1-Beginning 3.47
2-Infiltration 1 1.37
3-Encounter 1.02
4-Enslaved 3.07
5-Office 2.19
6-B.O.W. 1.09
7-Invasion 0.31
8-Omen 0.54
9-Extrication 1.10
10-Ataman 1.23
11-Infiltration 2 1.17
12-Scissors 0.30
13-Deadlock 2.38
14-Transformation 1.49
15-Church 2.02
16-Intoxication 0.20
17-Buddy 2.16
18-Shadow 0.22
19-Rencontre 2.07
20-Scary Streets 1.25
21-JD and the Future 2.05
22-2 Replies 1.21
23-Doors 0.25
24-Svetlana 2.33
25-Penetration, Approaching 2.51
26-Plague 2.11
27-Opposition 1.16
28-Needed 0.44
29-Attack 1.36
30-Separate Fight 1.39
31-Imposing 1.41
32-Tyrant 2.56
33-Elevator Shaft 1.09
34-Decisive Battle 5.02
35-Final Thoughts 1.33
36-Peace Disturbed 1.00
37-Preparations Completed 1.01
38-Intervention,
Meaningless Solutions 1.04
39-Path of Two People 2.13
40-End 0.39
41-Tomorrow 1.05

Musique  composée par:

Shusaku Uchiyama/Rei Kondoh

Editeur:

CPCA-10274

Arrangements de:
Shusaku Uchiyama, Rei Kondoh
Production musicale:
T's Music
Directeur:
Hiroyuki Hamada
Ingénieur surround mix:
Motohiko Maeda

Artwork and pictures (c) 2012 Sony Pictures Entertainment/Capcom Company/Digital Frontier. All rights reserved.

Note: ***
BIOHAZARD : DAMNATION
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Shusaku Uchiyama/Rei Kondoh
« Biohazard : Damnation » est le deuxième long-métrage animé produit par Capcom et sorti en 2012, soit quatre ans après « Biohazard : Degeneration ». On retrouve Makoto Kamiya à la réalisation, auteur du premier opus de 2008. L’histoire de « Damnation » se situe entre celles des jeux « Resident Evil 5 » et « Resident Evil 6 ». L’histoire se déroule en 2011, où l’on retrouve Leon S. Kennedy, envoyé par le gouvernement américain dans la République Slave de l’Est pour enquêter sur l’éventuelle présence d’armes bio-organiques. Mais le pays est ravagé par une guerre civile qui oppose royalistes et indépendantistes. Alors que Kennedy commence à soupçonner la présence d’armes bio-organiques dans le pays, son agent de liaison Ingrid Hunnigan lui demande de revenir au bercail. Kennedy n’en fait qu’à sa tête et décide d’outrepasser ses ordres et d’enquêter plus profondément au coeur de la République Slave de l’Est. Il se retrouve alors traqué par des monstrueux lickers, confirmant alors ses soupçons. Mais au cours du combat, des individus l’assomment et l’emmènent dans leur planque secrète : il s’agit de combattants indépendantistes, JayDee et Buddy, qui se demandent bien ce que fait un agent américain armé dans leur pays. Mais la planque est soudainement attaquée par des zombies, et Leon doit s’associer avec JayDee et Buddy pour pouvoir réussir à s’enfuir et à sauver ensemble leur peau, tout en sachant pertinemment que ses deux kidnappeurs en savent bien plus qu’ils ne veulent réellement le dire. Pendant de ce temps, Svetlana Belikova, la présidente de la République Slave de l’Est, accueille dans son palais présidentiel Ada Wong, une séduisante espionne qui se fait alors passer pour une agent du BSAA. Mais en réalité, Ada Wong est là pour une toute autre mission : enquêter à son tour sur le trafic d’armes bio-organiques qui sévit au coeur même du pays, orchestré par ses dirigeants corrompus. Réussissant à faire un lien évident avec les histoires des jeux vidéos, « Biohazard : Damnation » est une réussite incontestable d’un point de vue visuel, avec une animation de qualité, des décors soignés et des personnages réalistes, mais le film pêche encore par un scénario creux et sans réels rebondissements, qui se contente bien souvent d’enchaîner les scènes d’action et de combats sans réels enjeux dramatiques, alors que les scripts des jeux paraissaient pourtant bien plus complexes dans leur genre. Le film semble avoir été fait pour dévoiler tout un bestiaire impressionnant qui satisfera les fans des jeux (on retrouve les lickers, les mister X). En revanche, ceux qui ne sont pas familiarisés avec cet univers risquent fort d’être largués. Il faut dire que le film de Makoto Kamiya est avare en explications et va direct à l’essentiel, trop, peut-être ! Voilà en tout cas un bon film d’animation sur l’univers des « Resident Evil », plus sanglant que le précédent opus, et qui s’adresse avant tout aux fans des jeux, avec ses nombreuses références et ses personnages récurrents (Léon S. Kennedy, la très sexy Ada Wong, etc.), mais qui risque fort de décevoir les autres, car après l’échec monumental des films hollywoodiens de Paul W.S. Anderson, force est de constater que même les long-métrages animés japonais ne parviennent pas vraiment à rehausser le niveau lamentable des adaptations cinématographiques de la franchise « Resident Evil » !

La partition musicale de Rei Kondoh et Shusaku Uchiyama s’inscrit dans la continuité des musiques écrites pour les jeux vidéos de chez Capcom. A noter que le jeune compositeur japonais Rei Kondoh est un spécialiste des musiques de jeu vidéo, puisqu’on lui doit entre autre les scores pour « Bayonetta » ou « Devil May Cry 4 ». Quand à Shusaku Uchiyama, il a co-composé la musique du jeu « Devil May Cry 4 » avec Rei Kondoh et a aussi écrit le score des jeux « Resident Evil 2 » (1998) aux côtés de Masami Ueda et Shun Nishigaki, sans oublier sa musique pour « Resident Evil 4 » (2005) co-composée avec Misao Senbongi. Le score de « Biohazard : Damnation » se rapproche souvent des travaux d’Uchiyama pour les jeux vidéos, évoquant les atmosphères glauques et ténébreuses des musiques de la franchise avec une utilisation un peu cheap par moment de samples d’orchestre (Kondoh et Uchiyama ont misé à fond ici sur les banques de son orchestrales du fameux EWQLSO de chez East-West). Soucieux de coller au plus près à l’esthétique musicale des « Resident Evil », les deux compositeurs élaborent donc une partition sombre et intense traversée de sursauts cacophoniques, de cordes stridents, de cuivres agressifs, d’effets sonores violents et de thèmes plus mélodiques et parfois plus dramatiques. Mais que l’on ne s’y trompe pas : à l’instar du film, c’est l’action et les sursauts orchestraux qui dominent ici l’essentiel du score de « Biohazard : Damnation ». En dehors d’une introduction plutôt dramatique et lente (« Beginning ») introduisant des cordes dramatiques et tourmentées avec quelques vagues sonorités ethniques (duduk mixé de façon lointaine) qui servent à camper le décor, le tout traversé de quelques ponctuations rythmiques plus agressives, le reste du score joue davantage la carte du frisson et des déchaînements orchestraux, suggérant les péripéties de Leon S. Kennedy et de ses nouveaux complices dans un pays ravagé par la guerre civile et les armes bio-organiques. « Infiltration 1 » est le parfait exemple de ce style plus atmosphérique et fonctionnel voulu par Rei Kondoh et Shusaku Uchiyama, mélangeant nappes sonores, cordes lugubres et percussions meurtrières.

La première rencontre avec une créature (« Encounter ») permet aux deux compositeurs de verser dans un style horrifique plus atonal et dissonant, avec des clusters de cuivres, des percussions agressives, des glissandi terrifiants et des cordes survoltées. Le piano mystérieux de « Enslaved » ne rassure pas davantage, tout comme dans « B.O.W. », dans lequel l’instrument apporte un climat ambigu assez inquiétant. L’action est au coeur du score dans « Invasion » qui représente une première attaque de zombies dans le film. Les samples sont suffisamment réalistes pour permettre au score de résonner avec ampleur dans le film, même si l’on regrettera ce recours systématique aux samples synthétiques, là où un vrai orchestre aurait eu 100 fois plus d’impact sur les images. On appréciera les rythmes électroniques plus modernes de « Omen », tout comme le jeu du piano dans « Extrication », qui rappelle parfois les musiques du jeu « Resident Evil 2 ». Dans « Ataman », les deux compositeurs dévoilent un très beau thème de piano plus nostalgique et touchant, avec ses harmonies élégantes typiquement japonaises. « Buddy » nous permet de retrouver un thème mélancolique de piano associé au personnage de Buddy dans le film, et dont le caractère élégiaque et touchant semble en dire long sur le destin bien sombre du personnage. En revanche, l’action et la terreur reprennent très vite le dessus dans « Scissors » et « Deadlock », évoquant les agressions des lickers et des zombies, à grand renfort de percussions, de cordes dissonantes et cacophoniques. « Deadlock » est d’ailleurs l’un des morceaux d’action les plus impressionnants du score de « Biohazard : Damnation », tout comme l’intense « Transformation », qui semble surgir d’un vrai film d’horreur hollywoodien, notamment dans son emploi réussi des choeurs féminins, que l’on retrouve aussi dans « Church », pour la scène où les personnages se réfugient dans l’église, les choeurs apportant une connotation religieuse aux images. Et si vous aimez les rythmes techno/électro mélangés à l’orchestre, « Svetlana » devrait vous ravir pleinement, accompagnant avec énergie la séquence de l’affrontement entre Svetlana et Ada Wong dans le film, bien que l’on regrettera le côté impersonnel de ce genre de musique synthético-orchestrale qui rappelle les productions Remote Control habituelles d’Hans Zimmer.

La tension monte d’un cran dans le film avec « Opposition » et « Needed », qui semble suggérer que le cauchemar est partout dans un pays envahi par les zombies et les monstres crées par les dirigeants corrompus. « Attack » confirme d’ailleurs cette orientation massive et brutale de la musique avec un nouvel assaut orchestral gargantuesque et survolté. Les amateurs de musique d’action synthético-orchestrale apprécieront certainement « Separate Fight » ou l’intense « Tyrant », qui accompagne la séquence de la bataille avec les misters X vers la fin du film avec une intensité et une férocité redoutable. Et si vous avez adoré l’énergie impressionnante de « Tyrant », « Decisive Battle » vous comblera sûrement, avec ses 5 minutes d’action pure et dure totalement démesurées, ses choeurs latin épiques et ses quelques mesures plus dramatiques et grandioses tout à fait réussies pour la bataille finale du film. Quand à « Final Thoughts », il semble surgir d’un score de Hans Zimmer façon « Dark Knight » avec son thème héroïque et ses percussions déterminées sur fond de choeurs épiques, comme on en entend (trop) souvent de nos jours, notamment dans les musiques de trailers. Avec « Peace Disturbed », la musique prend une toute autre tournure, et les dissonances cèdent enfin la place à une musique plus mélodique dans laquelle l’espoir et l’émotion reprennent enfin le dessus, comme le confirme « Preparations Completed » avec ses allures d’anthem héroïque façon Media Ventures des années 90, ou le dramatique « Intervention, Meaningless Solutions » lorsque les armées américaines et russes décident d’intervenir et d’attaquer le pays pour mettre fin aux armes bio-organiques. Le piano calme le jeu dans l’émouvant « Path of Two People » dont le côté nostalgique rappelle davantage Joe Hisaishi, tout en reprenant à l’occasion le très beau thème de Buddy pour la fin du film. Rei Kondoh et Shusaku Uchiyama signent donc un score intense et déchaîné pour « Biohazard : Damnation », dans la continuité esthétique des musiques des jeux de chez Capcom, un score d’ailleurs bien plus convaincant que celui du premier film de 2008. Ici, on découvre quelques thèmes, et surtout, une vraie ambiance orchestrale assez impressionnante malgré l’emploi de samples un brin cheap. Néanmoins, les orchestrations et les arrangements sont suffisamment soignés pour apporter une vraie intensité et une énergie démesurée aux images, la musique n’hésitant pas à verser dans l’épique avec l’emploi de choeurs grandioses dans « Decisive Battle ». Bien évidemment, on regrettera le côté souvent impersonnel du score, trop souvent obligé de faire des concessions avec les modes musicales actuelles (celles liées au studio Remote Control de Zimmer et co.), mais le résultat, sans être d’une folle originalité, sied parfaitement au film et a de quoi séduire les fans de la franchise « Resident Evil », et ceux qui ont été déçus par la qualité médiocre des musiques et des films hollywoodiens.




---Quentin Billard