1-Vernian's Believe 2.53
2-The Attic 4.11
3-Helicopter Crash 2.13
4-Island Reveal 3.38
5-Lizard Chase 2.44
6-The Treehouse 4.55
7-Discovering Atlantis 5.34
8-Who's Up For An Adventure? 2.14
9-Gold Dust 5.33
10-Bee Chase 5.33
11-What A Wonderful World
(Film Version) 2.18*
12-Campfire 1.47
13-The Swamp 2.41
14-Trident Cliffs 2.33
15-Finding The Nautilus 3.08
16-Let's Power This Thing Up 3.08
17-The Nautilus Escape 5.03
18-Sean's Birthday 2.28
19-Mysterious Island Main Titles 3.22
20-What A Wonderful World
(End Credits) 2.43**

*Interprété par Dwayne Johnson
Ecrit par Bob Thiele et
George David Weiss
Paroles additionnelles de Dwayne Johnson
**Interprété par Dwayne Johnson
Ecrit par Bob Thiele et
George David Weiss
Produit par William Ross
Arrangé par William Ross et
Chris Walden
Conduit par Chris Walden.

Musique  composée par:

Andrew Lockington

Editeur:

WaterTower Music no label number

Score produit par:
Andrew Lockington
Orchestré et conduit par:
Nicholas Dodd
Assistant compositeur:
Neil Parfitt
Montage musique:
Stephen Lotwis
Assistant monteur:
David Metzner
Consultant musique mélanésienne:
Airileke Ingram
Groupes percussionnistes:
Drum Drum, Paluai Sook Sook,
Chambri Lakes

Direction de la musique pour
New Line Cinema:
Erin Scully
Direction de la musique pour
WaterTower Music:
Jason Linn
Direction du business musique:
Dirk Hebert
Supervision musique:
Andrea Von Foerster
Coordinateur score:
Kim Baum

Artwork and pictures (c) 2012 Warner Bros. Entertainment Inc. All rights reserved.

Note: ****1/2
JOURNEY 2 :
THE MYSTERIOUS ISLAND
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Andrew Lockington
Après « Journey to the Center of the Earth » sorti en 2008, les producteurs de chez New Line Cinema décidèrent de rempiler pour un second opus sorti en 2012, « Journey 2 : The Mysterious Island ». Confié cette fois-ci à la caméra du canadien Brad Peyton, spécialiste des divertissements familiaux (« Cats & Dogs : The Revenge of Kitty Galore »), « Journey 2 : The Mysterious Island » s’inspire à nouveau de l’univers des romans d’aventure de Jules Verne, et plus particulièrement de « L’île mystérieuse », revu et corrigé à la sauce hollywoodienne. On retrouve ainsi le jeune Sean Anderson (Josh Hutcherson) qui vit désormais avec sa mère Elizabeth (Kristin Davis) et son petit ami Hank Parson (Dwayne Johnson alias « The Rock »). Un jour, Sean reçoit un message de détresse codé de son grand-père Alexander Anderson (Michael Caine), qui aurait mystérieusement disparu sur une île inconnue mentionnée dans un des romans de Jules Verne. Avec la complicité de son beau-père Hank, Sean réussit à trouver les coordonnées secrètes de l’île en réunissant les cartes des trois auteurs mentionnés par Alexander dans son message : Jules Verne (l’île mystérieuse), Robert Louis Stevenson (L’île au trésor) et Jonathan Swift (Les voyages de Gulliver). Sean et Hank décident alors de partir à l’aventure en direction du Pacifique Sud à la recherche d’Alexander, aidés dans leur quête par la jeune Kailani (Vanessa Hudgens) et son père Gabato (Luis Guzman), à qui ils louent un hélicoptère. Mais le voyage est brusquement interrompu par une mystérieuse tempête provoquant le crash de l’appareil sur les rivages de l’île. Sean, Hank, Kailani et Gabato vont alors découvrir un nouveau continent inexploré renfermant de nombreux secrets et des créatures mythiques. « Journey 2 : The Mysterious Island » nous propose donc un solide cocktail d’aventure, d’effets spéciaux, de 3D et de morceaux de bravoure pour un divertissement familial simple et ordinaire, sans grande prise de risque. Pour Dwayne « The Rock » Johnson, c’est l’occasion de jouer à nouveau dans un film familial, entouré d’un casting hétéroclite réunissant entre autre le vétéran Michael Caine et la jolie Vanessa Hudgens. Les effets spéciaux plutôt réussis et la 3D habituelle assurent un spectacle visuel assez impressionnant (l’éruption volcanique, la découverte de l’Atlantide, la scène du vol sur le dos des abeilles, l’attaque du lézard géant, la découverte du légendaire Nautilus du capitaine Nemo, etc.) tout en faisant référence à plusieurs mythes de la littérature d’aventure. Le film n’évite pas les invraisemblances et les incohérences et la réalisation de Brad Peyton est atrocement impersonnelle au possible : mais les personnages sont suffisamment attachants, les scènes d’aventure suffisamment impressionnantes et les décors suffisamment grandioses pour nous maintenir en haleine jusqu’au bout, d’autant que le film reste assez court (1h33, générique inclus) et va droit à l’essentiel, tout en restant essentiellement destiné à un peu plus jeune public.

Le compositeur canadien Andrew Lockington est de retour à la musique de « Journey 2 : The Mysterious Island » après avoir écrit la musique du premier « Journey to the Center of the Earth ». Pour Lockington, « Journey 2 » a représenté un véritable challenge musical, car il s’agissait avant tout d’écrire une nouvelle partition proposant à la fois des éléments connus du premier score et des éléments nouveaux et suffisamment inédits pour relancer l’intérêt et éviter la redondance avec le premier opus de 2008. C’est pourquoi on retrouve donc le fameux « Journey Theme » tiré du premier score, que l’on reconnaîtra aisément dès les premières secondes de l’ouverture (« Vernian’s Believe », à partir de 0:47 et à 0:56), symbolisant ici aussi l’idée de l’aventure, du voyage et de la quête des héros. Parmi les nouveaux thèmes, Andrew Lockington offre à l’île sa propre mélodie - thème surnommé par le compositeur le « Untamed Island Theme » - entendue pour la première fois dans « The Attic » aux cors à partir de 0:13, à 0:48 ou à 1:29. Cette mélodie ascendante, noble et majestueuse évoque les secrets de l’île et la grandeur de ce continent mystérieux. La découverte de la cité perdue d’Atlantide offre l’occasion au compositeur de nous offrir son troisième thème, confié régulièrement aux vocalises féminines éthérées et élégantes de la soliste Emilie-Claire Barlow, qui évoquent le lointain passé d’une civilisation perdue. On découvre ce motif de la découverte dans « Discovering Atlantis » à 2:36 avec ses notes ascendantes et douces confiées à la chanteuse soliste, motif angélique et quasi spirituel qui évoque avec respect la grandeur d’une civilisation perdue. Enfin, la famille occupe une place majeure dans le film, et Lockington décide de confier à Sean, Hank et Alexander un quatrième thème évoquant les liens familiaux et la camaraderie. Ce magnifique thème familial est entendu brièvement dès « Vernian’s Believe » à 1:21 aux cordes, et sera repris à 3:12 dans « The Attic », lorsque Sean et Hank décodent l’énigme de la carte menant à l’île mystérieuse, et qu’ils s’apprêtent à partir à l’aventure. Le « Family Theme » est d’ailleurs dévoilé dans son intégralité dans le superbe « Discovering Atlantis », pour la séquence de la découverte de l’Atlantide, thème construit en réalité autour de deux phrases mélodiques, la partie 1 étant entendue de 0:28 à 0:52 avec l’orchestre et les choeurs, tandis que la partie 2, plus courte, est confiée aux vocalises féminines de 0:53 à 1:04. Armé de ses quatre thèmes tous plus intéressants et réussis les uns que les autres, Andrew Lockington bâtit une partition symphonique solide, épaulé par le prestigieux London Symphony Orchestra, l’imposant Bach Choir et la chanteuse soliste Emilie-Claire Barlow.

Mais l’aspect le plus important de la musique de « Journey 2 : The Mysterious Island » réside avant tout dans l’opportunité qui s’est offerte au compositeur de partir en Nouvelle-Guinée pour y découvrir et étudier la musique traditionnelle des papous. Le réalisateur Brad Peyton souhaitait ainsi que le compositeur trouve un nouveau « son » pour représenter l’île mystérieuse et ses fabuleux secrets, et Lockington savait qu’il lui faudrait pour cela voyager et découvrir une autre culture afin de trouver ce fameux « son ». Accompagné de son guide Airileke Ingram, Andrew Lockington passa plusieurs mois en compagnie des musiciens du groupe guinéen Paluai Sook Sook et de leur leader Lungol Popeu qu’il enregistra pour les besoins du score de « Journey 2 », après avoir séjourné un temps en compagnie de la tribu Chambri près du fleuve Sepik. C’est là que le compositeur découvrit et enregistra les Garamut du Sepik, des tambours à fente traditionnels fabriqués à partir de tronc d’arbre, utilisés lors de rituels sacrés ou pour faire fuir les tribus ennemies. Enfin, le périple d’Andrew Lockington s’acheva sur l’île Baluan dans la province de Manus, où il enregistra une dernière série d’instruments traditionnels, avant de terminer son voyage en compagnie du groupe de percussionnistes traditionnels ‘Drum Drum’ d’Airileke Ingram. Avec pas moins de trois groupes de percussionnistes de la Nouvelle Guinée enregistrés au cours de son voyage, Andrew Lockington élabora sa partition en mélangeant les deux cultures, l’orchestre symphonique londonien et les instruments guinéens pour aboutir à un résultat intéressant et audacieux, bien que le travail autour des percussions guinéennes reste assez modeste et finalement peu présent dans le score – c’est avant tout une partition hollywoodienne assez conventionnelle – Néanmoins, il faut saluer l’initiative rare du compositeur qui étudia sérieusement cette musique et cette culture, un peu comme le firent à une autre époque des musiciens comme Maurice Jarre (« The Man Who Would Be King ») ou Miklos Rozsa. On peut entendre ce travail autour des percussions ethniques dans des morceaux d’action démesurés tels que « The Nautilus Escape », « Bee Chase », « Lizard Chase » ou bien encore « Gold Dust ». Niveau action, le score de « Journey 2 » fait dans la démesure pure et nous offre de splendides déchaînements orchestraux dominés par des cuivres amples, des percussions intenses, quelques éléments synthétiques et des choeurs grandioses (le tout assuré par les orchestrations de l’indispensable Nicholas Dodd, fidèle allié de David Arnold). C’est le cas dans l’excitant « Helicopter Crash », qui accompagne la séquence du crash de l’hélicoptère sur l’île avec une virtuosité et une maîtrise impressionnante de l’orchestre.

L’émotion n’est pas en reste, et le voyage promet donc d’être mouvementé : la découverte de l’île permet de développer le « Mysterious Island Theme » dans son intégralité, thème grandiose repris de façon épique et splendide dans l’imposant « Mysterious Island Main Titles », avec ses cuivres solides et sa chorale grandiose. Bien sûr, il y a les rouleaux compresseurs orchestraux que sont « Lizard Chase » et les grands morceaux de bravoure tels que la poursuite à dos d’abeilles de « Bee Chase » ou l’héroïque « Who’s Up For An Adventure ? » avec ses allusions au très beau thème familial, au « Journey Theme », au thème de l’île mystérieuse ou aux vocalises féminines du thème de la découverte. Les passages plus intimes comme « Campfire » restent aussi réussis, avec des orchestrations toujours aussi soignées et élaborées, privilégiant tous les pupitres de l’orchestre sans aucune forme de discrimination – chose rare de nos jours à Hollywood, à une époque où des musiciens comme Hans Zimmer ont imposé le fameux schéma orchestral discriminant du cordes/cuivres/percussions – L’aventure et le sentiment exaltant de découverte émerveillé culmine dans l’envolée du thème familial dans le magnifique « Discovering Atlantis », tandis que l’action culmine enfin avec les excitants « Finding the Nautilus », « Let’s Power This Thing Up » et « The Nautilus Escape » pour la découverte du légendaire sous-marin du capitaine Nemo. On notera l’emploi des choeurs épiques dans la partie finale de « The Nautilus Escape », ultime grand morceau de bravoure du score de « Journey 2 » et témoignage redoutable du talent d’Andrew Lockington dans les morceaux d’action démesurés – qui rappellent beaucoup David Arnold – Vous l’aurez donc compris, « Journey 2 : The Mysterious Island » est une réussite incontestable de A à Z, une très grande partition symphonique d’une qualité rare, surtout pour un blockbuster d’aventure de 2012. A l’heure où les musiques hollywoodiennes se ressemblent dangereusement et subissent plus que jamais le formatage imposé en partie par l’omniprésent studio Remote Control d’Hans Zimmer, une partition symphonique classique aussi élégante, grandiose, épique et colorée que « Journey 2 : The Mysterious Island » fait un réel plaisir pour nos oreilles d’auditeurs avertis. Encore plus aboutie et maîtrisée que la partition de « Journey to the Center of the Earth », la musique de ce second périple en terre inconnu est d’une splendeur rare comme en témoigne l’incroyable « Mysterious Island Main Titles », un formidable hymne au voyage et à la découverte qui réjouira les béophiles les plus endurcis et les plus exigeants, même si l’initiative menée par le compositeur (l’incorporation de percussionnistes enregistrés en Nouvelle-Guinée) reste somme toute assez modeste et aurait gagné à être davantage développée tout au long du score. Qu’à cela ne tienne, nous sommes bel et bien là en présence de l’une des meilleures partitions hollywoodiennes de l’année 2012, tout simplement !



---Quentin Billard