1-The Thief 4.21
2-The Chase 2.50*
3-The Clocks 4.28**
4-Snowfall 1.51
5-Hugo's Father 3.25
6-Ashes 2.33
7-The Station Inspector 1.10
8-Bookstore 1.52
9-The Movies 1.29
10-The Message 4.37
11-The Armoire 2.33
12-Purpose 2.04
13-The Plan 2.49
14-Trains 2.50
15-Papa Georges Made Movies 1.53
16-The Invention of Dreams 6.29
17-A Ghost In the Station 6.01
18-A Train Arrives in the Station 3.26
19-The Magician 2.34
20-Coeur Volant 4.19***
21-Winding It Up 4.11

*Contiens un extrait de "Ca Gaze"
(V.Marceau)
**Contient un extrait de
"Aubade Charmeuse" (Jean Peyronnin)
Produit et arrangé par
Jean Michel Bernard
Interprété par Les Primitifs du Futur
***Interprété par Zaz
Musique et paroles de
Elizabeth Cotnoir, Isabelle Geoffrey
et Howard Shore

Musique  composée par:

Howard Shore

Editeur:

Howe Records HWR-1007

Musique orchestrée et conduite par:
Howard Shore
Album produit par:
Howard Shore, Jonathan Schultz
Montage album:
Jonathan Schultz
Superviseur musique:
Randall Poster
Monteur musique:
Jennifer Dunnington
Supervision montage:
Jonathan Schultz
Programmation et
technologie musicale:
James Sizemore
Monteurs score:
Kirsty Whalley, Rob Houston,
Yann McCullough

Assistant monteurs:
Ben Pedersen, Gisburg Smialek
Manager production score:
Elizabeth Cotnoir
Coordinateur production score:
Alan Frey
Coordinateur musique:
Karen Elliott
Auricle:
Tim Starnes
Préparation musique:
Amy Baer, Vic Fraser,
Joshua Green, Jeremy Howard Beck

Score Production Accounting:
Rich Palecek
Producteur exécutif pour
Howe Records:
Joe Augustine

Artwork and pictures (c) 2011 GK Films, LLC. Paramount Pictures. All rights reserved.

Note: ****
HUGO
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Howard Shore
Martin Scorsese semble vouloir plus que jamais se diversifier, car après quelques productions plus commerciales et une poignée de documentaires, voilà que le cinéaste américain s’attaque désormais au registre du film d’aventure familial, une première pour Scorsese, essentiellement connu pour ses films de gangsters ultra violents. « Hugo » est l’adaptation cinématographique du roman pour enfant « The Invention of Hugo Cabret » de Brian Selznick sorti en 2007, entièrement tournée en 3D - une première pour Scorsese. Le film raconte l’histoire d’Hugo Cabret (Asa Butterfield), jeune enfant orphelin de 12 ans qui vit seul dans une gare à Paris en 1931. Après le décès accidentel de son père horloger (Jude Law), Hugo a été confié à son oncle alcoolique, Claude (Ray Winstone), qui s’occupe de la maintenance des horloges de la gare Montparnasse à Paris. Depuis la disparition mystérieuse de son oncle, Hugo vit dans les murs de la station et se réfugie régulièrement dans les horloges, qu’il répare régulièrement avec ses propres moyens. Pour survivre, il vole de la nourriture et des pièces mécaniques pour réparer les horloges. Aujourd’hui, Hugo travaille sur un projet ambitieux : réparer le mystérieux automate que son père lui laissa et qui est supposé savoir écrire. Le jeune garçon est convaincu que l’automate contient un message laissé par son père, et il va tout faire pour tenter de le réparer. Mais un jour, Georges (Ben Kingsley), le propriétaire d’un magasin de jouet, surprend Hugo en train de voler des pièces et lui confisque son précieux carnet dans lequel se trouve des croquis détaillés de l’automate. Hugo l’implore de lui rendre son carnet mais le vieux commerçant refuse. C’est alors que le jeune garçon fait la connaissance d’Isabelle (Chloë Grace Moretz), une jeune orpheline qui se trouve être la nièce du vieux Georges. La jeune fille lui promet de l’aider à récupérer le carnet chez son oncle. Au cours de cette aventure, Hugo et Isabelle vont découvrir que le vieux commerçant n’est autre que Georges Méliès, célèbre réalisateur de films muets au début du XXe siècle. « Hugo » est une magnifique réussite de la part d’un Martin Scorsese en pleine forme, qui signe un film d’aventure familial magique et touchant, empreint d’une poésie sincère et honnête. Si la reconstitution de la gare Montparnasse des années 30 est assez réussie – bien que l’on regrettera le côté numérique de certains effets spéciaux, plutôt artificiels et pas toujours crédibles – tout comme l’utilisation intéressante de la 3D, « Hugo » s’impose surtout par son hommage poignant au septième art et à l’oeuvre de Georges Méliès. Véritable chant d’amour au cinéma en général, le long-métrage de Martin Scorsese célèbre autant la vie et l’art du célèbre cinéaste français que la magie du cinéma et des effets spéciaux, rappelant au passage que le cinéma est avant tout l’art de l’illusion et du divertissement. Scorsese réussit ainsi le tour de force de nous offrir un magnifique conte de noël avec un casting impeccable, qui évite la niaiserie et le rose bonbon en se doublant d’un hommage bouleversant au cinéma en ressuscitant des images mythiques de l’oeuvre de Méliès (le célèbre « voyage sur la lune » de 1902) avec nostalgie, mélancolie et émerveillement. Le message du film est alors on ne peut plus clair : de Méliès jusqu’à la 3D d’aujourd’hui, rien ne s’est perdu, le cinéma a toujours des choses à nous offrir, de grandes aventures à partager, des rêves à savourer. Succès intégral, « Hugo » a été récompensé par 5 Oscars en 2012 ainsi qu’une multitude de récompenses et de nominations diverses, un film en passe de devenir un nouveau classique dans la filmographie de Martin Scorsese !

La partition symphonique de Howard Shore est un autre élément-clé de « Hugo ». C’est l’occasion pour le compositeur canadien de retrouver à nouveau Scorsese après « Gangs of New York » (2002), « Aviator » (2004) et « The Departed » (2006). Howard Shore écrit pour « Hugo » une brillante partition orchestrale enregistrée à Londres et teintée de touches européennes évoquant plus particulièrement la musique parisienne du début du XXe siècle. Pour se faire, Shore réunit un ensemble d’instruments solistes incluant l’inévitable accordéon-musette, mais aussi un cymbalum, un piano (incluant un honky-tonk), une mandoline, une basse, un saxophone alto et les fameux Ondes Martenots, instrument électronique qu’Elmer Bernstein utilisait régulièrement entre autre dans ses partitions des années 80. Dans « The Thief », Shore pose les bases de sa partition en dévoilant le thème principal à 1:12, mélodie nostalgique construite sous la forme d’une valse pour accordéon, mandoline et orchestre dans l’esprit des valses parisiennes d’antan (on se rapproche clairement par moment des influences françaises du « Ratatouille » de Michael Giacchino). Cette très belle valse parisienne représente l’idée thématique majeure du score de « Hugo » et campe clairement le décor à l’écran, thème constitué d’une seconde phrase mélodique entendue à partir de 1:57 avec ses notes ascendantes un brin plus nuancées et mystérieuses. La poursuite entre Hugo et le chef de station de la gare dans « The Chase » permet à Shore d’établir son deuxième thème sous une forme plus ironique et légère dès 0:14, mélodie comique associée au chef de station, un thème qui joue là aussi la carte de la musique française populaire en évoquant le style de la musette traditionnelle du début du siècle. Les solos de musette d’Eddie Hession sont d’ailleurs très réussis et parviennent à éviter le simple pastiche ou exercice de style en offrant de vrais solos valorisants et euphorisants pour l’instrumentiste, Shore s’appliquant à respecter ce style musical sans tomber dans la caricature excessive, mais avec une vraie sensibilité européenne plutôt rare sur une production hollywoodienne de ce genre. C’est le cas dans les accents populaires de « The Chase » ou « The Clocks », dans lequel Shore évoque la passion d’Hugo pour les horloges qu’il répare régulièrement dans la gare Montparnasse.

Howard Shore établi aussi un autre motif important dans le score, un motif d’accompagnement de 2 notes pour bois, petites percussions et célesta, motif que l’on retrouvera à quelques reprises dans le film pour évoquer les mécanismes des horloges de la gare et le secret que pourchassent Hugo et Isabelle tout au long du film, motif très clairement développé tout au long de « The Clocks ». Enfin, l’autre thème majeur du score est introduit à 0:40 dans « The Clocks » avec une série de notes mystérieuses et descendantes au piano, associé dans le film aux mystères de l’automate conçu par le père d’Hugo. Ce motif mystérieux revient dans « Hugo’s Father » sous les traits d’une valse plus amère évoquant clairement les secrets de l’invention du père, mélodie confiée cette fois-ci aux Ondes Martenots sur une série de notes descendantes plus sombres. Quand au personnage du père incarné par Jude Law à l’écran, Shore lui confie à son tour une mélodie plus intime et émouvante dans « Hugo’s Father ». Le thème du père est confié ici à la guitare à partir de 1:01 puis au piano à 1:33, le tout toujours écrit sur une mesure à 3 temps, élément récurrent du score d’Howard Shore. On notera la façon dont le compositeur parvient ici à imbriquer le motif du mystère et le thème du père, ces deux éléments thématiques possédant judicieusement une cellule de notes initiales communes. Avec ses nombreux thèmes et motifs, Howard Shore parvient à développer ses mélodies et sa partition pour suivre l’histoire avec une sensibilité et une énergique constante. Dans « Ashes », la musique devient plus mélancolique et lente tout en reprenant quelques traits caractéristiques du score (les effets métronomiques des petites cymbales pour évoquer le mécanisme des horloges, le piano, l’accordéon, le motif mystérieux, les Ondes Martenots, le très beau thème du père à la guitare, etc.). On retrouve par exemple le thème comique du chef de station dans « The Station Inspector » ou la phrase-B du thème principal au début de « Bookstore » avec son entêtante mesure à 3 temps et ses petites cymbales métronomiques, le tout accompagné d’orchestrations riches et détaillées privilégiant aussi bien les solistes que l’orchestre.

Progressivement, la musique dévoile une ambiance de magie plus poétique à partir de « Bookstore », alors que les deux enfants cherchent à percer le secret de l’automate du père d’Hugo et ceux de Georges Meliès (« The Movies »). On regrettera néanmoins le côté souvent systématique de l’écriture de Shore, dont les nombreux automatismes (les cymbales métronomiques, qui reviennent encore une fois dans « The Message » et sa reprise du motif mystérieux) ont parfois tendance à rendre l’écoute un brin répétitive et monotone, surtout dans l’album qui manque parfois de relief ou de variété. Néanmoins, le résultat à l’écran est impeccable, car la musique parvient à apporter une vraie poésie et une certaine magie aux images du film de Scorsese. Certains morceaux nous offrent quelques idées plus intéressantes comme « The Plan », partagé entre des percussions/cymbales quasi martiales et quelques solos mystérieux des Ondes Martenots. La musique bascule même dans l’action avec l’énergique « Trains » durant la scène où Hugo se retrouve coincé sur les rails du train dans la gare. On retrouve pour l’occasion le style orchestral plus emphatique et musclé si cher à Shore et indéniablement inspiré de ses travaux sur la saga « Lord of the Rings ». Shore nous offre l’un des premiers climax du score dans « The Invention of Dreams » pour lequel il s’offre le luxe d’écrire une musique imitant le style des accompagnements instrumentaux des films muets du début du siècle, avec un orchestre et un piano honky-tonk très daté. Pendant plus de 6 minutes, Shore illustre les scènes des films de Meliès que l’on aperçoit dans « Hugo », avec une énergie et une vitalité quasi euphorisante, les solistes s’en donnant ici à coeur joie. On appréciera aussi l’énergie et la richesse des orchestrations de « The Magician » et la chanson « Coeur Volant », brillamment interprétée en français par la chanteuse Zaz, et adaptée des deux phrases mélodiques du thème principal, et dont les paroles, pleines de poésie et de grâce, évoquent clairement les oeuvres de Georges Meliès avec une passion évidente. Howard Shore nous offre donc une très belle partition pour « Hugo », teintée de magie, de poésie, de couleurs instrumentales et d’énergie. Avec des thèmes généreux, des orchestrations riches et une formidable utilisation des instruments solistes, la musique de « Hugo » est un délice d’une qualité rare, une excellente musique de film qui, malgré son côté un peu systématique et parfois monotone (trop de touches à la française et de rythmes à 3 temps !), parvient à insuffler une vraie magie aux images du long-métrage de Martin Scorsese, une belle réussite à découvrir en même temps que le film lui-même !




---Quentin Billard