1-Générique Début 2.57*
2-Le Chant Amoureux 1.40*
3-Les Poupées Coquelicot 2.07
4-L'Attente dans l'Arbre 1.11*
5-Générique Fin 2.30*
6-A la Découverte de la Mare 3.51
7-Le Lieu du Rêve 1.21
8-Rêve d'Enfant 3.09
9-Les Jeux de la Nature 3.36
10-Comptine 1.25**
11-A la Surface de l'Eau 2.32
12-Crescendo 0.55
13-Le Mystère des Profondeurs 5.04*
14-La Route des Champs 1.08
15-Roulades 0.57
16-Dans les Coquelicots 0.40
17-Métamorphose 1.37
18-Les Fils de la Vierge 1.49
19-My Kingdom 2.33***

*Interprété par Nosfell
Textes des chansons écrits
par Nosfell
**Interprété par Lindsey Hénocque
et Odile Gogibu
***Interprété par
Rosemary Standley (Moriarty)
Paroles de R.L.Stevenson
Musique de Bruno Coulais

Musique  composée par:

Bruno Coulais

Editeur:

Naïve NV825711

Musique orchestrée par:
Bruno Coulais
Réalisation artistique:
Didier Lize, Aymeric Letoquart,
Bruno Coulais, Paul Lavergne

Production exécutive:
Paul Lavergne
pour Madoro Music
Coordination:
Anne Coulais
pour Passerelle
Production:
Christine Gozlan
pour Thelma Films.

Conception affiche: Agence Terre Neuve. Photographies (c) Catherine Cabrol, Claude Nuridsany, Marie Pérennou (p) & (c) 2011 Thelma Films. All rights reserved.

Note: ***1/2
LA CLÉ DES CHAMPS
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Bruno Coulais
Avec le succès de « Microcosmos » en 1996 et un César en poche, le duo Claude Nuridsany/Marie Pérennou rempilèrent en 2004 avec « Genesis » puis « La Clé des champs » en 2011. Pour le dernier long-métrage du tandem, les deux réalisateurs (biologistes de formation) nous invitent à un nouveau voyage dans la nature, un conte naturel qui s’articule cette fois-ci autour du monde de l’enfance face à la découverte d’une nature aux milles trésors. « La Clé des champs » suit l’histoire d’un petit garçon solitaire (Simon Delagnes) qui vit avec sa famille dans un petit village de l’Aveyron. Lorsqu’il s’ennuie, le jeune enfant se rend seul à la mare derrière la maison de ses parents, qui représente pour lui une sorte de paradis vierge, loin du monde ennuyeux des adultes. Chaque jour, l’enfant admire les merveilles et les secrets qu’abrite la mare, avec ses créatures et ses êtres inconnus qui incitent au rêve et à l’évasion. Mais un jour, une mystérieuse petite fille, Iris (Lindsey Hénocque), vient se promener à son tour près de la mare et laisse derrière elle des figurines confectionnées à partir des pétales de coquelicots. D’abord vexé qu’une autre personne ait pu pénétrer dans son royaume secret, le jeune garçon, intrigué, va chercher à en savoir plus sur la petite fille. « La Clé des champs » est donc un conte naturel d’une grande tendresse, un film poétique et touchant qui incite autant au rêve qu’à l’évasion, et qui nous amène à voir la nature et les résidents d’une mare sous un angle totalement nouveau et inédit : il aura ainsi fallut trois longues années à Claude Nuridsany et Marie Pérennou pour nous offrir ce très beau film, un travail de longue haleine qui s’avère être finalement payant. Les images du film sont absolument magnifiques et d’une étonnante richesse. La photographie, très soignée, privilégie la lumière naturelle et les décors de l’Aveyron (le film a été en partie tourné à Salles-la-Source). Evidemment, ce sont les animaux de la mare qui sont ici les stars de « La Clé des champs » : grenouilles, poissons, insectes, tous sont présents, les deux réalisateurs ayant même réussi à filmer quelques espèces plus rares. Le film est donc un magnifique conte initiatique dans lequel deux jeunes enfants apprennent à apprivoiser la vie à la découverte des merveilles secrètes de la nature. Nuridsany et Pérennou nous rappellent au passage qu’ils savent filmer l’infiniment petit avec une passion et une poésie qui leur est chère (le tout renforcé par l’excellente narration de Denis Podalydès), même si « La Clé des champs » n’atteint pas vraiment le brio de « Microcosmos ». Entre documentaire écologique et conte initiatique, « La Clé des champs » est un joli ode à la nature et au dépaysement, idéal pour se rappeler que dame nature a tant de merveilles à nous offrir, même à deux pas de chez nous, pour peu que l’on soit capable d’y prêter un peu d’attention et de la respecter !

C’est sans surprise que l’on retrouve Bruno Coulais sur la musique de « La Clé des champs », le film marquant les retrouvailles entre le compositeur et les deux réalisateurs 15 ans après « Microcosmos » et 8 ans après « Genesis ». Habitué aux musiques de conte écologique et de documentaire naturaliste, Bruno Coulais saisit à nouveau l’occasion d’exercer ses talents sur le thème des merveilles invisibles de la nature avec « La Clé des champs ». Dans des notes du livret de l’album, Coulais explique son point de vue concernant son travail sur ce film : Bien qu’étant un enfant de la ville, beaucoup de couleurs musicales ont aussitôt surgi en moi. Le film me parle totalement, pas forcément pour son aspect nature, mais parce qu’il est aussi un film fantastique qui fait appel à l’imaginaire, à la mémoire (…). Bien plus que de raviver des souvenirs, il réveille des sensations. Coulais explique ainsi que le film imposait à sa musique de rester à hauteur d’enfant, en évitant une approche orchestrale trop massive. Pour se faire, le compositeur a opté pour une instrumentation très fragmentée dans le rôle des instruments, qu’il s’agisse du pupitre des cordes, utilisées de façon impressionniste, légère et partielle, des petites percussions diverses (incluant des sons de jouets d’enfant comme un petit tambourin, des hochets ou des clochettes), des rhombes qui produisent un sifflement étrange lorsqu’on les fait tournoyer en l’air, etc. Bruno Coulais utilise donc un ensemble instrumental très restreint avec des sons particuliers qui évoquent le monde de la mare et ses mille merveilles invisibles à l’oeil nu. Fait intéressant, ce mélange de sons se confond bien souvent avec les bruits même du film, à tel point que musiques et bruitages finissent par ne plus faire qu’un à plusieurs reprises sur les images, accentuant ainsi la sensation d’immersion mais aussi l’approche poétique et onirique voulue par Bruno Coulais sur « La Clé des champs ». Le fait même que le film n’ait été monté sans aucune bande son temporaire a aussi permis à Coulais d’expérimenter à loisir et de partir sur du neuf. Dès le « Générique de début », Coulais propose ses idées personnelles avec une première comptine mystérieuse et éthérée brillamment interprétée par les solistes du groupe de rock français Nosfell, sur une série de paroles en Klokobetz – il s’agit de la particularité de ce groupe, qui a crée une langue inventée à partir du japonais et de l’allemand - l’instrumentation qui accompagne le duo vocal de Nosfell (probablement afin de représenter le petit garçon et la petite fille dans le film) est très variée et inventive, à base de quatuor à cordes – avec d’étranges effets de ‘col legno’ - de piano, de célesta et de sons d’objets fabriqués sur mesure pour suggérer l’univers sonore de la nature et de la mystérieuse mare : on retrouve clairement ici l’inventivité et la liberté artistique de « Coraline » ou celle de « Microcosmos » !

Dans « Le Chant Amoureux », Coulais accentue davantage l’utilisation des voix de Nosfell en Klokobetz et des instruments, avec ici une utilisation plus prononcée des cordes, des bois (clarinette, cor anglais, hautbois), du célesta, des petites percussions et des quelques objets sonores supplémentaires. Dans « Les Poupées Coquelicot », le compositeur explore les sons de la nature à base d’objets divers : castagnettes, effets de flûte, sons métalliques, sons cristallins, sons boisés : le travail sur les objets sonores est non seulement très inventif ici mais aussi très impressionniste dans le sens propre du terme. On ressent clairement ici l’immersion dans le monde de la mare et ses milliers d’habitants, avec toujours une liberté de ton typique de Bruno Coulais. Le travail sur les voix est repris dans l’onirique « L’Attente dans l’Arbre », « Le Mystère des profondeurs », la chanson « My Kingdom » interprétée par Moriarty et l’excellent « Générique de Fin », qui débute à la manière d’une fugue classique pour quatuor à cordes et se prolonge en comptine avec les textes de Nosfell et un ensemble de petites percussions, le tout de façon très rafraîchissante. Coulais s’autorise même une incursion dans la musique atonale contemporaine avec « A la découverte de la mare », dans lequel il travaille les dissonances à l’aide de trilles mystérieux des cordes et d’harmonies complexes de l’orchestre, à mi-chemin entre Schoenberg ou Ligeti. Coulais suggère clairement ici les formes étranges et les secrets de la mare de manière quasi surréaliste. Dans « Le Lieu du rêve », la musique invite à l’évasion et au dépaysement en reprenant le jeu autour des objets sonores – un travail très inspiré de l’esthétique de la musique concrète du XXe siècle – de l’orchestre à cordes, des synthétiseurs et des quelques solistes supplémentaires. Il souligne la rêverie du petit garçon qui noie ses pensées en observant la mare et ses indicibles secrets. Même chose pour « Rêve d’enfant » avec ses quelques dissonances et ses harmonies complexes inspirées de la musique contemporaine avant-gardiste de la seconde partie du XXe siècle, ou le ludique « Les jeux de la nature » et ses percussions diverses.

On notera l’utilisation de la jolie « Comptine » traditionnelle brillamment interprétée par la petite fille du film, Lindsey Henocque, et Odile Gogibu, comptine qui évoque clairement le monde de l’enfance sans jamais tomber dans la niaiserie – il y a une élégance et une inventivité rafraîchissante dans cette musique – Dans « A la surface de l’eau », Coulais travaille sur les sons d’air et de vents pour évoquer la mare et ses habitants à la surface de l’eau, tandis que sa musique se veut plus sautillante et légère avec les pizzicati des cordes dans « La route des champs » ou plus mystérieuse et quasi fantastique dans « Les fils de la vierge ». Difficile alors de ne pas se laisser entraîner par cette musique tour à tour onirique, étrange, ludique, légère et pleine de poésie, Bruno Coulais concrétisant toutes ses idées musicales dans « La Clé des Champs » avec une liberté de ton incroyable. Toujours pleine d’idées, la musique de Coulais se propose de travailler sur des sensations sonores, des émotions traduites en sons et en musique, des impressions auditives, le tout avec cette personnalité artistique qui fait la particularité des musiques de Bruno Coulais pour le cinéma français, et plus particulièrement dans le registre des documentaires animaliers. La musique est aussi écrite à la manière d’un véritable conte musical, comme le film, qui utilise brillamment la musique de Coulais pour souligner un univers sonore en complément des images, mais sans jamais tomber dans le piège du contrepoint ou de l’underscore primaire : ici, le score de « La Clé des Champs » apporte un véritable dialogue sonore aux images là où les paroles humaines sont absentes, afin de mieux permettre à la nature de s’exprimer librement, que ce soit à travers les sons du film ou ceux de la partition originale de Bruno Coulais. Et même si « La Clé des Champs » n’apporte rien de nouveau à ce que Bruno Coulais a déjà composé pour ce type de film, le caractère original et rafraîchissant de sa musique est tout bonnement appréciable, notamment grâce à ses recherches sonores variées et nuancées : une partition minimaliste et très intéressante, que les fans de Bruno Coulais auraient tort de rater !




---Quentin Billard