1-Opening Titles 2.35
2-Admission 2.09
3-Runaway 1.44
4-Kidnapped 3.26
5-Group Therapy 2.20
6-Elevator Escape 2.00
7-The Truth 2.54
8-Thunderstorm 1.37
9-Shower Time 4.09
10-The Morgue 1.56
11-Burned Alive 2.49
12-Who Is Alice 4.42
13-Alice Is Back 1.14
14-Emotional Trauma 2.46
15-Ghost Story 2.44
16-Tormented 3.49
17-Night Visitor 2.08
18-Hearing Things 1.55
19-New Home 3.07
20-Iris' Pictures 4.03
21-Looking For Iris 3.23
22-End Credits 4.31

Musique  composée par:

Mark Kilian

Editeur:

Varèse Sarabande 302 067 110 2

Produit par:
Mark Kilian
Producteur exécutif:
Robert Townson
Assistant compositeur:
Matthew Janszen
Montage musique:
Matt Shelton

Artwork and pictures (c) 2010 Chamberlain Films, LLC. All rights reserved.

Note: ***1/2
THE WARD
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Mark Kilian
Dix ans après « Ghosts of Mars », John Carpenter revient enfin à la réalisation en 2011 avec le très attendu « The Ward », son nouveau film d’épouvante. Le film a été présenté dans divers festivals en 2010 puis sortira un an après en Angleterre et aux Etats-Unis. En France, « The Ward » n’a même pas eu l’honneur d’une sorte au cinéma et devra se contenter d’un direct-to-video en DVD/Blu-Ray. Le film se déroule en Amérique en pleine année 1966. L’histoire débute lorsque Kristen (Amber Heard), une jeune femme se retrouve enfermée dans l’hôpital psychiatrique de North Bend dans l’Oregon après avoir été retrouvée près d’une vieille ferme abandonnée à laquelle elle venait de mettre le feu. Ne comprenant pas les raisons de son incarcération subite, Kristen va commencer à se révolter tout en faisant connaissance avec les autres jeunes patientes. Une nuit, une pensionnaire de l’hôpital disparaît alors mystérieusement. Kristen comprend dès lors qu’elle est prise au piège d’un esprit maléfique qui hante les lieux. Mais lorsque la jeune femme est subitement attaquée par le fantôme, aucun médecin ni infirmière de l’hôpital ne semble la prendre au sérieux. Pire encore, elle doit subir le traitement de choc infligé par le Dr. Stringer (Jared Harris), alors que le personnel de l’établissement croit dur comme fer que Kristen est folle. Mais la jeune femme n’a pas dit son dernier mot et ne compte pas se laisser faire sans agir : menant discrètement son enquête sur l’ancienne pensionnaire qui occupait autrefois sa chambre, Kristen découvre l’histoire terrifiante de la mystérieuse Alice Hudson et commence à déchiffrer l’énigme du fantôme de l’hôpital psychiatrique. « The Ward » offre enfin l’occasion à John Carpenter de renouer avec le genre qui fit sa gloire dans les années 70/80 : le cinéma d’épouvante. Réalisé à la manière d’une série-B fantastico-horrifique au budget modeste, « The Ward » est une énième histoire de fantôme comme on en voit à la pelle à Hollywood et un peu partout dans le cinéma anglo-saxon, européen et même asiatique. Si le film ne possède pas le charme ni le souffle des grands classiques du cinéaste, il n’en demeure pas moins très réussi dans son atmosphère psychologique troublante et oppressante, même si l’on regrettera le côté parfois un peu lent et mou du film (d’autant que le long-métrage n’est pas très long, avoisinant à peine les 1h28). « The Ward » vaut surtout par son casting féminin de qualité – mené par l’excellente et jolie Amber Heard – et son atmosphère gothique à la mise en scène soignée et élégante, bien que sans réelle surprise. On attendait le grand retour de John Carpenter, mais on risque fort d’être un peu déçu au final, car « The Ward » est assurément un opus mineur dans la filmographie du cinéaste américain, bien que non dénué de qualités. Seuls les inconditionnels de John Carpenter et des films de fantôme y trouveront leur compte !

Alors que Carpenter compose généralement lui-même les musiques de ses propres films, « The Ward » fait office d’exception et offre l’opportunité au compositeur sud-africain Mark Kilian d’écrire une redoutable partition lugubre, mystérieuse, belle et envoûtante, à l’image du film lui-même. Rappelons que ce n’est pas la première fois que Carpenter confie la musique d’un de ses films à quelqu’un d’autre, puisqu’il l’avait déjà fait sur « The Thing », « Starman » et « Memoirs of an Invisible Man ». Le compositeur Mark Kilian utilise ici un ensemble instrumental incluant un orchestre à cordes (le Gravy Street String Ensemble), un choeur, quelques claviers, des percussions, des vocalises et un cor soliste. Dès l’introduction du film, Kilian introduit le thème principal avec les vocalises féminines mystérieuses de la soliste Toddy Walters, vocalises associées au personnage de Kristen et qui évoquent une sorte de berceuse enfantine – sur fond de sonorités cristallines proches d’une boîte à musique – suggérant l’idée des jeunes filles enfermées dans l’hôpital psychiatrique (et, par association d’idées, dans leurs propres troubles psychologiques). Ces vocalises féminines envoûtantes et obsédantes sont structurées autour de deux idées mélodiques majeures : la première, un motif mystérieux d’une dizaine de notes sifflées par une voix lointaine, puis une deuxième mélodie, plus sombre, constituée d’une cellule mélodique de quatre notes répétées en variations, et qui évoque l’énigme inquiétante de l’esprit maléfique qui hante l’hôpital psychiatrique. Niveau orchestrations, Kilian met l’accent sur les cordes mais aussi les sonorités électroniques mystérieuses et étranges, une introduction captivante et très réussie, qui évoque parfois Marco Beltrami (notamment dans l’utilisation des voix féminines, qui rappellent « Scream »). Dans « Admission », la musique délaisse le côté envoûtant et mystérieux du début pour créer une atmosphère plus sombre et inquiétante à l’écran, lorsque Kristen est admise à l’hôpital psychiatrique. A noter ici l’utilisation de cordes dissonantes aux effets avant-gardistes habituels (glissandi, clusters, etc.) sur fond de pulsations électroniques et de nappes synthétiques obscures. L’atmosphère musicale de « The Ward » est non seulement froide, sombre et glaciale, mais aussi psychologique et torturée, mais non dénuée d’une certaine émotion. Mark Kilian reste fidèle au style musical habituel des films de John Carpenter et compose pour « Runaway » une berceuse enfantine pour voix féminines (associée aux pensionnaires de l’hôpital) et boîte à musique évoquant l’innocence perdue des jeunes filles dans un endroit sombre et sans espoir, le tout sur fond de synthétiseurs aux consonances vaguement ‘eighties’, à la façon des anciennes musiques de John Carpenter pour ses propres films. La berceuse enfantine de « Runaway » sera d’ailleurs assez présente dans le film, associée à Kristen et à l’énigme liée à son passé.

« Kidnapped » bascule enfin dans l’horrifique pur en mélangeant sonorités électroniques, percussions diverses, cors et cordes sombres pour évoquer les apparitions terrifiantes du fantôme, le tout baignant dans une atmosphère atonale oppressante et redoutablement dissonante, à mi-chemin là aussi entre Marco Beltrami et Christopher Young – bien que l’influence de Beltrami reste plus qu’évidente, notamment dans l’écriture des cordes et des percussions. Le motif sifflé de l’introduction revient dans « Group Therapy », Kilian jouant ici habilement sur ses sonorités cristallines inversées et déformées qu’il manie à loisir. Malgré un budget musical modeste, le compositeur fait preuve d’un savoir-faire évident et nous offre quelques belles idées sonores qui contribuent parfaitement à renforcer l’atmosphère glauque et fantomatique du film de Carpenter. Les amateurs de frisson en auront pour leur argent avec « Elevator Escape », qui s’avère être pour le coup moins surprenant et plus conventionnel dans son approche sonore : percussions synthétiques endiablées, cuivres dissonants, effets de « cut » brutaux, sursauts et même samples orchestraux et choraux, qui frôlent la musique de série-B à budget modeste. Même chose pour le cacophonique « Shower Time » et son atmosphère gothique relayée par des voix fantomatiques à la Christopher Young (rappelons d’ailleurs que Mark Kilian fut l’assistant de Young dans les années 90 sur des partitions telles que « Copycat » ou « Species »). Le compositeur développe son ambiance macabre et oppressante en maintenant une tension permanente entre ses textures sonores synthétiques et ses parties orchestrales agressives et dissonantes. C’est le cas dans « The Morgue » mais aussi « Burned Alive » avec ses choeurs gothiques impressionnants (qui rappellent vaguement le « Hellraiser II » de Chris Young) ou le sinistre « Who Is Alice » avec sa batterie et ses percussions électroniques survoltées. Les amateurs de musiques fantomatiques apprécieront certainement les expérimentations sonores glauques de « Ghost Story », « Hearing Things », « Looking for Iris » ou « Tormented », sans oublier les sursauts grand-guignolesques et cacophoniques de « Night Visitor » et « Iris’ Pictures » (avec ses choeurs grandioses et quasi opératiques qui rappelleraient presque les musiques de films d’horreur italiens des années 70). « The Ward » reste donc une partition horrifique assez impressionnante, bien que très prévisible et sans originalité particulière. Le travail effectué par Mark Kilian sur le nouveau film de John Carpenter reste néanmoins très satisfaisant et plutôt impressionnant étant donné le budget modeste alloué à la tâche du musicien : ce dernier fait preuve d’un savoir-faire remarquable et nous propose quelques idées assez rafraîchissantes, surtout dans sa façon de manipuler les sons pour un rendu musical souvent élaboré et complexe, refusant les avances du sound design cacophonique trop souvent à la mode de nos jours dans les musiques horrifiques hollywoodiennes. Sans atteindre le brio d’un Marco Beltrami ou d’un Christopher Young, le score de « The Ward » n’en demeure pas moins très réussi et assez intense dans le film, apportant suspense, mystère et frisson à un film de fantôme sympa mais sans grande prétention. Recommandé, donc !



---Quentin Billard