1-The Hunger Games 1.10
2-Katniss Afoot 1.49*
3-Reaping Day 1.35
4-The Train 1.27
5-Entering the Capitol 2.28
6-Preparing the Chariots 1.05
7-Horn of Plenty 1.59**
8-Penthouse/Training 3.36
9-Learning the Skills 1.41
10-The Countdown 1.58*
11-Booby Trap 2.37
12-Healing Katniss 3.04
13-Rue's Farewell 5.01
14-We Could Go Home 1.15
15-Searching for Peeta 1.27
16-The Cave 3.13
17-Muttations 4.45
18-Tenuous Winners/
Returning Home 3.25

*Non utilisé dans le film
**Composé par Win Butler et
Régine Chassagne
Interprété par London Voices.

Musique  composée par:

James Newton Howard/
T-Bone Burnett

Editeur:

Universal Republic B0016579-02

Score produit par:
James Newton Howard
Producteur exécutif:
T Bone Burnett
Direction de la musique pour
Lionsgate:
Tracy McKnight
Co-produit par:
Jim Weidman, Stuart Michael Thomas
Monteurs musique:
Curtis Roush, Jim Weidman,
David Olson

Arrangements additionnels et
programmation synthé:
Stuart Michael Thomas, Sven Faulconer
Opérateurs ProTools:
Erik Swanson, David Channing
Musique additionnelle interprétée par:
Chris Thile, Gabe Witcher,
Paul Kowert of Punch Brothers

Coordinateur scoring:
Pamela Sollie
Assistant scoring:
Christopher Wray
General Manager et
EVP Business Affairs pour
Lionsgate:
Lenny Wohl
Coordinateur musique de film:
Willa Yudell
Intern, musique film:
Jordan Hale
Superviseur budget musical:
Chris Brown

Artwork and pictures (c) 2012 Lions Gate Films Inc, Under exclusive license to Universal Republic Records. All rights reserved.

Note: ***1/2
THE HUNGER GAMES
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by James Newton Howard/
T-Bone Burnett
Très attendu par de nombreux fans, « The Hunger Games » débarque enfin sur nos écrans en 2012. Il s’agit de l’adaptation cinématographique d’une série de best-sellers de la romancière américaine Suzanne Collins, publiés en 2008 et qui restent à ce jour des hits dans la littérature américaine pour jeunes adultes. Réalisé par l’artisan Gary Ross (« Pleasantville », « Seabiscuit »), « The Hunger Games » reprend les grandes lignes du roman d’origine et reste fidèle au contenu initial : on y suit les aventures mouvementées et violentes de Katniss Everdeen (Jennifer Lawrence), jeune adolescente de 16 ans dans une Amérique post-apocalyptique gouvernée par un régime dictatorial répressif et tyrannique. Dans ce futur, les Etats-Unis sont devenus Panem, un pays dirigé par le puissant gouvernement du Capitole, qui s’est formé après une longue période de troubles et de guerre. La société de Panem est organisée en 12 districts différents, le 13ème ayant été rasé suite à un mouvement de rébellion. Pour contrôler la foule, le Capitole décide d’organiser chaque année un jeu télévisé appelé « Hunger Games » (jeux de la faim), qui consiste à tirer au sort une fille et un garçon entre 12 et 18 ans dans chaque district -24 participants au total- pour les lâcher dans une arène et les faire se battre à mort. Dans cette lutte acharnée pour la survie, il ne peut y avoir qu’un seul vainqueur. Tous les autres mourront inéluctablement. Le film débute dans le 12ème district, alors que la 74e édition des jeux démarre. Primrose Everdeen (Willow Shields), à peine âgée de 12 ans, vient d’être sélectionnée, aux côtés de Peeta Mellark (Josh Hutcherson). Mais sa grande soeur de 16 ans Katniss refuse que Primrose meurt et se porte volontaire pour prendre sa place aux jeux. Elle se retrouve alors à participer malgré elle aux Hunger Games aux côtés de Peeta, le garçon qui l’a sauvée un jour alors qu’elle et sa famille mourraient de faim. « The Hunger Games » reprend donc l’histoire du roman de Suzanne Collins de façon assez fidèle, bien que la violence du roman d’origine ait été ici sévèrement atténuée pour rendre le film accessible à un public d’ados, le même public visé par les best-sellers – que l’on compare parfois à un autre succès pour ado similaire, « Twilight » - A ceci prêt que « Hunger Games » s’avère être 100 fois plus subversif et passionnant qu’une banale histoire de vampires romantiques et de loups-garous guerriers. Le film de Gary Ross évoque un contexte politique fasciste dans une Amérique du futur livrée à elle-même, gouvernée par un régime répressif dont les étendards aperçus dans le film ressemblent étrangement à ceux du régime nazi d’Hitler. Le film, au récit purement dystopique, va même plus loin en critiquant ouvertement les débordements des médias et leur impact sur la population à travers la description d’un jeu télévisé barbare dans lequel des jeunes s’entretuent pour le simple plaisir du public (contrôlé par le Capitole).

Le sujet n’est pas neuf certes, car l’on pense immédiatement au « Running Man » de Stephen King (1982), qui abordait déjà un sujet similaire en son temps. Quand à l’histoire des ados s’affrontant à mort dans l’arène, on pense immédiatement au roman japonais « Battle Royale », porté au cinéma par Kinji Fukasaku en 2000. Si l’on regrette le fait que l’histoire semble avoir été bricolée d’éléments repiqués à droite à gauche, on se laisse malgré tout emporter par l’interprétation solide de Jennifer Lawrence, nouvelle star montante d’Hollywood plus connue pour ses rôles dans le cinéma américain indépendant (elle fut révélée par « Winter’s Bone » de Debra Granik en 2010), et qui campe une Katniss très convaincante, avec son tempérament de feu et son instinct incroyable de survie. Moins cru et surtout moins violent que le roman d’origine, le long-métrage de Gary Ross fait ainsi quelques concessions regrettables au système hollywoodien (évitant ainsi la censure, surtout en Angleterre, ou une partie des scènes violentes ont été atténuées lors de l’avant-première du film) bien que l’ensemble reste tout de même bien au dessus de la masse hollywoodienne habituelle : voir des enfants s’entretuer dans un film est plutôt culotté pour une grosse production à 78 millions de dollars. Quand à la description de cette Amérique fasciste, elle est aussi un élément sacrément subversif et osé pour un blockbuster U.S. d’une telle ampleur (« Starship Troopers » de Paul Verhoeven opérait déjà sur le même principe, de façon plus subtile et ambiguë), même si, là aussi, le roman va bien plus loin sur certains aspects. Gary Ross nous offre une vision étonnante de cette société cloisonnée et contrôlée à travers des décors et des costumes volontairement kitsch, peuplés de couleurs criardes, de coiffures improbables et de maquillages à outrance : tout semble être fait ici pour rappeler que Panem est plus que jamais la société des apparences et du ludique. L’esthétique outrancièrement kitsch et ridiculement colorée du film rappelle parfois certains classiques de la science-fiction des années 60 (on pense par exemple à « Logan’s Run » pour les costumes ou les couleurs), autre élément plutôt osé dans un film de 2012. Avec ses thèmes empruntés à l’antiquité grecque (le combat dans les arènes, le défilé des chars, etc.), « The Hunger Games » parvient ainsi à créer un univers dystopique qui fait froid dans le dos, dans un contexte politique sombre qui évoque de bien mauvais souvenirs. Dommage que le réalisateur se sente trop souvent obligé de faire bouger sa caméra – à l’épaule – dans tous les sens, ce qui altère parfois la lisibilité de certaines scènes. Autre élément négatif ici : le film s’avère être trop long et l’histoire met beaucoup trop de temps à démarrer (il faut attendre au moins 1 heure avant que les jeux commencent !), alors que la longueur excessive du film (142 minutes) n’est pas toujours justifiée. Restent des scènes assez mémorables comme la séquence de la ruche aux abeilles, la poursuite avec les molosses, la scène où Katniss décoche une flèche sur une pomme dans les gradins du jury, ou la mort bouleversante de la petite métisse, l’un des moments forts de « Hunger Games ».

Prévue à l’origine pour Danny Elfman, la partition de « The Hunger Games » fut finalement confiée à James Newton Howard, qui composa l’ensemble du score aux côtés de T-Bone Burnett, musicien de rock et guitariste américain qui officie en plus ici en tant que producteur exécutif musical. En plus du score de JNH, la musique de « The Hunger Games » contient ainsi un titre-clé, « Horn of Plenty », composé par le groupe d’indie rock canadien Arcade Fire, utilisé dans le film comme hymne national du Capitole. La composition de cet hymne représenta d’ailleurs un véritable défi musical pour le groupe, puisque la mélodie devait s’avérer suffisamment mémorable et convaincante pour représenter ce gouvernement fasciste du futur et leur terrifiante propagande médiatisée. A la première écoute de la musique dans le film, on remarque rapidement qu’une partie du score de James Newton Howard n’a pas été utilisée, ou se retrouve parfois sous mixée sur certaines séquences, rendant l’écoute très morcelée, alors que l’album s’avère être beaucoup plus convaincant en terme de contenu. JNH a écrit environ 80 minutes de musique, dont à peine 40 ont été retenues à l’écran, une mésaventure similaire à son expérience sur le film « I Am Legend ». Ecrite dans l’urgence en seulement 3 semaines et utilisée avec parcimonie sur les images, la musique de JNH révèle pourtant beaucoup de points positifs, à commencer par une instrumentation intéressante à base de solistes et une émotion poignante lors de certains passages plus lyriques et typiques du compositeur. Autre élément notable ici : JNH base une partie de sa partition sur un style folk/americana assez inattendu sur ce film – s’inscrivant dans la continuité du travail bluegrass/folk de T-Bone Burnett sur la musique additionnelle du film- illustrant davantage le décor de la forêt sauvage qui sert d’arènes aux combattants du Hunger Game que le jeu de tuerie en lui-même. Cet aspect folk/country a d’ailleurs là aussi été largement tempéré et atténué sur les images, la production conservant surtout les passages les plus orchestraux du score de JNH et les quelques pièces supplémentaires de T-Bone Burnett ou d’Arcade Fire. Le score de James Newton Howard repose ainsi sur un thème principal associé à Katniss, une poignée de notes interprétées par un cymbalum dans « The Hunger Games » sur fond de nappe synthétique, de dulcimer et d’un bourdon de violon-fiddle. Ce thème évoque les origines paysannes modestes de la famille de Katniss et son rapport à la nature – elle est une chasseuse redoutable et une experte du tir à l’arc – idée que l’on retrouve ensuite dans « Katniss Afoot » (non utilisé dans le film), pour la scène de la chasse au début du film. JNH accentue ici aussi l’instrumentation folk de sa partition avec l’ajout d’une flûte exotique et de l’ensemble fiddle/cymbalum/percussions/dulcimer. « Katniss Afoot » dévoile enfin un autre thème du score, motif de 7 notes répétitives de cordes que l’on nommera « motif de la nature sauvage » (à partir de 1:20).

Concernant le personnage de Katniss, on relèvera un très beau chant féminin solo entendu au début du film, écrit par T-Bone Burnett pour l’héroïne campée par Jennifer Lawrence et honteusement absent de l’album : il s’agit du magnifique « Deep in the Meadow Lullaby ». A noter d’ailleurs qu’une partie du film a été illustrée par plusieurs morceaux préexistants écrits par d’autres compositeurs (dont notamment le magnifique « Farewell » d’Evgueni Galperine), notamment dans les passages plus électroniques dans Cornucopia ou la scène de l’hallucination de Katniss – on sent que la musique a véritablement été bricolée dans l’urgence sur les images, surtout pour les passages plus synthétiques/sound design. « Reaping Day » annonce le caractère plus sombre et dramatique du récit avec des cordes plus graves et une trompette quasi solennelle pour le jour des moissons (la sélection des enfants qui vont participer aux jeux). La musique devient ici plus amère et inquiétante, notamment à travers des harmonies plus nuancées des cordes. « Reaping Day » introduit aussi le troisième thème du score, le « Hunger Games Theme », avec une série de 4 notes de contrebasses menaçantes et une mélodie basée sur une cellule de 3 notes à la trompette. « The Train » confirme d’ailleurs cette orientation plus dramatique du score avec un travail plus émouvant et lyrique autour de cordes élégiaques et plaintives annonçant le drame à venir, un très beau morceau qui annonce déjà la partie plus émotionnelle du score. Dans « Entering the Capitol », JNH évoque l’arrivée dans le Capitole à grand renfort d’orchestre, de chœurs et aussi de sonorités électroniques/ethniques plus modernes et étonnantes. L’emploi des sonorités orientales/ethniques rappelle parfois le travail d’Hans Zimmer pour évoquer Rome dans « Gladiator » (2000), une sorte de vision modernisée de cette « Antiquité grecque » futuriste décrite dans « Hunger Games ». On retrouve dans « Entering the Capitol » les percussions électroniques chères au JNH en pleine période Remote Control (le score est d’ailleurs dirigé par Gavin Greenaway, fidèle complice de Zimmer et sa bande). Fait intéressant, « Entering the Capitol » reprend le motif de 7 notes de la nature sauvage à 1:41, probablement pour rappeler le tempérament de feu de Katniss ou le fait que la nature et le Capitole ont plus d’un point commun en terme de sauvagerie. Dans « Preparing the Chariots », JNH dévoile la mélodie de l’hymne du Capitole écrite par Arcade Fire, développée ici à la trompette et aux cordes sur fond de rythmiques électroniques/martiales, pour les préparatifs du défilé des chars. Quand à « Horn of Plenty », il s’impose comme un hymne fasciste grandiose pour orchestre, rythmes martiaux et choeurs solennels, un sommet dans la partition de « The Hunger Games ». On retrouve le style plus électronique et moderne de JNH durant la scène de l’entraînement avec « Training », et son mélange de percussions synthétiques guerrières et de sonorités orientales pour l’entraînement des futurs combattants. Même chose pour « Learning the Skills » qui procède de la même façon à l’écran. « The Countdown », compte à rebours musical intense précédant le début des Hunger Games (morceau lui aussi non utilisé dans le film), reprend le « Hunger Games Theme », avec ses 4 notes de contrebasses entêtantes et sa mélodie de 3 notes aux cordes et aux choeurs, illustrant le danger imminent des jeux de la faim.

« Healing Katniss » développe les passages plus lyriques de la partition avec une très belle mélodie touchante au violon sur fond de cordes et d’instrumentation folk. Il règne dans « Healing Katniss » une émotion plus palpable, nostalgique et chaleureuse typique du compositeur, dans un mode plus intime. En parlant d’émotion, impossible de passer à côté du bouleversant « Rue’s Farewell », accompagnant avec brio la séquence de la mort de la jeune Rue. Pendant près de 5 minutes, James Newton Howard développe une atmosphère élégiaque et poignante d’une grande sensibilité, avec l’utilisation de nappes synthétiques, des solistes (guitare sèche) et de l’orchestre. « Rue’s Farewell » dévoile par la même occasion un autre thème majeur du score, le thème tragique des pertes (à 2:56), thème plus mélancolique et émotionnel d’une grande beauté, et aussi très élégant, comme toujours chez JNH. « Rue’s Farewell » reste d’ailleurs un autre passage incontournable du score de « Hunger Games », et probablement le thème le plus mémorable du score de JNH en dehors de l’hymne de « Horn of Plenty ». Ne manquez surtout pas l’envolée bouleversante de ce thème à partir de 3:32 dans « Rue’s Farewell » : un grand moment d’émotion, tout simplement ! Dès lors, l’espoir semble permis, notamment lorsque le thème de cymbalum de Katniss revient dans « We Could Go Home », reprenant les sonorités folks du début pour rappeler l’idée du retour chez soi et de la famille. Le thème de la nature sauvage revient en grande pompe dans « Searching for Peeta » tandis que « The Cave » développe une ambiance plus intime soulignant le rapprochement entre Katniss et Peeta dans la caverne où ils se cachent vers la fin du film. JNH met ici l’accent sur les solistes : guitare et piano, accompagnés de quelques cordes, bois et nappes synthétiques discrètes. Niveau action, hormis quelques passages plus rythmiques pour le début des jeux et les séquences d’entraînement, il faudra surtout se contenter sur l’album du déchaîné « Muttations », pour la scène de la poursuite avec les chiens mutants, morceau d’action intense malheureusement noyé sous des tonnes de percussions synthétiques/ethniques guerrières envahissantes et d’une guitare électrique à la Remote Control. Enfin, si vous avez aimé l’émotion de « Rue’s Farewell », ne manquez pas le grand final de « Tenuous Winners/Returning Home », où l’on retrouve le thème de Katniss au violon (à 0:12) pour son retour victorieux au District 12 à la fin du film. Mieux encore, le thème tragique est repris aux cordes à partir de 1:35 pour une conclusion grandiose et toute aussi bouleversante que « Rue’s Farewell », apportant une émotion forte aux dernières images du film de Gary Ross.

Vous l’aurez donc compris, c’est un score très éclectique et étonnant que nous offre James Newton Howard pour « The Hunger Games », délaissant l’action et l’aventure pour élaborer à l’écran une musique plus intime et nuancée, partagée entre l’orchestre, les passages électroniques contemporains et les sonorités folk/ethniques. Le résultat final est un melting-pot de plusieurs idées parfaitement cohérent sur l’album mais peu valorisé à l’écran, où la musique de JNH, sous utilisée, doit cohabiter avec plusieurs autres compositions d’auteurs différents (à quand une version complète des 80 minutes composées par JNH pour le film ?). Occasion manquée pour le compositeur ? Peut-être...Toujours est-il que le résultat final, forcément inégal, ne laissera aucun fan de marbre, surtout ceux qui apprécient ses musiques plus lyriques et dramatiques, car rien que pour la beauté tragique de « Rue’s Farewell » et « Returning Home », le score de « Hunger Games » mérite quand même le détour !



---Quentin Billard