1-Alex Cross/Opening Titles 1.41
2-Going to Pop Pop 1.17
3-Maria Is Pregnant 2.14
4-MMA Enterance 1.33
5-Picasso Breaks An Arm 0.52
6-Picasso Seduces Women 3.04
7-Tommy/Monica Talk 2.04
8-Alex Accesses Crime Scene 4.45
9-Next Target 1.01
10-Aqua Building 6.20
11-Boom He's Gone 1.55
12-Alex Profiles Killer 1.37
13-I Don't Want To Die 1.58
14-Picasso Kills Maria 5.11
15-Alex Comforts Janelle 2.58
16-Detroit P.D. Breakin 1.56
17-Give Me A Name 2.00
18-Shutdown Courthouse Square 2.54
19-Picasso Takes Train 5.40
20-Confronting Picasso 2.47
21-Alex & Picasso Do Battle 2.38
22-It Ain't Over Tommy 2.02
23-Restrained Satisfaction 1.48
24-Alex Walks To House 1.10

Musique  composée par:

John Debney

Editeur:

Metropolis Movie Music
no label number

Score produit par:
John Debney
Monteurs musique:
Jeff Carson, Chuck Martin
Coordinateur score:
Lola Debney
Supervision production score:
Stephanie Pereida, Jennifer Mersola
Montage musique:
Liquid Music
Assistant technique
Debney Productions:
Jaime Hartwick
Production musicale:
Angel Songs, Inc.
Orchestrations de:
Michael Watts

(c) 2012 QED International/Block-Hanson/Emmett-Furla Films/Envision Entertainment Corporation/IAC Productions/James Patterson Entertainment. All rights reserved.

Note: **
ALEX CROSS
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by John Debney
« Alex Cross » est le troisième film mettant en scène le personnage du célèbre profiler Alex Cross, détective et psychiatre légal de Détroit chargé de traquer les tueurs en série les plus redoutables. Le film marque le retour de Rob Cohen derrière la caméra après « The Mummy : Tomb of the Dragon Emperor » en 2008, un nouveau long-métrage inspiré du livre « Cross » de James Patterson, auteur de la série des « Alex Cross », dont deux autres opus ont été adaptés précédemment au cinéma, « Kiss the Girls » en 1997 et « Along Came A Spider » en 2001. Alors que Morgan Freeman tenait le rôle d’Alex Cross dans les deux précédents films, c’est au tour de l’acteur Tyler Perry de reprendre le rôle-clé de la franchise. Cette fois-ci, Cross traque un tueur psychopathe surnommé « le boucher de Sligo », qui a assassiné une femme d’affaire chinoise, droguée et torturée de façon ignoble. Cross et son collègue et ami Tommy Kane (Edward Burns) sont chargés de l’enquête, épaulés par la partenaire de Tommy, Monica Ashe (Rachel Nichols). L’enquête sur celui que l’on surnomme déjà « Picasso » en raison de ses talents d’artiste évidents amène les trois policiers sur la piste d’un homme d’affaire allemand, Erich Nunemarcher (Werner Daehn), qui semble être la prochaine cible du tueur. Mais alors qu’Alex Cross parvient à déjouer la mission de Picasso, ce dernier se venge en assassinant brutalement Monica et la femme d’Alex. Désireux de venger la mort de leurs proches, Alex et Tommy n’ont plus qu’une seule idée en tête : retrouver Picasso coûte que coûte et l’arrêter avant qu’il ne soit trop tard. « Alex Cross » est donc un énième polar hollywoodien qui n’apporte pas grand chose de neuf à la franchise Alex Cross : après un « Along Came A Spider » déjà bien décevant, force est de constater que cette franchise s’essouffle radicalement, sans jamais atteindre voire égaler le brio des romans de James Patterson. Pire encore, Tyler Perry n’a pas le charisme de Morgan Freeman dans le rôle du docteur Cross. Quand au script, il reste plutôt léger et prévisible, y compris dans ses quelques rares rebondissements plutôt téléphonés. En revanche, on appréciera l’interprétation hallucinante de Matthew Fox dans le rôle de Picasso, sans aucun doute l’un des tueurs psychopathes les plus fêlés que l’on ait vu ces derniers temps dans un thriller hollywoodien. Quand à la réalisation de Rob Cohen, elle reste conforme à ce que l’on attend de ce type de film : nerveuse, rythmée, avec ses décors urbains réussis et ses quelques rares moments d’émotion (on regrettera juste le côté totalement brouillon des scènes d’action). Reste que la réalisation très téléfilm de Cohen, caméra à l’épaule, fait d’Alex Cross un ersatz moyen d’une série TV policière façon « Esprits criminels », avec son lot de stéréotypes habituels.

Après Mark Isham sur « Kiss the Girls » et Jerry Goldsmith sur « Along Came A Spider », c’est au tour de John Debney de contribuer à la franchise sur la musique de « Alex Cross ». Rappelons que Rob Cohen a travaillé pendant plusieurs années avec Randy Edelman, mais sa mauvaise expérience sur « The Mummy : Tomb of the Dragon Emperor » (2008) – une partie de la musique d’Edelman avait été remplacée au dernier moment par un score additionnel de John Debney – explique sans aucun doute l’absence d’Edelman sur « Alex Cross » et la présence de Debney sur la musique (il faut dire que la carrière de Randy Edelman a lentement sombrée dans les abîmes depuis les années 2000. On se demande même si le compositeur retravaillera un jour avec Rob Cohen !). Le compositeur de « Passion of the Christ » et « Cutthroat Island » signe donc pour « Alex Cross » une musique d’action à l’image du film lui-même : rythmée, moderne, nerveuse, urbaine, sinistre, sans aucune surprise particulière. Pour se faire, John Debney abandonne son style orchestral habituel et opte pour une approche électronique totalement calquée sur les musiques d’action synthético-orchestrales de l’écurie Remote Control d’Hans Zimmer et co. Dès les premiers instants du film, « Alex Cross Opening » nous en dit déjà long sur la démarche de John Debney sur « Alex Cross » : rythmiques/loops électro-techno speedées, samples synthétiques, orchestrations monotones limitées au mélange habituel cordes/cuivres, aucun doute possible : nous sommes bel et bien en présence d’une musique d’action typique des scores à la Hans Zimmer d’aujourd’hui, comme on entend à longueur de journée au cinéma mais aussi dans les séries-TV policières contemporaines. Debney fait néanmoins l’effort d’utiliser un thème principal introduit dans « Going to Pop Pop », thème mélancolique associé à Alex Cross dans le film au piano et aux cordes, annonçant le drame à venir et la soif de vengeance du personnage incarné par Tyler Perry. Très réussi, cet excellent thème apporte un soupçon d’émotion fort bienvenue à un film assez sombre. Cette émotion, on la retrouve dans les notes délicates du piano de « Maria is Pregnant », alors qu’Alex apprend que sa femme Maria attend son troisième enfant. Débutant en toute simplicité avec un piano intime et une nappe synthétique délicate, la mélodie évolue rapidement vers une certaine chaleur plus réconfortante avec l’ajout d’une clarinette, des cordes et de la harpe - on appréciera ici le jeu délicat des musiciens du Bratislava Symphony Orchestra.

Hélas, si cette approche plus intime, mélodique et orchestrale a de quoi rassurer, « MMA Enterance » nous ramène au style synthético-orchestral brouillon et totalement impersonnel de la part de John Debney : ici, les samples électro saturées, les loops testostéronés et la guitare électrique trash renforcent l’aspect plus moderne du score de « Alex Cross », dans un style trash/synthé qui rappelle parfois les expériences musicales de Debney sur « Iron Man 2 ». Le compositeur évoque clairement l’univers urbain et contemporain de l’histoire sans aucune subtilité particulière. Dans « Picasso Breaks An Arm », Debney introduit aussi les sonorités trash dissonantes associées au sinistre Picasso dans le film : la folie meurtrière du tueur psychopathe est nettement suggérée à l’écran par une série de drones synthétiques et de sound design plat et sans inspiration, mais qui fait néanmoins son petit effet à l’écran. Si la clarinette, la flûte et les cordes amènent un peu de réconfort et de romantisme dans le joli et mélancolique « Tommy and Monica Talk » - évoquant la relation entre Tommy et Monica dans le film – la partie plus électro-action revient dans « Alex Accesses Crime Scene », pour l’arrivée d’Alex, Tommy et Monica sur la scène du crime. Ici aussi, l’aspect sound design paresseux semble surgir tout droit d’un épisode de la série « C.S.I. » sans aucune inspiration particulière : on s’attendait d’ailleurs à quelque chose d’un peu plus poussé de la part de John Debney, qui nous a pourtant habitué à mieux ! Quand aux sonorités trash/saturées de « Boom He’s Gone », elles ne satisferont que les fans hard-core de musique électronique et de sound design, car dans le film, ces passages peinent à se faire remarquer ou à apporter quoique ce soit de vraiment excitant sur les images (l’écoute sur l’album étant bien pire encore !). Encore une fois, le score révèle sa double facette en alternant entre passages électro/trash speed et moments plus intimes et orchestraux comme dans le poignant « Alex Comforts Janelle », alors qu’Alex réconforte sa fille après la mort de Maria. On appréciera ici le jeu élégant des solistes – violoncelle, flûte, clarinette – qui apportent une pudeur et une émotion remarquable à cette scène, sans jamais en faire de trop.

En revanche, toutes les parties action/suspense sont aussi bien inintéressantes que bâclées et impersonnelles, John Debney étant obligé de rentrer dans un moule synthético-orchestral qui ne correspond pas à son univers musical habituel et déçoit par son caractère brouillon et simpliste. La tension et l’action reprennent dans « Shutdown Courthouse Square », le crescendo d’action intense de « Picasso Takes Train » pour la séquence de l’attentat ou bien encore la confrontation finale dans « Alex and Picasso Do Battle ». Le thème est repris dans « It Ain’t Over Tommy » dans une envolée orchestrale dramatique tout à fait appréciable, sans oublier le final plus paisible de « Restrained Satisfaction » et « Alex Walks to House », et son utilisation réussie de la guitare et de l’orchestre. John Debney respecte donc un cahier des charges très contraignant et singe sur « Alex Cross » le style des musiques d’action à la Hans Zimmer sans aucune imagination particulière, adoptant deux styles musicaux bien distincts pour le film : les passages intimes/orchestraux pour les moments d’émotion, et les nombreux morceaux d’action/suspense synthético-orchestraux pour toute la partie polar/thriller du film. Certains y trouveront probablement leur compte, mais il y a fort à parier que même les fans les plus endurcis de John Debney en resteront sur leur faim, car la personnalité du compositeur a bien été absorbée par les contraintes d’une production frileuse et de choix musicaux navrants – peut-être aurait-il fallut confier la musique à un véritable compositeur de chez Remote Control ? – Car, entre des loops électro/trash survoltés et des passages délicats pour bois solistes et cordes, il y a fort à parier que la plupart des auditeurs retiendront davantage dans le film le second aspect du score et se désintéresseront du premier, car si le joli thème principal apporte une vraie chaleur émotionnelle au film de Rob Cohen, les passages d’action/tension passeront probablement inaperçus pour la plupart des spectateurs/auditeurs, même s’ils remplissent parfaitement leur rôle à l’écran en boostant chaque scène d’action et de suspense avec une intensité constante. Une déception, donc !



---Quentin Billard