1-Oleander Time 4.21
2-Not My Type 2.29
3-Starr 1.04
4-Dürer Rabbit 1.24
5-Meteor Shower 1.38
6-Plain Denim Dress 2.25
7-Broken People 1.53
8-Fire Season 1.25
9-Claire 1.15
10-Rollercoaster 2.17
11-Rena 1.02
12-Milk Flowers 1.23
13-La Puta Del Diablo 1.26
14-Bullet 0.49
15-DMSO 2.20
16-Uncle Ray 0.50
17-Every Insult 1.11
18-Shadow Puppet 1.59
19-White Oleander 3.19

Musique  composée par:

Thomas Newman

Editeur:

Varèse Sarabande VSD-6417

Produit par:
Thomas Newman, Bill Bernstein
Producteur exécutif:
Robert Townson
Montage musique:
Bill Bernstein
Préparation musique:
Julian Bratolyubov
Assistant montage musique:
Michael Zainer

American Federation of Musicians.

Artwork and pictures (c) 2002 Warner Bros. All rights reserved.

Note: ***
WHITE OLEANDER
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Thomas Newman
Drame intimiste sur la relation conflictuelle et difficile entre une mère et sa fille, « White Oleander » (Laurier blanc) est adapté du roman homonyme de Janet Fitch et réalisé par Peter Kosminsky en 2002 (réalisateur habituellement spécialisé dans les téléfilms). « White Oleander » raconte l’histoire d’Astrid Magnussen (Alison Lohman), jeune adolescente de 15 ans séparée de sa mère Ingrid (Michelle Pfeiffer), arrêtée et emprisonnée pour le meurtre de son compagnon Billy Kolker (Billy Connolly), qu’elle a empoisonné en utilisant du laurier blanc. La jeune fille est alors confiée à une famille d’accueil, Ray (Cole Hauser) et Starr (Robin Wright Penn), mais les choses tournent mal : le père commence à s’intéresser un peu trop à elle, et la mère, jalouse et alcoolisée, tente alors de l’abattre avec son fusil, la blessant à l’épaule. Après un court séjour à l’hôpital, Astrid se retrouve ensuite confiée à une pension pour jeunes où elle se lie d’amitié avec Paul Trout (Patrick Fugit), un jeune artiste solitaire qui partage son goût pour l’art. Peu de temps après, Astrid est confiée à une nouvelle famille d’accueil, Claire Richards (Renée Zellweger), actrice ratée, et son compagnon Mark (Noah Wyle), mais là aussi, rien ne se passera comme prévu. Astrid rend régulièrement visite à sa mère en prison, mais cette dernière a une influence désastreuse sur la jeune fille. C’est ainsi qu’Astrid va faire l’apprentissage de la vie et apprendra à s’endurcir et à découvrir qui est réellement sa mère, en essayant de se protéger de son influence et de préserver ses valeurs et son existence. « White Oleander » aborde le sujet délicat des relations conflictuelles mère/fille entre amour et haine, sujet difficile résumé par la tagline du film : « où finit une mère et où débute une fille ? ». Le long-métrage de Peter Kosminsky vaut surtout par son casting de qualité (Alison Lohman, Michelle Pfeiffer, Renée Zellweger, Robin Wright Penn, Billy Connolly, Noah Wyle) et son émotion omniprésente, assénée parfois de façon directe et brutale, mais sans aucun effet larmoyant – alors que le sujet s’y prêtait pourtant. On reste subjuguée ici par l’interprétation stupéfiante de Michelle Pfeiffer, formidable dans le rôle de cette mère destructrice et vénéneuse au regard brûlant – un rôle inhabituel pour l’actrice américaine. Face à elle, l’excellente Alison Lohman, jeune comédienne qui s’offre ici son premier rôle majeur au cinéma après quelques films mineurs à la fin des années 90, s’impose dans le rôle difficile de cette adolescente tourmentée, hantée par l’influence désastreuse d’une mère dangereuse. Filmé caméra à l’épaule dans un style résolument moderne, « White Oleander » manque parfois de personnalité dans sa réalisation, qui repose surtout sur le jeu remarquable des acteurs et le duo Alison Lohman/Michelle Pfeiffer, mais on reste néanmoins convaincu par ce drame sombre et poignant, parfois difficile et sans compromis.

« White Oleander » est un projet qui correspond parfaitement au style musical minimaliste, intime et personnel de Thomas Newman, habitué des drames en tout genre, qui constituent d’ailleurs plus de la moitié de sa filmographie. Pour le long-métrage de Peter Kosminsky, Newman convie à nouveau son ensemble de musiciens solistes habituels avec une pléiade de synthétiseurs et quelques touches orchestrales habituelles. Parmi les solistes, on retrouve les habitués des productions Thomas Newman : George Doering aux guitares (cavaquinho, saz, guitare électrique, fiddle stick), Michael Fisher aux percussions (tablas, bols), Chas Smith (violoncelle, copper box), Steve Kujala (flûtes diverses), George Budd, Steve Tavaglione (clarinette, EWI), Rick Cox (guitares diverses), Nico Abondolo (contrebasse en harmoniques) et bien sûr l’habituel piano de Thomas Newman, le tout accompagné de quelques nappes synthétiques et d’un groupe de cordes du Hollywood Studio Symphony. A sujet intime, musique intime : Newman privilégie donc comme toujours un groupe restreint d’instruments solistes et nous propose une série d’atmosphères musicales évoquant la vie agitée et instable de la jeune Astrid et de sa relation difficile avec sa mère Ingrid. Le score repose essentiellement sur un thème principal associé au personnage d’Alison Lohman dans le film, thème de piano délicat introduit dans « Oleander Time » sur fond de nappes synthétiques atmosphériques et de notes furtives de guitares. Dès les premiers instants de la musique, on reconnaît le style intime et minimaliste habituel de Thomas Newman, touchant et restreint, à l’échelle du film. « Not My Type » renforce quand à lui l’aspect plus dramatique et sombre du film en utilisant les solistes et la partie électronique de façon plus expérimentale : nappes synthétiques, effets instrumentaux réverbérés, flûte ethnique, piano, la musique fonctionne sur une forme de retenue plus dramatique mais là aussi très minimaliste et inventive dans son utilisation des instruments. « Starr » prolonge cette recherche de sonorités avec de nouveaux effets instrumentaux crées par l’électronique à partir du jeu des solistes : Thomas Newman superpose les différentes couches sonores pour un résultat toujours aussi étonnant et décidément bien éloigné du formatage hollywoodien habituel (faisant du compositeur un musicien décidément à part dans le paysage musical américain contemporain). On pourrait aussi mentionner l’aspect contemplatif de « Durer Rabbit » avec sa flûte ethnique planante, ou la très belle scène des étoiles filantes (« Meteor Shower »), là aussi dominée par cette même flûte et ces tenues un brin mélancoliques et méditatives, traduisant une gravité sous-jacente mais néanmoins délicate.

« Plain Denim Dress » accentue la sensation de drame avec le retour du thème de piano d’Astrid sur fond de tenues planantes, tandis que sa musique se fait l’écho des différents drames humains évoqués par Peter Kosminsky tout au long de son film comme le rappelle le touchant et minimaliste « Broken People » et son atmosphère contemplative et doucement mélancolique. La musique évolue ainsi lentement tout au long du film en se faisant néanmoins assez discrète, reprenant par moment certaines sonorités majeures du score, comme c’est le cas dans « Claire », qui reprend les sonorités réverbérés étranges de « Not My Type » ponctué par quelques percussions discrètes. La flûte de Steve Kujala revient dans « Rollercoaster » traduisant ici aussi les pensées d’Alison et l’existence difficile qu’elle mène entre familles d’accueil et visites à sa mère en prison. La musique devient même sinistre dans « Milk Flowers », évoquant la personnalité plus sombre et tourmentée d’Ingrid, tandis que le piano d’Alison revient avec délicatesse dans « La Puta Del Diablo ». La noirceur de « Bullet » contraste avec la mélancolie touchante et délicate de « DMSO » tandis que « Uncle Ray » reprend le motif réverbéré de « Not My Type » pour évoquer la situation difficile d’Alison recueillie par le couple Ray/Starr. La flûte se veut l’écho de l’émotion dans le méditatif « Every Insult », tout comme le piano et ses notes vaporeuses et répétitives soulignent la relation bouleversante entre la mère et la fille dans « Shadow Puppet », où les cordes interviennent pour accompagner les solistes habituels de Thomas Newman. Le récit aboutit à sa conclusion dans « White Oleander », où le thème principal est repris une dernière fois, sur fond de tenues atmosphériques et résolument planantes. C’est d’ailleurs cet aspect planant qui domine ici tout le long de la partition de Thomas Newman : comme toujours chez le compositeur, la musique demeure intime, minimaliste et personnelle, refusant toute forme d’empathie hollywoodienne ou d’excès mélodramatique trop souvent présent dans les musiques des drames américains. A contrario, Newman évoque les tourments et les émotions humaines avec un point de vue radicalement opposé, plus personnel et aussi délicat et tout en retenue, bien que sa musique reste aussi assez fonctionnelle sur les images et pas vraiment original de la part du compositeur : on a l’impression d’entendre tout ce que Newman a déjà fait dans le passé sur ce type de film. Le compositeur semble même tourner un peu rond, jusque dans la composition de son thème, qui rappelle bon nombre de mélodies similaires écrites pour ce type de film par le passé. Si Thomas Newman ne prend donc aucun risque sur « White Oleander » et utilise toutes ses recettes musicales habituelles, le résultat reste toujours aussi épatant par son style minimaliste radical et son point de vue indéniablement personnel et un peu à part : voilà un score intime et retenu qui devrait satisfaire surtout les aficionados de Thomas Newman, mais pour les autres qui seraient moins enclins à écouter ce genre de musique atmosphérique lente, intime et morne, attention à l’ennui ! Mais chacun y trouvera finalement son compte car au final, même si la musique reste assez plate sur l’album, elle fonctionne parfaitement dans le film et apporte une émotion et un sentiment de drame délicat à l’image.




---Quentin Billard