1-Crouching Tiger,
Hidden Dragon 3.24*
2-The Eternal Vow 3.01*
3-A Wedding Interrupted 2.16
4-Night Fight 3.10
5-Silk Road 3.08*
6-To The South 2.21
7-Through the Bamboo Forest 4.23
8-The Encounter 2.40
9-Desert Capriccio 4.33*
10-In The Old Temple 3.46
11-Yearning Of The Sword 3.34*
12-Sorrow 4.02
13-Farewell 2.25*
14-A Love Before Time
(English Version) 3.45**
15-A Love Before Time
(Mandarin Version) 3.38**

*Violoncelle solo de Yo-Yo Ma
**Interprété par CoCo Lee
Violoncelle solo de Yo-Yo Ma
Musique de Jorge Calandrelli
et Tan Dun
Paroles de James Schamus
Version mandarin de Kevin Yi
Produit par Jorge Calandrelli
Producteur exécutif : Laraine Perri
Arrangé et conduit par
Jorge Calandrelli.

Musique  composée par:

Tan Dun

Editeur:

Sony Classical SK 89347

Produit par:
Steven Epstein, Tan Dun
Superviseur technique:
Mark Betts
Managers de production:
Emmy Tu, Zhao Pei Wen
Management produit:
Stacie Negas
Managers A&R:
Mia Bongiovanni, Peter Cho
Management pour CoCo Lee:
Jason Morey
(MMG).

Artwork and pictures (c) 2000 United China Vision Incorporated. All rights reserved.

Note: ***1/2
CROUCHING TIGER,
HIDDEN DRAGON
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Tan Dun
« Crouching Tiger, Hidden Dragon » (Tigre et Dragon) reste à ce jour l’un des plus grands succès cinématographique du cinéaste taiwanais Ang Lee. Sorti en 2000, le film s’inspire d’un roman éponyme de l’écrivain chinois Wang Dulu paru à Hong Kong dans les années 40, roman extrait d’un cycle de cinq ouvrages baptisés « la pentalogie de la grue d’acier » - c’est d’ailleurs le quatrième roman qui a été adapté au cinéma par Ang Lee – « Crouching Tiger, Hidden Dragon » remporta un succès incroyable et remit au goût du jour le genre du wu xia pian traditionnel (film de sabre chinois), un genre très populaire en Chine dans les années 60 mais que le public occidental connaissait très peu, jusqu’à ce que le film d’Ang Lee dépoussière le genre et s’impose de manière triomphante dans le monde entier. Le succès du film, récompensé par 6 Oscars en 2000, permettra même de lancer une série d’autres films asiatiques similaires parmi lesquels « Hero », « Le secret des poignards volants » ou « Wu-Ji, la légende des cavaliers du vent ». Tous ces films ont un commun un même sens du spectacle, des chorégraphie extraordinaires où les combats de sabre cohabitent avec des cascades surréalistes, une esthétique poétique typiquement asiatique, des costumes traditionnels et des décors grandioses. Tous ces éléments furent ainsi réunis dans « Crouching Tiger, Hidden Dragon », dont le scénario nous transporte dans la Chine du début du 18ème siècle. Li Mu Bai (Chow Yun-Fat) est un guerrier spécialiste des arts martiaux las des combats, qui aspire désormais à plus de paix dans son existence. Il décide alors de confier son épée légendaire « Destinée » à Yu Shu Lien (Michelle Yeoh), une vieille amie avec qui il vécut de nombreuses aventures il y a bien longtemps, et à qui il n’a jamais osé avouer son amour. Yu Shu Lien se charge alors de déposer l’épée Destinée au seigneur Te (Shiung Lung). C’est alors qu’elle fait la connaissance de la jeune Jiao Long (Zhang Ziyi), la fille du gouverneur Yu qui doit se marier sous peu avec un homme qu’elle n’aime pas, mais qui aspire en réalité à une vie libre comme celle de Shu Lien. Peu de temps après, la précieuse épée magique est dérobée en pleine nuit. Li Mu Bai se joint alors Shu Lien pour retrouver l’épée et traquer le mystérieux voleur. C’est alors que le guerrier apprend que Jade la Hyène (Cheng Pei-pei), la meurtrière de son ancien maître, se trouve à Pékin et que la criminelle est déjà poursuivie par l’inspecteur Tsai et sa fille May. C’est au cours d’un combat contre Jade la Hyène que surgit alors l’élève de la meurtrière, qui n’est autre que le voleur de l’épée : mais ce que Shu Lien et Li Mu Bai ignorent encore, c’est que le voleur n’est autre que la jeune Jiao Long, qui s’est associée à la sinistre Jade la Hyène pour commettre ses méfaits et vivre une vie d’aventurière dont elle a toujours rêvé. « Crouching Tiger, Hidden Dragon » s’impose très vite par la beauté de ses décors, ses chorégraphies de combat qui défient les lois de l’apesanteur, et ces moments de pure poésie visuelle qui doivent beaucoup à la photographie remarquable de Peter Pau. Malheureusement, le film est constamment gâché par un scénario trop brouillon, une trop grande abondance de personnages et de sous-intrigues qui finissent par ruiner tous les efforts du réalisateur : le film part dans tous les sens, et le fait même de tenter de résumer le synopsis en quelques phrases relève de la pure gageure, tant le scénario reste trop complexe et trop dense pour pouvoir susciter l’intérêt. « Crouching Tiger, Hidden Dragon » est aussi bien trop long, car en dehors de certaines scènes d’action époustouflantes et virtuoses – assurées par les chorégraphies splendides de Yuen Woo-ping – le film est bourré de longueurs et reste inégal, desservi par un scénario trop alambiqué et peu convaincant. Grâce à ses effets spéciaux de qualité, ses chorégraphies de combat hallucinantes et son sens du spectacle, « Crouching Tiger, Hidden Dragon » parvient néanmoins à s’imposer comme la référence incontournable du film de sabre chinois moderne – et ce malgré un rés
ultat tout simplement inégal et parfois assez frustrant.

Le film d’Ang Lee doit beaucoup à la partition symphonique du compositeur chinois Tan Dun, récompensée en 2000 par l’Oscar de la meilleure musique de film. Confiée à l’orchestre symphonique de Shanghai, la partition de « Crouching Tiger, Hidden Dragon » est portée par les notes mélancoliques et lyriques du célèbre violoncelliste Yo-Yo Ma, qui a déjà prêté ses notes gracieuses et élégantes à des partitions de John Williams pour « Seven Years in Tibet » ou « Memoirs of a Geisha », sans oublier sa participation à la musique du film « Master and Commander : The Far Side of the World ». Tan Dun utilise en plus de l’orchestre et du violoncelle quelques instruments solistes aux consonances asiatiques tels que le traditionnel erhu chinois, le bawu et le dizi (deux instruments à vent chinois en bambou), le rawap (sorte de luth à manche long chinois) sans oublier quelques percussions ethniques supplémentaires, et même quelques sonorités électroniques discrètes. Le score de « Crouching Tiger, Hidden Dragon » débute dans le film au son du violoncelle mélancolique et mystérieux de Yo-Yo Ma dans la première piste de l’album. Les percussions, les cordes, le rawap et la flûte en bambou rejoignent le violoncelle soliste afin de créer une atmosphère à la fois contemplative, mélancolique et résolument asiatique. On appréciera ici le jeu riche et passionnant de Yo-Yo Ma, qui apporte une vraie personnalité à la musique de Tan Dun et aux images du film d’Ang Lee. La seconde partie de « Crouching Tiger, Hidden Dragon » met en avant le reste de l’orchestre de Shangaï avec les solistes aux consonances ethniques/asiatiques typiques des musiques traditionnelles de wu xia pian chinois. « The Ethernal Vow » prolonge cette exploration des sonorités asiatiques en développant le thème principal du score, le Love Theme, confié au violoncelle sur fond de percussion ethnique et de rawap. Le thème, très présent tout au long du film, évoque l’idée d’une quête spirituelle tout en apportant un caractère dramatique et méditatif à la musique du film. Le thème illustre aussi dans le film la romance (inavouée) entre Li Mu Bai et Yu Shu Lien. Ici aussi, les notes lyriques du violoncelle soliste apportent une sensibilité poignante à la partition de Tan Dun, et contribuent très largement au succès de cette musique justement récompensée en 2000 par l’Oscar de la meilleure musique de film. Le compositeur a d’ailleurs écrit sa partition quasiment à la manière d’un grand concerto pour violoncelle et orchestre.

L’action se dévoile dans l’agressif « A Wedding Interrupted », accompagnant une première scène de combat du film à grand renfort de cuivres, bois, cordes, harpe et percussions – à noter l’utilisation de la flûte alto dans les bois – le tout servi par des orchestrations riches et soignées. Tan Dun accompagne ensuite la scène de l’affrontement nocturne avec le voleur de l’épée Destinée dans « Night Fight » : si les solistes restent très présents, ce sont surtout les différentes percussions ethniques/asiatiques qui dominent ici, notamment dans l’emploi de tambours et de percussions boisées qui renforcent le caractère guerrier de la séquence et accompagnent les chorégraphies de combat assurées par Yuen Woo-ping à la manière d’un ballet traditionnel chinois – les percussions sont d’ailleurs synchronisées avec le rythme des combats, d’où l’accélération rythmique des tambours à la fin de « Night Fight », lorsque le combat se prolonge sur les toits et se terminent à l’extérieur du bâtiment. Tan Dun n’hésite pas à explorer à plusieurs reprises la musique traditionnelle chinoise pour l’ambiance du film d’Ang Lee comme dans le très beau duo pour dizi et tambours dans « Silk Road ». Tan Dan s’évertue néanmoins à mélanger influences occidentales et orientales dans sa partition pour un métissage musical assez riche et élaboré. Un morceau d’action/aventure comme « To The South » est assez représentatif de ce mélange voulu par le compositeur, où cohabitent l’orchestre symphonique habituel et les instruments solistes ethniques. Même chose pour « Through the Bamboo Forest » avec sa mélodie de flûte sur fond de cordes/harpe aux consonances mystérieuses. L’action est davantage présent dans « The Encounter » avec ses percussions et ses sonorités asiatiques traditionnelles du rawap sur fond de cordes, sans oublier l’excellent « Desert Capriccio », pour la scène (très longue) du flashback dans le désert, avec le personnage de Zhang Ziyi. Le violoncelle de Yo-Yo Ma est de retour, avec ses notes quasi improvisées sur fond de tambour ethnique. « Desert Capriccio » est d’ailleurs écrit à la manière d’une véritable pièce de concert, qui peut aussi bien s’écouter librement avec ou sans les images du film : le duo violoncelle/tambour fonctionne ici pleinement et séduit par son côté immersif, répétitif et résolument oriental.

« In The Old Temple » reprend le deuxième thème de la partition, associé dans le film à la jeune Jiao Long, thème déjà introduit dans « Through the Bamboo Forest » et « Desert Capriccio ». Il évoque le passé agité de la jeune femme et son envie de changer d’existence et de partir à l’aventure. Tan Dun confère à sa mélodie une certaine intimité subtile dans « In The Old Temple », contrebalancé ici par les rythmes plus pressants des cordes, des bois et des petites percussions. Le thème de Jiao est à nouveau dominé ici par la sonorité chaude de la flûte alto associée au personnage de Zhang Ziyi tout au long du film, tandis que « Yearning of the Sword » développe les sonorités caractéristiques du violon erhu brillamment interprété par Ma Xiao Hui (l’erhu est l’instrument incontournable des films de sabre chinois modernes) et du violoncelle de Yo-Yo Ma, qui apportent un lyrisme doux, méditatif et mélancolique à la partition de « Crouching Tiger, Hidden Dragon ». « Sorrow » développe quelques rythmes d’action pour la confrontation finale contre Jade la Hyène, avec quelques percussions, des cordes sombres et des cuivres, la première partie de « Sorrow » étant traversée de quelques vagues dissonances furtives. Ici aussi, la flûte alto de Jiao Long est présente, accompagnant son thème intime et mélancolique toujours aussi présent à l’écran. A noter ici l’utilisation réussie de sonorités cristallines et mystérieuses de waterphone, qui apporte à cette scène d’affrontement final dans la grotte une atmosphère quasi mystique et étrange tout en demeurant assez discret. Le thème principal pour Li Mu Bai et Yu Shu Lien revient dans « Farewell » de manière poignante, avec le violoncelle soliste accompagné des tambours et de l’erhu avec l’orchestre. Le morceau marque les adieux des deux amants qui n’ont jamais eu l’occasion de s’avouer plus tôt leurs sentiments, Tan Dun évitant de sombrer dans les envolées mélodramatiques en conservant une approche concertante remarquable qui apporte une vraie personnalité à la partition de « Crouching Tiger, Hidden Dragon ». Le générique de fin est accompagné par la chanson originale « A Love Before Time » écrite par Tun Dun et Jorge Calandrelli, qui développe le très beau thème principal à travers l’interprétation remarquable de la star chinoise CoCo Lee, surnommée par les médias « la diva asiatique de la pop ». Partition mélancolique, méditative et parfois même guerrière, la musique de « Crouching Tiger, Hidden Dragon » apporte une ambiance particulière au film d’Ang Lee, même si le score reste bien en dessous de ce que Tan Dun a fait par la suite, et notamment dans la musique plus ambitieuse du film « Hero ». « Crouching Tiger, Hidden Dragon » est une partition envoûtante, lyrique et contemplative traversée de sonorités asiatiques et d’une utilisation remarquable des solistes, qui doit beaucoup à l’interprétation remarquable de Yo-Yo Ma, un score tout à fait représentatif de la tradition musicale des films de sabre chinois, à réserver en priorité aux inconditionnels du genre !



---Quentin Billard