1-A Queen and A Dream 2.52
2-Castle World 1.19
3-Jamal On Horseback 1.21
4-Danger In The
Early Morning Mist 1.46
5-A Medieval "Hood" 2.16
6-Romance In The Dark 1.21
7-The Black Knight 2.39
8-One Day With Honor 1.57
9-Escape Over The Moat 2.38
10-The Middle Age Inn 1.52
11-Upcoming Execution 1.47
12-Winning The Crowd 1.20
13-Looking Toward A Rainbow 2.30
14-Where's Victoria? 1.03
15-Checkmate 0.31
16-Training For The Battle 1.08
17-Elliot's Lullaby 0.49
18-Backwood Rebels 2.11
19-Renaissance Sway 3.29
20-Closing 1.30

Musique  composée par:

Randy Edelman

Editeur:

Varèse Sarabande 302 066 307 2

Produit par:
Randy Edelman
Producteur exécutif:
Robert Townson
Superviseur musique:
Melodee Sutton
Producteur associé:
Elton Ahi
Orchestrations:
Ralph Ferraro
Monteur musique:
David Bondelevitch
Préparation musique:
Julian Bratolyubov
Direction de la musique pour
20th Century Fox:
Robert Kraft
Superviseurs score:
Michael Knobloch, Danielle Diego
Business Affairs:
Traci Dallas Opdahl

Artwork and pictures (c) 2001 Twentieth Century Fox Film Corporation/Monarchy Enterprises S.A.R.L. and Regency Entertainment (USA), Inc. All rights reserved.

Note: ***
BLACK KNIGHT
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Randy Edelman
Enchaînant les comédies lourdingues à un rythme constant, Martin Lawrence se retrouve en toute logique embarqué sur un « Black Knight » calamiteux qui risque fort d’en refroidir plus d’un, surtout ceux qui s’attendent à une comédie vraiment hilarante et divertissante. Le film de Gil Junger nous plonge dans le quotidien de Jamal Walker (Martin Lawrence), modeste employé d’un parc historique en rapport avec le monde médiéval. Durant son travail, Jamal tombe accidentellement dans les douves de l’attraction et se retrouve plongé malgré lui dans l’Angleterre du Moyen-âge en 1328. Ignorant complètement qu’il a en réalité traversé le temps, Jamal retrouve son chemin et se réfugie au château du roi Leo (Kevin Conway), persuadé qu’il s’agit de l’attraction « Castle World » du parc historique dans lequel il travaille tous les jours. Avec son look extravagant pour l’époque et son accent à couper au couteau, Jamal est pris pour un maure français originaire de la Normandie – il raconte qu’il vient de Florence et Normandie, qui est en réalité une intersection dans le centre sud de Los Angeles – Nageant en plein malentendu, le roi Leo est persuadé que Jamal est le messager normand envoyé pour conclure l’alliance entre l’Angleterre et la Normandie. Quand à Jamal, il reste à son tour persuadé que le roi et son entourage sont en réalité des acteurs du parc d’attraction : c’est pourquoi il décide de jouer le jeu et de se faire passer à son tour pour le messager normand. Peu de temps après, l’impétueux visiteur en provenance du futur déjoue par inadvertance un complot visant à assassiner le roi Leo, à la suite de quoi Jamal est ordonné lord et chef de la sécurité du château. C’est le début d’une grande aventure pour le modeste employé de parc d’attraction : il fera la connaissance de la ravissante femme de chambre Victoria (Marsha Thomason), dirigera une révolution populaire afin de rétablir la reine légitime sur son trône et déjouera la conspiration orchestrée par lord Percival (Vincent Regan). « Black Knight » est donc une énième comédie abordant le thème du voyage dans le temps et du retour dans le passé, un sujet déjà vu et revu au cinéma, sauf qu’ici, les pitreries de Martin Lawrence, les gags, les quiproquos, les anachronismes et les scènes d’aventure ne parviennent pas à remporter notre adhésion : on a constamment l’impression de regarder une sorte de remake U.S. des « Visiteurs » en sens inverse (le voyageur vient du futur et arrive dans le passé), avec le thème traditionnel du choc des cultures et des époques, le tout parsemé d’une morale gnian-gnian typiquement américaine (le plus modeste des employés peut devenir le plus grand des héros à force de courage et de bravoure). Le film est long, ennuyeux, et s’apprécie surtout comme un bon nanar ridicule et malgré tout assez divertissant à force de se vouloir drôle sans jamais vraiment l’être (Lawrence cabotine au maximum). Cerise sur le gâteau : la chorégraphie break-dance de Jamal à la cour du roi, un grand moment de n’importe quoi qui ravira tous les fans de Martin Lawrence (sont-ils si nombreux ?) et de ses habituelles comédies potaches et indigestes.

Un film de la trempe à « Black Knight » était fait pour Randy Edelman, éternel habitué aux musiques de comédie en tout genre, qui signe régulièrement des musiques joyeuses, rythmées et légères depuis maintenant près de trois décennies pour des comédies américaines de tout horizon. C’est aussi l’occasion pour Randy Edelman d’explorer à nouveau dans sa musique une atmosphère médiévale proche de son travail sur « Dragonheart » de Rob Cohen (1996). La connexion avec « Dragonheart » paraît même évidente dès les premières notes du thème principal héroïque et royal associée à la reine dans « A Queen and A Dream », avec son thème solennel et ample comme Randy Edelman savait si bien en écrire dans les années 90 (et qui lui valut d’être à l’époque une vedette des musiques de bande annonce et d’événements sportifs ou médiatisés). La seconde partie de « A Queen an A Dream » introduit une partie plus électronique moderne évoquant les années 2000 et la culture musicale plus urbaine de Jamal Walker. Quelques accords solennels et fanfares de cuivres suffisent ici à évoquer la monarchie médiévale au centre même du film. Jouant sur l’idée de la rencontre des cultures et des époques, Randy Edelman s’amuse ainsi à évoquer le château médiéval du film sur fond de guitares synthétiques, de cordes amples et de loop R’NB/électro contemporain. Edelman en profite pour introduire ici un thème héroïque qui reviendra à plusieurs reprises dans le film (et que l’on croirait là aussi tout droit sorti de « Dragonheart »). Edelman confirme ses choix musicaux dans la chevauchée amusante de « Jamal on Horseback » qui tente d’imiter vainement les accents musicaux médiévaux habituels à grand renfort de guitare, cordes et tambourin : rien de bien neuf, en soi, surtout pour ceux qui connaissent déjà le travail d’Edelman sur « Dragonheart ». Le compositeur développe son ambiance médiévale dans « A Medieval Hood », toujours flanqué de ses habituels synthétiseurs qui ont tendance à « kitschiser » dangereusement toutes ses parties orchestrales, un tic typique du compositeur qui semblait fonctionner il y a 15 ou 20 ans mais qui a bien du mal à convaincre pour un score de 2001. A noter l’incursion du traditionnel Love Theme à la fin de « A Medieval Hood », un joli thème de piano délicat entendu à partir de 1:44 pour la romance entre Jamal et la jolie Victoria dans le film.

« Romance in the Dark » reprend le thème principal royal, qui, bien qu’assez réussi, rappellera bon nombre de thèmes écrits par Edelman dans le passé, et qui manque indéniablement de caractère. L’humour est aussi omniprésent dans la musique de « Black Knight », rappelant toute la dérision de cette immense farce. Les cors solennels de « The Black Knight » permettent au compositeur d’évoquer les traditionnels fanfares chevaleresques des films médiévaux hollywoodiens, bien que l’on regrettera là aussi le recours aux synthétiseurs cheap qui n’apportent rien à la musique et trahissent le manque d’idée d’un compositeur qui se sent obligé de recycler tous ses sons électroniques des années 80/90. Le morceau apporte néanmoins une bonne dose d’action, avec ses traits instrumentaux qui rappellent parfois la musique du film « Anaconda » (flagrant entre 0:46 et 0:53). L’action n’est pas non plus en reste dans le martial « Escape Over the Moat » qui développe le motif héroïque de Jamal à la manière d’un motif d’action/aventure qui s’adapte à chaque situation. Dommage qu’ici aussi, Edelman se sente obligé de glisser quelques touches humoristiques plutôt kitsch, notamment par l’emploi d’un orgue électrique à 1:22 – le genre de touche d’humour ringarde qui avait valu à Edelman de voir une partie de sa musique rejetée sur le film « The Mummy : Tomb of the Dragon » en 2008 – « The Middle Age Inn » prolonge le mélange de sonorités médiévales (flûte à bec, tambourin, guitare) et contemporaines (orchestre, synthé) avec un humour constant et quelques touches de mickey-mousing. A noter l’emploi très réussi de la flûte à bec soliste à partir de 1:05, juste avant une sympathique reprise du Love Theme en guise de conclusion.

De l’aventure dans « Winning the Crowd », des envolées solennelles/épiques dans « Looking Toward A Rainbow », du romantisme dans « Where’s Victoria », des loops électro/funky dans « Training for the Battle » et ses saxophones groovy, un thème principal repris à la façon d’un slow langoureux dans « Renaissance Sway », tels sont les ingrédients de la partition de « Black Knight », qui apporte humour, dérision, action et émotion au film de Gil Junger, sans casser trois pattes à un canard. Randy Edelman se contente du strict minimum et applique ses recettes musicales habituelles sans trop se creuser les méninges. Cela pouvait fonctionner sur une comédie d’aventure des années 90, mais pour un film de 2001, on en reste indéniablement sur notre faim, car même les fans hardcore de Randy Edelman auront bien du mal à s’enthousiasmer pour un score comédie qui ressemble à tous les anciens scores comédie du compositeur : décidément, Edelman a bien du mal à évoluer dans sa façon de composer et d’appréhender son univers sonore, et les limites de ses techniques (parties orchestrales doublées par des synthés, sons électroniques cheap, banques de son utilisées depuis plus de 20 ans, etc.) se font ici gravement ressentir, et ce même si le plaisir d’écoute est là : on apprécie les mélodies, l’émotion des passages romantiques ou les envolées chevaleresques dans le film, idéales pour oublier les pitreries insupportables de Martin Lawrence, qui cachetonne à outrance comme si sa vie en dépendait : un score à réserver essentiellement aux fans de Randy Edelman !




---Quentin Billard