1-Only Four Men 2.15
2-Special Delivery For The King 2.29
3-Buckingham's Departure 1.22
4-All For One 1.47
5-Do You Know Who I Am? 2.03
6-As Far Away As Possible 1.38
7-The King and Queen 1.43
8-Announcing Lady De Winter 0.53
9-Concealed Weapons Tango 1.08
10-Get Me One Of Those! 2.31
11-The Venice Heist 5.19
12-She Died The Way She Lived 1.48
13-I Hate Air Travel 1.01
14-Rochefort Ante Portas 1.17
15-Open Fire! 2.36
16-A Chance To Escape 1.15
17-Round Two 1.46
18-If You Insist! 1.47
19-You Should Have Apologized
To My Horse! 1.51
20-Boys Will Be Boys 1.40
21-The World Calls To The Young 2.30
22-To France, Of Course 1.08
23-When We Were Young 4.29*

*Interprété par Take That

Musique  composée par:

Paul Haslinger

Editeur:

Milan Records 36553

Produit par:
Paul Haslinger

Artwork and pictures (c) 2011 Constantin Film Produktion/Impact Pictures. All rights reserved.

Note: *1/2
THE THREE MUSKETEERS
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Paul Haslinger
Prétendre que « The Three Musketeers » (Les Trois Mousquetaires) est une catastrophe totale relève du pur euphémisme. Paul W.S. Anderson, auteur de « Resident Evil » et « Alien vs. Predator », n’a pas fini de massacrer tous ses projets à tour de bras et avec une constance rare. Le réalisateur accumule tous ses tics habituels les plus agaçants dans cette adaptation navrante et très librement inspirée du célèbre roman d’Alexandre Dumas, censé se dérouler en France au 17ème siècle, durant le règne de Louis XIII. L’histoire du film débute en 1625 à Venise en Italie. Athos (Matthew Macfadyen), Porthos (Ray Stevenson) et Aramis (Luke Evans), les trois célèbres mousquetaires du roi, sont sur le point de dérober un document secret avec l’aide de Milady de Winter (Milla Jovovich), une espionne qui joue un double jeu. La mission réussie, Milady en profite pour trahir les mousquetaires et s’enfuit avec le précieux document en compagnie du Duc de Buckingham (Orlando Bloom). Ce que les mousquetaires ignorent encore, c’est que Milady est en réalité un agent double travaillant secrètement pour le compte du Cardinal de Richelieu (Christoph Waltz), qui conspire contre le jeune Louis XIII afin de renverser le roi et de prendre le pouvoir par la force. Un an plus tard, le jeune gascon D’Artagnan (Logan Lerman) arrive à Paris pour devenir mousquetaire. Il fera alors la connaissance d’Athos, Porthos et Aramis, ainsi que de la jeune Constance Bonacieux (Gabriella Wilde), une suivante de la reine Anne d’Autriche (Juno Temple). D’Artagnan et les trois mousquetaires vont devoir s’unir pour défendre ensemble une nouvelle cause : déjouer les plans machiavéliques du Cardinal de Richelieu et retrouver les bijoux de la reine qui ont été dérobés par Milady. Ils devront aussi affronter le comte de Rochefort (Mads Mikkelsen) et le Duc de Buckingham afin de sauver le trône du jeune Louis XIII et d’empêcher l’Europe de plonger dans une nouvelle ère de guerre. « The Three Musketeers » se paie ainsi le luxe d’être non seulement l’une des pires adaptations cinématographiques du roman d’Alexandre Dumas mais aussi la plus irrespectueuse et la plus anachronique, avec le navrant « The Musketeer » de Peter Hyams (2001), où quand Hollywood s’empare d’un classique de la littérature française pour en faire totalement n’importe quoi. Paul W.S. Anderson passe en revue ici tous ses fantasmes et ses délires habituels : combats d’épée filmés au ralenti, scènes d’action inspirées des jeux vidéos, effets spéciaux démesurés, jeune demoiselle sexy (la scène où Milla Jovovich – alias Mme Anderson dans la vraie vie - vole les bijoux en tenue légère est totalement gratuite et relève plus du fantasme personnel qu’autre chose !), sans oublier l’utilisation de la sempiternelle 3D qui n’apporte rien de neuf et relève plus du simple argument marketing et bassement commercial. Pire encore, « The Three Musketeers » a beau reprendre la plupart des personnages du roman original et certaines scènes, il s’éloigne totalement de l’oeuvre d’Alexandre Dumas et lorgne plus vers « Pirates of the Caribbean », notamment lors des scènes totalement farfelues à bord du navire volant (quel rapport avec l’univers des trois mousquetaires ?). Dès lors, on comprend mieux l’objectif de Paul W.S. Anderson, qui souhaitait ainsi concurrencer « Pirates » en nous livrant à son tour son propre film de pirates version ‘trois mousquetaires’ : n’importe quoi, au final, le résultat tenant plus du gros navet lourdingue qu’autre chose. Anecdote amusante et révélatrice de l’état d’esprit des membres du film : « The Three Musketeers » a été un échec au box-office U.S., mais plutôt que de s’interroger sur la qualité du film dans lequel elle joue, Milla Jovovich n’a rien trouvé de mieux que de reporter la faute de l’échec du film sur le distributeur, Summit Entertainement, qui aurait soi-disant privilégié davantage la promotion de « Twilight » plutôt que celle du film de Paul W.S. Anderson (mais bien sûr !!!). Amusant, surtout lorsqu’on sait que la miss n’est guère objective, étant elle-même la femme du réalisateur angl
ais. Cela laisse tout de même songeur, mais le résultat est là : « The Three Musketeers » est un échec total, un navet gonflant et à peine divertissant, en plus d’être un véritable massacre du roman d’Alexandre Dumas !

Paul W.S. Anderson retrouve sur « The Three Musketeers » le compositeur Paul Haslinger, avec lequel il avait déjà collaboré sur « Death Race » en 2008. Haslinger, ancien membre du groupe allemand Tangerine Dream, est connu pour ses travaux électros sur la saga « Underworld » ou certains films tels que « Crank », « Vacancy » ou bien encore « While She Was Out ». Le compositeur fut aussi programmeur pour Graeme Revell sur certains scores du compositeur néo-zélandais incluant « Tomb Raider », « Pitch Black », « Blow », « Red Planet » ou bien encore « The Negotiator ». Régulièrement décrié dans le milieu béophile pour son manque de talent et d’inspiration, Paul Haslinger se voit à nouveau sévèrement incendié par les critiques avec sa nouvelle partition pour « The Three Muskeeters », score synthético-orchestral totalement bâclé et entièrement calqué sur le modèle des « Pirates of the Caribbean » de Hans Zimmer et de ses sbires de chez Remote Control/Media Ventures. A vrai dire, si l’ambition d’Haslinger était de faire de sa musique pour « The Three Musketeers » un ersatz fatigué de Zimmer et des productions d’action épique made in Remote Control, le résultat est on ne peut plus réussi ! Du point de vue de l’inspiration et des idées, c’est une toute autre paire de manches ! Encore une fois, et comme beaucoup de compositeurs hollywoodiens actuels, Paul Haslinger doit répondre à un cahier des charges exigeant, l’obligeant à imiter le son à la mode dans le cinéma contemporain, celui de Zimmer et compagnie. Dès lors, la partition de « The Three Musketeers » divisera d’emblée le public, avec d’un côté les inconditionnels des banques de son et des bourrinages musicaux chers au studio Remote Control, et de l’autre ceux qui déplorent cette tendance plus qu’agaçante de la musique de film actuelle à plonger de plus en plus dans ce son formaté et totalement usé jusqu’à la moelle, que ce soit au cinéma ou dans les médias télévisés en général. La musique de Paul Haslinger se devait aussi de répondre à cette vision moderne (et incroyablement stupide) de l’oeuvre d’Alexandre Dumas. Dès les premiers instants de la musique, on devine aisément l’objectif du musicien : « Only Four Men » ne fait pas dans la dentelle et utilise un premier cliché inhérent au style RC : les sempiternels ostinatos de cordes agaçants car utilisés partout de nos jours dans les scores d’action made in Zimmer (on pense par exemple au « Transformers » de Steve Jablonsky). L’utilisation de banques de sons orchestrales cheap achève de rendre l’ensemble étrangement ringard et dépassé, sans oublier un mixage réalisé au rouleau compresseur, sans aucune nuance ni subtilité. Du point de vue des orchestrations, Haslinger se contente d’aligner des couches de cordes et de cuivres sur fond de percussions synthétiques/acoustiques pour augmenter le volume sonore et le sentiment d’action et d’aventure à l’écran.

Le problème, c’est que si le son de « Pirates of the Caribbean » est effectivement reproduit, l’impact sur les images est tout autre chose : dans les scores de Badelt puis de Zimmer, la musique arrivait à osciller entre différentes identités thématiques qui permettaient d’offrir différentes émotions aux films de la saga. Chez Haslinger, cette identité est non seulement pauvre mais aussi quasi inexistante : priorité à l’action donc, sans aucun relief particulier, y compris dans les orchestrations, d’une pauvreté alarmante – sans oublier le fait que la musique est souvent omniprésente dans le film et parfois très envahissante car sans relief ni nuance ! Dans « Special Delivery for the King », Haslinger tente de souligner l’humour navrant du film avec une écriture plus staccato et ironique des cordes (notamment dans le jeu des violoncelles, emprunté là aussi à « Pirates of the Caribbean »), et un motif quasiment calqué sur le thème de Jack Sparrow dans le score de Zimmer. Pire encore, le Love Theme pour d’Artagnan et Constance, entendu à partir de 1:25, reprend les premières notes du célèbre thème de « He’s a Pirate » en version plus lente, à tel point que l’on s’attendrait presque à entendre la suite de cette mélodie bien connue. Difficile de faire moins original que cela, le résultat reflétant ici une utilisation plus qu’abusive de temp-tracks contraignants qui annihilent complètement toute forme de créativité. Quand au cliché du clavecin baroque esquissé au début du morceau pour justifier l’aspect baroque du film, il fait plus sourire qu’autre chose et frôle par moment l’amateurisme pur, pour un résultat tout bonnement artificiel au possible. Et c’est ainsi du début jusqu’à la fin : on reprochera par exemple le recours systématique du compositeur à ces sons de « col legno » synthétiques martelés d’une laideur impressionnante dans « Buckingham’s Departure », qui dévoile un nouveau thème d’action à la Hans Zimmer, avec ses samples orchestraux totalement dépassés pour un score d’action de 2011, et qui semblent surgir d’une toute autre époque (on croirait entendre les sons d’un mauvais score d’action Media Ventures des années 90 !). Quand aux col legnos synthétiques envahissants, ils parasitent totalement certains morceaux comme le solennel et héroïque « All For One » (peut être l’un des rares morceaux agréables à écouter dans le score de « The Three Musketeers ») et paraissent totalement injustifiés et abusés. Dommage, car il y avait pourtant matière à écrire une musique encore plus riche et épique pour évoquer la fraternité et la complicité de D’Artagnan et des trois mousquetaires, symbolisant des valeurs de justice et d’équité dans le film comme dans le roman originel. Les défauts inhérents au travail d’Haslinger restent les mêmes dans « Do You Know Who I Am ? », avec ses sons synthétiques décidément très laids et redoutablement datés (notamment dans le son d’un accordéon synthétique guère réussi, et des irritants ‘col legno’). Avec le budget alloué généralement aux gros scores d’action hollywoodiens actuels, était-ce réellement une tâche si insurmontable de confier l’interprétation à un véritable orchestre, alors que la plupart des morceaux de « The Three Musketeers » alignent les samples de cordes et de cuivres d’une laideur impressionnante : le « Pirates of the Caribbean » de Klaus Badelt, qui souffrait de défauts similaires, arrivait malgré tout à délivrer un son bien plus convaincant et maîtrisé dans son mélange orchestre/synthé !

Les quelques envolées héroïques de « As Far Away As Possible » ou de « I Hate Air Travel » ne parviennent pas à faire oublier la médiocrité des sons de guitare saturée ratés dans « Venice Heist » et ces sons de col legno tout bonnement insupportables, et qui donnent plus envie de jouer au frisbee avec le disque que de continuer à écouter le score jusqu’au bout (ils sont quasiment utilisés tout au long du score et sans aucune retenue ni même justification : peut-on trouver pire faute de goût dans un score hollywoodien actuel ?). Même les quelques passages plus intimes et dramatiques ne parviennent pas à relever le niveau, alors que dire des touches d’humour navrantes de « Venice Heist » ou de « Do You Know Who I Am ? ». Certains thèmes et motifs reviennent par exemple dans « A Chance to Escape » ou le très zimmerien « Round Two » pour évoquer l’aventure ou les moments de bravoure du film, mais cela reste très peu pour convaincre pleinement. L’action culmine dans « If You Insist ! » et « You Should Have Apologized To My Horse! » pour la bataille finale, calqués sur certains passages d’action de la fin du troisième « Pirates of the Caribbean » de Hans Zimmer. Le thème de cordes de D’Artagnan et des mousquetaires (similaire à celui de Jack Sparrow) revient dans « Boys Will Be Boys », annonçant la victoire finale des héros, suivi du Love Theme pour D’Artagnan et Constance sur fond d’arpèges cheap et peu crédibles du clavecin. Finalement, il faudra attendre « The World Calls To The Young » pour entendre un nouveau thème d’espoir et de triomphe plutôt joli et réussi, dominé par le hautbois et les cordes (on décèle enfin une trace d’orchestre live, ici, le Berlin Session Orchestra !). On retrouve pour finir le thème d’action à la « Pirates » dans « To France, Of Course », annonçant les futures aventures à venir des quatre mousquetaires. Bilan final assez catastrophique pour la partition de « The Three Musketeers », qui, malgré quelques bons éléments (des envolées héroïques parfois sympathiques, un thème final joli, des morceaux d’action déchaînés), ne parvient pas à susciter le moindre intérêt : les oreilles du public sont totalement saturées par ces sonorités utilisées sans arrêt depuis plus de 20 ans au cinéma, et le sentiment de tourner en rond face à un style musical périmé et lourdingue devient plus que jamais inquiétant, inspirant un véritable ras-le-bol dans le milieu béophile : il est grand temps de passer à autre chose ! Au final, la musique de Paul Haslinger plombe non seulement le film de Paul W.S. Anderson en y imposant un style boursouflé et déjà bien ringard avant l’heure, mais elle trahit aussi le manque d’idée et de talent d’un compositeur décidément très décevant, probablement le musicien le plus moins intéressant du paysage hollywoodien actuel avec Tyler Bates. Le constat est sévère mais pourtant ô combien réaliste : il suffira d’écouter le score de « The Three Musketeers » pour s’en convaincre pleinement !



---Quentin Billard