1-Listen to Beethoven 5.28
2-Paddy and Tommy 3.48
3-Sparta-Night One 9.02
4-I Can't Watch You Fight 2.30
5-Koba 6.10
6-Hero 2.00
7-Brendan and Tess 1.52
8-The Devil You Know 1.33
9-Stop The Ship (Relapse) 5.58
10-Warrior 3.54
11-Brendan and Tommy 4.41
12-About Today 7.15*

*Ecrit par Matthew Berninger
et Aaron Dessner
Interprété par The National
Courtesy of Radio France for
Bernard Lenoir's Program
"White Sessions" on France Inter
by arrangement with The National.

Musique  composée par:

Mark Isham

Editeur:

Lakeshore Records LKS 342312

Score produit par:
Mark Isham
Interprété par:
The Sodden Dog Electronic
Arts Ensemble

, Filmharmonic Orchestra Prague
Musique additionnelle de:
Cindy O'Connor
Préenregistrements électroniques:
Tyler Parkinson
Monteurs musique:
Julie Pearce, Gedney Webb
Superviseur musique:
Brian Ross
Direction de la musique
pour Lionsgate:
Tracy Mcknight
Manager général et
EVP Business Affairs:
Lenny Wohl
Coordination musique film/albums:
Jessica Myhan
Coordination musique du film:
Willa Yudell
Producteurs exécutifs de l'album
pour Lakeshore Records:
Skip Willamson, Brian McNelis

Artwork and pictures (c) 2011 Lions Gate Films Inc. All rights reserved.

Note: ***
WARRIOR
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Mark Isham
« Warrior » aborde le monde violent et passionnant du MNA, mixed martial arts (« arts martiaux mixtes »), un sport de combat qui associe de nombreuses techniques diverses et variées, dans lequel la plupart des coups de pied, poing, coude ou genou sont autorisés. Réalisé par Gavin O’Connor, « Warrior » s’inscrit dans la continuité des films de sport de combat hérités de la saga « Rocky » tels que « The Wrestler », « Fighter », « Redbelt » ou bien encore « Win Win ». On y suit l’histoire de deux frères rivaux, Tommy (Tom Hardy) et Brendan Conlon (Joel Edgerton). Le premier est un ancien marine brisé qui, à son retour au pays, décide de rendre visite à son vieux père, Paddy (Nick Nolte), afin de lui demander de le préparer pour un tournoi d’arts martiaux mixtes. Quand à Brendan, il est un père de famille aimant mais endetté jusqu’au cou, obligé à son tour de s’inscrire dans la compétition de MNA pour rembourser ses dettes et sauver ainsi sa famille. Les deux frères ont conservé de leur passé de vieilles rancoeurs tenaces qui risquent aujourd’hui de ressurgir, alors que leurs chemins vont à nouveau se croiser au cours de la compétition de MNA. Chacun défend aujourd’hui sa cause et ses intérêts, mais pour Brendan et Tommy, le tournoi d’arts martiaux mixtes sera l’occasion de mener aussi bien le combat de leur vie que de régler sur le ring un différend familial. « Warrior » est une réussite incontestable, un film de sport de combat solide doublé d’un drame familial bouleversant sur l’affrontement de deux frères déchirés par la vie, sous l’oeil attentif d’un père vieillissant et détruit par l’alcool, qui cherche aujourd’hui à se racheter une conduite et à se rapprocher enfin de ses deux fils qu’il n’a jamais pris le temps d’élever et d’aimer correctement. On pense évidemment à « The Wrestler » ou même « Rocky », mais le film de Gavin O’Connor parvient à échapper aux comparaisons en imposant un ton dramatique et brutal assez saisissant, que ce soit dans l’interprétation – l’excellent Tom Hardy en écorché vif qui noie sa rage et ses rancoeurs dans les combats, ou le vétéran Nick Nolte en père alcoolique en quête de la rédemption et du pardon – ou dans les scènes de combat, d’une rare intensité (les 15 dernières minutes sont quasi anthologiques !). Mais la plus grande réussite de « Warrior », outre sa mise en scène coup-de-poing et son casting prestigieux - Joel Edgerton s’impose encore une fois comme un nouveau talent à suivre - réside essentiellement dans la façon de filmer symboliquement les combats comme un véritable règlement de compte familial où les enjeux sont bien au-delà de la gloire ou de la fortune. Au final, malgré sa réalisation académique et impersonnelle, « Warrior » reste un drame touchant et un excellent film de sport de combat, indispensable pour tous les fans du genre !

La partition musicale de Mark Isham évoque à son tour cette histoire de confrontation familiale et de quête de la rédemption en évoquant aussi bien les sentiments des deux frères et de leur père que l’univers des combats et du championnat. Fidèle à son goût pour les musiques atmosphériques, Mark Isham élabore dans « Warrior » une partition qui va crescendo, accompagnant le parcours initiatique des deux frères sur le ring, chacun ayant son combat personnel à mener, qui va bien au-delà d’un simple championnat. « Listen to Beethoven » introduit ainsi le score avec un mélange de cordes et de synthétiseurs qui résument parfaitement l’atmosphère contemporaine du score d’Isham. Le morceau inclut aussi une série de variations autour du célèbre « hymne à la joie » de Beethoven, que l’entraîneur de Brendan diffuse durant les séances d’entraînement pour lui apprendre à maîtriser ses émotions et sa force. L’utilisation de Beethoven est d’ailleurs l’une des bonnes idées du score de « Warrior », même si la célèbre mélodie du grand maître allemand s’avère être finalement peu présente dans le reste du score. L’utilisation des synthétiseurs, des percussions, des cordes staccatos, des samples et des rythmes électro rappelle indiscutablement l’écurie Remote Control d’Hans Zimmer, que Mark Isham se voit contraint d’imiter tout au long du film – probablement à la demande des producteurs du film – on regrettera aussi le fait que le compositeur ait parfois recours à des samples un brin ‘cheap’ qui rendent l’écoute déjà très datée avant l’heure, notamment dans le son des cuivres qui sonnent résolument artificiels et peu convaincants. Niveau interprétation, l’album crédite un ensemble électro nommé « The Sodden Dog Electronic Arts Ensemble » (truc récurrent dans les scores récents d’Isham), le tout couplé à quelques solistes incluant un violoncelle et une guitare, avec le Filharmonic Orchestra Prague, dont les orchestrations ont été assurées par le vétéran Brad Dechter. Le mélange orchestre/synthé fonctionne donc parfaitement dans le film et renforce le ton contemporain et moderne de cette histoire tout en rappelant le goût du compositeur pour les musiques électroniques atmosphériques, un style que l’on retrouve dans le mélancolique et planant « Paddy & Tommy », qui évoque les dissensions dramatiques entre Tommy et son père, et qui rappelle à l’occasion certaines musiques électroniques atmosphériques des débuts de Mark Isham dans les années 80.

Dans « Sparta/Night One », Isham reprend le mélange de cordes/percussions/synthé de « Listen to Beethoven » en amplifiant ici le sentiment de tension et d’urgence, pour les premiers combats du tournoi de Sparta. La tension et la violence des affrontements sur le ring est amplifiée ici par le jeu des percussions synthétiques qui rappellent certains anciens scores synthético-orchestraux d’Isham et bon nombre de musiques d’action made in Remote Control. Ici aussi, les synthétiseurs et les samples occupent une place majeure à l’écran, pour un résultat qui n’est pas toujours très heureux – pourquoi ne pas avoir fait appel à une vraie section de cuivres ? – « Sparta/Night One » ne se limite pas qu’à la tension et aux percussions agressives, puisque la partie centrale du morceau s’avère être plus optimiste et déterminée, apportant un sentiment d’espoir et de triomphe tout en évoquant le dépassement de soi à travers le sport, à grand renfort de guitare électrique, batterie, synthé et cordes. Les amateurs de musique d’action modernes apprécieront certainement « Sparta/Night One », bien que l’on regrettera encore une fois le caractère totalement impersonnel et atrocement prévisible de la composition de Mark Isham. Les parties plus intimes telles que « I Can’t Watch You Fight », qui évoquent la relation difficile entre les deux frères et leur père, s’avèrent être finalement plus personnelles et convaincantes. La musique devient même plus émouvante et dramatique dans « Koba » à travers le jeu des cordes, le morceau reprenant aussi les mêmes envolées triomphantes et déterminées de « Sparta/Night One ». Isham accentue ce climat intime dans « Brendan & Tess » à travers l’utilisation de nappes planantes et d’un piano hésitant aux notes vaporeuses. A noter l’emploi d’une cithare dans « The Devil You Know » qui apporte une couleur particulière à la musique, alors que « Stop the Ship (Relapse) » met davantage en avant la partie intime avec un mélange parfois complexe d’émotions : les doutes, les hésitations, les frustrations mais aussi l’amour familial et l’envie de se dépasser, de se reconstruire. Tout cela est retranscrit dans le score de Mark Isham, mais sans grande originalité ni éclat particulier. L’affrontement final entre les deux frères (« Brendan & Tommy ») est assez représentatif de ce mélange d’émotions voulu par Isham dans le film, le morceau oscillant entre la tension, les percussions ‘action’ et les moments plus intimes et touchants évoquant le début d’une possible réconciliation entre Brendan et Tommy sur le ring. Mark Isham signe donc un score synthético-orchestral plutôt réussi pour « Warrior », véhiculant toutes les émotions du récit et des personnages avec une certaine adresse mais sans aucune originalité particulière. Isham se retrouve bien souvent obligé de calquer des schémas musicaux empruntés à l’écurie Remote Control, bien que son utilisation de l’électronique reste assez personnelle et aisément reconnaissable (notamment dans les passages plus intimes et retenus). Un score assez particulier donc, à conseiller avant tout aux fans de Mark Isham !



---Quentin Billard