1-Main Title 1.29
2-Dipsong Fight 3.35
3-The 3 Bears/Fluvian Sea 3.02*
4-Reel 5 3.17
5-Colonel Torture 3.20
6-Gotta Light? 6.06
7-Compound Escape 4.03**
8-Saddams Battles/
Freedom Fighters 4.50***

*Inclut 'Innamorata'
de Harry Warren et Jack Brooks
**Inclut 'Father Knows Best'
Theme de Irving Friedman
et Don Farris
***Inclut 'Sea Hunt' Theme
composé par Ray Llewelyn.

Musique  composée par:

Basil Poledouris

Editeur:

Varèse Sarabande
VSD-5426

Album produit par:
Basil Poledouris
Producteur exécutif:
Robert Townson
Musique secouée
et remuée par:
Tim Boyle
Femme:
Bobbie Poledouris
Monteur de la musique:
Curtis Roush
Le gars qui touche
10% du revenu de Basil:
Richard Kraft
Supervision du placement
du code barre:
Armin Luther
Assistant pour les superviseurs du placement du code barre:
Dolores Cortes,
Debi Scott, Julia Michaels

Au fait, c'est quoi
le logo de Varèse?
Meilleure actrice n'étant
pas apparue à l'écran:
Lorraine Evanoff

Artwork and pictures (c) 1993 Twentieth Century Fox. All rights reserved.

Note: ****
HOT SHOTS! PART DEUX
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Basil Poledouris
Jim Abrahams et son équipe rempilent de nouveau sur 'Hot Shots!' avec la suite des aventures délirantes du plus taré des héros, Topper Harley (Charlie Sheen). Cette fois-ci, ce n'est plus 'Top Gun' que le film parodie mais 'Rambo' et plus particulièrement le second et le troisième opus. On retrouve donc dans 'Hot Shots! Part Deux' toutes les recettes parodiques du film, cette pastiche délirante s'étalant dorénavant sur plusieurs plans, les personnages, la musique, les nombreuses allusions à des films tels que 'Rambo II', 'Terminator 2' (affrontement final contre Saddam Hussein qui se prend pour un T1000!), 'Basic Instinct', 'Star Wars', 'Platoon', 'Apocalypse Now' (avec carrément l'apparition de Martin Sheen, le papa de Charlie à bord d'une vedette de guerre, gros clin d'oeil à peine appuyé au célèbre film de guerre de Coppola) et bien d'autre. L'histoire est totalement basique, comme l'on s'y serait attendu. Alors qu'une nouvelle opération commando visant à délivrer des otages américains en Irak vient encore d'échouer, le gouvernement U.S. décide d'organiser une nouvelle mission de sauvetage avec l'appui de la CIA. C'est Topper Harley qui est à la tête du commando. Arrivés sur place, Topper et ses hommes doivent affronter les troupes de Saddam Hussein (Jerry Haleva) par tous les moyens. Charlie Sheen reste fidèle à lui-même dans sa parodie de Rambo, avec un petit cameo pour Rowan Atkinson qui participe aussi à ce gros délire collectif entre deux épisodes de 'Mr.Bean'. A noter que Richard Crenna reprend ici son rôle du colonel dans 'Rambo' et s'amuse carrément à auto-parodier son ancien rôle pour 'Rambo III', une idée amusante qui permet de renforcer plus nettement l'allusion parodique à l'univers du célèbre héros des films d'action U.S. des années 80. Ici, tout n'est qu'un énième prétexte aux délires en tout genre: Topper qui tue un adversaire en tirant de son arc une poule, le président des Etats-Unis affrontant Saddam Hussein à coup de sabre laser comme dans 'Star Wars', la pseudo scène de romance gnangnan entre Topper et Ramada (Valeria Golino) dans la scène du restaurant italien qui parodie 'La belle et la clochard' de Disney, etc. Autant d'éléments qui font de 'Hot Shots! Part Deux' une suite incontestablement à la hauteur du premier opus!

Le score de Basil Poledouris pour 'Hot Shots! Part Deux' est à son tour très intéressant et bourré de surprises. Alors que le score de Sylvester Levay pour le premier épisode restait très sérieux par rapport au film et clairement orienté vers un style électronique typique de la fin des années 80, la musique de Poledouris est nettement plus parodique, sans vraiment tomber dans des excès. Il est vrai que la parodie en musique n'est pas un exercice de style très aisé. En tout cas, il est souvent bien plus simple de parodier à l'écran que dans la musique. Pari tenu, pari réussi: Basil Poledouris a relevé le défi d'écrire une bonne heure de musique à la fois sérieuse et ironique, parsemé de clins d'oeil musicaux intéressants et très intelligemment insérés dans sa musique.

On reconnaît facilement le style du compositeur et ce dès les premières minutes du film, avec une atmosphère d'action très réussie et très prenante, utilisant un mélange orchestre/synthé traditionnel et toujours aussi efficace, surtout de la part d'un talentueux compositeur de musique d'action tel que Poledouris (n'oublions pas 'Robocop', 'Hunt for the Red October', 'Starship Troopers', 'Under Siege 2', etc.). On notera d'emblée le fait que Basil Poledouris lorgne très près du côté de Jerry Goldsmith dans ses musiques d'action, et pour cause: l'ensemble du film de Jim Abrahams parodie 'Rambo' avec un scénario pratiquement identique (Le Viêt-Nam étant remplacé ici par l'Irak) et un acteur en commun avec le même rôle dans les deux films: Richard Crenna (rappelons que Jerry Goldsmith a mit en musique la trilogie des 'Rambo'). Le thème de Topper Harley, qui rappelle par moment celui des résistants de 'Robocop 3', demeure héroïque et déterminé, mais aussi décalé sur certaines scènes, l'héroïsme tournant vite au ridicule lorsque l'on voit par exemple Topper Harley manquer son adversaire avec son arc une bonne dizaine de fois avant de le tuer en tirant une poule de son arme.

La partie action de la musique de 'Hot Shots! Part Deux', celle de la scène du début avec le commando, celle de l'attaque dans le camp ou bien encore celle de l'attaque contre Saddam Hussein, évoque clairement l'ambiance surchauffée de 'Rambo II' du maestro Jerry Goldsmith, un brillant hommage rendu à l'un des plus grands scores d'action de Goldsmith. On y retrouve par exemple cette même utilisation de rythmiques électroniques, de rythmes syncopés, de cuivres massifs, de percussions surchauffés, etc. Evidemment ici, il n'est nul question de copier 'Rambo II' et encore moins de proposer un remake de la partition du maestro californien. Poledouris s'accommode au style action de Goldsmith tout en en conservant le style personnel du compositeur, qui a suffisamment pris de recul ici afin de s'attaquer à un tel travail de parodie et d'hommage. Tout est finalement pris en dérision dans ce film.

Même si cela paraît moins évident ici, les nombreux clins d'oeil ironiques n'en demeure pas moins très amusants et réellement présents. Par exemple, on retrouve une allusion aussi bien à l'écran que dans la musique à l'orgasme enragé de 'Basic Instinct' (1992) dont Goldsmith avait écrit la (splendide) musique, fort réussie d'ailleurs ('Gotta Light?'). Les fameux orgasmes musicaux violents de la musique de 'Basic Instinct' de Goldsmith sont ici pastichés par Poledouris de manière très brillante alors que la scène d'amour entre Topper et la femme fatale de service, Michelle Huddleston (Brenda Bakke), parodie très clairement le fameux film de Paul Verhoeven (la scène d'orgasme enragé entre Sharon Stone et Michael Douglas), sauf qu'ici le pic à glace est remplacé par une burette d'huile. A noter l'utilisation ironique et très stéréotypée d'un saxophone sensuel renforçant le côté érotique de 'Gotta Light?'.

Autre allusion flagrante et très amusante, celle du dessin animé de Disney, 'La belle et le clochard', avec la scène hilarante où Topper et Ramada mangent des spaghettis dans un restaurant italien, tout comme dans le film de Disney, l'allusion allant même jusqu'à reproduire le coup du gars qui pousse la boulette de viande avec son nez vers sa dame, ainsi que le coup de la spaghetti et des deux chanteurs italiens venant chanter 'Innamorata', chanson romantique déjà présente dans le dessin animé d'origine de Disney. En bref, c'est le délire complet et on sent que Jim Abrahams et son équipe se sont bien amusés en faisant ce film, tout comme Basil Poledouris, qui a pris un grand plaisir à mettre en musique ce film délirant. A noter qu'un thème romantique vient évoquer la romance entre Topper et Ramada (Valeria Golino) tout au long du film, basé sur la mélodie de 'Innamorata'.

Mais la palme revient sans aucun doute à l'excellentissime 'Saddams Battle/Freedom Fighters' lors de la séquence finale où le président des USA et Saddam Hussein se bagarrent à l'épée laser (grosse allusion à 'Star Wars')! Basil Poledouris évoque ici un sentiment d'héroïsme présidentiel ironique venant parodier par la même occasion le style de film que l'on retrouvera quelque année plus tard avec 'Air Force One' ou 'Independence Day'. Alors que l'excitante musique d'action accompagne la bataille hilarante entre le président et Saddam, Poledouris utilise le thème composé par Ray Llewelyn pour la série TV 'Sea Hunt' (1958), thème héroïque cuivré et entraînant à l'ancienne, mais toujours aussi volontairement en décalage avec les hilarants héros du film, et plus particulièrement le président (Lloyd Bridges). Cette allusion musicale à la fameuse série TV est d'autant plus astucieuse puisque Lloyd Bridges, qui incarne ici le président des Etats-Unis un peu fêlé, incarnait dans 'Sea Hunt' Mike Nelson, le héros de la série. A noter que Poledouris s'amuse à parodier le style des musiques de swachbluckers/cape et d'épée à l'ancienne lors de la confrontation à l'épée entre Saddam et Topper, où le compositeur pastiche le style symphonique à l'ancienne de 'The Sea Hawk' ou de 'Captain Blood' d'Erich Wolfgang Korngold. Enfin, on trouve le gros d'oeil incontournable à la scène de 'Terminator 2', là où le T1000 se retrouvait congelé puis éclaté et reconstitué avec la fameuse séquence des gouttes d'eau, et que l'on retrouve ici avec un Saddam congelé par un extincteur, qui se reconstitue en se croisant avec son chien, un truc totalement stupide mais aussi totalement hilarant (à noter l'utilisation de nappes de synthé et de voix profondes tibétaines pour cette scène, faisant allusion au style électronique/atmosphérique de la musique de Brad Fiedel pour 'Terminator 2'). Cette superbe pastiche des musiques orchestrales héroïques atteint en tout cas son paroxysme dans ce dernier morceau qui conclut le film en beauté.

Pour le reste, le score de 'Hot Shots! Part Deux' contient de grands moments d'action, que ce soit 'Dipsong Fight', 'Reel 5' ou le superbe 'Compound Escape' pour la scène de l'évasion hors du camp irakien, utilisant les rythmiques électroniques chères au compositeur, des percussions, des cordes et des cuivres survoltés. Si le ton de la partition est indubitablement lié à l'exercice de la parodie, Poledouris nous livre néanmoins quelques bons morceaux d'action excitants à souhait, qui n'ont rien à envier à Jerry Goldsmith (même si l'on est loin ici de la puissance et de la complexité d'un score comme 'Rambo II'). A noter une superbe envolée héroïque typique de Poledouris vers la fin de 'Compound Escape', nous permettant de réentendre le thème cuivré de Topper Harley dans toute sa splendeur, et qui n'est pas sans rappeler certains passages héroïques du score de 'Red Dawn'. A noter, pour finir, une brève petite touche d'humour dans 'Reel 5', qui accompagne la scène du saut en parachute au dessus de la forêt irakienne. Après une nouvelle reprise du thème de 'Sea Hunt', Poledouris nous fait entendre un bref passage nostalgique aux cordes et à l'harmonica (parodiant les musiques de western à l'ancienne), alors qu'un personnage évoque de manière gnangnan son envie d'avoir une maison et de fonder une famille après la guerre (le genre de réplique cliché que l'on trouve toujours dans ce genre de film).

'Hot Shots! Part Deux' demeure finalement une excellente partition orchestrale de bout en bout, une musique bourrée de multiples clins d'oeil parodiques, le tout sur fond de musiques d'action tonitruantes et d'envolées héroïques du plus bel effet. Poledouris a écrit une de ses grandes musiques de film que l'on apprécie dès la première écoute et qui nous colle instantanément à la peau (et dans les oreilles!). Un régal d'humour et de parodie, un sens de la dérision musicale permanent, tout en conservant le style personnel de Basil Poledouris, qui apporte une personnalité musicale forte au film de Jim Abrahams (coïncidence, le film fait allusion à 'RoboCop' alors que Basil Poledouris avait déjà écrit la musique de ce film!). Une sorte de "must", en quelque sorte!


---Quentin Billard