1-Tea for Three Plus One 1.40
2-The Woman in Black 1.56
3-Crossing the Causeway 2.24
4-Bills Past Due 1.21
5-Voices in the Mist 2.00
6-Journey North 2.56
7-Cellar Eye 2.48
8-First Death 2.00
9-The Attic Room 1.56
10-The Door Opens 1.45
11-Fireside 2.30
12-You Could Have Saved Him 2.57
13-Crazy Writing 2.15
14-In The Graveyard 2.56
15-Elisabeth's Vision 3.39
16-Into The Fire 3.57
17-Jennet's Letters 2.12
18-Race To The Marsh 2.11
19-Rising From The Mud 3.12
20-Summoning The
Woman In Black 4.26
21-Reunion 1.41
22-Arthur's Theme 2.46

Musique  composée par:

Marco Beltrami

Editeur:

Silva Screen Records SILCD-1378

Produit par:
Marco Beltrami, Buck Sanders
Producteurs exécutifs de l'album:
Reynold D'Silva, David Stoner
Musique additionnelle de:
Marcus Trumpp, Brendon Roberts
Monteur musique:
John Warhurst

Artwork and pictures (c) 2012 Hammer Film Productions. All rights reserved.

Note: ***
THE WOMAN IN BLACK
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Marco Beltrami
« The Woman in Black » (La dame en noir) est le premier long-métrage post-Harry Potter pour Daniel Radcliffe, réalisé par le britannique James Watkins, quatre ans après son premier essai remarqué, « Eden Lake » (2008). Adapté du roman éponyme de Susan Hill et produit par la Hammer, « The Woman in Black » raconte l’histoire d’Arthur Kipps (Daniel Radcliffe), jeune clerc d’un cabinet de notaire anglais qui est chargé par son supérieur de réunir les papiers et de vendre la demeure d’Alice Drablow, qui possédait un manoir anglais situé au fond des marais de l'autre côté d'une petite bourgade britannique paisible. Arrivé dans le village, Arthur se heurte à la méfiance et à l’hostilité des habitants, tandis qu’il sympathise avec Sam Daily (Ciarán Hinds), un propriétaire qui vit avec sa femme Elizabeth (Janet McTeer) dans une grande demeure de l’autre côté du village. Arthur se rend alors au manoir du marais et découvre très rapidement que l’immense demeure abandonnée est le théâtre d’événements étranges et surnaturels. L’esprit de l’ancienne propriétaire hante aujourd’hui les lieux, celle que les habitants ont surnommée « la dame en noir ». Depuis que son fils a étrangement disparu il y a des années dans les marais, son corps n’ayant jamais été retrouvé, Alice Drablow a mis fin à sa vie en se pendant dans la nurserie du manoir. Arthur comprend alors que son esprit continue de hanter l’immense maison, cherchant à se venger des vivants en répandant une terrible malédiction qui s’abat sur tous les enfants du village. « The Woman in Black » est donc un énième film de maison hanté comme on en voit régulièrement à Hollywood ou dans le cinéma fantastique en général (on pense notamment aux productions espagnoles ou japonaises). Le scénario ménage suspense, sursauts et rebondissements avec un Daniel Radcliffe plutôt convaincant bien qu’un peu trop jeune pour camper un père de famille veuf. Hélas, si la première partie du film s’avère être assez immersive et captivante, avec son atmosphère glaciale et ses décors britanniques pluvieux, la seconde partie s’avère être étrangement plate et profondément répétitive. Dès lors que le jeune Arthur est harcelé par le fantôme et les événements paranormaux à l’intérieur du manoir, le film s’accompagne d’une désagréable sensation de déjà-vu, d’autant qu’il s’avère être désespérément lent et atrocement répétitif. Voir Daniel Radcliffe sursauter pendant de nombreuses minutes d’affilée en passant d’une pièce à une autre, avec son lot de clichés habituels (la poupée étrange, le jouet qui se met en marche tout seul, la rocking-chair qui bouge elle aussi toute seule, les portes qui s’ouvrent mystérieusement, le fantôme qui apparaît et disparaît, etc.) finit par lasser et provoquer l’ennui, le problème venant surtout ici de l’absence totale de surprise, d’un scénario bancal et d’un rythme extrêmement lent – même le dénouement final, qui se veut étonnant, n’a pourtant rien de bien surprenant lorsqu’on connaît un peu ce genre de film ! Et ce ne sont pas les quelques sursauts médiocres et gratuits qui viendront combler le vide abyssal d’un film atrocement ennuyeux, d’une platitude colossale (difficile de trouver quoique ce soit de terrifiant dans ce film, tant l’ensemble semble totalement artificiel, surfait et prévisible !). De toute façon, on a déjà vu ça des centaines de fois auparavant, et de façon 100 fois plus convaincante ! Seuls les amateurs d’atmosphères gothiques à l’ancienne et d’intrigues de maison hantée y trouveront leur compte.

« The Woman in Black » était de toute évidence un film fait pour Marco Beltrami, qui renoue ici avec son style horrifique/suspense habituel, dans la continuité de son récent travail pour le très remarqué « Don’t Be Afraid of the Dark ». La partition de Beltrami est l’élément moteur du film de James Watkins, personnifiant le mystère, le suspense et l’atmosphère gothique du récit à travers une série d’ambiances musicales sinistres et envoûtantes. Dès l’ouverture du film, le ton est donné avec la berceuse enfantine de boîte à musique dans « Tea for Three Plus One », alors que l’on voit trois fillettes jouer à la poupée avant de se suicider mystérieusement en sautant par la fenêtre. Le morceau débute sur le ton de l’innocence et bascule ainsi dans l’angoisse et le cauchemar avec une montée impressionnante de cordes dissonantes et chaotiques. Le thème principal baptisé sur CD le « Arthur’s Theme », fait son apparition dans le générique de début (« The Woman in Black »), confié à des cordes amples et mystérieuses sur fond de nappes sonores évoquant l’élément fantastique et surnaturel du film. Quelques voix lointaines ponctuent « The Woman in Black » avec son atmosphère mystérieuse et vaporeuse très réussie, en adéquation parfaite avec l’ambiance du long-métrage de James Watkins. La musique reste plutôt froide et retenue au début du film, avant de céder aux sirènes de l’atonalité brumeuse et des dissonances habituelles à la fin de « Crossing the Causeway », qui annonce l’élément surnaturel et paranormal dans le manoir hanté. A noter l’emploi plutôt réussi d'une cithare dans « Bills Past Due » qui apporte une couleur supplémentaire efficace aux orchestrations très soignées de Beltrami et son équipe, la cithare devenant rapidement un instrument-clé de la partition. Dans « Voices in the Mist », le suspense est largement entretenue par des effets instrumentaux avant-gardistes chers au compositeur (glissandi, clusters, stridences, cordes en harmonique, etc.) et des sonorités électroniques brumeuses qui semblent flotter mystérieusement dans l’obscurité : du suspense gothique à 100% en somme ! Beltrami utilise aussi à quelques reprises un petit groupe de cordes plus restreint pour évoquer aussi la dimension plus humaine et dramatique du récit - le père de famille veuf, la malédiction qui tue les enfants du village, la mort du fils de la dame en noir. Quand au thème principal, il reste très présent durant les scènes où Arthur se rend au manoir et cherche à y découvrir la vérité (« Journey North »). Mais le suspense reprend très rapidement le dessus avec une série d’atmosphères fantomatiques idéales pour ce type de film : « Cellar Eye » permet ainsi à Beltrami de manipuler les sonorités de façon plus inventive et expérimentale avec son mélange d’instruments déformés, de raclements et de chuchotements mystérieux pour les apparitions surnaturelles dans le manoir.

L’ombre de la mort plane sur le dramatique et terrifiant « First Death », pour la mort du premier enfant dans le village, permettant à Beltrami de rappeler au passage son goût pour les musiques plus lyriques et élégiaques. Le thème d’Arthur est repris dans « The Attic Room » avec une atmosphère mystérieuse et inquiétante constante, partagé entre le thème aux cordes et un motif répétitif de 5 notes en contrepoint de la mélodie principale. Ici aussi, Beltrami manipule le son pour un résultat sonore proprement immersif et assez impressionnant – la musique est d’ailleurs bien mise en valeur dans le film. Le suspense se développe dans les scènes fantomatiques de « The Door Opens » (avec son utilisation remarquablement stressante et étonnante du son d'un rocking-chair), « You Could Have Saved Him », « Crazy Writing », « Jennet’s Letters » et « In The Graveyard », des morceaux plus atmosphériques et angoissants qui, bien qu’assez fonctionnels à l’écran et très inégaux en terme d’écoute sur l’album, parviennent à délivrer suffisamment de bonnes idées pour maintenir notre attention jusqu’au bout. On appréciera ainsi la façon dont les sonorités évoluent sur la fin de « In The Graveyard », évoquant la scène dans le cimetière avec un jeu constant sur les cordes (effets de trémolos métalliques en ‘sul ponticello’) et les voix féminines fantomatiques et difformes. La musique devient plus massive et agitée dans l’agressif et terrifiant « Race to the Marsh » sans oublier l’obscur et macabre « Rising from the Mud », sommet d’atonalité et de sonorités avant-gardistes de l’orchestre et des voix d’outre-tombe. La terreur culmine dans le dissonant et chaotique « Summoning the Woman in Black » que l’on croirait tiré d’une musique d’épouvante de Christopher Young, tandis que le poignant et dramatique « Reunion » ramène le calme à la fin d’un score somme toute particulièrement sombre, froid et sinistre. Marco Beltrami nous offre donc une très belle partition gothique pour « The Woman in Black », un travail de qualité sans surprise et sans éclat mais qui se distingue par son intensité constante et ses quelques trouvailles sonores, rappelant le fait que le compositeur semble enfin avoir retrouvé son inspiration ces derniers temps, après avoir tourné à vide pendant quelques années au début des années 2000. « The Woman in Black » devrait donc satisfaire les fans d’atmosphères musicales gothiques/brumeuses et des musiques d’épouvante de Marco Beltrami, qui reste encore une fois un maître du suspense et du frisson !




---Quentin Billard