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1-Portrait of Mr. Boogie 6.55
2-Never Go In Dad's Office 4.47 3-Levantation 3.51 4-The Horror in The Canisters 4.12 5-My Sick Piano 6.06 6-Rot Not, Want Not 3.34 7-Don't Worry Dad, I'll Make You Famous Again 0.55 8-Millimeter Music 3.20 9-Pollock Type Pain 2.47 10-The Eater of Children 4.49 11-Sinister 4.24 12-Sin Sister Sweet (Suite from the "Sinister" Film Score) 9.37 13-Sinister Remix (The Rite of Left) 5.29* *Remixé par Frankie Chinasky et Daniel Wehr aka COLLAGE, CineTronic Music @ LASCORE Studio, Los Angeles, Mixé par Frankie Chinasky @ The House of Pain Studio, Munich. Musique composée par: Christopher Young Editeur: Varèse Sarabande 302 067 173 2 Album produit par: Christopher Young, Jason Acuna, Daniel Wehr Producteur exécutif: Robert Townson Synthétiseurs, claviers, sound design et programmation: Jason Acuna, Daniel Wehr Arrangements album: Christopher Young, Jason Acuna, Daniel Wehr Sound design film score et programmation synthétiseurs: Jason Acuna, Mark Armain, Art Denissov, Daniel Wehr Coordinateurs score: Sebastian Cano Besquet, Megumi Sasano, Rebecca Nunez Monteur musique: Tom Milano Assistant de Christopher Young: Samantha Barker Artwork and pictures (c) 2012 Summit Entertainment, LLC. All rights reserved. Note: **** |
SINISTER
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ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
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Music composed by Christopher Young
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Nouveau long-métrage d’épouvante de Scott Derrickson, réalisateur de « Exorcism of Emily Rose », « Sinister » est un énième conte horrifique mettant en scène l’univers du paranormal, avec son lot habituel de jump scares, d’apparitions fantomatiques et de scènes téléphonées. « Sinister » a été vanté comme étant l’un des films horrifiques les plus terrifiants du moment, mais quand on y regarde d’un peu plus près, le long-métrage de Scott Derrickson n’apporte rien de nouveau à tout ce qui a déjà été fait dans le genre : « Insidious », « Paranormal Activity », « Blair Witch » ou le récent « The Apparition » nous viennent immédiatement en tête, le tout réalisé sans grand génie. L’histoire est celle d’Ellison Oswalt (Ethan Hawke), un auteur de romans policiers inspirés de faits réels, qui décide un jour d’emménager dans une nouvelle maison avec sa femme Tracy (Juliet Rylance), sa jeune fille Ashley (Clare Foley) et son jeune fils Trevor (Michael Hall D’Addario), maison dans laquelle les anciens propriétaires ont été retrouvés mystérieusement pendus. Durant l’emménagement, Ellison découvre une boîte contenant des bobines de films 8mm qui contiennent les meurtres filmés d’autres familles. Ellison ignore encore qui a filmé ces meurtres et pourquoi il l’a fait. En revanche, il constate un fait étrange : pour une raison inexpliquée, le plus jeune enfant de chaque famille assassinée est toujours porté absent parmi les victimes. Comprenant qu’il tient là le potentiel idéal pour son futur roman, Ellison, fasciné et horrifié par cette découverte, ira de plus en plus loin pour découvrir les terrifiants secrets de ces tueries filmées en 8mm, quitte à se mettre en danger lui et toute sa famille, traquée par une mystérieuse entité surnaturelle présente sur les films. « Sinister » reprend donc le thème habituel de l’entité maléfique qui pourchasse ses victimes, sauf qu’ici, l’entité apparaît furtivement dans chaque film visionné par le héros. Scott Derrickson en profite pour surfer sur la vague des « found footage », ses films où l’on insère des plans tournés par une caméra amateur pour augmenter la peur et l’angoisse (procédé récurrent depuis plusieurs années avec « Blair Witch Project », « Cloverfield » ou la franchise « Rec »). Le problème, c’est que le résultat est tout sauf réellement terrifiant : première ombre au tableau, on devine trop rapidement les tenants et les aboutissements d’un script paresseux (l’histoire des enfants qui ont disparus et la révélation finale est prévisible au maximum, à tel point que s’en est vraiment honteux !). D’autre part, si le suspense psychologique est bien ménagé durant la première partie, le dernier acte du film retombe dans les travers habituels des productions horrifiques hollywoodiennes actuelles : le réalisateur veut tout montrer, tout expliquer, et tue totalement le mystère. Pire encore, les enfants fantômes (qui ne sont que des gamins maquillés de façon amateur) sont totalement ridicules durant leurs apparitions et ne provoquent aucune peur ou tension, pas même le démon qui n’a aucune carrure ni même crédibilité, d’autant qu’ici aussi, le maquillage est curieusement raté et teinté d’amateurisme. Du coup, ce qui débutait comme un bon suspense assez intense se transforme rapidement en nanar horrifique ridicule et à peine digne d’une série-B du dimanche soir. Du coup, difficile de trouver quoique ce soit de vraiment terrifiant dans ce film qui tire tout juste son épingle du jeu grâce à son atmosphère sombre et son ambiance sonore étrange et inquiétante.
L’ambiance sonore de « Sinister » est justement le point fort du film de Scott Derrickson. Le film marque ainsi les retrouvailles entre le réalisateur et le compositeur Christopher Young, éternel monsieur ‘musique horrifique’ d’Hollywood qui saisit encore une fois l’occasion de nous ouvrir les portes de l’enfer musical avec son nouveau score totalement expérimental et dérangeant pour « Sinister ». Mais à contrario des anciens scores horrifiques du compositeur, celui de « Sinister » délaisse totalement l’arsenal orchestral habituel et privilégie une approche 100% expérimentale et bruitiste dans un style déconcertant et inattendu qui ouvre la voie aux expérimentations en tout genre, aux collages sonores et aux bidouillages musicaux hérités de la musique concrète des années 50/60 et aux trouvailles de l’IRCAM. Dans une récente interview accordée à The Hollywood Reporter, Christopher Young expliquait qu’il ressent constamment le besoin de se renouveler dans sa musique et de tenter de nouvelles approches dans sa façon de composer pour le cinéma – il avoue d’ailleurs lui-même ne pas aimer son travail pour un film d’épouvante comme « The Grudge », qui était, selon lui, trop conventionnel à son goût – Pour « Sinister », Young, encouragé par le réalisateur et la production, joua définitivement la carte de l’expérimentation en élaborant un sound design à base de sons manipulés et déformés, si bien qu’il paraît difficile de reconnaître le moindre son, même lorsqu’il s’agit d’instrument samplé et trafiqué. Ainsi donc, point d’orchestre à l’horizon ici, mais une approche anti-conventionnelle entièrement électronique et expérimentale, à des années lumière du style hollywoodien habituel. Grâce à l’album publié par Varèse Sarabande, Chris Young se voit même offrir l’opportunité de retravailler entièrement sa musique sur l’album, conçue pour être écoutée à la manière d’une oeuvre musicale expérimentale indépendante des images (la musique dans le film est très différente de l’album !). A l’image, les textures sonores élaborées par le compositeur parviennent à instaurer à l’écran un malaise, un sentiment d’étrangeté particulièrement déroutante et dérangeante : l’ambiance est complètement réussie, le film devant d’ailleurs beaucoup à cette étrange musique, aussi insolite qu’inquiétante à l’écran. Sur l’album, c’est une toute autre histoire : Christopher Young en profite pour retravailler dans le style de la musique concrète et des collages sonores, un genre qu’il avait déjà abordé dans ses suites pour « Invaders from Mars » en 1986, tandis que certains morceaux entendus dans le film n’ont tout simplement pas été retenus sur l’album, soit parce qu’ils n’apportaient rien en terme d’écoute, soit parce qu’ils s’avéraient trop redondants par rapport à la sélection finale, d’autant que certains morceaux entendus dans le film ne sont pas de Young mais proviennent de sources diverses – on retrouves des musiques du groupe de métal Aghast, des compositions bruitistes de Nicholas Triarchos, sans oublier le fameux « Gyroscope » du groupe électro écossais Boards of Canada, morceau qui a marqué les esprits de certains spectateurs du film, utilisé lors du départ de la famille de la maison vers la fin du film et au début du générique de fin, ces musiques n’ayant là aussi pas été incluses sur l’album (dans tous les cas, les amateurs de la version film du score risquent fort d’être déçus à l’écoute du CD de Varèse !). Concernant le score de Young en lui-même, il s’agit d’une suite ininterrompue de sonorités difformes et étranges particulièrement dérangeantes voire stressantes : « Portrait of Mr. Boogie » impose d’emblée le son emblématique du score de « Sinister », une sorte de voix déformée et lointaine fabriquée à partir d’un son de duduk arménien retravaillé par ordinateur et déformé pour le rendre complètement méconnaissable. Ce son inquiétant est associé à Bagul, le démon maléfique du film, et apparaîtra à quelques reprises à l’écran pour suggérer sa présence inquiétante. Autre élément-clé du score : de nombreux samples de piano déformé, instrument-clé de « Sinister », que Chris Young a déformé et retravaillé de différentes façons pour le rendre là aussi méconnaissable, en dehors de quelques pistes où le piano devient plus reconnaissable et familier (comme dans « Never Go in Dad’s Office »). A noter que la partie finale de « Portrait of Mr. Boogie » nous propose de l’expérimentation électronique à 100%, pour un passage absent du film mais véritablement électrique dans le sens propre du terme, un style d’ailleurs rarement présent dans les oeuvres de Christopher Young ! Autre caractéristique du travail mené par le compositeur sur le film de Scott Derrickson : la présence de nombreuses voix enregistrées et déformées dans tous les sens possibles : à l’envers, à l’endroit, filtrées, coupées, rallongées, etc. Young va même jusqu’à inclure des phrases récitées en japonais dans « Levantation », autour desquelles il tente de brouiller les pistes en retravaillant les hauteurs, les fréquences et les effets de panoramique : on nage ici en pleine musique concrète électroacoustique à 100%, à la manière des travaux français de Pierre Schaeffer, Pierre Henry, Arnaud Petit ou de l’allemand Karlheinz Stockhausen. La seconde partie de « Levantation » inclut même des cris d’hommes sur fond de gargouillis sonores stridents et suraigus totalement abstraits d’une efficacité redoutable sur les auditeurs (l’étrangeté sonore dans son accoutrement le plus parfait !). La musique reste foncièrement et profondément atonale avec « The Horrors in the Canisters », où l’on retrouve des sonorités macabres et difformes similaires, avec de nombreuses touches électroniques impressionnantes, notamment à partir de 3:10, où Young verse dans l’électro pure et dure de façon quasi inédite dans sa filmographie (à noter les vocalises féminines orientales saturées à 3:32). Le compositeur déforme les sons de son piano dans « My Sick Piano », « Rot Not, Want Not », « Pollock Type Pain » et « Millimeter Music ». Plus impressionnant, « The Eater of Children » suggère la terreur inspirée dans le film par Mr. Boogie alias Bagul à grand renfort de sonorités électroniques stridentes totalement saturées, un grand moment de terreur musicale dans « Sinister » (et aussi un morceau très bruyant et extrêmement difficile d’accès pour les oreilles non averties !) constitué de nombreux collages sonores qui donnent l’impression de zapper d’un son à un autre de façon totalement aléatoire. A noter que Young nous offre tout de même un thème pour la famille Oswalt dans « Never Go in Dad’s Office », l’unique thème de la partition qui s’avère être une jolie mélodie de piano mélancolique et délicate, évoquant le lien entre Ellison, sa femme et ses enfants. A noter d’ailleurs que « Never Go in Dad’s Office » inclut un ostinato rythmique de basse électronique entêtant que l’on retrouvera plusieurs fois dans le film, notamment durant certaines scènes où Ellison visionne les films ou retravaille les images des enregistrements (à partir de 1:09). Le même ostinato de basse apparaît d’ailleurs dans « Portrait of Mr. Boogie » à partir de 3:02, lui aussi présent durant certains passages du film. Enfin, ceux qui préfèrent la version film du score apprécieront sans doute le « Sin Sister Sweet », constitué de plusieurs morceaux du score mixés dans une suite de plus de 9 minutes, bien qu’encore une fois, certains passages soient malheureusement absents de l’album. Vous l’aurez donc compris, c’est un Christopher Young totalement différent qu’il nous est donné d’entendre sur « Sinister », un Young en mode expérimental totalement libre et personnel dans sa façon de penser la musique, délaissant totalement l’orchestre habituel pour nous offrir une série de sound design et sonorités synthétiques difformes triturées dans tous les sens : le résultat, incroyable et impressionnant pour un film d’épouvante hollywoodien aussi décevant, prend le contre pied intégral des conventions musicales habituelles et impose une personnalité à la musique du film de Scott Derrickson, même si le score reste un brin plus intense et immersif à l’écran, l’expérience de la musique sur l’album étant totalement différente et plutôt complémentaire. Attention : voilà un score inhabituel et étrange à ne pas mettre sous n’importe quelle oreille ! Les amateurs de mélodie, de musique tonale ou orchestrale risquent fort de fuir cette partition radicale et singulière, tandis que les autres, plus désireux d’entendre des choses fraîches qui sortent de l’ordinaire, en auront pour leur argent avec « Sinister », une vraie oeuvre artistique à part entière passionnante mais difficile d’accès, une réussite, donc ! ---Quentin Billard |