours possible de faire des suites de qualité quand on s’en donne réellement les moyens !

La musique de « Mission : Impossible – Ghost Protocol » a de nouveau été confiée à Michael Giacchino, qui retrouve l’univers de la franchise après une partition plutôt correcte pour le troisième film de J.J. Abrams. Giacchino signe avec « Mission : Impossible – Ghost Protocol » sa troisième partition pour un film de Brad Bird après « The Incredibles » (2004) et « Ratatouille » (2007), soulignant toute la tension incroyable, le rythme intense et l’action de ce quatrième opus en suggérant par la même occasion les différentes ambiances musicales liées aux pays visités par Ethan Hunt et son équipe au cours de leur mission périlleuse. Michael Giacchino utilise une importante formation orchestrale de 90 musiciens – le Hollywood Studio Symphony – agrémenté de quelques solistes et d’un choeur pour les scènes se déroulant à Moscou vers le début du film. C’est aussi l’occasion pour le compositeur de reprendre et développer le célèbre thème musical de Lalo Schifrin qui s’avère être beaucoup plus présent dans cet épisode, Giacchino multipliant d’ailleurs les clins d’œil aux musiques de Schifrin en utilisant quelques éléments instrumentaux et des sonorités proches des musiques de la série TV originelles – notamment dans l’emploi de bongos ou de guitare. Après un premier morceau d’action introductif plutôt soigné (« Give Her My Budapest »), c’est avec plaisir que l’on retrouve le fameux thème incontournable de Lalo Schifrin dans « Light the Fuse » pour le brillant générique de début, dans lequel Giacchino réinterprète la célèbre mélodie avec son lot de cuivres, de bongos et de guitare électrique. Le fun appréciable de « Light the Fuse » résume en quelques minutes l’atmosphère d’action et d’espionnage de « Mission : Impossible – Ghost Protocol », les orchestrations restant, comme toujours chez Giacchino, très soignées et élaborées. De l’action, vous en aurez du début jusqu’à la fin, qu’il s’agisse de « Knife to a Gun Fight » pour la séquence de l’évasion de la prison avec son lot de cordes qui se répondent sur un même motif rythmique entêtant, ou le brillant « Kremlin, With Anticipation » pour la séquence de l’infiltration du Kremlin. Cette scène permet d’ailleurs à Giacchino de nous offrir un brillant thème russe pour choeur et orchestre, écrit à la manière des chants traditionnels soviétiques des choeurs de l’armée rouge. Le choeur russe grandiose de « Kremlin, With Anticipation » reviendra à quelques reprises durant cette longue séquence intense, Giacchino variant ainsi les ambiances à loisir en saisissant l’occasion de rafraîchir la musique par le biais de touches ethniques bien choisies – atmosphères russes, mais aussi orientales et indiennes pour la dernière partie du film. Autre élément appréciable : une suite de développements bien choisis du thème de Schifrin et du fameux « The Plot », entendu dans « In Russia, Phone Dials You » lorsqu’Ethan Hunt reçoit le descriptif habituel de sa nouvelle mission. A noter ici l’emploi remarquable des bongos et de la guitare pour souligner l’ambiance d’espionnage rétro habituelle de « Mission : Impossible » héritée des sixties - un peu comme Giacchino le fit récemment dans « Cars 2 ». Visiblement, le compositeur se fait bien plaisir dans ces passages d’espionnage, et cela fait plaisir à entendre, dans le film comme sur l’album publié par Varèse Sarabande.

L’action et la tension restent de mise, comme le rappelle le déchaînement orchestral intense de « From Russia With Shove » (on retrouve les touches d’humour habituelles de Giacchino dans les titres de certaines pistes de l’album), superbe morceau d’action illustrant l’évasion spectaculaire du Kremlin. L’atmosphère devient plus sombre et urgente dans « Ghost Protocol » où les cordes et les cuivres deviennent plus agressifs, dans un style qui rappelle clairement le travail de Giacchino sur « Mission : Impossible III ». On appréciera aussi l’emploi des bois qui ponctuent le morceau tandis que les percussions maintiennent la tension lors de la scène de l’attaque surprise sur la voiture du ministre. On retrouve d’ailleurs le classicisme d’écriture cher à Michael Giacchino dans un morceau comme « Railcar Rundown », tandis que « Hendrick’s Manifesto » dévoile la facette plus atonale/dissonante du compositeur pour un morceau associé à Hendrick/Cobalt, le grand méchant du film. Le compositeur suggère ici la menace représentée par Cobalt en utilisant quelques clusters graves du piano et des cordes sombres et latentes. Changement de décor dans « A Man, A Plan, A Coda, Dubai » dans lequel Giacchino dévoile un nouveau thème associé à Dubai dans le film, thème oriental et majestueux pour l’arrivée d’Ethan Hunt et son équipe à Dubai. A noter l’emploi de la batterie, qui reste très présente tout au long du film et ponctue efficacement certains morceaux d’action/espionnage de la partition. On notera aussi la façon judicieuse avec laquelle Giacchino réutilise parfois certains éléments du thème de Lalo Schifrin, qu’il s’agisse du fameux ostinato rythmique de piano ou des bongos pour rappeler – parfois de façon subtile - l’identité musicale de « Mission : Impossible ». Quand aux connaisseurs de la musique de « Mission : Impossible III », ils reconnaîtront même dans « Love the Glove » un motif rythmique déjà entendu dans le précédent score de Michael Giacchino (à partir de 2:00). L’arrivée à Bombay permet aussi à Giacchino d’expérimenter quelques touches ethniques/indiennes savoureuses bien qu’un brin stéréotypées, comme la reprise du thème de Lalo Schifrin dans « Mood India » avec son lot de percussions, flûte et sitar indienne sur fond de rythmes électroniques et de guitares électriques plus modernes. Giacchino verse même dans la musique de Bollywood avec « Mumbai’s the Word » qui rappelle les travaux de A.R. Rahman et ses collègues pour les grosses productions du cinéma indien contemporain.

Le suspense et l’action restent les mots clés de la partition de « Mission : Impossible – Ghost Protocol » dans l’intense « The Express Elevator » et son utilisation remarquable des percussions, sans oublier la bagarre avec Moreau dans « Moreau Trouble Than She’s Worth » et son rythme trépidant de batterie/bongos et de cuivres musclés, tout comme la poursuite en voiture dans la tempête de sable (« Out for a Run »). L’action culmine lors de l’affrontement final, qu’il s’agisse de « Launch Is On Hendricks » ou de l’intense bagarre dans le parking (« World’s Worst Parking Valet »). Enfin, on retrouve un autre clin d’oeil à « Mission : Impossible III » dans « Putting the Miss in Mission » avec le retour du Love Theme associé à Julia (Michelle Monaghan) à la fin du film. Giacchino se fait plaisir en reprenant une dernière fois le thème de Schifrin dans « Mission : Impossible Theme (Out With A Bang Version »), un peu comme il le fit à la fin du troisième épisode de J.J. Abrams. Vous l’aurez certainement compris, « Mission : Impossible – Ghost Protocol » est une nouvelle partition de qualité de la part de Michael Giacchino, qui se montre décidément très à l’aise dans l’univers musical de « Mission : Impossible » et s’affirme clairement en digne successeur de Lalo Schifrin, même si le travail somme toute assez classique de Giacchino n’a rien de bien original en soi et reste un cran en dessous de la formidable partition de Danny Elfman pour le premier film de 1996. Qu’importe, le résultat est somme toute impeccable à l’écran, servi par le professionnalisme et le savoir-faire de l’un des meilleurs compositeurs américains officiant à l’heure actuelle à Hollywood, car, que l’on ne s’y trompe pas, la musique de Michael Giacchino pour « Mission : Impossible – Ghost Protocol » est une nouvelle démonstration de force de la part d’un musicien inspiré, nous offrant une partition d’action intense et fun, parsemée d’allusions à Lalo Schifrin et de nombreuses touches musicales d’espionnage/infiltration bien plus présentes que dans « Mission Impossible III ». Le résultat, bien que prévisible et sans surprise (en dehors de la musique d’ambiance à la Bollywood et du choeur russe), reste parfaitement adapté au film de Brad Bird et souligne l’incroyable suspense et l’action intense du récit avec une conviction inébranlable et un savoir-faire évident. Michael Giacchino se fait plaisir et cela s’entend : dommage que la partition manque juste d’un nouveau thème fédérateur, en dehors du thème de Lalo Schifrin : Giacchino nous avait pourtant offert un nouveau thème plutôt réussi dans « Mission : Impossible III », tandis que la musique de « Ghost Protocol » déçoit un peu par son absence de nouveauté d’un point de vue thématique. Bilan final plutôt positif malgré tout pour la nouvelle partition musicale de Michael Giacchino, confirmant la bonne tenue musicale de la franchise depuis le premier score de Danny Elfman jusqu’aux dernières partitions de Giacchino. Vivement la suite, si suite il y a !




---Quentin Billard