1-Opening 1.46*
2-Julia Chases the Tall Man 2.25**
3-The Tall Man Reveals 1.25**
4-The Dog Attack 2.22**
5-The Truck 2.10**
6-In The Forest 1.58*
7-Looking for David 2.20**
8-Flashbacks 4.06**
9-We Got Too Comfortable 2.50*
10-There Is No Tall Man 2.11**
11-Miss Johnson 1.36*
12-Running Away 2.34**
13-A New Life 3.16*
14-Playing the Castle 1.15***
15-End Credits 4.28**
16-Hmm Lose'n Everythang 1.09+
17-Tall Man Lullaby 0.45++

Suite from and Inspired by
"The Tall Man" (Christopher Young):

18-Dead? 4.39
19-Where Are They Now? 3.14
20-The Invisible Children 5.52
21-Silent Blessing 4.40
22-Tall Man 2.25

*Composé par Joel Douek
**Composé par Todd Bryanton
***Composé par George Acogny
+Composé et interprété par
Dale Williams
++Composé par Pascal Laugier
Interprété par Marlo Riquelme
et Paco Lesourd-Boulaud.

Musique  composée par:

Todd Bryanton/Joel Douek/
Christopher Young

Editeur:

Screamworks Records SWD0002

Album produit par:
George Acogny

(c) 2012 Cold Rock Productions BC/Forecast Pictures/Iron Ocean Films/Minds Eye Entertainment/Radar Films/SND. All rights reserved.

Note: ***1/2
THE TALL MAN
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Todd Bryanton/Joel Douek/
Christopher Young
Remarqué en 2004 pour son thriller fantastique « Saint Ange » puis pour le film d’horreur polémique « Martyrs » en 2008 (film qui frôla l’interdiction aux moins de 18 ans), le réalisateur français Pascal Laugier se lance pour la première fois dans sa première production américaine avec « The Tall Man », rebaptisé « The Secret » pour la version française du film. L’histoire se déroule dans la petite ville minière de Cold Rock à Washington. La plupart des habitants sont des ex-miniers désoeuvrés qui n’ont plus vraiment de but dans la vie, alors que les mines ont toutes été fermées il y a fort longtemps et que la ville est en train de sombrer dans la misère la plus totale. Cela maintenant depuis quelques temps que Cold Rock est le théâtre d’événements mystérieux et angoissants : chaque année, les enfants de la ville disparaissent régulièrement sans laisser de traces. Les rumeurs locales parlent d’un « Tall Man », une créature mystérieuse et sinistre entièrement vêtue de noir qui rôderait depuis quelques temps dans les alentours, et qui serait, aux dires des habitants, responsable de ces mystérieux enlèvements. Un soir, Julia (Jessica Biel), l’infirmière du village, assiste impuissante à l’enlèvement de son jeune fils David par celui qui semble être le Tall Man. N’écoutant que son courage, Julia se lance à la poursuite de l’agresseur mais sans succès. Blessée et choquée, Julia revient au village pour être soignée mais remarque rapidement le comportement étrange des habitants à son égard : comprenant que les habitants sont visiblement dressés contre elle, Julia s’enfuit. Derrière son apparente fragilité, la jeune femme cache en réalité un terrible secret. La situation se complique lorsqu’une femme fait son apparition en ville et prétend être la véritable mère de David, accusant ainsi Julia de l’avoir enlevé et de lui avoir lavé le cerveau afin de lui faire oublier l’existence de sa véritable mère. Accusée des enlèvements des enfants de Cold Rock, Julia est arrêtée et interrogée par la police, mais en vain. Julia protège un secret bouleversant, un plan qu’elle doit réaliser seule, même si cela implique l’ultime sacrifice. Avec son scénario à tiroir et ses rebondissements tragiques, « The Tall Man » est un thriller particulier dans le sens où le film de Pascal Laugier débute comme un film d’épouvante classique – un mystérieux kidnappeur d’enfants décrit comme une entité maléfique surnaturelle – et se termine comme un drame social et humain bouleversant avec un final subversif et réellement dérangeant. « The Tall Man » s’impose surtout par son côté froid, mélancolique et mystérieux, sa ville minière poussiéreuse et abandonnée qui semble surgir tout droit d’un roman de Stephen King, sans oublier l’interprétation solide de Jessica Biel, qui se voit enfin offrir ici un rôle complexe et dramatique bien éloigné de ses rôles habituels dans des comédies ou des films d’action. On retrouve aussi la jeune actrice canadienne Jodelle Ferland, révélation du « Silent Hill » de Christophe Gans en 2006, qui campe ici une jeune fille muette qui deviendra l’un des personnages centraux du récit de « The Tall Man ». Enfin, grâce à son scénario manipulateur et ses coups de théâtre totalement imprévisibles, « The Tall Man » s’impose comme un thriller dramatique assez particulier, qui, de toute évidence, ne plaira pas à tout le monde, mais réussira probablement à convaincre les amateurs de films aux atmosphères troubles, aux twists improbables et aux dénouements dérangeants.

La musique de « The Tall Man » est l’oeuvre de trois compositeurs : Todd Bryanton, Joel Douek et Christopher Young, qui a écrit une partie du score aux côtés des deux autres musiciens. Todd Bryanton est un jeune compositeur canadien spécialisé dans les musiques de téléfilms et de cinéma, remarqué en 2009 pour sa partition pour le thriller « Surveillance ». Joel Douek est quand à lui un compositeur anglais essentiellement connu pour ses musiques de documentaires TV et de séries animées (« Sonic X », « Yu-Gi-Oh ! », « Teenage Mutant Ninja Turtles », etc.). La présence du vétéran Christopher Young sur « The Tall Man » représente donc l’occasion unique pour les deux jeunes compositeurs de travailler aux côtés d’une légende vivante de la musique d’épouvante hollywoodienne, le travail de Bryanton et Douek étant de toute évidence très clairement inspiré du style de Chris Young tout au long du film – mais aussi de Marco Beltrami – Si Todd Bryanton a effectivement écrit une bonne partie du score du film, certains passages plus calmes et intimes sont l’oeuvre de Joel Douek – à noter que Pascal Laugier a écrit la berceuse enfantine du « Tall Man Lullaby », et George Acogny, producteur du score, le morceau intitulé « Playing the Castle ». Quand à Chris Young, une partie de son score n’a été que partiellement utilisé dans le film, le disque édité par Screamworks Records nous donnant ainsi l’occasion de découvrir son travail dans une sélection bonus relégué en fin d’album. Le film débute au son du « Opening » de Joel Douek, introduisant le thème principal, un motif de 4 notes mystérieuses de cordes évoquant l’énigme du terrifiant Tall Man dans le film, sur fond de piano et de petites percussions assez particulières. Le travail autour des cordes impose ici un climat sombre et énigmatique à l’ouverture du film, avec un mélange entre orchestre et instruments synthétiques un peu cheap – limites de budget ? – La musique évolue rapidement vers l’horrifique avec le premier sursaut orchestral agressif de « Julia Chases the Tall Man » lors de la scène du kidnapping au début du film. Todd Bryanton illustre la séquence en misant à fond sur les effets musicaux habituels du suspense et de la tension : cordes dissonantes, sursaut de cuivres, et même présence d’un petit motif de quatre notes symbolisant l’enfant (à 0:39), dérivé de la « Tall Man Lullaby » de Pascal Laugier, mais qui donne une étrange sensation de déjà entendu. On remarquera d’ailleurs l’utilisation récurrente de ce motif durant la première partie du film (plus orientée sur le suspense).

Visiblement, Bryanton maîtrise parfaitement les codes du suspense et de la tension, malgré le côté cheap de certaines cordes synthétiques. A noter l’utilisation impressionnante de ces sauts d’octaves au violoncelle vers la fin de « Julia Chases the Tall Man ». L’apparition de l’énigmatique kidnappeur d’enfants dans « The Tall Man Reveals » permet au compositeur de prolonger son travail sur « Julia Chases the Tall Man » en mélangeant voix lugubres, vocalises d’enfant, sonorités synthétiques obscures graves et cordes dissonantes. Le thème de la berceuse est repris ici à plusieurs reprises, sur fond de nappes sonores menaçantes associées au Tall Man dans le film. La terreur est au rendez-vous dans le violent « The Dog Attack » lors de l’attaque du chien sur Julia. Ici aussi, les glissandi de cordes et les sursauts sont les maîtres mots de la musique de Todd Bryanton, influencée de Chris Young et de Marco Beltrami, notamment dans l’utilisation d’effets orchestraux avant-gardistes – à noter par exemple cette phrase de violons et de piano à 1:01 qui rappelle indiscutablement un passage du « Scream » de Beltrami – les sauts d’octaves des violoncelles du final de « Julia Chases the Tall Man » reviennent pour conclure « The Dog Attack » avec une intensité impressionnante. On retrouve aussi les sonorités lugubres du Tall Man dans « The Truck » pour la séquence du camion, avec une énième utilisation des cordes dissonantes, d’effets avant-gardistes/aléatoires des cordes et de l’entêtant thème de la berceuse. La musique devient plus mystérieuse et pesante dans « In The Forest » avec son utilisation réussie de cordes graves et de nappes sonores synthétiques, tandis que « Looking for David » bascule à nouveau dans l’horrifique avec ses effets de chuchotements macabres et aléatoires des voix, et le retour des nappes sonores graves et dissonantes du Tall Man (idem dans « Running Away »). Bryanton calme enfin le jeu dans « Flashbacks » où il introduit le piano, qui deviendra un instrument-clé dans la seconde partie du score. Le compositeur étoffe ici ses orchestrations avec l’ajout de quelques instruments solistes, dont une guitare et quelques bois. Le thème de quatre notes de Joel Douek est de retour dans « We Got Too Comfortable », suggérant une tension plus dramatique et mystérieuse aux cordes.

La musique résonne avec une ampleur dramatique plus impressionnante dans « There is no Tall Man », alors que les soupçons s’accentuent autour de Julia. Cette orientation dramatique du score se concrétise avec le poignant « A New Life », dominé par un piano solitaire et mélancolique sur fond de nappes synthétiques et de cordes pour la fin du film. Le générique de fin permet à Bryanton de récapituler l’essentiel de sa partition en un peu plus de 4 minutes, et un ultime thème de la « lullaby » chantonnée de façon lointaine par un enfant. Et c’est là qu’arrive la partie de Christopher Young, qui délaisse le suspense et opte davantage pour une approche plus dramatique et mystérieuse, avec l’utilisation remarquable d’un alto soliste et de l’orchestre à cordes dans « Dead ? », pour l’énigme des enfants disparus. Chris Young fait preuve ici d’une sensibilité et d’un lyrisme étonnant, à des années lumières de la noirceur habituelle de ses musiques d’épouvante. C’est le cas dans le poignant « Where Are They Now ? », dominé par son piano mélancolique de toute beauté et son écriture retenue des cordes. Chris Young s’est essentiellement concentré ici autour de la thématique liée à l’enlèvement des enfants, mais plutôt que d’opter pour la noirceur, le compositeur a préféré laisser parler son coeur, nous offrant une poignée de morceaux réussis et émouvants. Même chose pour le mélancolique « The Invisible Children » marqué par le retour de l’alto soliste et le touchant « Silent Blessing ». A noter l’excellent « Tall Man » qui permet à l’altiste de s’en donner à coeur joie sur son instrument avec ses notes rapides et répétées qui rappellent le score de « Drag Me To Hell » de Chris Young. Le morceau semble d’ailleurs avoir été écrit de façon concertante, à la manière d’un véritable concerto pour alto et orchestre, intense et virtuose : du grand Chris Young, à n’en point douter ! Au final, la partition de « The Tall Man » est le fruit hybride de trois axes musicaux qui se mélangent plutôt bien à l’écran, même si l’écoute sur l’album donne l’impression d’un travail plus hétéroclite et disparate : néanmoins, chacun a su apporter ses idées au profit du film de Pascal Laugier, personnifiant le mystère, la tension, la terreur et le drame avec une intensité constante. Le résultat, sans être foncièrement original ou follement mémorable, nous permet de révéler deux jeunes compositeurs au potentiel évident, et nous rappelle au passage à quel point Christopher Young est plus que jamais un musicien essentiel du cinéma américain contemporain, qui fait preuve d’une passion et d’une sensibilité évidente dans ses quelques morceaux écrits et inspirés du film.



---Quentin Billard