1-Opening Titles/Shark Night 3D 3.00
2-First Attack 0.46
3-Sara On Treadmill 1.24
4-Malik Injured 2.17
5-Nick Searches 1.49
6-Taking Malik To Hospital 2.31
7-Blake Freaks Out 1.36
8-Sara's Story 2.46
9-5 Minutes To Showtime 2.08
10-Gordon Attacked 2.28
11-Shark Cam 0.48
12-Beth Goes In 1.04
13-Blake Races 1.45
14-Blake Attacked 0.42
15-Reality TV 0.23
16-Sara Fools Dennis 1.38
17-Sheriff Burned 1.03
18-Nick and Dennis Fight 3.11
19-Everything's Fine 1.23

Musique  composée par:

Graeme Revell

Editeur:

Cutting Edge CE008

Musique additionnelle de:
Dieter Hartmann
Stock Music:
Tim Williams
Mixage score:
Mark Curry

Artwork and pictures (c) 2011 Incentive Filmed Entertainment. All rights reserved.

Note: *1/2
SHARK NIGHT 3D
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Graeme Revell
Depuis le succès du « Jaws » de Spielberg sorti en 1975, les requins sont devenus au fil des années les nouvelles stars du cinéma d’épouvante hollywoodien : le film de Spielberg a d’ailleurs donné naissance à toute une série d’ersatz de qualité variable – sans oublier les variantes animalières avec les crocodiles ou les serpents – « Shark Night 3D » s’inscrit ainsi dans la continuité des films de requin en évoquant cette fois-ci la descente aux enfers d’un groupe d’ados piégés dans un lac par une bande requins. Réalisé par David R. Ellis (« Cellular », « Snakes on a Plane », « Final Destination 4 »), « Shark Night 3D » débute avec le départ d’une bande de jeunes pour une maison de vacances au bord d’un lac salé en Louisiane, près du lac Pontchartrain. La maison appartient à Sara (Sara Paxton), jeune lycéenne discrète née d’une famille aisée, et qui espère passer de bonnes vacances avec ses compagnons. Mais les vacances tournent au cauchemar alors que, pour une raison inexpliquée, des requins d’espèces différentes attaquent les jeunes dans le lac, et commencent à les dévorer un par un. Ce que les étudiants ignorent en réalité, c’est que les requins ont été amenés là par un groupe d’individus sans scrupules qui cherchent à gagner de l’argent en filmant les attaques sanguinaires des requins sur les jeunes pour participer à une émission de téléréalité sur les attaques de requin. Avec un scénario pareil, on se doute bien évidemment que « Shark Night 3D » tient plus de la série-B horrifique ringarde que du véritable hommage à « Jaws ». Le résultat est d’ailleurs assez catastrophique : entièrement tourné en 3D, le film est d’une médiocrité rare : les acteurs n’y croient pas vraiment, le scénario est d’une pauvreté affligeante, les requins – entièrement réalisés en images de synthèse – sont nuls, et les scènes d’attaque sont d’une mollesse rare : les amateurs de gore risquent fort de s’ennuyer, car, à part faire des mares de sang dans l’eau lors des attaques, le film n’offre aucun frisson particulier ni même aucune scène gore particulière. Visuellement, malgré l’utilisation du relief 3D lors des scènes d’attaque, le film est d’une pauvreté incroyable, et le twist concernant les trois rednecks qui utilisent en réalité les requins pour massacrer les jeunes est d’une nullité incroyable ! Au final, « Shark Night 3D » est un nanar ennuyeux et même pas distrayant, un vrai ratage qui confirme encore une fois que « Jaws » reste la référence inégalable dans le genre du film de requin !

Cela faisait un moment que Graeme Revell n’avait plus fait grand chose pour le cinéma. Son dernière participation à un film reste « Street Kings » en 2008, suivi en 2010 de deux projets mineurs : « Kites : the Remix », version U.S. d’un film Bollywood, et un obscur direct-to-video « The Experiment » de Paul Scheuring. « Shark Night 3D » est d’ailleurs l’unique musique de film écrite par Graeme Revell en 2011, et le résultat est malheureusement à des années lumière du potentiel du compositeur. Dès le début du film, Revell pose le ton « teen movie » du film de David R. Ellis en convoquant l’ensemble habituel de rythmes électros modernes, batterie, basse et guitares électriques rock/metal pour le générique de début (« Opening Titles ») : difficile de faire plus tendance et « branché », même si le résultat, banal au demeurant, est tout de même assez réussi, et rappelle parfois Brian Tyler. Ici, point de mélodie ou de thème à l’horizon : la musique privilégie avant tout l’ambiance et le suspense comme à l’accoutumée, au détriment de toute partie mélodique en dehors de quelques passages plus mineurs. Dans « First Attack », Revell évoque la première attaque des requins au début du film à grand renfort de percussions synthétiques meurtrières et d’orchestre samplé – notamment dans les cuivres. Le résultat, toujours aussi banal, peine à convaincre pleinement, tant la musique semble irrémédiablement estampillée « musique de série-B horrifique à budget modeste ». Revell se laisse aller à quelques rythmes électros modernes sympas et typiquement « teenage movie » dans « Sara On Treadmill », mais ces passages sont très vite noyés sous des tonnes de plages horrifiques à suspense comme « Malik Injured », « Nick Searches » ou bien encore « Taking Malik To Hospital ». On notera dans ces morceaux l’emploi répété de cordes dissonantes/stridentes héritées d’anciens scores horrifiques de Graeme Revell – on pense plus particulièrement ici à « The Fog » et « Freddy Vs. Jason », dont le compositeur semble s’être manifestement inspiré pour certains passages musicaux de « Shark Night 3D ».

L’orchestre reste très présent tout au long du score, mais le fait qu’il soit constamment noyé sous des tonnes d’effets synthétiques et autres percussions électroniques agressives l’empêche d’obtenir une réelle ampleur à l’écran. Au lieu de cela, on doit souvent se contenter de sforzando dissonants de cuivres ou de cordes stridentes agitées : les orchestrations sont pâteuses et monotones, et l’emploi des percussions synthétiques achève de rendre le tout résolument ‘cheap’ bien avant l’heure : les amateurs de « Freddy Vs. Jason » reconnaîtront même des sonorités similaires à la fin de « Beth Goes In » ou dans « Black Races », morceau dans lequel le compositeur cite explicitement un bref passage de « Freddy Vs. Jason » à 1:22. L’ensemble du score est, à l’image du film, une longue série de déchaînements orchestraux illustrant les attaques successives des requins, comme « Blake Freaks Out », « 5 Minutes To Showtime » ou bien encore « Gordon Attacked ». Hélas, les banques de sons utilisées par Graeme Revell montrent très vite leurs limites dans « Blake Races », où les cuivres sonnent résolument artificiels et semblent surgir tout droit d’une musique de téléfilm fauché : dommage, car même avec les synthétiseurs, Graeme Revell nous a pourtant habitué à mieux autrefois ! Autre problème lié aux samples : le compositeur, visiblement conscient des limites de ses sons, se voit bien souvent contraint d’avoir systématiquement recours aux mêmes effets, à tel point que l’ensemble tourne en rond au bout d’une dizaine de minutes : vrombissements anarchiques des cuivres, tenues stridentes des cordes, assauts successifs de percussions, etc. Toutes les recettes sont là, mais la mayonnaise ne prend pas, dans le film comme sur l’album. L’approche atonale et agressive voulue par Graeme Revell sur « Shark Night 3D » est non seulement atrocement prévisible et sans surprise, mais elle traduit un sérieux manque de motivation et d’inspiration d’un compositeur qui semble avoir bien du mal à sortir d’une période de sérieuse carence créative, lui qui était autrefois réputé comme un maître des expérimentations en tout genre (notamment dans le domaine des musiques industrielles/ethniques). Hélas, « Shark Night 3D » échoue à convaincre son auditoire, et le score plonge rapidement – à l’instar de son compositeur – dans un anonymat éprouvant : le fait même que le score de « Shark Night 3D » soit passé totalement inaperçu lors de la sortie du film en salle prouve bien que Graeme Revell a bien des soucis à se faire quand à la direction de sa carrière de compositeur pour le cinéma : peut-être est-il temps pour le musicien de passer à autre chose ? Peut-être attend-il un projet réellement sérieux et véritablement ambitieux, qui lui permettrait enfin de s’exprimer librement avec une véritable passion et un vrai savoir-faire ? Elle semble bien loin l’époque bénie de « The Crow » et « The Saint »...



---Quentin Billard