1-The Dream 3.35
2-The Fall 2.11
3-Colony 1.56
4-The Tripping Den 2.50
5-Rekall 2.51
6-Rooftop Chase 2.23
7-Hand Call 2.50
8-The Vault 4.50
9-Customs 1.40
10-Car Chase (Part I) 2.44
11-Car Chase (Part II) 1.34
12-The Key 1.24
13-The Scar On Your Hand 4.15
14-Elevator Chase 5.21
15-Train To Matthias 4.03
16-Saving Melina 2.35
17-Gravity Reversing 2.19
18-Up Top Fight 2.52
19-The Fall Collapses 1.35
20-It's Hard To Believe, Isn't It? 2.34

Musique  composée par:

Harry Gregson-Williams

Editeur:

Madison Gate Records
no label number

Album produit par:
Harry Gregson-Williams
Assistant montage musique:
Meri Gavin
Orchestrations:
Alastair King

Artwork and pictures (c) 2012 Columbia Pictures. All rights reserved.

Note: **1/2
TOTAL RECALL
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Harry Gregson-Williams
Après les remakes, place aux reboots ! Surfant sur cette nouvelle mode du cinéma hollywoodien actuel, le réalisateur Len Wiseman nous offre ainsi une nouvelle version de « Total Recall », célèbre film de science-fiction/action réalisé par Paul Verhoeven en 1990 avec Arnold Schwarzenegger, adapté d’une nouvelle de Philip K. Dick intitulée « We Can Remember It For You Wholesale » et publiée en 1966. Changement de cap avec « Total Recall » version 2012 : Len Wiseman abandonne cette fois-ci la planète Mars et fait se dérouler l’histoire sur Terre, dans un futur lointain post-apocalyptique où le monde est divisé en deux états monumentaux : la Fédération Unie de Grande-Bretagne, et la Colonie, les deux continents étant reliés par la « chute », un gigantesque ascenseur souterrain qui traverse la terre et sert de passerelle aux ouvriers de la Colonie qui partent travailler de l’autre côté du monde. Douglas Quaid (Colin Farrell) est l’un de ces modestes ouvriers, qui rêve d’un avenir meilleur. Un jour, il décide de se rendre chez Rekall, une entreprise qui implante des souvenirs dans l’esprit des gens, et qui lui semble être une parfaite échappatoire à son quotidien morose. Quaid décide alors de s’offrir des souvenirs d’un agent secret. Mais l’implantation tourne mal, et Doug se retrouve alors soudainement traqué par la police locale. Se découvrant une aptitude insoupçonnée au combat, Quaid réussit à éliminer ses opposants et s’évade. Désormais, il ne peut plus faire confiance à personne, même pas à sa femme Lori (Kate Beckinsale), qui tente alors de le supprimer. Son seul atout : une mystérieuse jeune femme nommée Mélina (Jessica Biel), qu’il a vu à plusieurs reprises dans ses rêves, et qui travaille pour le compte d’un réseau de résistance clandestine dirigée par le mystérieux Mattias (Bill Nighby), qui s’oppose à la suprématie du chancelier Vilos Cohaagen (Bryan Cranston).

« Total Recall » nous permet donc de replonger à nouveau dans cet univers de science-fiction futuriste inspiré de Philip K. Dick, avec un film d’action survolté regorgeant de courses poursuites, de fusillades et d’effets spéciaux colossaux (le budget avoisine les 200 millions de dollars. Pour info, la version de 1990 n’avait coûté que 65 millions de dollars !). Exit le caractère trash et ultra-violent de la version de Paul Verhoeven, place à un blockbuster d’action speed mais totalement aseptisé et sans prise de risque, qui prend de larges libertés par rapport à la version 90 et s’éloigne aussi du livre de Philip K. Dick (bien que l’action se déroule sur terre, comme dans le roman originel). Ce « Total Recall » version 2012 vaut surtout par son rythme survolté, son enchaînement ahurissant de scènes d’action déchaînées (la bataille dans les ascenseurs, la poursuite en voitures hover, la bataille dans la chute, l’évasion sur les toits des maisons de la Colonie, etc.) et ses quelques références sci-fi que les fans reconnaîtront aisément : ainsi donc, certains décors – assurées en grande partie par l’indispensable Patrick Tatopoulos – aperçus au début du film rappellent indiscutablement le « Blade Runner » de Ridley Scott, tandis que le concept des policiers synthétiques semblent surgir tout droit du « Star Wars Episode II » de Georges Lucas. Quant au film de Verhoeven, il n’en reste que quelques bribes dans le scénario de Kurt Wimmer et Mark Bomback, avec notamment un clin d’oeil malicieux à un plan culte de la version 90, la fameuse prostituée aux trois seins, qui refait une apparition surprise dans la version 2012 ! Niveau interprétation, Colin Farrell est totalement convaincant dans la peau d’un individu en quête d’identité, qui n’arrive plus à distinguer le réel du fictif, bien que l’on regrettera le manque d’ambiguïté du film de Wiseman, un élément indispensable qui paraissait plus présent dans la version avec Schwarzenegger. Niveau casting féminin, Kate Beckinsale campe une méchante incroyablement sexy et séduisante, peut-être la plus jolie bad girl que l’on ait vu depuis bien longtemps au cinéma ! Même Jessica Biel, actrice d’ordinaire moyenne, s’en tire à bon compte dans la peau de la déterminée Mélina. Un constat s’impose donc au final : les deux adaptations de « Total Recall » au cinéma sont deux films totalement différents et finalement peu comparables. Reste que, si la version de Len Wiseman n’a rien de follement mémorable, à l’inverse de celle de Paul Verhoeven, devenue un film culte de la fin des années 80, ce « Total Recall » 2012 reste suffisamment captivant de bout en bout et parfaitement rythmé pour nous maintenir en haleine jusqu’au bout, même si l’ensemble reste finalement très inégal et assez décevant.

Après une partition monumentale et inégalable signée Jerry Goldsmith pour le film de 1990, c’est au tour d’Harry Gregson-Williams de se voir confier les rênes de la partition de « Total Recall ». Ici comme pour le film lui-même, inutile de partir avec des a priori : la nouvelle partition d’HGW n’a absolument rien à voir avec le travail de Goldsmith et se propose de partir sur des bases totalement neuves. Comme d’habitude avec le compositeur, le choix musical d’HGW sur « Total Recall » est aussi prévisible qu’ordinaire de sa part : le score est un mélange de rythmes/sonorités électro-techno et d’orchestre, un mélange hybride entendu des milliers de fois chez Gregson-Williams mais qui apporte au film de Len Wiseman le rythme et la tension nécessaire aux images, tout en accentuant la sensation d’immersion dans un univers futuriste, sombre et froid. Ainsi donc, « The Dream » pose les bases de la partition avec une série de nappes synthétiques un brin abstraites et quasi expérimentales, sur fond de loops électro ‘action’ et d’orchestrations limitées au duo habituel cordes/cuivres. La dernière partie de « The Dream » évoque la fusillade que vit Doug Quaid dans son rêve au début du film, tandis que les cuivres développent ici un motif harmonique de deux accords amples et mystérieux suggérant l’identité secrète de Quaid, motif que l’on retrouvera d’ailleurs tout au long du score. Ces sonorités/loops électro-techno sont archi présents tout au long du score, comme le confirme « The Fall », qui illustre de façon intense et rythmé l’énorme mécanisme démesurée de la chute, l’ascenseur automatisé qui relie la colonie au reste du monde. Ici aussi, le mélange de loops électro ‘action’ et d’orchestre opère à la perfection sur les images mais déçoit quand aux réelles capacités d’HGW, visiblement en pilotage automatique sur « Total Recall », obligé de régurgiter encore une fois toutes ses formules musicales habituelles de ses travaux sur les films de Tony Scott (on pense par exemple à « Man on Fire », « Unstoppable » ou bien encore « The Taking of Pelham 1-2-3 »).

Si Harry Gregson-Williams s’évertue à souligner tout au long du film le climat de traque, d’action et de tension du long-métrage de Len Wiseman, il évoque aussi Douglas Quaid et son quotidien à la colonie (« Colony ») sur fond de rythmes électroniques et de quelques cordes. Mais les choses s’intensifient plus radicalement dans « The Tripping Den », où HGW verse complètement dans l’électro-techno pure, expérimentant sur les effets sonores et le sound design à base de filtres, nappes, effets stéréo, voix féminines déformées et quelques sonorités ethniques discrètes. Ce mélange de rythmes techno et d’orchestre agité se retrouve dans l’intense « Rekall », illustrant la double identité de Quaid, devenu agent secret suite à son passage chez Rekall. Premier morceau d’action majeur du score de « Total Recall », « Rekall » ouvre le bal des festivités sans faire dans la dentelle : les rythmes techno/house music, omniprésents, prennent bien souvent le pas sur les orchestrations, rachitiques au demeurant, et limitées au traditionnel mélange cordes/cuivres. On retrouve ici le motif principal des cuivres, maigre thématique du score d’HGW suggérant la quête d’identité du héros. Et si vous aimez les expérimentations électroniques du compositeur sur « Rekall », vous apprécierez certainement la course poursuite musclée de « Rooftop Chase » lors de la traque sur les toits entre Quaid et sa femme Lori. Dès lors, la chasse est ouverte, et Harry Gregson-Williams va uniquement se contenter de suivre une ligne directrice déjà toute tracée : souligner l’action et la tension à base de rythmes synthétiques modernes survoltés et d’orchestrations maigrichonnes (on a dû mal à croire qu’Harry Gregson-Williams a une formation classique à la base !). « The Vault » nous permet de respirer un peu, avec un thème de piano-cordes plus intime et typique du compositeur et une atmosphère globalement plus mystérieuse et introvertie, reflétant l’idée de la quête d’identité. De l’action, le compositeur nous offre à loisir avec la course poursuite véhiculée du frénétique et énergique « Car Chase », diptyque musclé qui ravira tous les amateurs des scores d’action synthético-orchestraux made in Remote Control, tout comme l’intense « Elevator Chase » et ses rebondissements rythmiques excitants, sans oublier « Gravity Reversing » et « Up Top Fight » pour la bataille finale du film. « The Fall Collapses » permet à l’intrigue d’aboutir à sa résolution, avec le retour des passages plus intimes pour cordes/piano, sans oublier la conclusion plus optimiste et grandiose de « It’s Hard to Believe, Isn’it ? », dont les ostinati de cordes sont clairement inspirés de Steve Jablonsky et de ses « Transformers ».

Pas grand chose de neuf à se mettre sous la dent donc dans ce « Total Recall » version 2012 : Harry Gregson-Williams fait ce qu’il sait faire de mieux, mais son manque d’idée et d’inspiration fait vraiment peine à entendre ! Difficile de retrouver ici le talent du compositeur de « Chicken Run », « Sinbad » ou bien encore « Spy Game » ! HGW semble être devenu très paresseux ces dernières années et aligne aujourd’hui les scores d’action fonctionnels et sans aucun relief, le problème étant qu’en plus de manquer d’une identité musicale forte et radicale (et ce à l’inverse du précédent travail de Jerry Goldsmith sur le film de 1990 !), le score de « Total Recall » est constamment noyé sous des tonnes d’effets sonores électroniques en adéquation avec l’univers futuriste du film mais trop appuyés et beaucoup trop envahissants. Reste que ce « Total Recall » 2012 satisfera à n’en point douter les inconditionnels des rythmes technoïdes d’Harry Gregson-Williams et tous ceux qui apprécient ses musiques d’action synthético-orchestrales produites par le studio d’Hans Zimmer. Pour les autres, la déception risque de pointer rapidement le bout de son nez, avec ce travail sans inspiration qui reflète le manque cruel d’idée de certains compositeurs hollywoodiens d’aujourd’hui, et la lassitude associée à une bonne partie des productions Remote Control de maintenant, interchangeables et produites à la chaîne ! A quand un vrai changement de cap de la part de ces musiciens ?



---Quentin Billard