Original Film Score

1-Main Titles*/Terrorist Attack 2.34
2-Eliot Gets Fired/Loud and Clear*/
Frank's Run 1.22
3-Montage: Frank's Award and
Eliot on the Street 1.39
4-Lew's Arrival 2.03
5-The Hand Grab 1.51
6-Lew's Reprise 0.51
7-Claire's Theme I/
Claire's Theme II 1.15**
8-Set Collapse 0.20**
9-A Horror in Chez Jay/Highball/
Waiter Abaze 1.20***
10-Wild Cab Ride 1.33
11-Ta-Ra-Ra-Boom-De-Ay+/
Cupid's Arrow/
Change of Expression 1.33**
12-Eliot Gives Blood/
Christmas Present 1.02**
13-Fairy 2.15++
14-Toast to Frank 0.32
15-The Big Freeze 1.26
16-Showtime at IBC 1.08
17-Family Portrait/
Ghost on Screen 0.49
18-Eliot Stalks Frank 1.08+++
19-Asylum/Luncheon/
Crematorium/On Fire 3.48
20-Hallelujah Chorus
(G.F.Handel)**/
The Romp 2.18+++
21-The Big Speech 1.21

Bonus Tracks

22-Loud and Cleart (alternate) 0.30
23-Ta-Ra-Ra-Boom-De-Ay
(alternate) 0.43+
24-Toast to Frank (alternate) 0.34
25-The Big Freeze (alternate) 1.25
26-The Big Freeze (alternate mix) 1.27
27-Asylum (no choir) 0.59
28-Crematorium
(more percussion) 1.30
29-The Big Speech (alternate) 3.12

Source Cues

30-Frank's Promo 0.51
31-Frisbee the Dog 0.57
32-Chez Jay String Quartet 2.43
(composed by W.A. Mozart)
33-Joy to the World 0.55
(composed by G.F. Handel/F.Watts
arranged by Elmer Bernstein)
34-Jingle Bells 1.48
(composed by James Pierpont
arranged by Danny Elfman)

*Contains "Jingle Bells"
(James Pierpont, arr. D.Elfman)
**Not used in film
***Contains material not used in film
+Composed by Henry J.Sayers,
arr. D.Elfman
++Contains "Dance of the
Sugar Plum Fairy"
from "The Nutcracker"
(P.Tchaikovsky, arr. D.Elfman)
+++Contains "Santa Claus Is Comin'
to Town" (Haven Gillespie/
J. Fred Coots).

Musique  composée par:

Danny Elfman

Editeur:

La La Land Records LLLCD 1195

Producteur exécutif de l'album:
Dan Goldwasser
Producteurs exécutifs pour
La-La Land Records:
MV Gerhard, Matt Verboys
Direction de la musique pour
Paramount Pictures:
Randy Spendlove
Coordination album:
Kim Seiniger
Conduit par:
Shirley Walker
Monteur musique:
Bob Badami
Assistant montage album:
Neil S. Bulk
Assistance production album:
Lukas Kendall, Jeff Eldridge,
Frank K. DeWald


American Federation of Musicians
Edition limitée à 3000 exemplaires.

Artwork and pictures (c) 1988 Paramount Pictures. All rights reserved.

Note: ****
SCROOGED
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Danny Elfman
Dans cette parodie du fameux « A Christmas Carol » de Charles Dickens, Bill Murray incarne Frank Cross, le directeur d’une importante chaîne de télévision américaine qui ne vit que pour lui et ne se soucie guère des autres. Frank profite de sa gloire et de sa fortune pour malmener ses collaborateurs et impose un diktat à tous ses employés, et plus particulièrement sa secrétaire personnelle, Grace (Alfred Woodard), à qui il refuse de lui accorder quelques jours pour qu’elle puisse passer du temps avec sa famille et son fils malade, Calvin. A quelques jours de Noël, Frank décide d’adapter à l’écran le célèbre « Christmas Carol » de Charles Dickens de façon totalement extravagante et provocante, ce qui n’est pas du goût de chacun. Il en profite d’ailleurs pour licencier à l’occasion l’un de ses collaborateurs, Eliot Loudermilk (Bobcat Goldthwait), pour la simple raison que le timide employé a osé critiquer une série de spots publicitaires dérangeants récemment produits par Frank. C’est alors qu’apparaît le fantôme d’Hawyard, l’ancien patron de Frank décédé il y a sept ans, et qui est venu pour le hanter et lui reprocher son avarice et sa cupidité. Le fantôme lui explique alors ce qui l’attend : il doit désormais s’amender et revenir dans le droit chemin, ou bien il finir en enfer. Pour cela, trois fantômes vont se succéder au cours des jours à venir, chacun correspondant au passé, au présent et au futur : ces apparitions vont l’aider à faire des choix et à envisager une nouvelle façon de vivre. Avec un scénario similaire au célèbre conte de Dickens, « Scrooged » (Fantômes en fête) est un sympathique pastiche de cet immortel conte de Noël, avec un Bill Murray totalement déchaîné, qui semble s’être bien amusé sur ce film. On suit avec intérêt les déboires de cet irascible patron de chaîne télévisé, le film de Richard Donner égratignant au passage l’indigence de la programmation télévisuelle américaine des années 80. Niveau casting, on retrouve le vétéran Robert Mitchum ainsi que Karen Allen, John Glover ou bien encore David Johansen, irrésistible dans le rôle de l’extravagant fantôme du passé. « Scrooged » mélange ainsi conte moralisateur de Noël et humour noir avec quelques scènes particulièrement absurdes, comme lorsque Frank se fait malmener par le fantôme du présent, qui ressemble à une jeune fée dont le caractère violent contraste radicalement avec l’aspect inoffensif. On appréciera aussi la scène avec le fantôme du futur, spectre géant avec un écran de télévision à la place du visage, et qui annonce de bien sinistres présages. « Scrooged » reste donc une bien jolie réussite, tout en restant un film mineur dans la filmographie éclectique de Richard Donner, un film qui doit beaucoup à l’humour débridé de Bill Murray et au ton satyrique et décalé du récit emprunté à Charles Dickens !

La musique de Danny Elfman est de loin l’un des éléments les plus positifs de « Scrooged », et peut être aussi le plus reconnaissable de tout le film. Composée en 1988, la partition de « Scrooged » tombe à point nommée pour Danny Elfman : le compositeur est effectivement très occupé tout au long de l’année 88, signant ainsi pas moins de 5 partitions pour le cinéma : « Scrooged » mais aussi « Beetlejuice », « Midnight Run », « Big Top Pee-Wee » et « Hot to Trot ». C’est d’ailleurs grâce à son travail pour Tim Burton (et plus particulièrement « Pee-Wee’s Big Adventure » et « Beetlejuice ») que Danny Elfman a été engagé sur « Scrooged », pour lequel le musicien nous offre une partition vive, énergique, fantaisiste et extravagante, typique du style décalé, poétique et étrange qui caractérisait une bonne partie des travaux d’Elfman pour les films de Tim Burton. Le score de « Scrooged » ne déroge pas à la règle et s’inscrit dans la continuité de « Beetlejuice », pour ne citer qu’un exemple évident : dès les premières secondes du film, Elfman introduit un choeur d’enfants sur des « la la la la » espiègles avec clochettes de Noël et orchestrations virevoltantes et fantaisistes, non dénuées de sonorités un peu sombres et espiègles. Dès le départ, Richard Donner avait d’ailleurs été clair avec le compositeur : il ne voulait pas de musique de comédie sur son film, mais préférait au contraire une approche plus sombre et ambiguë, voire un brin gothique. Elfman était évidemment l’homme de la situation, même si la tâche s’avéra fort complexe pour le compositeur, surtout lorsqu’il s’agissait de trouver le ton juste, entre l’humour noir un brin décalé et l’aspect fable de noël. Les choeurs d’enfants de « Main Titles/Terrorist Attack » établissent d’entrée de jeu le ton ironique et espiègle de la partition, tout en évoquant l’élément surnaturel associé aux apparitions des fantômes de noël. Le thème principal fait alors son apparition dans le registre grave de l’orchestre, en contrepoint des « la la la » chantés par les enfants et associés à la malice (parfois cruelle) des spectres qui hantent Frank Cross tout au long du film. Le thème plus grave et sombre est associé quand à lui à l’âme tourmentée de Frank et l’accompagnera lui aussi tout au long du film. A noter que le morceau incluant une brève allusion à un air populaire traditionnel de noël, pour rappeler l’époque à laquelle se déroule le film. Le ton se veut plus ironique et un brin mickey-mousing dans « Eliot Gets Fired/Loud and Clear/Frank’s Run », tout comme « Montage : Frank’s Award and Eliot On the Street », avec ce ton espiègle si caractéristique du score d’Elfman, et une utilisation souvent inventive des instruments (notamment avec le saxophone et les effets de glissandi bizarres de la guitare hawaïenne). Niveau orchestrations, « Scrooged » est une parfaite réussite : comme souvent chez Elfman, le compositeur joue admirablement sur les différentes sonorités instrumentales de l’orchestre avec un sens aigu de la fantaisie et de l’espièglerie. En plus du pupitre des cuivres, des vents, des cordes et des percussions qu’il convoque souvent, Elfman ajoute quelques solistes comme le saxophone et le célesta, instrument très présent tout au long du score pour le côté ‘conte de noël’. Dans « Lew’s Arrival », la musique devient plus sombre et menaçante avec des orchestrations plus agressives entre les percussions et les cuivres, marquant l’apparition du premier fantôme. Elfman utilise ici quelques instrumentaux plus avant-gardistes tout en accentuant les dissonances et les sonorités plus graves de l’orchestre (contrebasson) avec une reprise très ironique du célèbre « Jingle Bell ».

Cet humour noir si cher à Danny Elfman revient dans « The Hand Grab », avec des harmonies et des sonorités graves des vents qui rappellent inévitablement Bernard Herrmann (musicien fétiche d’Elfman depuis toujours !). Le compositeur parvient à créer une atmosphère fantastique et surnaturelle avec une reprise grandiose du thème des fantômes marqués par le retour des « la la la » chantés par les enfants. Elfman introduit ensuite un nouveau thème pour le personnage de Claire (Karen Allen) dans « Claire’s Theme I/Claire’s Theme II », confié à un clavier électrique intime sur fond de bois, évoquant la romance passée entre Claire et Frank. C’est avec un certain plaisir que l’on retrouve les choeurs d’enfants espiègles dans « A Horror In Chez Jay/Highball/Waiter Ablaze », accentuant ici aussi la partie fantastique/surnaturelle du film avec les premiers tourments de Frank, malmené par les spectres de noël. Elfman mélange admirablement tension horrifique et humour noir sans jamais tomber dans un excès ou un autre : le mélange aboutit d’ailleurs ici à un style très personnel et reconnaissable entre mille, emprunté pour l’occasion à « Beetlejuice ». La reprise thématique agitée de « Wild Cab Ride » est ainsi indéniablement marquée par la patte musicale de Danny Elfman, qui séduira tous les fans de ses compositions pour Tim Burton. Le compositeur n’oublie pas non plus la morale de l’histoire et la dimension plus émotionnelle en reprenant le joli thème de Claire au clavier dans « Ta-Ra-Ra-Boom-De-Ay/Cupid’s Arrow/Change of Expression », alors que Frank assiste à des flashbacks de son enfance. On retrouve dans « Eliot Gives Blood/Christmas Present » une autre touche d’humour noir de la partition, avec le retour de l’étrange guitare hawaïenne associée au malheureux Eliot, jeté dans la rue et condamné à vivre comme un mendiant. Dans « Fairy », Elfman s’amuse même à détourner la célèbre « danse de la fée dragée » du « Casse Noisette » de Tchaïkovski lors de l’apparition de la fée des noëls présents (Carol Kane), ponctué ici par des vents espiègles et ironiques (notamment dans l’utilisation du tuba). « Eliot Stalks Frank » cite de manière ironique un autre air populaire célèbre de noël, « Santa Claus Is Comin’ To Town », pour la scène où Eliot débarque dans le bureau de Frank et s’apprête à l’abattre avec son fusil. La dimension horrifique de « Scrooged » culmine enfin dans « Asylum/Luncheon/Crematorium/On Fire », pour la scène où le spectre des noëls futurs dévoile l’avenir macabre de Frank dans un crématorium : Elfman utilise ici un mélange de violons solistes et de clavecin aux consonances baroques un brin étranges et décalées, la musique restant curieusement assez retenue et froide. La conclusion du morceau bascule même dans le funèbre pur pour l’une des scènes les plus horrifiques du film, avec une reprise lente et impressionnante du motif chanté par le choeur d’enfants. Mais Frank, terrifié par tout ce qu’il a vu, décide enfin de se racheter une conduite dans « Hallelujah Chorus/The Romp », où Elfman reprend brièvement de façon amusante l’air célèbre du « Alléluia » du « Messie » de Haendel par le choeur d’enfants, lors du retour de Frank parmi les siens.

Enfin, « The Big Speech » ramène le calme avec une très belle reprise du thème de Claire et une conclusion plus apaisée. Danny Elfman signe donc une excellente partition orchestrale pleine d’ironie, de malice et d’humour noir pour « Scrooged », une partition généreuse, riche, inventive et indéniablement réussie, peut être l’un des meilleurs travaux d’Elfman à la fin des années 80. Le succès de la partition de « Scrooged », couplé à celui de ses travaux pour Tim Burton, contribua à imposer définitivement le compositeur comme l’un des talents majeurs de la musique de film hollywoodienne dans les années 90 jusqu’à aujourd’hui. Restée inédite pendant de nombreuses années, la musique de « Scrooged » a enfin été éditée en CD comme il se doit par le label La La Land, qui nous présente ici l’intégralité du travail de Danny Elfman sur le film de Richard Donner, incluant des prises alternées et des notes très complètes dans le livret de l’album sur le film et la conception de la musique. Un score incontournable de Danny Elfman qui apporte un humour noir et une magie remarquable au film de Richard Donner, à redécouvrir enfin grâce à cette excellente édition CD !




---Quentin Billard