1-Weather 3.27
2-Bed Time 1.08
3-Boarding Pass 2.33
4-Moving Day 1.06
5-Hangover 0.57
6-Crash 1.37
7-Nice To Meet You 1.35
8-Now I Am 1.09
9-So Brave 1.45
10-Seven Steps 2.18
11-Christmas Trees 1.47
12-Award 1.21
13-Kiss 1.40
14-Deception 1.12
15-Say Goodbye 1.21
16-Testimony 1.36
17-You're Excused 1.46
18-Can We Try? 2.05

Musique  composée par:

Mychael Danna

Editeur:

Varèse Sarabande VSD 302 066 194 2

Produit par:
Mychael Danna
Producteur exécutif album:
Robert Townson
Orchestré et conduit par:
Nicholas Dodd
Direction de la musique pour
Miramax Films:
Randy Spendlove, David Schulhof
Supervision musique:
Randall Poster
Monteur musique:
Thomas Milano
Assistants du compositeur:
Andrew Lockington, Brandon Turchiano

Artwork and pictures (c) 2000 Miramax Films Corp. All rights reserved.

Note: ***
BOUNCE
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Mychael Danna
Mélo typiquement hollywoodien, « Bounce » (Un amour infini) est un drame romantique réunissant Ben Affleck et Gwyneth Paltrow, qui formèrent un couple dans la vraie vie jusqu’à leur séparation en 2000, date de la sortie du film de Don Roos. L’histoire du film débute à l’aéroport de Chicago : Buddy Amaral (Ben Affleck) se retrouve coincé par une tempête de neige un soir alors qu’il devait prendre un avion en direction de Los Angeles. Il fait alors la connaissance de Greg Janello (Tony Goldwyn), qui se retrouve lui aussi coincé à l’aéroport, alors qu’il devait rejoindre ce soir-là son épouse et ses enfants pour le réveillon de Noël. Lorsqu’il apprend que le vol de Greg a été annulé, Buddy, sur un simple coup de tête, décide de lui offrir sa place et s’arrange avec l’une des employées pour modifier la liste des passagers. Pendant ce temps, Buddy en profite pour flirter avec la séduisante Mimi (Natasha Henstridge), qu’il vient tout juste de rencontrer. Le lendemain, Buddy découvre la tragédie dans la presse : l’avion dans lequel Greg a embarqué à sa place s’est écrasé. Pris de remord et croulant sous le poids de la culpabilité, Buddy sombre dans l’alcool et la déprime, et finit par perdre son emploi. Des années plus tard, alors qu’il est à nouveau sobre, Buddy décide de rencontrer Abby Janello (Gwyneth Paltrow), la veuve de Greg. Pour réparer son erreur, Buddy se met en tête d’aider Abby à améliorer sa vie : mais il ne prévoyait pas qu’il finirait par tomber amoureux d’elle. Incapable de lui révéler la vérité, Buddy va devoir supporter de vivre dans le mensonge aux côtés d’Abby, alors qu’il croit prendre un nouveau départ dans sa vie. « Bounce » est donc un mélo classique dans sa conception, servi par une poignée d’acteurs remarquables (Ben Affleck dans sa période plutôt creuse du début des années 2000, et aussi l’excellente Gwyneth Paltrow, Jennifer Grey, Tony Goldwyn, Nathasha Henstridge, Joe Morton, etc.) et une mise en scène conventionnelle et relativement épurée. L’histoire est simple et le dénouement sans réelles surprises. On y suit cette histoire d’amour dramatique sur fond de mensonge, de souffrance et de culpabilité avec un certain plaisir, bien que « Bounce » ne laisse guère un souvenir impérissable après vision : il manque au drame romantique de Don Roos un semblant de personnalité, de prise de risque, voire d’audace dans le traitement de l’histoire ou des personnages, notamment dans la relation père/fils entre Buddy et Scott, qu’on a l’impression d’avoir vue des centaines de fois auparavant dans ce type de film dramatique : ordinaire et prévisible, donc !

La partition de Mychael Danna sait se faire discrète dans le film tout en étant réellement présente. C’est tout là l’intérêt de cette musique qui reflète la personnalité habituelle du compositeur Danna, fervent passionné de la musique ethnique, et qui n’hésite pas à colorer la partition de « Bounce » de quelques touches ethniques plutôt inattendues et un peu hors sujet. Il faut dire que Mychael Danna a bien du mal à se défaire de son style « world music » habituel qu’il apprécie tout particulièrement, même sur des films sans rapport avec un quelconque sujet ethnique ou exotique (cf. son score pour le film « 8mm »). Son travail sur « Bounce » ne déroge donc pas à la règle, Danna utilisant l’orchestre symphonique habituel, servi par les orchestrations et la direction de Nicholas Dodd (collaborateur régulier de David Arnold), avec un ensemble d’instruments solistes incluant la bansurî indienne, et aussi une basse et une guitare électrique, le tout agrémenté de quelques rythmes pop/électro agréables. Le mélange orchestre/instruments ethniques/synthé/pop fonctionne parfaitement ici, Mychael Danna personnifiant dans sa musique le ton contemporain et urbain du film, à commencer par le sympathique « Weather » qui débute avec la traditionnelle bansurî (flûte traversière indienne classique très utilisée dans la musique hindoustanie) et évolue rapidement vers un style pop à base de batterie/basse/guitare électrique (qui joue ici en utilisant la pédale), synthétiseurs, clavier et cordes. On découvre ici le premier thème principal du score, un thème plutôt entraînant et foncièrement agréable, représentant une journée dans le quotidien rythmé de Buddy dans le film. La musique devient plus intime et retenue dans « Bed Time » dominé ici par un jeu plus restreint de la harpe avec une flûte, des cordes et un glockenspiel. Mychael Danna opte ici pour une approche minimaliste afin de mieux retranscrire à l’écran les sentiments des différents protagonistes, qu’il s’agisse notamment de Buddy ou d’Abby. Dans « Boarding Pass », Danna illustre la scène à l’aéroport avec le retour des rythmes pop du début à base de basse/clavier/guitare/synthés/vibraphone et cordes. On retrouve le thème principal à l’orchestre, partagé entre les bois et les cordes avec un rythme plus groovy et entraînant, dans un style minimaliste et moderne qui rappelle parfois certains scores de Thomas Newman, comme « American Beauty » ou « Erin Brokovich » par exemple.

On ressent une mélancolie plus douce et prononcée dans le tendre « Moving Day », avec ses harmonies élégantes des cordes, ses notes délicates de piano et ses bois plus chaleureux (notamment une très jolie partie de clarinette). « Hangover » reprend le thème principal dans une variation pop funky très réussie, illustrant ici aussi l’aspect urbain/contemporain du film (notamment dans l’utilisation des synthétiseurs et de rythmes électroniques). « Crash » vient en revanche casser l’enthousiasme du début en imposant un style bien plus tragique et mélancolique, avec un thème de piano hésitant sur fond de nappe synthétique et de cordes poignantes. Ici aussi, le minimalisme et l’esthétique d’un morceau comme « Crash » rappelle indéniablement Thomas Newman, même si Mychael Danna conserve sa propre personnalité musicale (notamment dans l’écriture de l’orchestre, plus typique du musicien canadien). Evitant toute forme d’envolée mélodramatique, Danna évoque le drame du crash d’avion et la culpabilité de Buddy Amaral qui l’incite à faire la connaissance de la veuve de Greg Janello, Abby, dans « Nice to Meet You ». On retrouve ici la bansurî du début avec un ensemble à cordes, quelques tablas indiennes, un clavier très 70’s, un mélange de vibraphone/glockenspiel, des bois et des éléments synthétiques discrets qui englobent l’ensemble du morceau, « Nice to Meet You » introduisant par la même occasion le deuxième thème du score, le Love Theme pour Abby et Buddy. Dans « Now I Am », Danna exprime l’émotion et les sentiments naissants entre Buddy et Abby à l’aide d’une guitare sèche soliste pour un nouveau passage pop agréable. Cette émotion est aussi présente dans « So Brave » qui dévoile le troisième thème du score, un thème de cordes mélancolique pour Abby. « Christmas Trees » développe le Love Theme d’Abby et Buddy au clavier, vibraphone, clarinette et cordes. Les nappes synthétiques et le piano mélancolique de « Award » évoquent alors les doutes de Buddy sur ses agissements auprès de la jeune femme, tandis que « Kiss » est une jolie évocation de la romance entre les deux personnages déchirés par une tragédie commune, suggérée ici par le jeu délicat de la guitare sèche.

La musique devient dramatique dans « Deception », qui reprend le thème de cordes/bois d’Abby de façon plus ample et mélancolique, tout comme « Say Goodbye » qui évoque la séparation entre Abby et Buddy, avec un retour du thème du crash au piano, lorsque Buddy révèle enfin la vérité à Abby. Et c’est sans surprise que l’on retrouve le thème principal du début dans « Testimony » avec ses rythmes pop/électro funky et ses touches ethniques, le Love Theme dans « You’re Excused » dans un bel arrangement pour cors, basson, clarinette, cordes et clavier, très vite rejoint par la bansurî et les rythmes électroniques. « You’re Excused » suggère clairement qu’Abby est prête à pardonner Buddy et à lui offrir une seconde chance, une idée qui se concrétise dans le joli et intime « Can We Try » et sa guitare sèche soliste. Soucieux de ne jamais en faire de trop, Mychael Danna conserve donc une approche complètement minimaliste pour « Bounce », bien que son travail autour des rythmes pop urbains et des instruments solistes rappelle beaucoup Thomas Newman (même dans l’utilisation des touches ethniques). Si le travail de Danna sur le film de Don Roos n’a donc rien de particulièrement original ni follement mémorable, on reste touché par la délicatesse de chaque instant de cette musique constituée de morceaux généralement très courts (dépassant très rarement les 2 minutes), mais dont le contenu est satisfaisant à chaque écoute, y compris dans le film, où la musique de Mychael Danna parvient à rester discrète tout en étant relativement présente. L’album publié par Varèse Sarabande est très court (à peine 30 minutes) mais nous offre malgré tout une bonne vision d’ensemble du score de Danna pour « Bounce », avec ses quelques thèmes, ses rythmes pop/électro et son atmosphère intime et mélancolique du plus bel effet. A réserver surtout aux amateurs de Mychael Danna et à ses musiques plus intimistes et minimalistes !




---Quentin Billard