1-Main Title/Young Peter 4.55
2-Becoming Spider-Man 4.16
3-Playing Basketball 1.22
4-Hunting for Information 2.07
5-The Briefcase 3.14
6-The Spider Room/Rumble in the Subway 3.20
7-Secrets 2.30
8-The Equation 4.22
9-The Ganali Device 2.28
10-Ben's Death 5.41
11-Metamorphosis 3.04
12-Rooftop Kiss 2.34
13-The Bridge 5.15
14-Peter's Suspicions 3.01
15-Making A Silk Trap 2.52
16-Lizard At School! 2.57
17-Saving New York 7.52
18-Oscorp Tower 3.22
19-I Can't See You Anymore 6.50
20-Promises/
Spider-Man End Titles 4.53

Musique  composée par:

James Horner

Editeur:

Sony Classical 88725438052

Album produit par:
James Horner, Simon Rhodes
Musique arrangée par:
Simon Rhodes, Simon Franglen
Arrangement additionnel:
Ian Underwood
Monteurs musique:
Jim Henrikson, Joe E.Rand,
Barbara McDermott

Préparation musique:
Bob Bornstein
Direction de la musique pour
Sony Pictures:
Lia Vollack

American Federation of Musicians.

Artwork and pictures (c) 2012 CTMG. Marvel Entertainment LLC/Columbia Pictures Industries, Inc. All rights reserved.

Note: ****
THE AMAZING SPIDER-MAN
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by James Horner
Après la trilogie à succès « Spiderman » conçue par Sam Raimi, les producteurs de chez Columbia Pictures décidèrent de redonner du sang neuf à la franchise en lançant un reboot sobrement intitulé « The Amazing Spider-Man », réalisé en 3D par Marc Webb et sorti en 2012, toujours inspiré du célèbre héros de chez Marvel. Cette fois-ci, c’est au tour d’Andrew Garfield d’endosser le costume du célèbre homme-araignée dans une nouvelle version un poil plus dramatique que les précédents films de Sam Raimi. On y suit à nouveau les péripéties de Peter Parker, jeune étudiant solitaire et maladroit secrètement amoureux de Gwen Stacy (Emma Stone), une fille de sa classe, et régulièrement malmené par Flash Thompson, le caïd du lycée Midtown Science High School. Peter vit depuis qu’il est tout petit chez son oncle Ben (Martin Sheen) et sa tante May (Sally Field) suite à la mystérieuse disparition de ses parents en pleine nuit il y a une quinzaine d’années. Un soir, Peter découvre une mallette ayant appartenue à son père : il y découvre des documents liés à un travail scientifique que son père menait conjointement avec le Dr. Curtis Connors (Rhys Ifans), qui travaille aujourd’hui pour la société Oscorp. Peter découvre dans ces documents une formule intitulée « algorithme de régression », qu’il réussit à mettre au point et transmet ensuite au docteur Connors. Ce dernier travaille depuis des années sur un projet révolutionnaire de transmission génétique inter espèce sur la régénération de membres perdus. Durant une visite aux laboratoires d’Oscorp, Peter est accidentellement mordu dans le cou par une araignée génétiquement modifiée et se retrouve transformé intérieurement : il découvre qu’il possède de nouveaux pouvoirs et une force incroyable, ayant soudainement acquis la capacité à s’accrocher à n’importe quelle surface. Peter va donc utiliser ses nouveaux pouvoirs pour combattre le crime en ville et recherche l’assassin de son oncle Ben. Mais une nouvelle menace ne tarde pas à pointer le bout de son nez, alors que la ville est secouée par les attaques soudaines du Lézard, qui n’est autre que le docteur Connors lui-même, victime d’une expérience génétique qui a mal tourné. Avec « The Amazing Spider-Man », on retrouve donc avec plaisir tout l’univers de la célèbre BD de chez Marvel, servi par une photographie nocturne et colorée de Marc Webb qui évoque bien par son utilisation d’images numériques et de la 3D l’univers de la bande dessinée d’origine. Andrew Garfield campe un Peter Parker bien plus espiègle et roublard que celui de Tobey Maguire, peut être plus drôle et touchant aussi. L’acteur parvient à apporter une certaine malice à son personnage qui le rend à la fois plus imparfait et aussi plus attachant que dans les précédentes versions. Il faut dire que le film de Marc Webb contient davantage d’humour et de dérision que dans les opus précédents, malgré une mise en scène assez sage et un peu trop appliquée (il y manque un soupçon de folie pour en faire un blockbuster au dessus du lot). Reste que le scénario déçoit par moment par son manque de psychologie (on est loin du brillant « Spider-Man 2 » de Sam Raimi !) mais nous réconforte par sa relecture du mythe du super-héros adolescent qui cherche à se faire une place dans la société – il est poursuivi par la police tout au long du film, qui le prend pour un criminel - et à redonner un sens à son existence à travers son costume taillé sur mesure. Si les effets spéciaux 3D peinent parfois à convaincre complètement à cause de leur côté visuellement artificiel (mais éminemment colorés), les séquences où spiderman s’élancent avec ses toiles entre deux bâtiments sont encore une fois époustouflantes, comme chez Sam Raimi – la virtuosité en moins – Voilà donc un assez bon reboot de la franchise qui parvient à rectifier le tir raté du décevant « Spider-Man 3 » mais qui annihile toutes les chances d’un hypothétique « Spider-Man 4 » sur lequel Raimi planchait pourtant depuis un moment : bien que ce reboot arrive un peu trop tôt après le troisième opus, il permet à la franchise de reprendre son
souffle en repartant sur de nouvelles bases, ce qui nous laisse espérer le meilleur pour cette saga de super-héros plutôt enthousiasmante dans l’ensemble.

A la surprise générale, la production décida de confier les rennes de la partitions de « The Amazing Spider-Man » à James Horner, qui n’avait plus mis en musique de film de super-héros depuis les années 90 : on se souvient notamment de sa brillante partition orchestrale rétro pour « The Rocketeer » de Joe Johnston en 1991. Après deux partitions de qualité signées Danny Elfman et un brillant opus musical de Christopher Young pour le troisième film, c’est au tour de James Horner de rentrer dans l’univers fantaisiste de l’homme-araignée, en imposant d’emblée un ton musical à la fois moderne (utilisation de rythmiques électroniques plutôt tendance) et éminemment rétro – une large palette orchestrale qui fleure bon la musique symphonique des films de super-héros des années 80/90 – Horner reste fidèle à son style habituel sur « Amazing Spider-Man » et nous offre une grande musique orchestrale rafraîchissante et hollywoodienne dans le bon sens du terme, avec son sens habituel de la mélodie et même du lyrisme. Fort heureusement, Horner délaisse cette fois-ci son penchant irritant pour les citations et repiquages incessants de pages de la musique classique pour créer une oeuvre plus originale et dénuée de la moindre citation (même le fameux et obsédant motif de 4 notes n’est pas présent ici !). Bien entendu, le score ressemble globalement à la plupart des anciennes musiques d’aventure du compositeur, et il ne sera donc guère surprenant de retrouver par moment des similitudes avec des partitions telles que « The Rocketeer », « Titanic », « Avatar » ou même « A Beautiful Mind ». Avec « Main Title/Young Peter », le ton est donné avec l’introduction de rythmiques électroniques modernes qui restent superflues et pas toujours utiles, mais qui rappellent certaines sonorités des scores de Danny Elfman sur la précédente saga, à la différence que James Horner nous propose à présent un tout nouveau thème pour spiderman, introduit à la trompette dès 0:16, accompagné des vocalises orientales du soliste Dhafer Youssef avec lequel Horner avait déjà précédemment collaboré sur « Black Gold ». Ces quelques sonorités orientales n’ont d’ailleurs pas vraiment de réel rapport avec l’intrigue du film, si ce n’est la présence de l’acteur indien Irfan Khan qui interprète l’employeur du docteur Connors dans le film : c’est surtout un prétexte de la part d’Horner pour renouveler sa participation avec Dhafer Youssef et ses vocalises arabisantes et mystérieuses de qualité. Toujours au rayon des solistes, le compositeur emploie à quelques reprises le jeune chanteur soprano Luca Lupino-Franglen qui apporte une émotion et une certaine spiritualité à quelques mesures du score d’Horner, sans oublier les quelques vocalises supplémentaires de l’indispensable Lisbeth Scott. Concernant les orchestrations, cela reste encore une fois du travail de grande qualité de la part du compositeur, avec un orchestre ample et énorme, agrémenté d’un piano qui possède un rôle central dans la partition – il est l’instrument clé associé à Peter Parker tout au long du film – et d’une chorale énorme, sans oublier les quelques touches électroniques/percussions synthétiques qui, à l’inverse du récent « Thor » de Patrick Doyle, ne prennent jamais le pas sur les parties orchestrales de la musique.

Niveau thématique, Horner nous gratifie donc d’un tout nouveau thème pour Peter Parker/Spiderman, introduit dès le « Main Titles » et confié aux trompettes, un grand thème héroïque à l’ancienne, ample et majestueux, plutôt rare de nos jours dans un film de super-héros hollywoodien, totalement dénué de l’aspect sombre/psychologique habituel. En ce sens, la volonté thématique et volontairement galvanisante d’Horner prend le contre-pied total de l’approche voulue par Hans Zimmer sur la nouvelle trilogie « Batman ». A ce thème mémorable aux harmonies majeures et imposantes vient s’ajouter un entêtant motif de 4 notes constamment répété au piano, indissociable du thème de spiderman dans le film. Bien évidemment, le nouveau thème d’Horner risque de souffrir de la comparaison inévitable avec celui, plus culte, de Danny Elfman, car aussi réussi soit-il, le thème de « Amazing Spiderman » n’a ni le charisme ni le pouvoir de la fameuse mélodie d’Elfman. Qu’à cela ne tienne, Horner assume pleinement sa position et ses idées, car la partition n’a au final rien à envier aux précédents travaux d’Elfman et Young. En dehors du thème de Spiderman avec sa dualité mélodique héroïque/motif de 4 notes du piano (pour rappeler la double identité de Peter Parker/spiderman), Horner nous offre aussi un thème plus intime pour Peter Parker entendu à partir de 4 :09 au piano vers la fin de « Main Titles/Young Peter », thème intime et délicat plus typique des musiques lyriques d’Horner, mais qui reste un peu trop simple et pas vraiment mémorable pour laisser un souvenir particulier. Enfin, le compositeur utilise aussi un motif menaçant de 3 notes descendantes des cuivres pour le Lézard, entendu pour la première fois à 0:50 dans « The Bridge », lors de la scène de la première attaque du Lézard à New York. On retrouvera d’ailleurs ce motif durant les scènes illustrant la confrontation entre Spiderman et le Lézard. On regrettera néanmoins le côté tout à fait quelconque et peu mémorable du motif du Lézard, que l’on aurait aimé plus personnel et surtout plus incisif. Dans « Becoming Spider-Man », on retrouve quelques tics d’écriture plus typiques du compositeur, que ce soit dans les glissements harmoniques alternant accords majeurs/mineurs qui rappellent « A Beautiful Mind », ou dans l’utilisation de l’électronique ou de la chorale d’enfants, en partie synthétique, sur fond de vocalises du jeune Luca Lupino-Franglen associé à Peter Parker dans le film. Le morceau accompagne la création du personnage de Spiderman, avec une série de développements mélodiques autour du thème héroïque de l’homme araignée. « Becoming Spider-Man » développe aussi la partie électronique, Horner n’hésitant pas à reprendre certains samples électro de « Avatar », qui, comme pour le film de James Cameron, n’apportent pas grand chose de bien intéressant à la partition en dehors de l’inévitable son moderne voulu par les producteurs hollywoodiens d’aujourd’hui. On pourra d’ailleurs regretter ce choix facile et purement commercial qui prouve à quel point les producteurs sont devenus frileux et ont encore du mal à assurer une partition 100% symphonique pour un film de super-héros (héritage des productions Remote Control pour « Batman » et compagnie !). Mais si l’espoir et l’héroïsme sont au coeur du travail d’Horner, ce dernier se fait aussi plaisir en soulignant l’humour du film dans un « Playing Basketball » typiquement comédie/humoristique, avec ses accents mickey-mousing sautillants et espiègles, que ce soit dans le jeu des cordes, des claquements de doigts ou dans celui de la trompette et du tuba : James Horner se fait plaisir, et cela se sent !

C’est avec la seconde partie du score que l’on peut enfin rentrer dans le vif du sujet, avec une série de morceaux d’action démesurés, épiques et intenses. « The Spider Room/Rumble in the Subway » permet ainsi à Horner d’évoquer les nouveaux pouvoirs de Peter dans le métro avec un astucieux mélange de rythmes électroniques, d’effets instrumentaux dissonants et même de quelques claquements de doigts, un truc emprunté à « Playing Basketball » et qu’on retrouvera à quelques reprises dans le score. Horner a décidément de la suite dans les idées, puisqu’il va même jusqu’à reprendre le motif de 4 notes à la guitare au début de « The Equation », avec une délicatesse et un sens du lyrisme typique du compositeur, le tout sur fond de cordes discrètes, d’effets sonores de la flûte et de nappes synthétiques tendance new-age. La musique d’Horner s’avère assez rafraîchissante dans ses idées, nous prouvant à quel point le compositeur semble avoir été assez inspiré et touché par son sujet. Les fans des musiques romantiques/intimes du compositeur apprécieront sans aucun doute le retour du thème de piano de Peter dans le joli et délicat « Rooftop Kiss » pour l’inévitable scène du baiser entre Peter et Gwen sur le toit de l’immeuble. C’est avec « The Bridge » que la partition nous offre enfin un premier moment fort dans la musique de « The Amazing Spider-Man » : Horner souligne ici la première attaque du Lézard sur le pont new-yorkais avec un arsenal symphonique démesuré, de grandes envolées héroïques du thème de Spider-Man aux cuivres, des variations autour du motif menaçant du Lézard aux cuivres et même quelques notes de guitare électrique pour le côté moderne de la musique. Les envolées héroïques du thème sont non seulement correctement exécutées, mais elles apportent à l’écran un vrai sentiment d’espoir et de puissance, le tout sur fond d’orchestrations denses privilégiant tous les pupitres, avec les vocalises ethniques, l’électronique, la chorale d’enfants samplée et un ensemble de percussions imposantes (enclumes/piano/xylophone, etc.). L’action se prolonge dans « Lizard At School ! », autre moment fort/héroïque du score et superbe morceau d’action déchaîné dans le film - ne manquez pas les progressions harmoniques héroïques entendues entre 1:21 et 2:03 et après 2:26 : succès garanti ! – « Saving New York » permet au score d’atteindre son climax d’action pour ce qui reste LE morceau incontournable de la partition de « The Amazing Spider-Man » : 7 minutes d’action pure et dure, partagée entre déchaînements orchestraux virtuoses, développements thématiques héroïques et même magnifiques moments d’espoir et d’émotion. Spiderman s’élance ainsi dans la bataille finale contre le Lézard pour sauver New-York. Premier moment mémorable : les effets surprise de clusters soudains de piano à partir de 2:26 qui viennent interrompre brutalement la musique et instaurer une tension inattendue, et que certains ont comparé avec les musiques thriller de David Shire dans les années 70. L’émotion n’est pas en reste avec un passage solennel/galvanisant plein d’espoir et très prenant à partir de 4:22 dans « Saving New York », avec ses progressions harmoniques ascendantes et épiques. A ne pas manquer aussi tout le passage épique à partir de 5:16, et son utilisation du choeur synthétique, dont les sonorités rappellent vaguement « Titanic », avec, cerise sur le gâteau, une reprise victorieuse et grandiose du thème héroïque de spiderman à 6 :32. Enfin, l’affrontement final se conclut sur un dernier morceau d’action démesuré, l’impressionnant « Oscorp Tower », où l’on retrouve le motif de cuivres descendants du Lézard opposé à la mélodie principale de spiderman.

James Horner met donc les bouclées doubles avec « The Amazing Spider-Man » et nous prouve qu’il n’a rien perdu de son talent et de son inspiration sur ce film : sa partition reste héroïque, épique, prenante et émouvante, à la manière de ses grandes musiques d’aventure des années 90, à ceci près que les sonorités électroniques, parfois un peu trop présentes, trahissent clairement l’héritage des musiques d’action du Hollywood des années 2000 formaté à la sauce Remote Control/Hans Zimmer. Qu’à cela ne tienne, Horner relève le défi avec panache et le résultat est aussi impressionnant à l’écran comme sur l’album, où la musique reste diversifiée, alternant mystère, intimité, suspense, action et émotion avec brio. Certaines idées rappellent le passé du compositeur (des progressions harmoniques de « Becoming Spider-Man » empruntées à « Star Trek II ») mais sans aucune forme d’auto plagiat. Horner se fait plaisir sur le film de Marc Webb, tout en faisant des concessions au style des musiques d’action modernes. Sa musique reste malgré tout personnelle et typique de son auteur, avec un thème héroïque mémorable, sans aucun doute l’un des meilleurs thèmes du James Horner de ces dix dernières années, bien qu’un cran en dessous de celui, plus charismatique, de Danny Elfman sur les « Spider-Man » de Sam Raimi. Mais dans un paysage musical plutôt terne et consternant, un score aussi riche et inspiré que « The Amazing Spider-Man » fait plaisir à entendre, confirmant encore une fois le statut de James Horner de vétéran de la musique de film hollywoodienne. A l’écran, le résultat est d’autant plus satisfaisant que la musique parvient même à se faire remarquer grâce à son émotion et son énergie constante, notamment à travers certaines envolées héroïques assez impressionnantes. Voilà donc un très bon score de James Horner à ne pas manquer, idéal pour se réconcilier avec un musicien controversé en très nette perte de vitesse depuis plusieurs années !



---Quentin Billard