1-Star Wars Main Title/
A Galaxy Divided 1.13*
2-Admiral Yularen 0.56
3-Battle of Christophsis 3.19
4-Meet Ahsoka 2.44
5-Obi-Wan To The Rescue 1.24
6-Sneaking Under the Shield 4.24
7-Jabba's Palace 0.45
8-Anakin Vs. Dooku 2.18
9-Landing On Teth 1.43
10-Destroying The Shield 3.08
11-B'omarr Monastery 3.10
12-General Loathsom/
Battle Strategy 3.07
13-The Shield 1.36
14-Battle of Teth 2.45
15-Jedi Don't Run! 1.22
16-Obi-Wan's Negotiation 2.07
17-The Jedi Council 2.04
18-General Loathsom/Ahsoka 3.39
19-Jabba's Chamber Dance 0.42
20-Ziro Surrounded 2.20
21-Scaling The Cliff 0.45
22-Ziro's Nightclub Band 0.53
23-Seedy City Swing 0.34
24-Escape From the Monastery 3.12
25-Infiltrating Ziro's Lair 2.24
26-Courtyard Fight 2.41
27-Dunes of Tatooine 2.00
28-Rough Landing 3.03
29-Padmé Imprisoned 0.50
30-Dooku Speaks With Jabba 1.28
31-Fight To The End 3.59**
32-End Credits 0.51*

*Contains "Star Wars" Theme
by John Williams.
**Contains "The Force" Theme
by John Williams.

Musique  composée par:

Kevin Kiner

Editeur:

Sony Classical 88697-35616-2

Album produit par:
Mark Evans
Orchestrations de:
Nic Raine, Kevin Kiner
Thèmes originaux de Star Wars
et Score de:
John Williams
Orchestrations additionnelles et
arrangements additionnels de:
Takeshi Furukawa
Programmateur musique:
Matthew St.Laurent
Monteur superviseur musique:
Orlando Duenas

Artwork and pictures (c) 2008 Lucasfilm Ltd. & TM. All rights reserved.

Note: ***1/2
STAR WARS : THE CLONE WARS
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Kevin Kiner
« Star Wars : The Clone Wars » est un long-métrage animé réalisé par Dave Filoni en 2008, entièrement animé en images de synthèse. Conçu à l’origine comme une sorte de pilote à la série TV « The Clone Wars », le long-métrage fut par la suite remonté par Georges Lucas en un film de 98 minutes puis diffusé au cinéma. Le scénario de « Star Wars : The Clone Wars » regroupe ainsi les quatre premiers épisodes de la série TV en un seul film, pour un résultat plutôt efficace bien qu’indéniablement ancré dans un style téléfilm qui jure un peu avec la grandeur épique habituelle de « Star Wars ». L’histoire se déroule à la fin de l’Episode II (« Attack of the Clones ») et bien avant celle de l’Episode III. Pendant la Guerre des clones, la République galactique contrôle les planètes du noyau de la galaxie au centre, mais se retrouve chassée de la bordure extérieure en périphérie par la Confédération des systèmes indépendants, surnommés les ‘séparatistes’. Entre les deux clans ennemis se trouve l’empire criminel des Hutts, un empire neutre qui contrôle néanmoins de nombreuses routes d’accès de la bordure. Le jour où le fils de Jabba le Hutt est enlevé par des séparatistes, les deux clans tentent de former une alliance avec l’empire des Hutts afin d’obtenir l’accès aux routes de la bordure, qui s’avèrent être un atout stratégique dans cette guerre impitoyable. C’est la sinistre Asajj Ventress qui est responsable du kidnapping de l’enfant Hutt, sous la supervision du redoutable comte Dooku : leur but est de provoquer la mort du petit Hutt et de faire accuser les Jedi de ce meurtre, dans l’espoir d’obtenir le ralliement de Jabba à la cause des séparatistes. Du côté de la République, le maître jedi Obi-Wan Kenobi est chargé de négocier avec Jabba, tandis que son ancien élève Anakin Skywalker se voit confier la mission de retrouver le fils de Jabba. Il sera épaulé dans sa quête par une jeune Padawan que lui a confié maître Yoda, Ahsoka Tano, jeune élève têtue et bornée mais véritablement douée au combat. « Star Wars : The Clone Wars » est donc un préambule aux épisodes de la série TV animée, conçue avec un budget modeste (environ 10 millions de dollars) et réalisée avec une animation un brin cheap et pas toujours convaincante. Le scénario est soigné mais les séquences de bataille sont un peu trop nombreuses, n’offrant qu’à peine quelques minutes de répit à un spectateur malmené, qui risque de ressortir du film avec une overdose de scènes d’action. Si l’animation en elle-même est plutôt soignée, on regrettera le côté plat et lisse du design des personnages, qui imitent le look des acteurs originaux de « Attack of the Clones » mais sans réellement convaincre. Malgré sa réalisation très télévisuelle, « Star Wars : The Clone Wars » a pourtant tous les atouts d’un film « Star Wars » dans la plus pure tradition du genre : duels au sabre-laser, batailles contre les droids, affrontement contre le redoutable comte Dooku, moments de bravoure, etc. Seulement voilà, le film s’adresse essentiellement aux fans de la saga « Star Wars » et risquent fort de décevoir les néophytes : le long-métrage a d’ailleurs été un échec commercial et critique à sa sortie en 2008, le film n’ayant finalement pas réussi à trouver son public.

Avec « Star Wars : The Clone Wars », c’est la première fois que la musique n’est pas confiée à John Williams mais à un autre compositeur. Connu pour ses musiques pour les séries TV « Stargate SG-1 » et « CSI : Miami », Kevin Kiner compose pour « Star Wars : The Clone Wars » une partition orchestrale qui tente à la fois de reprendre les thèmes bien connus de John Williams pour la saga tout en proposant des idées nouvelles et insolites dans la franchise, qui risquent fort de rebuter plus d’un fan. Première écoute, premier constat : même si on est à des années lumière du génie incomparable de John Williams, le style musical plus passe-partout de Kevin Kiner est en adéquation avec les images du film, personnifiant chaque action, chaque péripétie avec une énergie constante. Exit ici le LSO pour l’enregistrement, et place au City of Prague Philharmonic Orchestra, dirigé par le compositeur lui-même et Nic Raine. L’interprétation de l’orchestre reste solide, sans atteindre pour autant le brio exceptionnel de l’orchestre londonien auquel Williams nous avait habitué sur les épisodes I à VI. Kiner nous livre aussi certains passages entièrement synthétiques, qui jurent un peu avec l’univers musical habituel de la saga, mais qui colle parfaitement au film de Dave Filoni. Le film démarre avec le fameux thème héroïque de Williams dans « A Galaxy Divided », présenté pour la première fois dans une version assez différente, avec un arrangement privilégiant un ensemble de percussions et des cors massifs. La seconde partie de « A Galaxy Divided » met en avant la puissance de l’orchestre de Prague avec des cuivres imposants, des percussions martiales, des bois virevoltants et des cordes agitées. Les orchestrations, riches et soignées, confèrent au score un caractère épique et martial qui s’inscrit dans la continuité des travaux de Williams. Même chose pour la marche de « Admiral Yularen ». Avec « Battle of Christophsis », Kevin Kiner illustre la bataille de Christophsis au début du film à grand renfort de cuivres tonitruants, de choeurs masculins guerriers et de percussions endiablées. Dommage que les thèmes de Williams soient néanmoins peu présents durant une bonne partie du score, cités timidement au détour de quelques mesures, mais trop sous-exploités pour convaincre pleinement. A ce sujet, on touche là un défaut majeur du score de « The Clone Wars » : l’effacement plutôt étrange des thèmes, qui ont bien souvent trop tendance à se faire discrets à l’écran, alors que les musiques de la saga « Star Wars » sont justement réputées pour la richesse des thèmes et des leitmotive.

Avec « Battle of Christophsis », Kiner nous offre un premier grand tour de force orchestral épique et démesuré qui ravira certainement les fans de la première heure de « Star Wars », avec l’introduction aux trompettes du nouveau thème principal de « The Clone Wars ». Dans « Meet Ahsoka », Anakin rencontre sa jeune padawan, l’espiègle Ahsoka, avec un morceau plus léger et mickey-mousing privilégiant les bois et les cordes. Kiner introduit ici le thème associé à Ahsoka, thème mélancolique et intime Pourtant, les rythmes martiaux et les cuivres belliqueux de la bataille de Christophsis ne tardent pas à reprendre là aussi le dessus. On appréciera d’ailleurs l’écriture très contrapuntique de Kevin Kiner, qui fait un effort véritable pour écrire une musique riche, dynamique et colorée, nous renvoyant aux grandes pages symphoniques d’il y a 20 ou 30 ans, et plus particulièrement aux travaux de John Williams. En revanche, on restera davantage sceptique avec « Obi-Wan to the Rescue » qui rompt totalement le climat symphonique du début en imposant un rythme rock/électro/orchestral plus moderne, qui n’a de toute évidence pas vraiment sa place dans l’univers « Star Wars ». « Obi-Wan to the Rescue » met en avant une guitare électrique, une section rythmique acoustique/synthétique et un orchestre déchaîné pour une première scène évoquant les exploits d’Obi-Wan Kenobi. Seule ombre au tableau : en dehors de cette esthétique moderne inattendue et peu appropriée pour l’univers « Star Wars », le morceau trahit clairement les influences évidentes des temp-tracks du film, et notamment celles de la musique de « The Scorpion King » de John Debney, que Kiner imite à quelques reprises (« Scaling the Cliff ») ou de « Casino Royale » de David Arnold. Dans « Sneaking Under the Shield », Kiner introduit des sonorités ethniques pour la planète où se déroule la bataille, sonorités que l’on retrouvera à plusieurs reprises dans le film, notamment lors des scènes sur Tatooine. C’est le cas dans « Jabba’s Palace », qui évoque l’arrivée au palais de Jabba le Hutt avec son lot d’instruments ethniques à mi-chemin entre musique arabe et asiatique. Au programme des réjouissances, le compositeur nous offre même quelques envolées héroïques dans « Anakin vs. Dooku » et des rythmes électroniques plus modernes d’esprit, accompagnant un orchestre toujours aussi imposant et débordant d’énergie. L’utilisation de vocalises féminines ethniques dans « Landing on Teth » nous laisse là aussi dubitatif, tandis que l’on retrouve le thème de Kiner aux cors.

De l’action, le score de « The Clone Wars » en regorge, à commencer par la séquence de la destruction du bouclier (« Destroying the Shield ») et ses envolées épiques et guerrières démesurées, l’imposant « Battle Strategy » et ses choeurs masculins guerriers – morceau très inspiré du « 13th Warrior » de Jerry Goldsmith – l’énorme et surpuissant « The Shield » ou le belliqueux « Battle of Teth », pour une autre séquence de bataille du film. Kiner condense ici ses trois axes musicaux principaux, mélangeant l’orchestre symphonique, l’électro/rock et les touches ethniques pour un résultat assez spécial et surtout très éloigné du style musical habituel des « Star Wars » - à noter que l’écriture des cuivres vers la fin du morceau rappelle parfois le travail de Joel McNeely sur « Star Wars : Shadows of the Empire ». Quand à la section finale de « Battle of Teth », elle semble surgir tout droit du « Children of Dune » de Brian Tyler ou du « 300 » de Tyler Bates. Les rouleaux compresseurs orchestraux que sont « Jedi Don’t Run ! » ou « Obi-Wan’s Negotiation » sont autant de tour de force orchestraux démontrant le savoir-faire évident de Kevin Kiner, à la tête ici d’un orchestre visiblement en pleine forme. On appréciera aussi l’envolée triomphante et grandiose de « Ahsoka », qui reprend le thème d’Ahsoka à la flûte (à partir de 0:54) et aux cordes (à 1:05), ou le jazz rétro savoureux de « Ziro’s Nightclub Band » et « Seedy City Swing », qui renvoie clairement au fameux « Cantina Band » de John Williams sur « Star Wars : A New Hope ». Le thème d’Ahsoka est suggéré par une flûte ethnique au début de « Escape from the Monastery », et prend ici une tournure plus mélancolique et introspective, pour la scène où Anakin et sa jeune padawan s’échappent du monastère durant le dernier quart d’heure du film. Dans « Courtyard Fight », Kiner s’inspire massivement du « Black Hawk Dawn » de Hans Zimmer, et utilise le violon erhu chinois dans « Dunes of Tatooine » pour évoquer le désert de sable de la planète Tatooine. Enfin, l’action atteint son apogée dans le monumental « Fight to the End » lors de la bataille finale, avant la reprise du thème principal de John Williams dans le « End Credits ». A noter que « Fight to the End » reprend le thème d’Ahsoka à la flûte à 1:00 et le fameux thème de la force de Williams (à la trompette à 3:31), pour une conclusion énergique à l’image du film.

A noter que l’écoute de l’album est plutôt indigeste sur la longueur, 70 minutes d’action pure et dure avec peu de respirations, un autre défaut assez conséquent de la partition de Kevin Kiner, riche, colorée et variée, mais aussi un peu répétitive dans sa façon d’aligner les morceaux d’action bourrins et survoltés, sans réel temps mort. Autre souci majeur, le score de « The Clone Wars » apporte un punch évident au film mais a été malgré tout très critiqué par les fans de « Star Wars » pour son caractère iconoclaste et quelque peu irrévérencieux, Kiner allant là où on ne l’attendait pas, c’est-à-dire dans le domaine de l’électronique, du rock et de la musique ethnique. Concession au style télévisé ? Influence manifeste des temp tracks ? Ou bien démarche volontaire de la production pour moderniser le son « Star Wars » et le rendre plus accessible aux jeunes oreilles d’aujourd’hui ? Peut-être un peu des trois, mais toujours est-il que, malgré ses nombreux défauts, le score de « Star Wars The Clone Wars » est une oeuvre pleine d’énergie, de force et de puissance, un score remarquable et maîtrisé, servi par des orchestrations riches et un contrepoint complexe et élaboré, car même si l’on est à des années lumière du génie de Williams, le score de « The Clone Wars » a de quoi réjouir les amateurs de space-opera moderne et des musiques d’action épiques made in Hollywood !




---Quentin Billard