1-Yuri Says 2.19
2-Getting Yuri to the Van 2.14
3-Jack Makes the Call 2.53
4-Everyone To The Courthouse 3.09
5-Court Adjourned 2.19
6-Truckzilla (Act 1) 3.38
7-Yippie Kay Yay,
Mother Russia! 1.54
8-Truckzilla (Act 2) 2.00
9-Father & Son 1.24
10-To The Safe House 1.51
11-Regroup 2.30
12-Leaving The Safe House 1.59
13-Getting to the Dance Floor 1.34
14-Too Many Kolbasas
On The Dance Floor 3.53
15-What's So Funny? 2.30
16-McClanes Get the Bird 3.00
17-Scumbags 2.05
18-Entering Chernobyl 4.07
19-Into the Vault 2.17
20-Rubbed Out At The Spa 2.07
21-Sunshine Shootout 1.37
22-Get To The Choppa! 2.59
23-Chopper Takedown 3.26
24-It's Hard To Kill
A McClane 2.59
25-Triple Vodka Rhapsody 1.55
26-McClane's Brain 2.00

Musique  composée par:

Marco Beltrami

Editeur:

Sony Classical 88765437122

Produit par:
Marco Beltrami
Monteur musique:
Jim Schultz
Programmation score:
Buck Sanders
Orchestrations:
Pete Anthony, Jon Kull,
Dana Niu, Rossano Galante,
Andrew Kinney

Musique additionnelle de:
Buck Sanders, Marcus Trumpp,
Brandon Roberts

Artwork and pictures (c) 2013 20th Century Fox Film Corp. All rights reserved.

Note: ***1/2
A GOOD DAY TO DIE HARD
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Marco Beltrami
Après un quatrième opus très décevant, la saga « Die Hard » n’en finit pas de plonger dans les abîmes avec un cinquième opus un poil plus réussi que son prédécesseur mais frustrant, inégal, et massacré quasi unanimement par les critiques à sa sortie en salles en 2013. « A Good Day to Die Hard » (Belle journée pour mourir) a été confié cette fois-ci à l’irlandais John Moore, à qui l’on doit entre autre le remake de « The Omen », l’adaptation ciné de « Max Payne » ou le survival « Behind Enemy Lines ». Dans ce nouveau volet, l’infatigable John McClane (Bruce Willis) se rend en Russie à Moscou pour libérer son fils Jack (Jai Courtney) qui y est retenu prisonnier. Mais le voyage de McClane tourne à la catastrophe alors qu’il découvre que son fils est en réalité un agent de la CIA qui participe à une opération secrète pour contrer un groupe terroriste qui projette de voler des armes nucléaires. Jack doit tout faire pour protéger Yuri Komorov (Sebastian Koch), un prisonnier politique qui possède des fichiers susceptibles de déchoir le politicien russe corrompu Viktor Chagarin (Sergei Kolesnikov). Mêlé malgré lui aux combats, John retrouve Jack et s’engage à ses côtés dans une longue bataille contre les terroristes, afin d’empêcher une menace de guerre nucléaire imminente. « A Good Day to Die Hard » apporte ainsi une nouveauté cruciale en la personne de Jack, le fils de John McClane qui jusqu’ici n’avait jamais été dévoilé dans toute la franchise (« Live Free or Die Hard » nous permettait de découvrir sa fille Lucy). Le film reprend ainsi les codes du buddy movie traditionnel en associant le père et le fils dans une nouvelle intrigue de conspiration terroriste russe. Hélas, le script de Skip Woods est plutôt limité, et la relation père/fils un peu survolée et expédiée dans les premières trente minutes. Le reste n’est qu’une succession de scènes d’action ahurissantes et invraisemblables, de surenchère visuelle et de cascades surréalistes et extrêmes : fusillades à gogo, humour limité, twist efficace, explosions dantesques, course poursuite survoltée, tels sont les ingrédients de « A Good Day to Die Hard ». Le film de John Moore nous offre quelques sympathiques clins d’oeil à la saga (la mort du méchant, dont le plan est calqué sur celle d’Hans Gruber à la fin du premier film de McTiernan, la scène où McClane rigole bruyamment pour détourner l’attention des bad guys, la scène introductive dans le taxi qui rappelle l’arrivée de McClane au Nakatomi Plaza dans « Die Hard », etc.) et fait des efforts pour ramener cet opus dans la droite lignée des trois premiers films, après un « Live Free or Die Hard » raté et trop éloigné des trois premiers films. Seulement voilà, malgré toute sa bonne volonté, John Moore ne parvient pas vraiment à renouer avec le brio et l’éclat des premiers films : trop de surenchère (la poursuite en voitures au début du film), un montage épileptique et illisible dans les scènes d’action, une violence très aseptisée (presque aucune goutte de sang), trop d’invraisemblance, un humour médiocre (les punchlines ne laissent aucun souvenir et le traditionnel « yippee ki-yay » semble toujours artificiel et forcé) et des méchants peu charismatiques qui n’ont pas assez de relation avec McClane (dans les anciens films, il y avait toujours un vrai jeu du chat et de la souris entre Bruce Willis et les bad guys). Quand à Bruce Willis, il reste égal à lui-même dans la peau de son personnage emblématique qui lança sa carrière à la fin des années 80, mais la magie ne prend plus : le passage de la franchise « Die Hard » aux années 2000 n’a pas vraiment été bénéfique pour cette saga, un cinquième opus pas forcément catastrophique mais bien loin de rivaliser avec les anciens films de John McTiernan ou celui de Renny Harlin.

Après « Live Free or Die Hard », il paraissait évident que la production ferait à nouveau appel à Marco Beltrami pour la musique de « A Good Day to Die Hard ». Le compositeur en profite pour retrouver à l’occasion le réalisateur John Moore après « Flight of the Phoenix » (2004), « The Omen » (2006) et « Max Payne » (2008). Pour sa quatrième collaboration avec Moore, Marco Beltrami, décidément surbooké ces derniers temps, nous offre un nouveau score d’action survolté et déchaîné qui reprend l’esthétique de son travail sur « Live Free or Die Hard » avec une thématique beaucoup plus consistante et surtout de vraies allusions aux trois premiers scores de Michael Kamen sur les anciens films. A vrai dire, Beltrami marque un point en assurant la continuité des anciennes partitions de Kamen dans son propre travail, un aspect qu’il avait malheureusement un peu négligé dans le quatrième opus de Len Wiseman. Cette recherche de continuité, on la ressent dès « Getting Yuri to the Van », avec l’inclusion d’accords de cuivres ou de traits instrumentaux imitant ceux de Kamen. Les allusions aux trois premiers scores de la franchise sont plus flagrants dans « Yippie Kay Yay, Mother Russia ! » (notamment dans l’écriture des cordes, des motifs de cuivres et des percussions incluant le marimba), « To the Safe House » (les 30 premières secondes, aux cordes) et « Chopper Takedown », qui reprend le fameux motif d’accélération rythmique des cuivres présent dans les trois premiers scores de Michael Kamen (parfois baptisé le « falling theme »), et qui illustre brillamment la chute de l’hélicoptère des terroristes à la fin du film. Pour Marco Beltrami, la composition de « A Good Day to Die Hard » ne s’est pas fait sans heurt, car le film a été remonté à plusieurs reprises au dernier moment, obligeant Beltrami à écrire dans l’urgence avec plus de 80 minutes à enregistrer en seulement six semaines. Mais malgré l’urgence des délais contraignants, Beltrami s’en est tiré avec les honneurs en livrant un score plus riche thématiquement, plus énergique et aussi plus proche de Kamen. Hormis le traditionnel thème de 4 notes de McClane emprunté à Kamen et très présent tout au long du score (beaucoup plus que dans « Live Free or Die Hard »), on découvre un motif rythmique de cordes pour Jack dévoilé dès « Getting Yuri To The Van » et un motif pour les bad guys entendu dès « Scumbags » et repris tout au long du dernier acte du film (notamment dans « Entering Chernobyl »).

Détail intéressant : le thème des terroristes est en réalité construit sur deux phrases mélodiques : la première est une succession de trois notes sombres répétées et qui instaurent un climat de menace à l’écran. C’est cette partie A que Beltrami utilise majoritairement dans la première partie du film, dès « Scumbags » (à partir de 0:59 aux cordes). Dans « Entering Chernobyl », Beltrami superpose à la partie A la phrase mélodique B constituée d’une succession de six notes descendantes (dès 0:07). Ce thème, ainsi constitué de la phrase A et B dans « Entering Chernobyl », « Into the Vault », « Rubbed Out At the Spa » et « Get to the Choppa ! » apporte une vraie prestance aux méchants du film (ce que John Moore a pourtant eu bien du mal à faire lui-même), en rendant leurs apparitions impressionnantes durant toute la séquence à Tchernobyl à la fin du film. Quand au motif de Jack, il est suffisamment présent durant certains moments-clé du film et fait véritablement office de motif d’action, notamment dans le jeu staccato et rapides des cordes (flagrant dans « Truckzilla Act 1 »). Motif aisément malléable, Beltrami jouera particulièrement autour de ce motif pour ponctuer certains passages d’action mémorables. A ce sujet, l’action est de loin le maître-mot de Beltrami sur le film de John Moore : débutant avec « Court Adjourned », l’explosif triptyque de la poursuite en voiture de « Truckzilla Act 1 », « Yippie Kay Yay, Mother Russia ! » et « Truckzilla Act 2 » est un pur régal pour tous les amateurs de rouleaux compresseurs symphoniques : mélangeant comme à son habitude rythmiques synthétiques et orchestre imposant, Marco Beltrami nous livre des morceaux d’action d’une puissance redoutable, à commencer par le génial « Truckzilla », déchaînement symphonique démesuré et spectaculaire, malheureusement peu valorisé sur les images, noyé sous des tonnes d’effets sonores. Si les deux parties de « Truckzilla » sont des modèles de musique d’action orchestrale moderne, l’ironique « Yippie Kay Yay, Mother Russia ! » s’autorise en plus pas mal de clins d’oeil à Michael Kamen. Les formules de « Truckzilla » sont typiques du compositeur : rythmes syncopés, loops synthétiques, enchaînement des entêtantes mesures à 7/8 chères à Beltrami et importance de cuivres démesurés, sans oublier ces rebondissements rythmiques excitants dans « Truckzilla Act 1 » à 1:58 ou dans « Truckzilla Act 2 » à 1:07.

Le résultat est impeccable à l’écran, Beltrami renouant ici avec l’énergie des musiques d’action de « Live Free or Die Hard » (on se souvient notamment de morceaux d’action ahurissants tels que « Copter Chase » ou « The F-35 »). A ce sujet, l’esthétique globale de « A Good Day to Die Hard » est dans la continuité de celle de « Live Free or Die Hard », avec quelques nouveautés en plus – les allusions à Kamen, les nouveaux motifs – Au sujet des nouveautés, on notera l’emploi discret de balalaïkas russes dans « Jack Makes the Call », pour évoquer les décors russes du film, ou l’emploi plus intéressant d’un harmonica associé à Jack dans le film, et qui apporte une couleur ‘western’ assez inattendue et plutôt appréciable, bien que très sous-employée dans le film (l’idée aurait gagné à être davantage creusée à l’écran). On notera aussi une allusion au fameux « Hymne à la joie » de Beethoven au début de « Yuri Says », durant les premières secondes du générique de début, une façon pour Beltrami de rappeler là aussi le lien entre son travail et celui de Kamen sur les trois premiers « Die Hard ». Quand à l’emploi des synthétiseurs, il reste assez présent sans jamais prendre le pas sur la partie orchestrale, qui domine l’ensemble, même si l’utilisation de basse électro dans « Yuri Says », « Jack Makes the Call » ou « Everyone To the Courthouse » lorgne un peu trop vers la bande à Hans Zimmer. En revanche, Beltrami se montre curieusement moins inspiré lorsqu’il s’agit d’évoquer le lien familial entre John et son fils Jack dans « Father & Son », pour lequel il développe un thème chaleureux de cordes malheureusement trop timide et surtout peu mémorable. Même l’envolée triomphante et optimiste de « It’s Hard to Kill a McClane » peine à convaincre vraiment. La tension et l’action sont donc majoritairement présents à l’écran, avec des passages d’action hallucinants comme l’impeccable fusillade à Tchernobyl de « Sunshine Shootout », le démesuré « McClanes Get the Bird » qui rappelle curieusement le « Mission : Impossible 3 » de Michael Giacchino (flagrant à partir de 2:04), le tonitruant « Get To The Choppa ! » ou la confrontation finale en hélicoptère de « Chopper Takedown », qui est un hommage évident à Michael Kamen – en plus d’être après « Truckzilla » l’un des meilleurs moments du score de Beltrami – Au rayon des bonus, l’album nous offre en prime le « Triple Vodka Rhapsody » dans lequel Beltrami s’amuse avec quelques guitares imitant le style des musiques russes traditionnelles (entendu dans le générique de fin), ou le délire funk-électro de « McClane’s Brain ». D’une façon générale, on appréciera donc le nouveau travail de Marco Beltrami sur « A Good Day to Die Hard », qui a su se montrer davantage inspiré que sur « Live Free or Die Hard », créant de nouveaux motifs, des liens plus forts avec les travaux de Michael Kamen et des morceaux d’action d’anthologie impeccables à l’écran comme sur l’album. Sans être le score de l’année, « A Good Day to Die Hard » a de quoi rassurer les fans du compositeur et réconcilier les sceptiques avec Marco Beltrami, qui, après un passage à vide il y a quelques années, semble être redevenu plus que jamais le musicien hollywoodien à suivre !



---Quentin Billard