1-Opening Titles 2.53
2-Arrival of the Birds 2.38
3-The Dance 3.21
4-Soda 3.11
5-Hatching 5.12
6-Marabou 3.56
7-Exodus 7.17
8-Transformation 5.16
9-Hyena 1.49
10-Life of the Bird 3.33
11-First Light 4.06
12-Crimson Skies
(feat. Lou Rhodes) 3.24

Musique  composée par:

The Cinematic Orchestra

Editeur:

Walt Disney Records
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Produit par:
The Cinematic Orchestra
Score produit par:
The Cinematic Orchestra,
Teese Gohl, Stephen McLaughlin

Programmation de:
Felix Erskine
Musique supervisée par:
Ian Neil
Coordinateur production score:
Elisa Kustow
Préparation musique:
Jessica Dannheisser
Direction de la musique pour
The Walt Disney Studios Motion
Picture Production:
Mitchell Leib
Producteur exécutif de l'album:
Leander Ward

Artwork and pictures (c) 2008 Disney Enterprises Inc. All rights reserved.

Note: ***1/2
THE CRIMSON WING :
MYSTERY OF THE FLAMINGOS
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by The Cinematic Orchestra
« The Crimson Wing : Mystery of the Flamingos » (Les Ailes pourpres : le mystère des flamants) est le premier documentaire animalier produit par Disneynature, un label des studios Walt Disney crée en 2008 pour tenter de surfer sur la vague de succès de certains documentaires animaliers récents comme « La Marche de l’empereur ». Réalisé par Matthew Aeberhard et Leander Ward, « The Crimson Wing » s’intéresse ainsi aux flamants roses, une race d’oiseau fascinants mais dont on parle peu. Le film débute dans le désert Tanzanien et y suit le parcours de milliers de flamants, de la naissance à la mort. « The Crimson Wing » se propose ainsi d’aborder le mystère lié à ces oiseaux méconnus et pourtant tellement incroyables, en filmant un environnement naturel et sauvage quasiment jamais vu au cinéma. L’histoire des flamants débute ainsi dans le lac Natron au nord de la Tanzanie, un univers extraordinaire mais plein de dangers : dès la naissance, les oiseaux sont confrontés à un environnement aride et sauvage où la survie du groupe est le maître mot. Le film s’attache à évoquer la reproduction de l’espèce et les habitudes des parents et de leurs petits, tout en rappelant que la nature peut être tout aussi belle qu’incroyablement dangereuse. Bouleversant, « The Crimson Wing » l’est assurément et le film s’avère être parfois très dur et résolument tragique (les bébés flamants piégés par les blocs de sel, traqués par les prédateurs, etc.), chose plutôt rare pour une production Disney. Les réalisateurs respectent ainsi leur public (et leur sujet) en conservant un caractère réaliste indispensable au style du documentaire animalier. Evidemment, les images sont d’une beauté à couper le souffle : rarement aura-t-on vu une population d’oiseaux filmés avec une telle maestria dans un documentaire animalier de cette envergure, avec un message fort sur l’incroyable beauté de la nature et la vie parfois difficile des animaux dans les milieux les plus inhospitaliers : « The Crimson Wing » aborde ainsi les thèmes du sacrifice et de la lutte pour la survie en évoquant le destin de ces flamants roses magnifiques mais injustement méconnus. Le film évoque aussi les mystérieuses habitudes de l’espèce et leur quotidien mouvementé, entre les dangers du désert et la menace constante des prédateurs (ici, les marabouts d’Afrique et les hyènes). Difficile de ne pas se laisser entraîner par cette incroyable invitation au voyage et à la découverte, un film poétique et bouleversant d’une rare beauté, qui reste à ce jour l’une des plus belles réussites du documentaire animalier !

« The Crimson Wing » doit beaucoup à la partition lyrique et poétique de The Cinematic Orchestra, un groupe britannique de jazz/down-tempo crée par Jason Swinscoe en 1999, sous le label anglais Ninja Tune. Le groupe est constitué de Jason Swinscoe aux orchestrations et aux samples, Luke Flowers aux percussions et à la batterie, Phil France à la basse/contrebasse, John Ellis aux claviers, Tom Chant au saxophone et Alex James au piano acoustique/électrique et à la flûte traversière. Pour les besoins de la partition de « The Crimson Wing », Jason Swinscoe et ses collègues musiciens ont utilisé les ressources habituelles d’un grand orchestre symphonique, le prestigieux London Metropolitan Orchestra, accompagné de quelques solistes dont une clarinette, un piano, des guitares et des percussions. Le film débute au son du très beau « Opening Titles » porté par des arpèges de guitare, un violoncelle, un piano et des cordes lyriques et aériennes. La poésie et le lyrisme qui règne dans la musique de The Cinematic Orchestra est largement présente dans le magnifique « Arrival of the Bird », morceau-clé de la partition de « The Crimson Wing » rendu populaire grâce à son utilisation dans la publicité du parfum « Aqua Di Giogia » de Giorgio Armani. Le morceau est dominé par une envolée de cordes majestueuse et poignante sur fond d’arpèges de piano/guitare évoquant l’arrivée des flamants roses au début du film. Ici aussi, comme pour le « Opening Titles », la musique évoque la majestuosité et la grâce des oiseaux et la beauté des décors et des images du documentaire. Dans « The Dance », Swinscoe et ses collègues rythment une scène du quotidien des flamants en utilisant une série de petites percussions diverses, tambours, claviers, marimba, guitares et cordes pour parvenir à leurs fins. Les orchestrations s’avèrent être très inventives, avec une série de sonorités ethniques/exotiques remarquables et jamais stéréotypées. « The Dance » contrebalance la poésie contemplative et poignante de l’ouverture et de l’arrivée des oiseaux avec un rythme plus prenant et dynamique, soutenu par des orchestrations inventives et une écriture fourmillant de détails instrumentaux, qui apportent une vraie énergie aux images du film.

Dans « Soda », The Cinematic Orchestra utilise un célesta solitaire sur fond de cordes et de claviers à la manière d’une berceuse mélancolique, pour évoquer la naissance des bébés flamants dans le film. On retrouve ici les harmonies touchantes de l’ouverture et de « Arrival of the Birds », avec toujours ce même sentiment de douce mélancolie contemplative et émouvante, d’une poésie indéniable à l’écran. « Hatching » prolonge cette émotion subtile et poétique avec une utilisation très réussie et gracieuse du piano et des cordes. Les musiciens de The Cinematic Orchestra ajoutent ici quelques bois et une guitare pour accompagner la scène des oeufs et des nouveaux-nés à l’aide d’un joli mélange de flûte/hautbois/guitare acoustique/célesta plus intime et chaleureux. Ici aussi, il règne une émotion palpable à chaque mesure de la partition, accentuant la beauté visuelle du documentaire de Matthew Aeberhard et Leander Ward. Mais la musique change radicalement d’ambiance avec « Marabou », pour l’arrivée des marabouts d’Afrique qui menacent la sécurité des flamants – et surtout des plus jeunes et des plus fragiles. Swinscoe et ses camarades développent ici des orchestrations plus compactes en privilégiant le registre grave avec une inventivité constante : pizzicati entêtants de cordes, clarinette basse menaçante, cuivres en sourdine, petites percussions diverses, harpe, etc. « Marabou » accentue clairement le drame et la tension sans jamais en faire de trop. Pas d’envolée dramatique et/ou agressive ici, mais à contrario une approche mélodique constante et une instrumentation toujours très riche et inventive, privilégiant cette fois-ci les timbres particuliers de la clarinette basse, qui multiplie les effets à loisir (trilles, harmoniques, etc.) pour évoquer la menace des charognards. « Hyena » fonctionne d’ailleurs sur un registre similaire, avec des cordes/percussions plus pressantes et quelques sonorités plus sombres. La musique reprend son ton poétique et chaleureux dans le long et intense « Exodus » qui évoque l’exode difficile des flamants à la recherche de terres plus hospitalières.

Même chose pour « Transformation », dans lequel The Cinematic Orchestra évoque l’idée de la vie qui reprend le dessus avec ses arpèges émouvants de piano/guitare et ses cordes lyriques et poétiques. Les musiciens développent ici le très beau thème majestueux des flamants entendu dans « Arrival of the Birds » avec ses cordes et ses arpèges simulant le battement des ailes et l’envol des oiseaux. « Transformation » reste d’ailleurs l’un des plus beaux morceaux de la bande originale de « The Crimson Wing » après « Arrival of the Bird », une musique riche, généreuse et inspirée, où règne un lyrisme et une émotion constante. The Cinematic Orchestra nous livre donc une magnifique partition orchestrale d’une beauté douce et enivrante pour « The Crimson Wing ». A la beauté spectaculaire et poignante des images du film, les musiciens du groupe de Jason Swinscoe répondent par une partition émouvante, tour à tour intime, inventive, chaleureuse, sombre et rythmée, qui apporte un lyrisme évident aux images tout en rythmant l’aventure extraordinaire des flamants rose avec une poésie et une inspiration constante. Une très belle partition en somme, à découvrir en même temps que le très beau film produit par Disneynature !



---Quentin Billard