1-Touch the Sky 2.31*
2-Into the Open Air 2.41**
3-Learn Me Right 3.46***
4-Fate and Destiny 4.17
5-The Games 1.53
6-I Am Merida 2.23
7-Remember To Smile 2.18
8-Merida Rides Away 4.07
9-The Witch's Cottage 4.26
10-Song of Mor'Du 2.18+
11-Through the Castle 4.34
12-Legends Are Lessons 4.06
13-Show Us The Way 3.46
14-Mum Goes Wild 3.25
15-In Her Heart 2.36
16-Noble Maiden Fair
(A Mhaighdean Bhan Uasal) 2.37++
17-Not Now! 3.34
18-Get The Key 3.15
19-We've Both Changed 5.30
20-Merida's Home 1.32

*Interprété par Julie Fowlis
Musique d'Alex Mandel
Paroles de Mark Andrews
et Alex Mandel
**Interprété par Julie Fowlis
Musique et paroles d'Alex Mandel
***Interprété par Birdy
with Mumford & Sons
Ecrit par Patrick Doyle
+Interprété par Billy Connolly
and Cast
Ecrit par Patrick Doyle
++Interprété par Emma Thompson
& Peigi Barker
Ecrit par Patrick Doyle.

Musique  composée par:

Patrick Doyle

Editeur:

Walt Disney Records D001405202

Score produit par:
Maggie Rodford
Album produit par:
Patrick Doyle
Score orchestré par:
Patrick Doyle, James Shearman

Artwork and pictures (c) 2012 Walt Disney Pictures/Pixar Animation Studios. All rights reserved.

Note: ****
BRAVE
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Patrick Doyle
« Brave » (Rebelle) est le dernier-né des studios Pixar distribué par Disney, un très beau film d’animation réalisé par Mark Andrews et Brenda Chapman (« Prince of Egypt »). Le film se situe en Ecosse et raconte l’histoire de Mérida, la jeune fille du roi Fergus, une adolescente rebelle, tête dure et impétueuse, qui rêve de devenir archère et de vivre de grandes aventures. Mais sa mère, la reine Elinor, ne l’entend pas de cette façon : respectueuse des règles, la reine veut que Mérida épouse un prince d’une autre tribu. Désespérée, Mérida se rebelle et se dispute violemment avec sa mère. Après s’être enfuie dans la forêt, la jeune fille fait la connaissance d’une mystérieuse sorcière qui lui propose un cake ensorcelé pour tenter de changer l’opinion de la reine par la magie. Mais le gâteau n’a pas l’effet escompté sur la reine : après avoir mangé le cake, Elinor se transforme subitement en ours. A cause de ses actes, Mérida entraîne malgré elle le royaume dans le chaos et l’anarchie, en proie à une guerre des tribus : le roi Fergus, persuadé qu’un ours sauvage a pénétré dans le royaume, s’apprête à abattre l’animal sans savoir qu’il s’agit de son épouse. Quand à Mérida, elle va devoir s’enfuir avec Elinor ours pour tenter de protéger sa mère et de rétablir les choses en bravant les forces de la nature et de la magie pour mettre fin à cette terrible malédiction. « Brave » est une réussite incontestable magnifiée par une animation d’une qualité exceptionnelle que l’on doit encore une fois aux talentueux artistes de chez Pixar. C’est la première fois que le studio se lance dans le registre de la fable et du conte de fée, dans la grande tradition des frères Grimm ou d’Andersen. Malgré la création plutôt laborieuse du projet (la réalisatrice Brenda Chapman fut replacée en 2010 par Mark Andrews et quitta le projet suite à un désaccord artistique), « Brave » est un aboutissement réjouissant, avec ses magnifiques paysages des Highlands écossais, ses personnages pittoresques, son humour extravagant, ses scènes d’action démesurées (la confrontation contre l’ours noir géant) et son héroïne rebelle mais très attachante. Autre fait rare pour un Pixar : une bonne partie du film se déroule la nuit, rendant l’histoire plus sombre et plus dramatique qu’à l’accoutumée, avec un thème adulte exploré ici avec finesse : les difficultés des relations mère/fille, car, malgré ses nombreuses touches d’humour (les scènes avec les trois petits frères de Mérida, les bagarres loufoques entre Fergus et les membres des tribus voisines), « Brave » reste un film dramatique sur les conséquences de certains actes et la difficulté de communication entre les adolescents et leurs parents. Le film n’est pas dénué d’émotion ni de magie, avec ces scènes touchantes où Mérida apprend à se rapprocher à nouveau de sa mère-ours, une réussite incontestable à rajouter au palmarès du tandem Pixar/Disney !

Avec « Brave », c’est la première fois que le compositeur Patrick Doyle se voit confier la musique d’une production animée de chez Pixar-Disney. C’est d’ailleurs la seconde fois que Doyle compose pour film animé après « Quest for Camelot » en 1998. Probablement choisi en raison de ses origines écossaises, Patrick Doyle semblait pourtant tourner en rond ces dernières années sur des productions hollywoodiennes qui ne lui permettaient plus de renouer avec sa verve mélodique-classique d’antan, comme en témoignent ses travaux récents et plutôt contestés pour « Thor » ou « Rise of the Planet of the Apes ». Que l’on se rassure de suite, le score de « Brave » nous permet enfin de retrouver un Patrick Doyle plus classique et traditionnel, et surtout résolument plus personnel, le compositeur se voyant offrir ici l’opportunité rare d’évoquer la musique traditionnelle de son pays natal, l’Ecosse, réunissant le London Symphony Orchestra avec un ensemble d’instruments traditionnels incluant un cymbalum, un dulcimer, des bagpipes et uilleann pipes (cornemuses), une penny whistle, une harpe celtique, un violon fiddle, et quelques tambours dont les fameux taïkos japonais (déjà très présents dans la partition de « Harry Potter and the Goblet of Fire ») et le traditionnel bodhrán couramment utilisé dans la musique irlandaise, le tout enrobé dans un style qui rappelle les touches celtiques de la musique pour « Quest for Camelot ». En plus du score traditionnel, Patrick Doyle a aussi composé quelques chansons originales pour le film, incluant la chanson à boire inspirée d’une mélodie écossaise populaire (« Song of Mor’du ») et de la magnifique lullaby « Noble Maiden Fair ». Cette chanson poignante est accompagnée par la harpe et le fiddle, brillamment interprétée en langue gaélique par l’actrice Emma Thompson (en duo avec la jeune Peigi Barker), qui retrouve à nouveau Patrick Doyle après plusieurs projets en commun (« Much Ado About Nothing », « Sense and Sensibility », « Nanny McPhee »). Le score de Doyle repose sur une poignée de thèmes rapidement dévoilés dans le prologue du film, morceau hélas curieusement absent de l’album, une absence qui se fait d’ailleurs cruellement ressentir, les thèmes mettant d’ailleurs beaucoup de temps à débuter réellement sur l’album. On remarquera aussi que la mélodie de « Song of Mor’du » revient à plusieurs reprises dans le score orchestral de Doyle, citée notamment à 1:39 dans « Through the Castle » ou en grande pompe dans l’énergique « The Games », morceau vif et coloré aux rythmes irlandais/écossais enjoués qui rappellent aussi bien James Horner (« Braveheart », « The Devil’s Own ») que Trevor Jones (« Loch Ness »).

Après l’émouvant « Fate & Destiny », qui introduit aussi le thème celtique au fiddle à partir de 0:54, thème associé aux Highlands écossais dans le film et nous offre quelques passages de cordes de toute beauté dans lesquels on retrouve le lyrisme poétique si cher à Patrick Doyle, le thème principal de Mérida et Elinor est brièvement suggéré à 0:23 dans « Remember to Smile », repris de façon intégrale à la cornemuse et à la trompette dans « Legends Are Lessons » à 2:36, un thème magnifique écrit avec cœur et sensibilité pour illustrer le rapprochement compliquée et bouleversant entre Mérida et sa mère dans le film. Le thème familial de Mérida/Elinor est suggéré de façon touchante à la whistle au début de « In Her Heart », qui nous permet ici aussi de retrouver la sensibilité et la grâce habituelle de Patrick Doyle, apportant une véritable poésie au film. Le thème revient sous une forme action énergique dans « Not Now ! » à 2:42 aux cordes et à la cornemuse, ou à 3:15 à la whistle. Enfin, c’est sans réelle surprise que l’on retrouve le thème pour la conclusion émouvante du film dans « We’ve Both Changed » lors des retrouvailles mère/fille, avant le final du film dans l’emphatique « Merida’s Home », qui développe ce superbe thème dans son intégralité pour conclure la partition avec une émotion typique du compositeur. Le deuxième thème majeur du score, celui de l’émouvante lullaby d’Elinor, revient à plusieurs reprises dans le récit, et notamment dans « Get the Key » durant la superbe envolée héroïque à 1:47, ou dans « Legends Are Lessons » et « Mum Goes Wild », afin d’illustrer encore une fois cette idée de rapprochement entre la reine et sa fille dans le film. En plus de ces deux thèmes et du motif celtique de « Fate & Destiny », quelques motifs secondaires font leur apparition par la suite, dont un motif espiègle et sautillant pour Elinor-ours -au début de « Through the Castle » et dans la transformation sauvage d’Elinor dans « Mum Goes Wild »- et un motif plus sournois et mystérieux pour la sorcière et son enchantement entendu aux bois dans « The Witch’s Cottage » à 1:25. Le motif de l’enchantement est repris par la suite durant la scène d’action avec l’ours sauvage dans « Not Now ! » et pour l’hilarante poursuite de la clé dans le château (« Get the Key »), durant lequel le motif de la sorcière/enchantement est varié à quelques reprises sous une forme à la fois sautillante, espiègle et énergique.

Enfin, l’action et l’aventure ne sont pas en reste, avec quelques passages plus musclés comme « Merida Rides Away » évoquant le caractère impétueux de Mérida qui s’enfuit du royaume à cheval, ou les déchaînements orchestraux de « Not Now ! », « Show Us The Way » ou l’intro guerrière et intense de « We’ve Both Changed » pour l’affrontement final contre l’ours sauvage. Doyle utilise même quelques sonorités synthétiques discrètes dans la seconde partie plus atmosphérique de « Merida Rides Away », alors que la jeune fille arrive dans la forêt et suit les feu follets qui vont la conduire au repère de la sorcière. Les synthétiseurs créent ici une atmosphère résolument mystérieuse et fort étonnante, plutôt réussie sans dénoter avec le reste de la partition. Ces atmosphères électroniques brumeuses reviennent dans « Show Us The Way » pour un résultat similaire et non dénué d’une certaine magie planante et un peu inquiétante. Bilan plus que positif donc pour Patrick Doyle qui retrouve enfin son inspiration et son lyrisme habituel sur « Brave », signant une partition en adéquation totale avec son sujet, qu’il s’agisse des paysages écossais, de la relation mère/fille, des musiques d’action/suspense, des brèves envolées héroïques ou des mélodies celtiques populaires. Malgré l’absence de certains passages importants de la musique sur l’album, l’écoute de la partition de « Brave » est un régal évident pour les fans du compositeur écossais et ceux qui doutaient encore de son potentiel et de son inspiration, Doyle se payant ainsi le luxe d’écrire pour « Brave » ce qui reste incontestablement sa meilleure partition de l’année 2012, une grande réussite à découvrir très vite en même temps que le très beau film de chez Pixar/Disney !




---Quentin Billard