1-Ghosts of Mars 3.42
2-Love Siege 4.37
3-Fight Train 3.16
4-Visions of Earth 4.08
5-Slashing Void 2.46
6-Kick Ass 6.06
7-Power Station 4.37
8-Can't Let You Go 2.18
9-Dismemberment Blues 2.53
10-Fightin' Mad 2.41
11-Pam Grier's Head 2.35
12-Ghost Poppin' 3.20

Musique  composée par:

John Carpenter

Editeur:

Varèse Sarabande 302 066 286 2

Produit par:
Bruce Robb
pour Robb Brothers Productions
Producteur exécutif:
Robert Townson
Montage:
The Great Tiago Becker
ProTools Sound Design:
Joe Bishara

Artwork and pictures (c) 2001 Storm King Productions and Screen Gems Pictures. All rights reserved.

Note: ***
GHOSTS OF MARS
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by John Carpenter
Quelques années après l’excellent « Vampires » (1998), John Carpenter revient à la charge en 2001 en signant « Ghosts of Mars », modeste production d’action/science-fiction qui se déroule sur la planète Mars, dans un futur lointain. Nous sommes en 2176 et Mars est devenue une colonie qui abrite des milliers de colons. C’est alors que le commandant Helena Braddock (Pam Grier) et le lieutenant Melanie Ballard (Natasha Henstridge) sont envoyées vers la cité minière de Shining Canyon avec une équipe armée pour récupérer un dangereux malfaiteur nommé Desolation Williams (Ice Cube), qu’ils sont chargés de ramener à la capitale pour qu’il y soit jugé et condamné. Mais à leur arrivée, l’équipe de Braddock et Ballard découvrent une cité totalement vide et apparemment abandonnée. Ils découvrent aussi Desolation Williams et un autre groupe de prisonniers enfermés dans des cellules, tandis que les murs des habitations sont recouverts de fragments de cadavres, de traces de sang et de sculptures métalliques étranges. Ce que Braddock et Ballard ignorent encore, c’est qu’une mystérieuse force surnaturelle s’est emparée d’un groupe d’individus qui ont basculé dans l’anarchie et la barbarie, et qui menacent de semer le chaos absolu sur la cité minière de Shining. Avec un scénario totalement minimaliste et une mise en scène pâle et sans inspiration, « Ghosts of Mars » est une déception de la part d’un John Carpenter que l’on sent bien fatigué sur ce film, avec des acteurs peu convaincants malgré l’excellente tenue du casting (Natasha Henstridge, Pam Grier, Jason Statham, Ice Cube, Clea DuVall, Joanna Cassidy, etc.). Les effets spéciaux cheap trahissent clairement le manque de moyens du film (à peine 28 millions de dollars, une somme dérisoire pour un film d’une telle envergure), Carpenter compensant la faible qualité des visuels du film par un alignement de scènes d’action et de fusillades en tout genre. Le film se rapproche par moment d’un western futuriste (Carpenter a toujours avoué sa passion pour les westerns), avec les héros d’un côté, et de l’autre, les bad guys et leur chef maléfique (dont le look est un croisement entre Marilyn Manson et le cénobite de « Hellraiser ») de l’autre. Si l’intrigue reste inexistante, le choix de raconter l’histoire à travers une série de flash-backs en parallèle est plutôt réussi, bien que cela n’apporte au final pas grand chose de particulier au long-métrage. On retrouve ici quelques éléments typiques des films de Carpenter, à commencer par l’anti-héros campé par Ice Cube, qui n’est pas sans rappeler le genre de héros anarchiste et individualiste que le cinéaste affectionne tant (et notamment un certain Snake Plissken...), ou un montage plutôt à l’ancienne et assez posé, typique de Carpenter. Effectivement, le scénario ne vole pas haut, « Ghosts of Mars » ayant visiblement été conçu à la manière d’un jeu vidéo de shoot’em up : en gros, on tire sur tout ce qui bouge sans trop se soucier du reste. C’est divertissant, certes, mais le manque de moyens du film et la médiocrité du scénario l’empêchent vraiment de décoller pleinement, « Ghosts of Mars » s’apparentant au final à une modeste série-B d’action qui reste à n’en point douter l’un des films les moins bons de la filmographie éclectique de John Carpenter.

Pour illustrer les scènes de son film, John Carpenter compose à nouveau la musique de son propre long-métrage, épaulé cette fois-ci par le groupe de trash/metal new-yorkais Anthrax fondé par le guitariste Scott Ian en 1981, et l’incontournable Buckethead, guitariste américain de rock connu pour apparaître exclusivement masqué en public avec un seau en carton renversé sur la tête (véridique !), et considéré à juste titre comme l’un des plus grands virtuoses de la guitare électrique. Assumant pleinement l’orientation rock/metal de la musique de « Ghosts of Mars », John Carpenter s’adjoint les services de tout ce beau monde en se confiant lui-même la partie clavier/synthétiseur du score, accompagné de quelques guitaristes de renommée (Buckethead, Scott Ian, Steve Vai, Elliot Easton, Robin Finck, etc.). Le résultat, assez impressionnant, nous rappelle les expérimentations rock menées par Carpenter sur son précédent film « Vampires » en 1998, bien que la musique soit étrangement sous-mixée durant les scènes d’action - du coup, difficile de profiter pleinement du gros ‘son’ voulu par Carpenter sur la bande originale de son film. Le début du film permet à Carpenter d’asseoir le ton électronique/contemporain de son score avec « Ghosts of Mars », bien que l’introduction synthétique/techno accompagnant l’arrivée du train sur la colonie martienne soit curieusement absent de l’album. Entièrement soutenu par des nappes synthétiques new-age mystérieuses et des loops électro entêtants, « Ghosts of Mars » est accompagné d’un ostinato de basse et de quelques premiers solos virtuoses et fun de guitare électrique. Aucun doute possible, Carpenter se fait plaisir en développant ici un style metal/rock assez agressif et virtuose, avec pour commencer, un excellent « Love Siege » dominé par la guitare lead de Buckethead et les quelques touches synthétiques de Carpenter aux claviers. A l’écran, le son metal agressif de la musique de Carpenter fait du bruit et verse dans la fureur sans aucun compromis ! Concernant l’album publié par Varèse Sarabande, il faut signaler qu’il s’agit surtout des sessions d’enregistrement originales, dans le sens où la plupart des morceaux sont présentés ici dans des cuts version album qui différent très souvent des versions film (alors que certains passages du score version film n’ont pas été retenus pour l’album !). Du coup, l’album n’est pas toujours représentatif de la musique du film mais se veut davantage comme un véritable album de trash/metal dans la plus pure tradition du film – on peut d’ailleurs se poser la question du réel statut de musique de film de la composition de John Carpenter.

Un morceau fun et speed comme « Fight Train » débute de façon identique au film mais dévie très vite vers les nombreux solos de shredder de Robin Finck, Scott Ian du groupe Anthrax, Paul Crook et Frank Bello, sans oublier les rythmes de batterie over-speed totalement hallucinants et déjantés de Charlie Benante. Le morceau accompagne dans le film la scène d’affrontement dans le train de la colonie avec un ton toujours très intense, radical et agressif. Plus orienté vers les synthétiseurs, « Visions of Earth » rappelle le style électronique/new age habituel de John Carpenter, avec ses rythmes électro toujours assez proche de la techno (chose assez rare dans les musiques de film de Carpenter), tandis que « Slashing Void » développe à nouveau les solos d’Elliot Easton à la guitare électrique. « Kick Ass » est un autre morceau d’action-clé du score de « Ghosts of Mars », 6 minutes d’action pure avec l’ensemble des guitares et des synthés de Carpenter, malheureusement noyés sous la masse sonore des guitares. « Kick Ass » reste typique du style trash/speed metal d’Anthrax, un style tout à fait représentatif de l’ambiance musicale du film de John Carpenter, avec un véritable barrage sonore des guitares assez impressionnantes à l’écran, bien que curieusement sous-mixées dans la bande son (la musique manque un peu d’impact sur les scènes d’action du film). « Kick Ass » reste en tout cas l’un des meilleurs morceaux d’action du score, et un vrai bonheur pour les fans de metal américain. La bataille dans la station de contrôle de la colonie (« Power Station ») est un énième morceau d’action introduit par les sonorités new age étranges des claviers, puis très vite chamboulées par les guitares électriques saturées des solistes du score. Plus particulier, « Can’t Let You Go » s’avère davantage mélodique, avec l’ajout d’un clavier fender rhodes interprété par Bruce Robb avec le saxophone de Joe Robb et la guitare mélodique de Brad Wilson. Dans le film, le morceau, mixé totalement différemment, accompagne la scène où Desolation Williams quitte Ballard vers la fin du film. Dommage cependant que le morceau s’avère être assez court, dépassant à peine les 2 minutes : une version longue aurait été davantage bénéfique pour des questions d’ordre musicales ! En revanche, c’est du 100% Carpenter que l’on retrouve dans « Dismemberment Blues » avec les claviers entêtants de Carpenter et les solos endiablés et fun d’Elliot Easton. Les sonorités techno reviennent dans l’étrange « Fightin’ Mad » dans un style qui frôle ici l’expérimental pur, avec l’ajout des effets sonores de la guitare trash de Buckethead. Enfin, « Pam Grier’s Head », autre scène de bataille du film, met à nouveau en avant l’ensemble des guitares électriques sur fond de rythme metal très soutenu, moins intense que « Kick Ass », débouchant sur le conclusif et similaire « Ghost Poppin ». John Carpenter se fait donc plaisir avec ses musiciens et nous offre un véritable album de trash/metal pour la bande originale de « Ghosts of Mars », servi par l’interprétation de solistes d’exception, Carpenter se payant ainsi le luxe de s’offrir de nombreux talents du rock pour la musique de son film. Le résultat, évidemment très bruyant et dénué de la moindre nuance, est un véritable tour de montagne russe digne des meilleurs albums de metal du moment, plus impressionnant sur l’album que dans le film, où la musique perd un peu de son impact à cause d’un mixage pas toujours très judicieux lors des scènes d’action. Le fait même que certains passages du film soient absents de l’album rend l’ensemble plutôt déconcertant à l’écoute, un score fun et speed à réserver surtout aux fans d’électro/trash metal à l’ancienne !




---Quentin Billard