1-The Patriot 6.39*
2-The Family Farm 3.03
3-To Charleston 2.15
4-The Colonial Cause 3.15
5-Redcoats at the Farm and
The Death of Thomas 5.00
6-Ann Recruits the Parishoners 3.09
7-Preparing for Battle 5.50
8-Ann and Gabriel 4.35
9-The First Ambush and
Remembering the Wilderness 4.00
10-Tavington's Trap 4.09
11-The Burning of the Plantation 4.55
12-Facing the British Lines 3.05
13-The Parish Church Aflame 3.03
14-Susan Speaks 3.17
15-Martin vs. Tavington 3.06
16-Yorktown and
The Return Home 5.20
17-The Patriot Reprise 7.50*

*Violon soliste de Mark O'Connor.

Musique  composée par:

John Williams

Editeur:

Hollywood Records
0112442HRW

Album produit par:
John Williams
Montage de la musique:
Ken Wannberg
Directeur en charge de la musique
pour Centropolis Entertainment:
Peter Afterman
Directeur en charge de la
bande originale pour
Hollywood Records:
Mitchell Leib

Artwork and pictures (c) 2000 Columbia Pictures Industries, Inc. All rights reserved.

Note: ***1/2
THE PATRIOT
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by John Williams
Le très critiqué film de Roland Emmerich, « The Patriot », a été fortement taxé de nationalisme et de fascisme par la critique (militarisme exubérant, clichés américains, etc.). Pourtant, la question de base que posait le film s’adressait au directement au spectateur en l’incitant à réfléchir sur la façon dont nous réagirions si on nous enlevait ce qui nous est de plus cher au monde...notre famille. L'histoire se déroule pendant la guerre d'indépendance en Amérique (1775- 1782) entre les colonies américaines du nord et l’armée britannique. Le film parle en fait d'une histoire de vengeance et d'un combat enragé contre l'oppression anglaise. Un des concepts du film - malheureusement avorté - était de montrer que le héros du film, Benjamin Martin (Mel Gibson), un américain bon père de famille, ne valait finalement pas mieux que les anglais. Homme apparemment hanté par un sombre souvenir du passé qu'il tente d'oublier, Martin n'a d’autre choix que celui de reprendre les armes lorsque le cruel colonel anglais Tavington (Jason Isaacs) tue le jeune Thomas, l'un des fils de Martin, qui assiste alors impuissant à cette scène. La haine au coeur, Martin verra ses vieux démons ressurgir brusquement dans la scène très violente où Benjamin massacre un anglais sur lequel il s'acharne avec rage. Benjamin Martin a lui aussi commis des horreurs toutes aussi cruelles que celles des anglais dans le passé : il a ainsi massacré toute une troupe d'individus alliés à des anglais, qu'il a ensuite découpés en petits morceaux alors que ces derniers étaient responsables de la mort de plusieurs familles américaines. Roland Emmerich voulait montrer que dans la guerre, il n'y a ni gentil ni méchant, juste des hommes avec des qualités et des défauts. Malheureusement, le réalisateur cède rapidement à la facilité en montrant par la suite un Benjamin Martin plus sympathique, héroïque, comme si tous les actes de son passé avaient disparus subitement comme par enchantement pour laisser place à un héros patriote au grand coeur. Aucun doute possible, on a bel et bien à faire à un nouveau Roland Emmerich à 100%, un réalisateur très conventionnel qui a finalement sombré dans la facilité et la surenchère (encore une fois !) alors que l'idée de départ était pourtant intéressante et osée. Au final, « The Patriot » reste un honnête blockbuster estival, qui ne laissera pas un grand souvenir. Dommage, d'autant qu'après le bide peu surprenant et largement mérité de « Godzilla », on était en droit d'attendre quelque chose d’un peu mieux de la part de Roland Emmerich, quelque chose qui relèverait le niveau. Peut-être était-ce trop demander !

Le compositeur David Arnold devait composer à l'origine la musique du film d'Emmerich, mais la production a finalement décidé de le remplacer par le grand John Williams. La musique de « The Patriot » s’avère être très réussie même si John Williams ne signe pas là un chef-d’oeuvre. Articulée autour de deux grands thèmes plus un motif sombre peu utilisé durant le film, « The Patriot » est une très solide partition d'aventure et d’action (« Tavington's Trap », « Martin vs. Tavington »), avec un fort sentiment de solennité patriotique (« Preparing for Battle », « The Patriot », « The Patriot Reprise »), des moments d’intimité et de romantisme typique du lyrisme du maestro (« The Patriot », « Ann and Gabriel ») et des morceaux plus tragiques et sombres (« The Parish Church Aflame », « The Burning of the Plantation », « The Death of Thomas », « Remembering the Wilderness »). La musique de « The Patriot » contient ainsi quelques grands moments signés d’une main de maître par un John Williams en pleine forme, qui utilise encore une fois ses formules orchestrales habituelles renforcées par un style très personnel qui survit au fil des années, le compositeur ayant acquis une plus grande maturité dans sa façon d’écrire la musique.

A noter deux pièces extrêmement mémorables ici, « The Patriot » et « The Patriot Reprise », deux morceaux réunissant les deux grands thèmes du film. On commence d'emblée sur un solo de violon interprété par le violoniste Mark O'Connor accompagné par une guitare, une mélodie lyrique, délicate et très touchante aux consonances vaguement celtiques, un thème plus romantique pour les moments de tendresse entre Ann et Gabriel, l'un des fils de Martin, et qui évoque aussi l'attachement aux racines natales, à la terre de Benjamin Martin et de tous les autres paysans, mais aussi à la chaleur famille, un sentiment primaire réconfortant. Et justement, quoi de plus approprié qu'un violon pour évoquer un tel sentiment, un instrument de musique très souvent utilisé dans le temps par les paysans lors des fêtes, des cérémonies ou des divertissements, ou pour un simple usage personnel. Après une reprise très classique de ce thème à l'orchestre - à travers une écriture très élégante et raffinée de cordes - on enchaîne sur le second thème, annoncé par un rythme de caisse claire martial et des piccolos militaires, un thème très entraînant et solennel qui renforcer clairement le côté patriotique et guerrier du film de Roland Emmerich, tout en apportant un souffle plus martial et épique à l’histoire : un très grand thème solennel et vibrant en somme, comme seul John Williams en possède les secrets !

Le troisième motif est en fait entendu dès l'introduction du film, un motif de trompette très sombre, très approprié dans le contexte du film puisqu'il s'agit du motif évoquant l'amertume et les tourments de Martin vis-à-vis des horreurs qu'il a commis dans le passé par haine et par soif de vengeance. On entend ce thème dans la terrible scène de « The First Ambush and Remembering the Wilderness » lorsque Martin massacre sauvagement un anglais par pur esprit de vengeance haineuse. Ce motif est peu présent dans le score mais suffisamment évocateur de l'idée avortée du film, à savoir celle d'une complexité psychologique qui aurait pu apporter quelque chose de particulier à l’histoire si Emmerich n'avait pas fait de son film une simple bataille entre gentils américains et méchants anglais. Le thème patriotique est très présent tout au long du film, et plus particulièrement dans l'excellent « Ann Recruts the Parishoners » pour la scène où Ann se rend à l'église des Parish pour recruter de nouveaux combattants : chacun se lève tour à tour pour venir rejoindre le front, une envolée thématique tout bonnement splendide ! On notera aussi l'excellent « Preparing for Battle » pour la scène où Martin, Gabriel et les autres combattants se préparent au combat (à ce propos, on notera aussi l'excellent « Colonial Cause »). John Williams fait toujours la part belle aux cuivres sans oublier les cordes et le reste des instruments de l'orchestre, avec des vents plus présents dans les passages plus calmes et intimes du film. On notera au passage une allusion à la marche militaire traditionnelle des « British Grenaders » (est-ce un clin d'oeil personnel de John Williams à sa musique pour le film de Spielberg, « Empire of The Sun » ?) jouée par les piccolos/caisse claire dans « Facing the British Lines » qui, comme son nom l'indique, illustre la bataille finale opposant les américains et les anglais, musique martiale et guerrière très réussie, ce qui est loin d’être étonnant lorsque l'on connaît John Williams et son goût très prononcés pour les fanfares solennelles (« Summon the Heroes »). En ce sens, la partition de « The Patriot » est un peu l’antithèse de « Saving Private Ryan » : à l’élégie plus poignante et nuancée du film de Spielberg, la musique cède ici la place à une musique résolument plus martiale et guerrière - et pour le côté, pas subtile pour un sou. Mais qu’importe, le résultat demeure très impressionnant à l’écran bien que l’on pourra toujours trouver regrettable le fait de glorifier la violence à l’écran en composant des musiques très excitantes et hollywoodiennes pour des scènes de bataille censées être de vraies boucheries dans le film - mais sur ce sujet, on ne peut pas en vouloir à John Williams d’avoir suivi les directives imposées par Roland Emmerich et la production du film !

Les morceaux d'action de « The Patriot » possède ce côté massif/guerrier sans concession, comme c’est le cas dans l'excellent « Martin vs. Tavington » et « Tavington's Trap », musiques évoquant le caractère enragé et frénétique des combats, et plus particulièrement « Martin vs. Tavington » pour le combat final et la vengeance de Martin contre son adversaire anglais qu'il a juré de tuer avant la fin de la guerre. Le problème de « The Patriot » vient surtout du fait que la musique reste toujours trop dictée ici par les influences personnelles de John Williams. Dans « First Ambush » et d'autres pièces d'action du score, on retrouve le style percutant et incisif de « The Lost World », tandis que les passages de cuivres solennels ont tendance à rappeler quelques vagues mesures de « Saving Private Ryan » voire « Born on the 4th of July ». On pensera aussi à « Far and Away » mais aussi à « Star Wars : The Phantom Menace » au niveau du style d'écriture cuivré et frénétique des morceaux d'action. « The Patriot » reste comme beaucoup de musiques de film modernes parasitée par l’influence toujours trop écrasante des temp-tracks de plus en plus contraignants pour les compositeurs, les forçant bien souvent à se répéter eux-mêmes. Dommage que ce soit aussi le cas pour John Williams ! Au final, « The Patriot » est une très solide partition d’action/aventure nous offrant quelques grands moments en perspective, une musique tour à tour lyrique, guerrière, patriotique et solennelle. Que dire de plus sinon que « The Patriot », sans être un chef-d'oeuvre du genre, n'en demeure pas moins une partition particulièrement intéressante pour ce premier travail du maestro américain sur un film de Roland Emmerich. Une nouvelle grande oeuvre symphonique de John Williams !



---Quentin Billard