1-Presumed Innocent 4.10
2-Remembering Carolyn 2.17
3-Family Life 1.30
4-Love Scene 4.06
5-The B File 3.28
6-The Bedroom Scene 4.20
7-Carolyn's Office 3.24
8-"Leon Talks" 1.59
9-Rusty Accused 2.07
10-Case Dismissed 1.53
11-The Boat Scene 2.15
12-The Basement Scene 2.55
13-Barbara's Confession 5.17
14-End Credits 4.03

Musique  composée par:

John Williams

Editeur:

Varèse Sarabande
VSD-5280

Album produit par:
John Williams
Producteur exécutif:
Robert Townson
Montage de la musique:
Ken Wannberg
Superviseur de la production:
Tom Null

Artwork and pictures (c) 1990 Warner Bros. All rights reserved.

Note: **
PRESUMED INNOCENT
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by John Williams
Avec 'Presumed Innocent' (Présumé innocent), le réalisateur Alan J. Pakula entamait la dernière partie de sa carrière en livrant coup sur coup des thrillers. 'Presumed Innocent' fait partie de ceux-ci, le film s'apparentant plus en fait aux traditionnels films de procès qu'Hollywood affectionne tant depuis de nombreuses années déjà. Adapté du roman de Scott Turow, 'Presumed Innocent' raconte une affaire sombre d'un avocat accusé à tort du meurtre de sa maîtresse, et qui engage un célèbre avocat pour défendre sa cause, alors que tous les indices semblent mystérieusement converger vers lui. Après avoir appris l'assassinat de sa collègue et ancienne maîtresse Carolyn Polhemus (Greta Scacchi), le procureur adjoint du procureur général Rusty Sabich (Harrison Ford) se voit confié l'enquête par son supérieur, Raymond Horgan (Brian Dennehy), absorbé dans sa campagne électorale contre son adversaire, Nico Della Guardia (Tom Mardirosian). Craignant que l'on découvre au cours de cette enquête qu'il entretenait une liaison extra conjugale avec la victime, et alors que l'on retrouvé ses empreintes digitales sur un verre de la maison de Carolyn Polhemus, Rusty Sabich s'arrange pour mettre de côté certaines preuves. Mais la justice le rattrape alors qu'il doit passer en procès, accusé du meurtre de sa maîtresse. Sachant que beaucoup de pistes mènent à Rusty, ce dernier décide de se battre pour prouver son innocence en faisant appel au célèbre avocat Sandy Stern (Raul Julia), qui n'a pratiquement jamais perdu un seul procès. Rusty suspecte un de ses rivaux d'avoir orchestré cette machination pour le faire tomber. Il est épaulé tout au long du procès par sa femme Barbara (Bonnie Bedelia), qui sait que son mari l'a trompé autrefois mais qui semble lui avoir pardonné malgré tout. Le procès s'annonce difficile, mais un point fort risque de jouer en la faveur de Rusty, un certain verre qui semble avoir mystérieusement disparu, et qui pourrait bien faire basculer le dossier de l'accusation vers le non-lieu. 'Presumed Innocent' est un énième film de procès, mené de main de maître par un spécialiste des intrigues et des films à suspense, Alan J. Pakula. Dominé par un casting de qualité (Harrison Ford, Brian Dennehy, Greta Scacchi, Bonnie Bedelia, Raul Julia, Paul Winfield, John Spencer, etc.), le film s'apprécie pour son suspense permanent et la qualité d'une mise en scène machinale maîtrisée de bout en bout!

La partition de John Williams pour 'Presumed Innocent' faite partie des score sous-estimé et méconnu du compositeur, et pour cause: le compositeur semble ne pas avoir été inspiré par son sujet, nous livrant un score fonctionnel qui peine même à révéler le talent du compositeur dans le film. Le score s'articule autour d'un thème principal, exposé dès le générique de début du film ('Presumed Innocent') par un piano solitaire accompagné par quelques cordes et un cor soliste exposant un second motif en contrepoint de la phrase de piano, associé à Rusty Sabich tout au long du film. Williams utilise aussi quelques sonorités électroniques un peu datées qu'il incorpore ici à son orchestre, donnant une couleur plus atmosphérique et mystérieuse à sa musique (il est rare que le compositeur fasse appel comme cela au synthétiseur, même si cela deviendra plus courant dans certaines de ses partitions des années 90). Si le thème principal de piano de 'Presumed Innocent' semble capter à merveille le côté intrigant et mystérieux du film, avec une mélodie de piano vaguement mélancolique et amère, le reste du score peine à développer une ambiance musicale plus tendue, tant le score semble se limiter au strict minimum tout au long du film, faisant presque parfois office de bouche-trou.

Le thème principal reviendra constamment tout au long du film de manière quasi obsessionnelle, évoquant l'ancienne passion de Rusty pour Carolyn et les pistes qui le mènent dangereusement à son meurtre. Dans 'Remembering Carolyn', Williams réutilise le thème principal exposé ici par le synthétiseur de manière plus lente et mystérieuse, avec une pointe d'amertume et de solitude. A contrario, 'Family Life' semble vouloir alléger l'ambiance globale de la musique en utilisant un thème plus léger et paisible au piano avec vents et cordes, pour la scène du début du film où Rusty emmène ses enfants à l'école. Le morceau, plus enjoué et optimiste d'esprit, évoque la vie de famille de Rusty Sabich bien avant que le procès commence. A vrai dire, 'Family Life' est le seul passage véritablement léger et optimiste du score de Williams. Dans 'Love Scene', le compositeur évoque le flash-back de la scène d'amour entre Rusty et Carolyn de manière sombre et intrigante, à l'aide du thème 'obsessionnel' de piano, de cordes et de synthétiseurs atmosphériques plutôt mystérieux. Williams impose un certain malaise dans cette scène, qui nous fait alors clairement comprendre quel lien unissait Rusty avec la victime. On retrouvera ce côté sombre et mystérieux tout au long du film.

'B File' continue de développer l'ambiance mystérieuse du score, développant ici le motif de Rusty aux synthés sur fond d'arpèges de piano et de tenues de cordes sombres. A l'écran, la musique se contente de se faire discrète, assurant la transition entre deux scènes à travers le rappel systématique du thème principal (qui finit par être un peu trop présent de manière lassante tout au long du film!). On retrouve une ambiance similaire dans le sombre 'Leon Talks' ou 'Rusty Accused' qui évoque les déboires de Rusty avec le procès. On notera ici l'ambiance de tension et de suspense que développe Williams à l'aide de cordes dissonantes et de quelques synthétiseurs, évoquant l'incertitude de Rusty quand à l'issue du procès, qui débouche enfin sur un 'Case Dismissed' plus apaisé et triomphant, reprenant le thème enjoué de 'Family Life'. Finalement, 'Basement Scene' continue de développer l'intrigant thème de piano au sein d'une ambiance orchestrale plus pesante et tendue ici (à noter un excellent travail autour des cordes dissonantes), suggérant une ambiance de malaise pour la révélation finale, développée dans le sombre et oppressant 'Barbara's Confession' et son atmosphère atonale particulièrement noire, traversé de sonorités électroniques plus étranges.

Malgré quelques bonnes idées comme l'utilisation du synthétiseur qui apporte une couleur froide assez particulière à la musique dans le film, on regrettera le côté quelconque de cette partition extrêmement plate et monotone, qui ne décolle véritablement jamais dans le film et se limite au simple cadre fonctionnel, alors que, lorsqu'on connaît l'immense talent du compositeur, il y avait véritablement moyen de produire quelque chose de bien plus passionnant pour le film d'Alan J. Pakula, et ce malgré la présence d'un thème principal réussi mais sans 'plus', qui évoque à merveille le mystère entourant la mort intrigante de Carolyn Polhemus. Voilà en tout cas un score assez décevant de la part du grand John Williams, une partition qui devrait néanmoins séduire les fans du compositeur et laisser profondément sceptique les autres!


---Quentin Billard