1-Brake (Main Title) 2.09
2-Roulette 3.36
3-The Blind Watchmaker 3.26
4-Inside the Box 1.35
5-Regarding Melancholy 1.44
6-Pale Blue Dot 2.12
7-Surroundings 1.46
8-Pusher 2.40
9-Annalen Der Physik 3.49
10-Loss 4.51
11-The Cold and the Dark 3.01
12-Intrinsic Motion 2.14
13-Sense Memory 2.43
14-Suspicions 2.54
15-One Last Chance 3.34
16-Coda 4.32
17-Brake (End Title) 3.21

Musique  composée par:

Brian Tyler

Editeur:

Varèse Sarabande 302 067 143 2

Produit par:
Brian Tyler
Producteur exécutif:
Robert Townson
Tous les instruments interprétés par:
Brian Tyler
Monteurs musique:
Joe Lisanti, Robert Lydecker
Score enregistré et
mixé par:
Brian Tyler

(p)(c) 2012 Brake, LLC. All rights reserved.

Note: ***
BRAKE
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Brian Tyler
Quand un film a été un vif succès, pourquoi ne pas recycler ses formules et le copier pour tenter de surfer sur ce succès ? Tel semble avoir été l’adage de l’équipe du film d’action/suspense « Brake », sorti en salles en 2012 et mettant en scène Stephen Dorff dans un véritable compte à rebours mortel. Le concept même du film – un homme se réveille enfermé dans le coffre d’une voiture et cherche à comprendre ce qui lui est arrivé – est entièrement calqué sur celui du film « Buried » de l’espagnol Rodrigo Cortés qui avait fait sensation à sa sortie en 2010. Réalisé par Gabe Torres (modeste réalisateur américain de séries TV), « Brake » débute lorsque Jeremy Reins (Stephen Dorff), agent des services secrets américains, se réveille dans le coffre arrière d’une camionnette, entièrement enfermé dans une boîte en verre. Comprenant qu’il a été kidnappé, Jeremy tente alors de communiquer avec une autre personne grâce à une radio qui se trouve avec lui dans la boîte : l’homme en question, un certain Henry Shaw (JP Bourne), semble avoir lui aussi subi le même sort. Jeremy finit alors par comprendre qu’il s’agit d’une conspiration orchestrée par un groupuscule terroriste qui cherche à perpétrer une série d’attentats sur le sol américain. Jeremy comprend alors pourquoi il a été kidnappé : les terroristes cherchent à connaître l’emplacement exact de la mystérieuse « roulette », un bunker secret dans lequel se trouve le président des Etats-Unis en cas de force majeure, et ils savent que Jeremy connaît la position exacte de la roulette. Mais devant son refus de coopérer et de révéler tous ses secrets, l’agent devra subir une longue et éprouvante torture physique et mentale alors que les terroristes s’acharnent à le faire craquer par tous les moyens possibles et imaginables – menace contre sa femme, elle aussi kidnappée, menace contre son mystérieux ami de galère Henry, attaque surprise d’un essaim d’abeilles, inondation dans la boîte, etc. Bref, on retrouve dans « Brake » toutes les formules qui firent le succès de « Buried », sauf qu’ici, Gabe Torres parvient même à renouveler l’exploit du film de Rodrigo Cortés. Stephen Dorff est impeccable et parvient à apporter une vraie densité à son personnage, mais la grosse différence avec « Buried » provient avant tout du personnage principal et des objets qui l’entourent : ici, en plus d’un téléphone portable, Jeremy possède une radio CB et une horloge électronique qui affiche d’incessants comptes à rebours incompréhensibles et angoissants. Niveau personnalité, le héros est un agent secret au patriotisme exacerbé, dont les nerfs vont être mis à rude épreuve afin de tester sa volonté et son réel amour pour la patrie. Le suspense est parfaitement maîtrisé d’un bout à l’autre du film, et ce malgré le caractère monotone et redondant de l’intrigue (tout est entièrement filmé dans le coffre du véhicule). On ne s’ennuie donc pas une seule seconde durant les 1h30 du film, car les rebondissements se multiplient à un rythme effréné et sans aucun temps morts. Dommage que la fin soit quand à elle complètement ratée et un peu bâclée par rapport au reste de l’histoire, « Brake » ayant quasiment frôlé le 10/10 ! Un bon suspense claustrophobique, à voir dans la continuité de l’excellent « Buried » !

La partition rock/électro/orchestrale de Brian Tyler est l’un des principaux atouts du long-métrage de Gabe Torres. Ici comme dans la plupart des thrillers/films d’action mis en musique par le compositeur, le score de « Brake » affirme un ton résolument moderne et contemporain. Mais la particularité de la bande originale de Brian Tyler réside avant tout dans le parti pris musical voulu par le musicien, car, de par son approche inhabituelle, « Brake » réclamait une musique toute aussi inhabituelle, du moins dans la forme. C’est pourquoi Tyler délaisse l’attirail orchestral habituel, qui n’aurait de toute évidence pas pu coller au contexte du film, et opte pour une approche minimaliste, avec un groupe de sons restreints. Particularité ici du score : tous les instruments ont été interprétés et enregistrés par Brian Tyler lui-même, incluant ainsi un piano, une batterie, une guitare électrique, une basse mais aussi plusieurs synthétiseurs et percussions diverses. A noter que parmi les percussions enregistrées – qu’il s’agisse par exemple de la batterie ou du glockenspiel – Tyler est même allé jusqu’à créer des sons à partir de sa propre voiture (bruits du clignotant, des clés, du moteur, etc.), et afin de retranscrire au mieux l’expérience claustrophobique vécue par Jeremy Reins tout au long du film, Brian Tyler s’est carrément enfermé à son tour quelques jours dans son studio pour pouvoir ressentir davantage la sensation d’isolement et traduire tout cela à partir de ses propres sons et instruments. La musique de « Brake » fonctionne donc avant tout sur un ressenti personnel voulu par Tyler et adapté parfaitement à l’atmosphère peu conventionnelle du film de Gabe Torres. Le score repose avant tout sur un thème principal assez entêtant, intime et mélancolique, introduit dès le début du film dans « Brake – Main Title ». Ce thème est constitué d’une série de 6 notes de piano et incarne aussi bien le personnage de Stephen Dorff que son lien avec les autres individus à travers la radio CB ou le téléphone portable dans le film. La mélodie du piano est entourée ici d’une série de sonorités électroniques modernes créées sur mesure pour les besoins du film – incluant les sons de voiture dont un rythme fait à partir du clignotant – Le thème restera très présent tout au long du score pour suggérer le ressenti et les émotions de Jeremy. « Roulette » traduit d’ailleurs l’idée de l’isolement avec des sonorités électroniques sombres et omniprésentes, et un rappel du thème de piano. La musique n’hésite d’ailleurs pas à devenir plus intime et touchante lorsque le piano ralentit le rythme et s’avère être plus mélancolique, harmonique et planant, comme c’est le cas à partir de 2:07 dans « Roulette ». La musique devient aussi plus intime et émouvante dans le film lorsque Jeremy communique avec sa femme, elle aussi kidnappée par les terroristes (« Regarding Melancholy », « Loss »).

La guitare électrique fait son apparition dans « The Blind Watchmaker » toujours accompagnée des autres instruments et des synthétiseurs, tandis que « Inside the Box » renforce le ton claustrophobique du score avec une série de nappes, rythmes et loops électro un peu étranges et inquiétants. La tension devient prépondérante dans « Pale Blue Dot » avec toujours cette omniprésence de l’électronique et du sound design (sons inversés, loops, nappes sonores, sonorités déformées, etc.) et de rythmes pressants évoquant l’idée du compte à rebours. C’est aussi le cas dans « Surroundings » et ses loops étranges ou « Annalen der Physik » et ses percussions acoustiques/synthétiques diverses sur fond de guitare électrique. Tyler bascule même dans l’expérimental et l’abstrait avec « The Cold and the Dark », qui rappelle davantage son goût pour les atmosphères plus inhabituelles et conceptuelles dans ses musiques pour des productions indépendantes (on pense par exemple au génial « Bug »). Avec « The Cold and the Dark », Brian Tyler rompt totalement avec l’approche hollywoodienne conventionnelle et impose un ton parfois proche de la musique concrète, manipulant les sons à sa guise pour créer une atmosphère pesante, lourde et angoissante dans le film. La musique joue même sur l’idée de rupture dans « Sense Memory », qui débute de façon calme, mélancolique et intime avant de céder à un brusque mouvement de panique des percussions. « Coda » tempère finalement le climat nerveux et tendu du score en imposant un sentiment de paix et d’accomplissement à la fin du récit, avant de céder une dernière fois aux rythmes nerveux, suivis d’une reprise finale du thème principal dans « Brake – End Title ». Le score de Brian Tyler reste donc assez réussi sans être pour autant particulièrement mémorable. On est évidemment bien loin ici de l’ambitieux « Bug » ou même de partitions comme « The Killing Room » ou « Columbus Circle », mais qu’à cela ne tienne, Brian Tyler relève le défi haut la main et parvient ainsi à créer une atmosphère tendue et une partition cohérente de bout en bout dans le film (bien qu’un brin répétitive et montone), avec ses propres instruments et sonorités électroniques enregistrées dans son studio. A noter que le compositeur est même allé jusqu’à créer son propre clip vidéo dans lequel il se met en scène en train d’enregistrer les différents instruments et sons (voiture, synthétiseurs), le clip ayant été réalisé par Aris Stoulil (c’est quasiment une première pour un compositeur de musique de film !). Décidément, après une longue série de scores hollywoodiens de plus en plus décevants et formatés, Brian Tyler semble plus que jamais en forme ces derniers temps, surtout depuis qu’il s’est rapproché du cinéma américain indépendant, un cinéma qui semble l’inspirer davantage que la plupart des gros blockbusters U.S pour lesquels il compose fréquemment. Sans être pour autant ce que Tyler a fait de mieux dans ce domaine, la partition de « Brake » reste malgré tout une bien belle réussite, qui devrait satisfaire les fans du compositeur et du film, et qui offre une autre facette, plus personnelle, de l’univers musical éclectique de Brian Tyler !



---Quentin Billard