1-I See Everything 0.39
2-That Is My Curse
(Shadows-Part I) 1.51
3-Tick Tock (Shadows-Part II) 8.13
4-Chess (Shadows-Part III) 7.34
5-It's So Overt It's Covert 3.19
6-Romanian Wind 1.56
7-Did You Kill My Wife? 2.42
8-He's All Me Me Me 1.58
9-The Mycroft Suite 1.41
10-To The Opera! 4.03**
11-Two Mules For Sister Sara 2.34***
12-Die Forelle 3.23*
13-Zu Viele Fuchse Fur
Euch Hänsel 1.47
14-The Red Book 4.00
15-Moral Insanity 1.31
16-Memories of Sherlock 2.11
17-The End? 2.26
18-Romani Holiday
(Antonius Remix) 5.39

*Ecrit par Franz Schubert
Torturé par Mel Wesson
Interprété par Ian Bostridge
et Julius Drake
**Orchestrations de
Matthew Margeson
Contient "L'Ultima Prova", "Ah,
Signor Per Carita" et
"Don Giovanni a Cenar Teco"
extraits de "Don Giovanni" écrit par
Wolfgang Amadeus Mozart
Interprété par Janusz Monarcha,
Regina Schorg, Bo Skovhus
et Renato Giolami avec
le Nicolaus Esterhazy Sinfonia et
le Hungarian Radio Chorus,
conduit par Michael Halasz.
***Ecrit par Ennio Morricone
Interprété par le
Movie Screen Orchestra.

Musique  composée par:

Hans Zimmer

Editeur:

WaterTower Music 39270

Musique produite par:
Hans Zimmer, Lorne Balfe
Musique additionnelle de:
Lorne Balfe
Score Wrangler:
Bob Badami
Services de production musicale:
Steven Kofsky
Monteurs musique:
Mike Higham, Peter Snell,
Michael Connell

Assistant montage:
Rachel Boot
Supervision musique:
Karen Elliott
Arrangements additionnels
et programmation:
Dominic Lewis
Programmation séquenceur:
Andrew Kawczynski
Album Wrangler:
Peter Asher
Coordinateur score:
Andrew Zack
Design instrument digital:
Mark Wherry
Développement banque de sample:
Claudius Bruese, Sam Estes,
Michael Hobe

Assistants technique:
Jonas Peterson, Jasha Klebe
Coordinateur:
Becky Bentham
Manager studio pour
Remote Control Productions:
Czarina Russell
Direction de la musique pour
Warner Bros Pictures:
Paul Broucek
Direction de la musique pour
WaterTower:
Jason Linn
Album business affairs:
Dirk Hebert
Album clearance:
John F.X. Walsh

Artwork and pictures (c) 2011 Warner Bros. Entertainment Inc. All rights reserved.

Note: ***
SHERLOCK HOLMES :
A GAME OF SHADOWS
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Hans Zimmer
Deuxième aventure du plus célèbre détective privé anglais de Baker Street, « Sherlock Holmes : A Game of Shadows » fait suite au premier film sorti en 2009, et toujours réalisé par le britannique Guy Ritchie. Robert Downey Jr. et Jude Law reprennent à nouveau leurs rôles respectifs de Sherlock Holmes et du docteur Watson, pour une nouvelle enquête musclée mettant cette fois-ci en avant le plus célèbre méchant des romans de Sir Arthur Conan Doyle : le professeur James Moriarty (Jared Harris), éternel adversaire de Sherlock Holmes, qui apparaissait déjà furtivement à la fin du premier épisode. L’histoire se déroule toujours en 1891, en Angleterre. Sherlock Holmes enquête sur une série de meurtres et d’attentats survenus dans divers pays, à Strasbourg, à Vienne et aux Etats-Unis : un scandale qui ruine un magnat du coton en Inde, un trafiquant d’opium décédé d’une overdose en Chine, le décès soudain d’un baron de l’acier, etc. Pour Holmes, tous ces faits sont reliés par une même cause : un homme, tapis dans l’ombre, qui tire les ficelles depuis le début : le professeur James Moriarty. Lorsque ce dernier fait son entrée en scène, Holmes comprend qu’il va devoir affronter cette fois-ci son plus grand rival. Moriarty est effectivement un criminel extrêmement intelligent, cultivé et au moins aussi talentueux qu’Holmes, sauf que le professeur met son intelligence au service du mal et élabore une sinistre conspiration visant à semer la panique en Europe et à déclencher une guerre. Mais alors qu’Holmes et Watson se lancent dans une nouvelle quête de justice pour stopper le redoutable criminel surnommé le « napoléon du crime », Moriarty a systématiquement un coup d’avance et réussit à s’emparer d’une usine d’armement en Allemagne et acquiert une fortune colossale. Holmes rentre alors en contact avec Sim (Noomi Rapace), une gitane dont le frère, René, fait partie d’un important réseau d’anarchistes que Moriarty manipule de façon insidieuse pour semer le trouble en Europe et provoquer des tensions politiques entre les différents pays, au bord d’une guerre mondiale. « Sherlock Holmes : A Game of Shadows » reste fidèle au premier film, ni plus ni moins : on y retrouve ainsi l’excellent duo Robert Downey Jr./Jude Law, fidèles à eux-mêmes dans les rôles d’Holmes et Watson, tandis que Jared Harris campe un Moriarty tout à fait convaincant. C’est aussi l’occasion de retrouver Noomi Rapace, révélée dans son rôle de Lisbeth Salander dans la saga « Millenium » et bientôt à l’affiche du très attendu « Prometheus » de Ridley Scott. Quand à la mise en scène de Guy Ritchie, elle reste ancrée dans celle du premier film : photographie bleue/verdâtre, effets de ralenti hypnotiques, décomposition des scènes d’action mentalisées dans l’esprit d’Holmes, et bien sûr, effets spéciaux numériques, cascades survoltées, bagarres, énigmes et humour à tous les étages. Le film reste fun de bout en bout, construit comme une sorte de grande bande dessinée, mais sans réelle surprise particulière – quand à Noomi Rapace, elle reste malheureusement trop sous-exploitée dans le film et n’a visiblement pas grand chose à dire : elle se contente bien trop souvent de laisser Holmes et Watson agir en assistant, passive, à la plupart des scènes du film. Quand à l’affrontement psychologique Holmes/Moriarty, il reste fidèle au roman de Sir Arthur Conan Doyle. A voir donc, pour ceux qui ont adoré le premier film.

Hans Zimmer est de retour à la musique de « Sherlock Holmes » sur ce deuxième opus pour lequel il livre une composition synthético-orchestrale solide et survitaminée, à l’image du premier score de 2009. Avec l’aide de son complice Lorne Balfe à la musique additionnelle et toute son équipe habituelle du studio Remote Control, Hans Zimmer élabore une partition d’action qui reprend les grandes lignes directrices du premier score et propose de nouvelles idées parfaitement intégrées à cette deuxième aventure trépidante et pleine de rebondissements. On retrouve bien évidemment ici le fameux thème principal et son cymbalum aisément reconnaissable, thème introduit dès l’ouverture du film dans « I See Everything », et indissociable du personnage de Sherlock Holmes. Au rayon des nouveautés, Zimmer nous propose un nouveau motif pour Moriarty, motif menaçant de sept notes ascendantes introduit par les bois dans « That Is My Curse (Shadows – Part 1) ». Zimmer nous propose ensuite un autre motif de trois notes représentant la menace du nemesis d’Holmes au début de « Tick Tock (Shadows – Part 2) ». Ce motif, assez malléable, sera très présent tout au long du film, notamment durant les scènes d’action où le compositeur le variera sous la forme d’un thème d’action qui rappelle incontestablement les musiques d’action 90’s du compositeur allemand (on pense par exemple à « The Peacemaker »). En bref, Moriarty se voit ainsi attribué deux thèmes bien distincts, le premier, illustre sa présence sous la forme du motif ascendant de sept notes entendu au début de « That Is My Curse » et de « Die Forelle » au basson/contrebasson. Le deuxième, apparaît donc sous deux formes différentes : un bref motif de trois notes (au début de « Tick Tock » avec ses sonorités de ‘tic-tac’ d’horloge) et un motif d’action plus long qui apparaît à partir de 2:50 dans « Tick Tock ». Ce thème d’action est d’ailleurs à coup sûr l’élément le plus caractéristique du style Zimmer dans le score de « Sherlock Holmes 2 » et aussi le plus reconnaissable dans le film. Parmi les nouveaux motifs, le compositeur teuton introduit aussi un motif du danger dans « Zu Viele Füchse Für Euch Hänsel », qui reprend non seulement le motif de la course contre la montre mais introduit ce thème d’action secondaire basé sur une cellule mélodique de quatre notes – en écoutant davantage, on pourra constater qu’il s’agit en réalité d’un clin d’oeil déguisé aux premières notes de la célèbre mélodie de « La Truite » de Schubert, utilisé dans le film lors de la séquence où Moriarty torture Sherlock Holmes et présent sur l’album dans l’étrange « Die Forelle ». Ce motif d’action déguisé en allusion minorisée à Schubert est repris ainsi dans « The Red Book » et « Moral Insanity », où il évoque la déchéance de Moriarty (à noter le final cristallin de « Moral Insanity », qui rappelle certains passages de « Inception »). Zimmer établit ainsi une thématique cohérente tout au long du film de Guy Ritchie et construit l’essentiel de sa partition autour de l’omniprésence du maléfique professeur Moriarty, sans oublier pour autant le thème principal de cymbalum, à nouveau présent pour le final du film (l’énergique « The End ? » pour le générique de fin) ou dans de nouvelles variantes instrumentales inédites (« It’s Overt It’s Covert »).

Mais c’est la partie musicale associée à la gitane Sim dans le film qui attire ici particulièrement notre attention. Effectivement, pour les besoins du film, Zimmer s’est rendu en Slovaquie pour se sensibiliser à la musique traditionnelle tzigane. C’est pourquoi Zimmer a décidé de faire appel à un groupe de musiciens gitans pour enregistrer une partie de la musique du film, réunissant d’ailleurs pas moins de quatre groupes de musiciens slovaques pour la partition de « Sherlock Holmes 2 ». Ces morceaux, présents dans le film, sont souvent utilisés comme « source music » et traduisent clairement la volonté du compositeur d’explorer de nouvelles voies musicales, bien que le score souffre au final d’une dualité trop évidente entre les parties d’action synthético-orchestrales d’un côté et les morceaux tziganes de l’autre, qui ne se mélangent quasiment jamais. L’exercice de style – périlleux au demeurant pour un compositeur peu habitué à ce style musical – s’avère être totalement réussi, délivrant un parfum d’authenticité remarquable et totalement non hollywoodien, mais dans le film, on regrette le manque de cohésion avec le style global du score. Les amateurs des musiques gitanes apprécieront ainsi les rythmes de danse trépidants et survoltés de « Romanian Wind », « He’s All Me Me Me » et « It’s So Overt It’s Covert », avec son lot de violon, guitare, accordéon, clarinette, cymbalum, violon et contrebasse. Niveau orchestration, Zimmer a fait l’effort d’inclure pour une fois des bois dans ses orchestrations, privilégiant particulièrement le registre grave des vents, en particulier basson, contrebasson, clarinette basse et même clarinette contrebasse en Si. C’est le cas par exemple dans le pseudo comique « The Mycroft Suite » évoquant l’excentrique frère d’Holmes sous la forme d’une marche amusante pour bassons ou dans certains passages incluant les motifs de Moriarty. Hélas, malgré les efforts apparents entrepris par Hans Zimmer sur « Sherlock Holmes 2 », le score tombe trop souvent dans les défauts habituels du compositeur, à savoir une tendance fâcheuse à doubler ses parties orchestrales par des samples orchestraux résolument cheap et maladroits, qui rendent le tout atrocement kitsch et étonnamment laid pour un score d’une grosse production hollywoodienne. Les samples cheap de « Tick Tock », « Chess » (les trompettes MIDI totalement ratées à 0:21) ou « To The Opera ! » font souvent peine à entendre, alors que l’ensemble orchestral employé par Zimmer aurait suffisamment amplement pour le film. Autre élément contestable ici, et qui a beaucoup été reproché au compositeur : sa reprise de musiques classiques mélangées à ses propres parties synthético-orchestrales. Les fans de Mozart seront probablement horrifiés d’entendre les extraits de l’opéra « Don Giovanni » massacrés par les interventions peu opportunes de Zimmer dans « To The Opera ! », pour la séquence où Holmes, Watson et Sim partent stopper la bombe posée quelque part en ville par Moriarty et ses sbires. Si « To The Opera ! » fonctionne de façon admirable à l’écran, apportant un souffle dramatique saisissant au film – avec une introduction sous forme de marche dramatique et déterminée typique du Zimmer des années 90, elle-même adaptée d’un air de « Don Giovanni » – l’écoute sur l’album s’avère être radicalement frustrante, tant le juxtaposition ou la superposition entre la partie de Mozart et celle de Zimmer ne colle vraiment pas (d’autant que le compositeur se contente bien trop souvent de doubler l’orchestre de la section Mozart par des percussions ou des synthés !).

Fait amusant : c’est en écoutant certains passages de Mozart que l’on reconnaît d’ailleurs clairement certaines influences classiques habituelles d’Hans Zimmer, qui s’est souvent inspiré du maestro autrichien par le passé dans ses propres oeuvres, tout comme il s’inspire souvent de Wagner ou d’Ennio Morricone. Même chose pour la reprise de « La Truite » de Schubert dans « Die Forelle », que Moriarty utilise dans le film pour déstabiliser Holmes et Watson, hélas massacrée ici par un sound design expérimental volontairement détérioré, rendant l’écoute assez chaotique et laborieuse. Fidèle à son habitude, Zimmer conceptualise au maximum sa musique et propose plusieurs pistes qu’il ne maîtrise pas toujours, bien que, quoiqu’on en dise, l’effort reste louable. Enfin, et c’est devenu quasiment inévitable chez Zimmer, on retrouve une nouvelle allusion à Morricone, puisque la production a carrément décidé de reprendre un morceau entier du film « Two Mules for Sister Sara » (1970) durant la scène de la traversée à chevaux, réinterprété ici par le Movie Screen Orchestra pour les besoins du film (Zimmer aurait-il tenté un pastiche de ce morceau qui n’aurait finalement pas été retenu, expliquant ainsi la présence de la pièce originale dans le film ?). Au final, l’ensemble de la partition de « Sherlock Holmes 2 » fonctionne à la perfection à l’écran, apportant son lot d’action, de tension et aussi de dérision au film de Guy Ritchie, mais demeure extrêmement frustrante sur l’album, où la musique est très mal séquencée et fait office de véritable fourre-tout, entre les trois suites de « Shadows », les parties gitanes/tziganes, les reprises classiques (mutilées !) ou les remix électro/techno totalement inutiles, comme d’habitude. On retrouve d’ailleurs ici le problème habituel des albums d’Hans Zimmer, de plus en plus incapable de produire un disque représentant intelligemment le contenu du score dans le film comme en témoigne la récente déception de l’album du très contesté « Pirates of the Caribbean : On Stranger’s Tides ». Autre souci de taille : l’utilisation abusive des samples orchestraux cheap, qui plombent l’écoute et imposent un ton kitsch inutile à la musique, qui pourrait parfaitement fonctionner sans le renfort synthétique habituel du compositeur (un défaut qui caractérisait déjà son travail sur des scores d’action tels que « Angels & Demons » ou même « Inception »). « Sherlock Holmes : A Game of Shadows » est donc une partition regorgeant d’idées et de nouveautés, mais qui semble partir dans tous les sens, bien qu’il faille particulièrement bien distinguer ici le travail à l’écran et la présentation du score sur l’album (car pour une fois, la version film est plus convaincante que celle de l’album !). Les fans de Zimmer apprécieront le nouvel opus musical du musicien allemand et apprécieront certainement de redécouvrir le thème de Sherlock Holmes et les nouveaux thèmes de Moriarty, sans oublier la partie tzigane/slovaque du score, tout à fait appréciable au demeurant. Mais pour les autres, il ne fait nul doute que la déception risque fort de pointer le bout de son nez. A réserver donc aux fans du premier score de « Sherlock Holmes » !




---Quentin Billard