1-A Bad Kitty 2.04
2-One Leche 2.01
3-Jack and Jill 0.22
4-Holy Frijoles 1.14
5-Chasing Tail 1.09
6-Diablo Rojo 4.53*
7-Humpty Dumpty &
Kitty Softpaws 2.42
8-The Orphanage 4.29
9-Honor and Justice 1.44
10-That Fateful Night 2.35
11-The Wagon Chase 2.58
12-Team Effort 0.57
13-Planting the Beans 2.09
14-The Magic Beanstalk 1.17
15-Castle in the Clouds 1.57
16-Golden Goose of Legend 6.38
17-Hanuman 3.39*
18-Confronting the Past 1.37
19-I Was Always There 4.06
20-Kitty-Cat Break-Out 1.35
21-The Great Terror 7.56
22-Farewell to San Ricardo 1.32
23-The Puss Suite 3.09
24-The Giant's Castle 3.08

*Composé et interprété par
Rodrigo & Gabriela.

Musique  composée par:

Henry Jackman

Editeur:

Sony Classical 88697-98542-2

Album produit par:
Henry Jackman, Jack Dolman
Musique additionnelle de:
Matthew Margeson, Dominic Lewis
Service de production musicale:
Steven Kofsky
Direction de la musique pour
DreamWorks Animation:
Sunny Park
Montage musique:
Jack Dolman, Dan Pinder
Coordination de la musique:
Roger Tang
Supervision de la musique:
Susan Thampi

Artwork and pictures (c) 2011 DreamWorks Animation LLC. All rights reserved.

Note: ****
PUSS IN BOOTS
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Henry Jackman
« Puss in Boots » (Le Chat Potté) est un spin-off qui reprend l’un des personnages de la saga « Shrek », le fameux chat potté (lui-même inspiré du « chat botté » de Charles Perrault). Dans « Puss in Boots », le chat potté a ainsi droit à sa propre aventure. Plusieurs années avant de croiser la route de Shrek, le chat potté (Antonio Banderas) sillonnait les routes d’Espagne en compagnie de son fidèle ami l’oeuf Humpty Alexander Dumpty, avec qui il grandit dans le même orphelinat et partagea son goût pour l’aventure et le danger – rappelons que le personnage d’Humpty est lui-même issu d’une célèbre comptine anglaise. Le jour où il apprend qu’un couple de malfaiteurs, Jack et Jill, possèdent les fameux haricots magiques capables de créer une vigne amenant dans le ciel jusqu’au château de l’ogre et ses oeufs d’or, le chat potté décide de se lancer à la poursuite des précieux haricots et tente alors de les dérober chez Jack et Jill. Mais il est alors doublé par une mystérieuse chatte masquée (Salma Hayek) qui fait échouer son plan. Furieux, potté poursuit la chatte et finit par la retrouver dans le vieux bar du Cat Cantina. Il découvre alors que la chatte, nommée Kitty Softpaws, est alliée avec Humpty Alexander Dumpty (Zach Galifianakis), son vieil ami d’antan que le chat potté a trahi il y a bien longtemps. Kitty réussit alors à convaincre potté de s’associer avec Humpty pour poursuivre ensemble les haricots magiques de Jack et Jill. Et l’aventure commence enfin, entre poursuite, danger, course au trésor, trahison et héroïsme. Gros succès cinématographique de cette fin d’année 2011, « Puss in Boots » est une jolie réussite sur toute la ligne, un film qui s’inspire de l’univers de « Zorro » et nous propose une succession ahurissante de séquences d’action en 3D tout bonnement spectaculaires (la poursuite en calèche au bord du ravin, le vol de l’oiseau aux oeufs d’or dans le château, etc.), servi par une animation de qualité et des effets spéciaux numériques dignes du récent « Tintin » de Spielberg. Quand au scénario, il s’inspire autant de « Zorro » que du fameux « chat botté » de Charles Perrault ou du célèbre conte populaire anglais « Jack the Beanstalk » (lui-même adapté à de nombreuses reprises au cinéma) pour nous offrir un superbe cocktail d’aventure et d’humour avec des décors espagnols grandioses et des personnages attachants bien que parfois un brin décalés – le couple de brigands qui ne parlent que de bébé, l’oeuf qui parle, etc. – Exit d’ailleurs ici l’aspect satirique de « Shrek » : « Puss in Boots » prend ses distances par rapport à la franchise d’origine de DreamWorks et décide de voler de ses propres ailes. Le résultat est aussi irrésistible que le félin séducteur auquel Antonio Banderas prête brillamment son accent latino.

Avec « Puss in Boots », le compositeur Henry Jackman confirme encore une fois qu’il est l’un des compositeurs émergeants du studio Remote Control de Hans Zimmer en passe de devenir l’un des meilleurs musiciens travaillant pour l’écurie RC (ex Media Ventures). Pour le film animé de Chris Miller, Jackman convoque l’ensemble orchestral habituel agrémenté d’un ensemble de solistes incluant le sympathique duo de guitariste mexicain Rodrigo & Gabriela, avec lequel Hans Zimmer avait déjà collaboré sur « Pirates of the Caribbean : On Stranger Tides » en 2011. La musique d’Henry Jackman évoque clairement l’univers hispanisant et les origines du chat potté en utilisant tous les stéréotypes habituels de la musique traditionnelle espagnole/latino : trompettes aux accents mariachi, guitares aux rythmes de flamenco, castagnettes, et même harmonica, guitare électrique et sifflet pour le côté ‘western spaghetti' du film tendance Ennio Morricone. Mais la vraie source d’inspiration du compositeur sur « Puss in Boots » - hormis des références à Debussy et Ravel - semble avoir été le « Mask of Zorro » de James Horner, auquel Henry Jackman semble parfois faire référence dans ses mélodies, son instrumentation ou ses harmonies (score qui était lui-même très inspiré de références espagnoles à Manuel de Falla). Cette influence paraît indiscutable dès l’ouverture (« A Bad Kitty ») qui présente le personnage du chat potté, à travers le duo de guitare de Rodrigo & Gabriela, les rythmes de flamenco populaire à base de claquements de mains/castagnettes, les orchestrations hispanisantes à base de cordes/hautbois/flûte (on pense parfois au « Concerto d’Aranjuez » de Joaquin Rodrigo), et bien sûr, les harmonies et les mélodies caractéristiques de la musique espagnole traditionnelle. « A Bad Kitty » se conclut d’ailleurs avec une première apparition du thème principal associé au chat potté tout au long du film, thème héroïque hispanisant et entraînant sur fond de rythme de chevauchée et qui sera assez présent tout au long de l’aventure du félin et de ses complices. Le thème revient dans un mélange très orienté ‘western’ dans « One Leche » avec sifflet, harmonica et guitare électrique à la Morricone, tandis que le deuxième thème est suggéré brièvement par un hautbois au milieu du morceau, thème aux consonances mexicaines lui-même très inspiré de celui du « Zorro » de Horner. Dans « Jack and Jill », le compositeur nous propose le troisième thème de sa partition, thème plus sombre et menaçant associé au duo Jack et Jill et confié à une guitare grave. Dans « Holy Frijoles », Henry Jackman prolonge son exploration des sonorités espagnoles/mexicaines à base de guitares et d’effets percussifs produits par Rodrigo & Gabriela – avec cette technique traditionnelle qui consiste à frapper sur le corps de la guitare pour produire un son percussif sec, souvent associé au jeu de la guitare rythmique. La poursuite sur les toits (« Chasing Tail ») permet au compositeur de reprendre ses deux thèmes associés aux exploits du chat potté sur un rythme de flamenco endiablé qui rappelle encore une fois « Zorro ». Rodrigo & Gabriela nous proposent quand à eux leurs propres compositions originales pour le film, comme c’est le cas dans le superbe « Diablo Rojo » qui devrait séduire n’importe quel fan du duo mexicain et des musiques latinos traditionnelles.

Décidément, on est bien loin ici du son hollywoodien et c’est tant mieux : que ce soit les producteurs de chez DreamWorks, le réalisateur ou le compositeur, tous semblent avoir brillamment joué le jeu de la musique latino traditionnelle pour « Puss in Boots », et ce sans réel compromis, à part quelques morceaux un brin plus orchestraux et plus conventionnels. Car le score d’Henry Jackman ne se limite pas qu’à ces accents hispanisants mais nous offre aussi quelques passages plus diversifiés comme « Humpty Dumpty & Kitty Softpaws », où le compositeur utilise les instruments d’une façon plus atmosphérique et mystérieuse, à base de clavecin, cithare, guitare, cordes et accordéon, lorsque potté retrouve Humpty et découvre qu’il est de mèche avec Kitty. Le compositeur n’évite pas aussi les traditionnelles touches de mickey-mousing indissociables des musiques de film animé, même si ces éléments restent finalement très mineurs dans le score de « Puss in Boots ». La séquence du flashback sur l’enfance de potté et de Humpty (« The Orphanage ») permet d’ailleurs au compositeur de renouer avec ce style orchestral plus conventionnel à base d’instruments sautillants et colorés, avec une écriture orchestrale plutôt riche et détaillée, typique d’Henry Jackman – on pense parfois à John Powell ou même certaines musiques de film animé d’Harry Gregson-Williams. La musique n’hésite d’ailleurs pas à devenir plus dramatique et grandiose pour l’occasion comme le rappelle le sombre et agité « That Fateful Night » avec son mélange d’orchestre et de choeurs, qui rappelle l’ancienne trahison de potté envers Humpty - personnage qui possède d'ailleurs son propre thème, mélodie aux notes descendantes entendue notamment dans « The Orphanage » (où le thème prend une tournure plutôt légère et exubérante), « Humpty Dumpty & Kitty Softpaws » (où il devient à contrario plus sombre et nuancé), « Honor and Justice », « I Was Always There » et « The Great Terror ». Le thème d'Humpty traduit autant l'ancienne amitié de l'oeuf avec potté que ses blessures liées à la trahison de son meilleur ami, permettant ainsi à Jackman de varier ce thème à loisir, parfois léger et touchant, parfois sombre et déterminé comme dans « That Fateful Night ». L’action reprend de plus belle dans l’excellent et survolté « The Wagon Chase » où culminent le thème du chat potté et celui de Jack & Jill, sans oublier les déchaînements orchestraux de « Kitty-Cat Break-Out » ou du superbe climax « The Great Terror » où les différents thèmes du score se télescopent brillamment lors de l’affrontement final contre la grande terreur à grand renfort d’envolées thématiques héroïques. A noter qu’Henry Jackman nous propose enfin un cinquième thème dans « Planting the Beans » (et déjà apparu bien avant dans le score), le « Brotherhood Theme » associé à l'amitié entre Humpty, potté et Kitty, thème de la fraternité/complicité qui sera très présent durant la seconde partie du film, et qui évoque non seulement la complicité des héros mais aussi leur quête au trésor. Le thème de la fraternité est repris dans le grandiose « The Magic Beanstalk », « Golden Goose of Legend » ou dans « The Giant’s Castle », avec cette sensation d’émerveillement constante associée au trésor de l'ogre. Henry Jackman signe donc au final une excellente partition pour « Puss in Boots », plutôt riche et inspirée, servie par une multitude de thèmes de qualité et une orchestration riche et soignée mélangeant musique hispanisante/latino et orchestre traditionnel. Dommage que les influences musicales du compositeur soient parfois un peu trop évidentes sur l’ensemble du score, qui n’apporte finalement rien de bien neuf mais possède une énergie et un charme indiscutable, parfait pour l’atmosphère du film de Chris Miller. Mais qu'on se le dise : le compositeur signe à ce jour sa meilleure musique pour une production animée de chez DreamWorks. Décidément, Henry Jackman n’a pas fini de nous étonner et confirme encore une fois qu’il est un compositeur à suivre !




---Quentin Billard