1-Nerio's Plan 1.44
2-Largo Virtuoso 3.30
3-The Conspiracy 5.05
4-Malunai 2.31
5-Pandora 2.15
6-The Massacre of Kai Pu 3.14
7-Largo Investigates 4.57
8-Infiltration 4.44
9-Abuse 2.41
10-Escape From the Camp 4.34
11-Love in the Water 1.24
12-Francken 2.42
13-The Winch Group 1.55
14-Bathroom Fight 3.21
15-Malunai's Death 2.51
16-Largo's Sorrow 1.29
17-Getting Closer 1.46
18-Helicopter Fight 2.51
19-Meeting with Jung 9.01
20-Noom 1.31

Musique  composée par:

Alexandre Desplat

Editeur:

Varèse Sarabande 302 067 072 2

Producteur exécutif:
Robert Townson
Monteur superviseur:
Gerard McCann
Monteur musique:
Peter Clarke
Programmation:
David Walter, Alexandre Desplat
ProTools:
Xavier Forcioli
Assistant production:
Xavier Forcioli
Préparation musique:
Norbert Vergonjanne,
Claude Romano

Artwork (c) 2011 Pan-Européenne. All rights reserved.

Note: ***
LARGO WINCH II
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Alexandre Desplat
« Largo Winch II » est le deuxième volet de la saga initiée par Jérôme Salle en 2008 et adaptée de la célèbre bande dessinée franco-belge de Philippe Francq et Jean Van Hamme. Tomer Sisley rempile à nouveau dans le rôle de Largo Winch, jeune héritier milliardaire propulsé à la tête du groupe W après le décès de son père adoptif. Le second film commence lorsque Winch décide contre toute attente de mettre en vente l’entreprise toute entière afin de créer une grande fondation humanitaire. Mais le jour de la signature du contrat de vente, Largo se retrouve accusé de crimes contre l’humanité par la procureur américaine Diane Francken (Sharon Stone), qui va tout faire pour tenter de l’arrêter et de livrer aux autorités. Comprenant qu’il est la cible d’une vaste conspiration, Largo Winch va devoir suivre les traces de son passé en revenant dans la jungle birmane où il a connu sa fiancée Malunaï (Mamee Napakpapha Nakprasitte), qui témoigne aujourd’hui contre lui. Enquêtant sur le mystérieux fond de finances occultes nommé ‘Pandore’, Winch va découvrir que de nombreuses personnes tentent de le manipuler afin de mettre la main sur le groupe W et de ternir sa réputation. « Largo Winch II » reprend les grandes lignes directrices du premier film en ajoutant cette fois-ci Sharon Stone à un casting éclectique et international – ce sera d’ailleurs le dernier rôle du vétéran Laurent Terzieff, décédé peu de temps après le tournage – le film de Jérôme Salle n’apporte donc pas grand chose de nouveau : conspiration, courses poursuites, cascades explosives, bagarres, flashbacks, etc. Le scénario accumule malheureusement tous les poncifs du genre et manque cruellement d’épaisseur. On devine trop rapidement les tenants et les aboutissants de cette intrigue de manipulation à base d’allers-retours entre le passé et le présent, parsemée de scènes d’action peu crédibles malgré les moyens évidents mis en oeuvre et le fait que Tomer Sisley ait réalisé lui-même la plupart des cascades du film. On retiendra néanmoins une course poursuite en voitures électrisante et une bagarre en parachute spectaculaire et très hollywoodienne. Dommage que le film soit finalement plombé par une multitude d’invraisemblances en tout genre. Quand aux fans de la BD d’origine, ils reconnaîtront quelques personnages-clés de l’histoire (le majordome, le personnage de Simon Ovronnaz) mais risquent fort d’en rester sur leur faim.

Alexandre Desplat est à nouveau de la partie et signe une nouvelle partition symphonique musclée pour « Largo Winch II », reprenant les grandes lignes directrices de son premier score écrit en 2008. La bande originale de « Largo Winch II » utilise ainsi l’orchestre habituel enregistré à Londres avec quelques éléments électroniques modernes et une instrumentation un brin plus exotique pour les scènes se déroulant en Birmanie. Si « Nerios Plan » débute le film de manière atmosphérique, sombre et retenue, « Largo Virtuoso » met les bouchées doubles et permet à Desplat de renouer avec le registre de l’action pure et dure, un genre dans lequel il n’a pas toujours été très convaincant par le passé. Ici, le compositeur français semble avoir relevé le défi avec panache puisque ce premier tour-de-force synthético-orchestral qu’est « Largo Virtuoso » aurait de quoi faire frémir un David Arnold en mode « 007 » : rythmiques électro/techno survoltées, cordes agitées, orchestrations riches et élaborées – incluant de jolies pirouettes mélodico rythmiques des bois – tout est mis en oeuvre pour accompagner ici avec frénésie la course poursuite en voiture du début du film. Si la partie électronique (un brin cheap) n’est pas toujours très convaincante, la section orchestrale est, quand à elle, totalement maîtrisée et digne d’Alexandre Desplat. Le compositeur varie ensuite les ambiances tout au long du film, alternant entre montées de tension, déchaînements d’action et passages plus sombres et atmosphériques pour les besoins de l’histoire. L’atmosphère de conspiration et de manipulation du film trouve écho dans « The Conspiracy », où les cordes sombres et la shakuhachi suggèrent que quelque chose ne tourne pas rond. « Malunai » tempère le climat sombre et agité de « Largo Winch II » en dévoilant le magnifique Love Theme de la partition, mélodie romantique et poignante typique d’Alexandre Desplat, avec cordes et violoncelle, réalisée toute en finesse, pour la relation entre Largo et Malunaï dans le film. « Malunai » reste d’ailleurs à coup sûr l’un des plus beaux passages de la partition d’Alexandre Desplat et rappelle la sensibilité lyrique personnelle du musicien français.

L’atmosphère de conspiration domine dans « Pandora » avec une utilisation d’un son de boîte à musique introduit dans « The Conspiracy » et qui intervient pour évoquer l’énigme associée au compte occulte de Pandore. Les rythmiques/loops électro ne sont guère loin pour rappeler là aussi le ton contemporain et moderne de cette aventure. « The Massacre of Kai Pu » reprendre le thème sombre de cordes de « Nerios Plan » pour la séquence du massacre dans le village birman, morceau torturé, élégiaque et tragique plutôt réussi, avec le retour de la mystérieuse boîte à musique (il s’agit en fait d’un célesta). Si l’on regrettera le côté plus anecdotique de passages atmosphériques comme « Infiltration » ou « Largo Investigates » - qui contient néanmoins sont lot de bonnes idées sonores, comme une très belle utilisation de gongs thaïs ou d’une trompette en sourdine – on appréciera les envolées orchestrales musclées de « Escape from the Camp » et son mélange orchestre/électronique assez détonnant. Le Love Theme revient à l’occasion pour « Escape from the Camp », le très délicat « Love in the Water », « Malunais Death » et le déchirant « Largos Sorrow » (avec un très beau duo pour piano et violoncelle), apportant un semblant de lyrisme à un score somme toute particulièrement tourné vers la tension et l’action, comme le rappelle « The Winch Group » ou le brutal « Bathroom Fight », illustrant le violent affrontement dans la salle de bain, peut être l’un des morceaux d’action les plus impressionnants du score de « Largo Winch II ». Les gongs thaïs reviennent dans « Getting Closer » avec les rythmiques électroniques qui renforcent le ton action/espionnage du film de Jérôme Salle, tandis que « Helicopter Fight » et l’intense « Meeting with Jung » (qui marque le retour de la mystérieuse boîte à musique associée à l’intrigue de la conspiration) marque la fin des aventures musclées de Largo Winch. Alexandre Desplat n’offre donc rien de bien nouveau sur « Largo Winch II », hormis quelques nouveaux thèmes de qualité, en particulier le « Malunais Theme », mais il démontre encore une fois toute l’étendue de son savoir-faire en affirmant une plus grande maîtrise de ses musiques d’action et un goût sûr pour des orchestrations richement fournies et très détaillées (y compris dans le jeu des instruments solistes). Si l’on regrettera ici la quasi absence du thème principal du premier opus (cité très peu de fois dans le film) et le manque d’originalité du score, on appréciera l’intensité et l’énergie d’une composition pas follement mémorable mais bien ancrée dans l’univers du film de Jérôme Salle et indissociable des aventures de Largo Winch .



---Quentin Billard