1-First Transmission 3.17
2-The Art of War 4.31
3-Full Attack 3.53
4-You're Going To The Navy 1.01
5-The Beacon Project 5.07
6-Objects Make Impact 4.38
7-First Contact Part 1 1.51
8-First Contact Part 2 2.08
9-It's Your Ship Now 4.04
10-Shredders 4.05
11-Regents Are On the Mainland 2.43
12-Trying to Communicate 3.15
13-Water Displacement 2.18
14-Buoy Grid Battle 3.02
15-USS John Paul Jones 2.29
16-We Have A Battleship 2.49
17-Somebody's Gonna Kiss
The Donkey 4.33
18-Super Battle 1.32*
19-Thug Fight 3.29**
20-Battle On Land And Sea 2.48
21-Silver Star 1.54
22-The Aliens 4.17
23-Planet G 3.59
24-Hopper 3.15

*Composé par Tom Morello
Interprété par Tom Morello
Produit par Rick Rubin
**Feat. Tom Morello.

Musique  composée par:

Steve Jablonsky

Editeur:

Varèse Sarabande 302 067 146 2

Score produit par:
Steve Jablonsky
Producteur exécutif de la musique:
Rick Rubin
Producteur exécutif de l'album:
Scott Stuber
Direction de la musique pour
Universal Pictures:
Mike Knobloch
Producteur exécutif pour
Varèse Sarabande:
Robert Townson
Musique supervisée pour
Universal Pictures par:
Rachel Levy
Music business affairs
Universal Pictures:
Philip M.Cohen
Monteur superviseur:
Bryan Lawson
Préparation de la musique:
Booker White
Sound design de:
Clay Duncan
Musique additionnelle de:
Jacob Shea
Programmation additionnelle de:
Nathan Whitehead
Montage score:
Satoshi Noguchi

American Federation of Musicians.

Artwork and pictures (c) 2012 Universal Studios. All rights reserved.

Note: **1/2
BATTLESHIP
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Steve Jablonsky
Surfant sur la vague des productions de science-fiction épiques revenues au goût du jour à Hollywood grâce au succès des « Transformers » de Michael Bay, les producteurs de chez Universal s’attaquent aujourd’hui à l’adaptation cinématographique de « Battleship », célèbre jeu de bataille navale crée en 1931 et adapté de nos jours sous la forme d’une version électronique par la société de jouets Hasbro, qui a aussi produit le film. Réalisé par Peter Berg, « Battleship » se devait donc de relever le défi insensé d’adapter un jeu de société sous la forme d’un film d’action/science-fiction épique de 2h00 au cinéma ! On imagine d’ailleurs sans mal la tête des scénaristes du film lorsqu’il leur a été annoncé de trouver une façon de transcrire le fameux jeu de bataille navale à l’écran. Le résultat : du Hasbro à 100%. Tout semble avoir été fait pour exploiter ici le succès de « Transformers » : explosions monumentales, machines de combat high-tech futuristes et géantes, effets spéciaux démesurés, même compositeur, etc. Oui, « Battleship », c’est clairement un « Transformers »-like pour ados geeks/pré-pubères en manque d’action, du cinéma pop-corn sans scénario, mais qui offre 2 bonnes heures de fun véritable ! L’histoire, quand à elle, se résume en quelques lignes : au large d’Hawaï, dans l’Océan Pacifique, les grandes manoeuvres navales de la RIMPAC 2012 permettent à une impressionnante flotte internationale de déployer ses plus beaux joujous, flotte composée de l’USS Ronald Reagan, des destroyers américains USS Sampson et USS John Paul Jones, et du Myoko japonais de la classe Kongo. Alors que l’exercice débute de façon ordinaire, la flotte va très vite se retrouver en train d’affronter une race d’extra-terrestres belliqueux venus de l’exoplanète Gliese 581-c découverte en 2005 (mais réellement découverte en 2007 !). Ces aliens, surnommés les « Régents », sont venus sur Terre après que la NASA soit rentré en contact avec eux au moyen d’un puissant relais satellite installé dans l’archipel hawaïen. Les envahisseurs installent alors un champ de force afin d’isoler l’archipel et d’empêcher toute intrusion extérieure, dans le but de prendre le contrôle d’Hawaï et de ses ressources. Désormais, les quelques navires restants vont devoir lutter en pleine mer contre l’invasion, jusqu’à remettre sur pied le navire musée USS Missouri (BB-63), un vieux cuirassé qui n’a pas servi depuis près de 20 ans. A la tête du dernier navire restant : le jeune lieutenant Alex Hopper (Taylor Kitsch), qui va devoir prouver à tous qu’il est bel et bien l’homme de la situation, prêt à tout pour venger la mort de son frère le commandant Stone Hopper (Alexander Skarsgard) mort dans l’explosion de son destroyer. « Battleship » reste donc un très honnête divertissement hollywoodien qui ne se prend pas la tête, avec des effets spéciaux énormes, des explosions en rafale, quelques touches d’humour, des grosses machines aliens géantes et bien sûr un casting tendance, avec, cerise sur le gâteau, le tout premier rôle de la chanteuse Rihanna au cinéma, dans le rôle du second maître Cora Raikes, principale bras droit d’Hopper dans le film. Quand à Taylor Kitsch, il s’agit de son deuxième gros blockbuster U.S. de l’année 2012, puisque l’acteur venait tout juste de tourner dans « John Carter » lorsqu’il fut contacté par le réalisateur Peter Berg pour participer à « Battleship » (le rôle initial devait être tenu par Jeremy Renner). Les concepteurs du film ont aussi tenus à reproduire la fameuse grille de bataille navale à l’écran, par le biais d’une pirouette scénaristique un peu facile mais efficace, alors que le capitaine japonais Yugi Nagata (Tadanobu Asano, aperçu dans le « Zatoichi » de Takeshi Kitano en 2003) explique au reste de l’équipage que l’on peut repérer sur le moniteur les positions ennemies en utilisant les balises situées un peu partout dans l’Océan Pacifique. Le résultat, efficace sans être transcendant, est un pur mélange d’action, de testostérones et d’effets spéciaux ahurissants, saupoudré de quelques scènes de destruction massive et de batailles na
vales impressionnantes, dans la continuité de la franchise « Transformers » !

Peter Berg et son équipe ont alors fait appel au compositeur Steve Jablonsky afin de retrouver sur « Battleship » un style musical similaire à celui de la saga « Transformers ». Dans une récente interview accordée à la télévision en 2012, Peter Berg expliquait sans langue de bois ce qu’il pense de certains compositeurs de cinéma, prétentieux et arrogants selon lui, et qu’il est souvent très frustrant de travailler avec des gens dont on ne partage pas le même vocabulaire ni les mêmes connaissances, en précisant enfin que ce fut tout le contraire lors de sa rencontre avec Hans Zimmer, qui lui recommanda rapidement Steve Jablonsky sur son film. Encore une fois, « Battleship » est une production musicale 100% Remote Control, qui nous permet de retrouver le style Jablonsky hérité de « Transformers » sans grande originalité particulière. Toutes les formules musicales chères au compositeur sont ici passées en revue, le musicien utilisant un Hollywood Studio Symphony limité uniquement aux pupitres des cordes, des cuivres et des percussions (exit les bois donc, comme d’habitude !). A l’orchestre conventionnel s’ajoutent donc une pléiade de synthétiseurs, de loops électroniques divers et des parties de guitare électrique rock, sans oublier la participation de Tom Morello, célèbre guitariste américain des groupes Rage Against the Machine et Audioslave, qui signe un morceau du score (« Super Battle ») et interprète la guitare sur un autre (« Thug Fight »). Concernant l’esthétique musicale globale du score de « Battleship », on retrouve donc le mélange habituel de synthétiseurs et de parties orchestrales dans un style calqué sur « Transformers ». « First Transmission » pose ainsi les bases de la partition avec une ouverture dominée par des loops électro/techno, des nappes synthétiques atmosphériques et les ostinati de cordes métronomiques chers à Jablonsky. Dans « First Transmission », les synthétiseurs créent un sentiment d’urgence alors qu’une première transmission est envoyée par la NASA sur l’exoplanète Gliese 581-c. Priorité ici aux rythmes scandés martelés de façon métronomique, avec quelques choeurs d’hommes synthétiques et une pléiade de cordes staccatos dont les formules d’ostinato habituelles seront l’un des principaux traits caractéristiques de la partition de Steve Jablonsky dans le film. La fin de « First Transmission » dévoile un premier thème qui sera associé aux héros tout au long du film, thème d’action confié aux cuivres, typique du compositeur. Dans « The Art of War », Jablonsky dévoile le thème de la flotte navale américaine, un thème ample et solide des cuivres illustrant l’impressionnante armada navale de l’US Navy sur fond de guitare électrique, d’ostinati en staccato de cordes et de loops électros entêtants à la « Transformers ». Le thème de la flotte américaine s’impose par son caractère déterminé et puissant typique des grands thèmes épiques du compositeur, et qui ravira certainement les fans des compositions de Jablonsky pour la saga « Transformers ».

Dans « Full Attack », le compositeur dévoile alors le matériau sonore associé dans le film aux Régents. Délaissant l’approche mélodique conventionnelle, Jablonsky associe aux aliens une série de sonorités électroniques totalement expérimentales, mécaniques et inquiétantes, un peu comme il le fit pour illustrer les Decepticons dans « Transformers ». Mais ici, Jablonsky se montre bien plus inventif dans le maniement de ses sonorités électroniques et crée un univers sonore totalement high-tech et futuriste, mais aussi totalement froid, étrange et redoutablement inquiétant. Pour l’anecdote, il faut savoir que les sons étranges de « Full Attack » (associés aux aliens dans le film) proviennent en réalité d’une machine d’IRM (Imagerie par résonance magnétique) dont Jablonsky a enregistré et reproduit les sons pour les intégrer ensuite à sa partition. Le réalisateur Peter Berg lui-même a dû subir une IRM pour des raisons de santé, et c’est comme cela qu’il eut l’idée d’en faire un son récurrent dans la musique de son film, demandant par la même occasion à Jablonsky de créer à partir de ces sons particuliers l’identité sonore principale des aliens de « Battleship ». La manipulation synthétique du son de l’IRM est l’un des éléments-clé du score de Jablonsky, mais aussi la cause principale des mauvaises critiques qu’a reçu le score à la sortie du film au cinéma, les détracteurs du compositeur trouvant le procédé musicalement atroce et mal intégré au reste du score. Pourtant, le résultat est là, et un morceau comme « Full Attack » apporte un petit plus aux images en créant une atmosphère sonore très particulière et indissociable des scènes évoquant l’arrivée des machines aliens sur l’océan. Le thème de la Navy revient dans la coda de « Objects Make Impact », qui annonce de façon musclée les ennuis à venir, tandis que « First Contact Part 1 » développe les sonorités aliens des Régents (et les sons crées à partir de l’appareil IRM) pour un résultat sonore plutôt étrange et très inquiétant. On nage clairement ici dans de l’électro 100% expérimental, dans un style qui rappelle parfois les travaux plus expérimentaux du duo Trent Reznor/Atticus Ross pour le cinéma. L’action prend le relais dans l’agressif « First Contact Part 2 », alors que les vaisseaux aliens passent soudainement à l’attaque. Même chose pour « It’s Your Ship Now », dans lequel Jablonsky a l’idée d’utiliser des cornemuses intégrés à son orchestre pour évoquer le bâtiment de guerre américain dirigé par Hopper. A noter ici l’emploi plus rock de la guitare électrique de George Doering, autre élément récurrent du score, les rythmes et sonorités rock apportant un caractère plus fun à certaines scènes d’action du film. Elément caractéristique du score, et défaut récurrent chez Jablonsky : les morceaux restent basés pour la plupart sur une seule note de contrebasses tenue de façon identique du début jusqu’à la fin d’une scène, annihilant ainsi toute forme de développement harmonique. Prétendre que « Battleship » est une musique harmoniquement très pauvre relèverait d’ailleurs du pur euphémisme, étant donné que les précédentes partitions de Jablonsky procédaient déjà sur le même principe - c’est d’ailleurs un élément récurrent dans certaines compositions de chez Remote Control : c’est par exemple ce que l’on reprochait déjà à l’époque à Trevor Rabin sur « Armageddon » ! Si « Transformers » avait au moins le mérite de proposer des thèmes mémorables avec des accords prenants et touchants, « Battleship » relègue l’émotion au second plan et valorise à contrario tous les points les plus négatifs du style musical de Steve Jablonsky, d’où une sensation frustrante et décevante à l’écoute du score dans le film comme sur l’album !

Si ces scènes d’attaque permettent à Jablonsky de développer de façon plus intensive les sonorités synthétiques/métalliques des Régents (« Shredders », « Regents Are On The Mainland »), avec une série de cordes dissonantes illustrant la menace extra-terrestre, « Water Displacement » introduit le deuxième grand thème du score, un thème d’espoir héroïque, noble et solennel introduit aux cuivres et aux cordes sur la fin du morceau, alors que le capitaine Nagata découvre comment retracer les positions des vaisseaux ennemis sur les moniteurs. Le thème apporte un sentiment d’espoir assez émouvant à l’écran, permettant ainsi de contrebalancer la froideur ambiante et artificielle du score. Hélas, le thème s’avère être très calqué sur celui d’Harry Gregson-Williams pour « The Chronicles of Narnia », un fait assez regrettable qui rend le thème – et sa série de 4 accords entendus des milliers de fois à Hollywood et dans la variété en général – particulièrement impersonnel au possible : voilà en tout cas le genre de thème héroïque que n’importe quel sbire de chez Remote Control aurait pu écrire en 5 minutes, les yeux fermés ! Dommage aussi que certains morceaux comme « Buoy Grid Battle » basculent trop souvent dans le sound design pur et dur sans grande envergure, avec son avalanche d’effets sonores irritants et envahissants (et ces sons électroniques de l’appareil d’IRM). Les sons des aliens reviennent aussi dans « USS John Paul Jones », sur fond de tambours taïkos dans la lignée des lignes percussives de « Transformers », tandis qu’une trompette solitaire plus mélancolique souligne le désarroi des marins dans « We Have A Battleship », marquant par la même occasion le retour du thème ample et déterminé de la Navy, qui apporte ici aussi un sentiment d’espoir et de conviction. Le thème héroïque noble et solennel revient dans la seconde partie de « We Have A Battleship », alors que Hopper et son équipage réussissent à faire redémarrer l’USS Missouri pour contre-attaquer les aliens, « We Have A Battleship » restant à coup sûr l’un des meilleurs passages du score de « Battleship ». Les tambours taïkos dominent « Somebody’s Gonna Kiss the Donkey » pour un nouveau morceau d’action dense et tendu, marqué par une guitare électrique trash omniprésente, sans oublier l’excellent « Super Battle » composé par Tom Morello, dans lequel le guitariste s’en donne d’ailleurs à coeur joie durant la scène de la contre-attaque de l’USS Missouri (il s’agit d’ailleurs sans doute de l’un des meilleurs morceaux de la partition de « Battleship », et, chose amusante, non composé par Jablonsky !). « Thug Fight » prolonge l’action avec quelques superbes solos de Tom Morello pour un autre morceau d’action intense aux rythmes rock/électro totalement survoltés. Enfin, la bataille finale est illustrée à travers l’excitant et frénétique « Battle on Land and Sea », développant le thème héroïque de façon épique et grandiose et le thème de la Navy pour la contre-attaque finale. A noter le retour des cornemuses dans le solennel et triomphant « Silver Star », qui apportent un sentiment d’espoir et de victoire à la fin du film avec la reprise noble et martiale du thème héroïque. Vous l’aurez donc compris, c’est au Steve Jablonsly high-tech spécialiste des musiques électroniques que nous avons à faire dans « Battleship », le compositeur développant ici un style déjà amorcé chez Michael Bay dans « The Island » et « Transformers » : entre sound-design, rythmes de tambours taïkos japonais, loops électroniques, guitare électrique rock et parties orchestrales conventionnelles, le score de « Battleship » apporte une puissance et une excitation intense aux scènes d’action du film, le tout ponctué de quelques thèmes efficaces mais prévisibles et sans surprise, pour un résultat musical certes très limité et contestable dans le fond, mais très adapté au film dans la forme. Voilà en tout cas un score qui continuera de diviser le public au sujet de Steve Jablonsky : les fans de « Transformers » adoreront à coup sûr, les autres, plus allergiques à ce style, ressortiront à coup sûr des
77 minutes de l’album publié par Varèse Sarabande avec un mal de crâne épouvantable. Mais quoiqu’on puisse en penser, à l’écran, le cahier des charges est parfaitement rempli. De là à dire qu’il s’agit d’un bon score, la route est longue, car on est bien loin ici de l’efficacité thématique et émotionnelle de « Transformers » !




---Quentin Billard